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À Juchitán, les muxes forment une communauté du « troisième genre » - ni homme ni femme traditionnellement tolérée à l'intérieur de cette société autochtone zapotèque. Leur existence revêt un intérêt pour le travail social et les études féministes, car elle questionne les normes de la construction binaire du sexe, du genre et de l'hétérosexualité. Cette recherche qualitative s'intéresse à la montée de l'intolérance sociale envers les muxes-femmes. Cette intolérance s'expliquerait par le lien entre leurs pratiques homosexuelles et le VIH/sida ainsi que la féminisation du « troisième genre ». Les muxes-femmes s'impliquent depuis 15 ans dans des actions collectives de lutte au VIH/sida et je les ai rencontrées afin de savoir comment elles perçoivent les transformations de la tolérance sociale à leur égard. J'ai passé trois mois sur le terrain à Juchitán et dans ses environs, entre février et mai 2009. J'ai procédé à la cueillette de données par l'observation participante et la réalisation de neuf entretiens semi-dirigés individuels avec des muxes-femmes qui participent, à des degrés variables, à des actions collectives. Les données issues de cette recherche qualitative, ont été collectées puis analysées à la lumière des théories de la (dé)construction du genre (féminisme radical, postructuralisme et queer) et par une théorie de l'action collective (re-construction du Sujet en acteur-sujet). Ces ancrages théoriques m'ont permis d'identifier une « praxis de transformation de la tolérance sociale », singulière et propre à ce contexte culturel. Étape par étape, à travers cette praxis, les muxes-femmes suivent un « processus d'émergence en tant qu'actrices-sujets ». Les résultats révèlent que la subjectivation politique, à travers leur participation à des actions collectives multiples, a permis aux muxes-femmes de transformer positivement l'attitude, les comportements, ainsi que les perceptions des gens de leur environnement social. À travers leur praxis, les muxes-femmes se sont rendues visibles et audibles. Malgré tout, il demeure des résistances dans la communauté quant à l'acceptation complète et le traitement égalitaire. Ces actions collectives solidarisent les muxes-femmes et consolident des alliances tant au niveau national, qu'international. Actuellement, elles font face aux défis d'éviter la rupture intergénérationnelle et d'assurer la pérennité des actions par la passation des savoirs et des pouvoirs. Trois éléments fondamentaux sont à retenir : 1) l'expérience passionnante de l'immersion dans la communauté étudiée pour mener une recherche féministe; 2) la richesse et la spécificité du cadre culturel où se déploient des actions collectives de groupes minoritaires ; et 3) le changement social s'opère une étape à la fois de la première affirmation - acte de visibilité ou parole partagée - à la coordination d'un rassemblement international. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : troisième genre, muxe femme, genre, action collective, tolérance, observation participante, acteur sujet, subjectivation politique, féminisme
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À la fois intimiste et provocante, froide et passionnée, cassante et pénétrante, l'écriture de Nelly Arcan puise sa richesse dans les paradoxes. Le présent mémoire porte sur un contraste fondamental des romans Putain et Folle. Dans ces deux premiers récits d'Arcan, l'aliénation et l'agentivité des personnages féminins cohabitent, s'interpelant constamment l'une l'autre. Dans une perspective féministe, nous proposons une étude qui repose sur la coexistence de ces deux pôles, a priori diamétralement opposés. Or, nous verrons que les deux concepts sont intimement imbriqués. L'aliénation des protagonistes arcaniennes s'inscrit à même leur corps sexué, car elles sont engluées dans la réification corporelle qui caractérise, détermine et fixe leur identité. Elles s'évaluent et se jugent continuellement par l'intermédiaire des normes, des canons et des stéréotypes qui encadrent et contraignent l'expression de leur féminité. En construisant avec soin leur image, en concevant leur identité à travers le regard de l'Autre (masculin) et les discours de la doxa, les personnages féminins portent sur eux-mêmes un regard faussé et en viennent à se concevoir presque entièrement comme des objets de désir, voire des objets tout court. Si, dans leurs actions pour se conformer à un idéal féminin, elles ont peu de rapport direct à leur subjectivité, leur voix est quant à elle le véhicule d'une vive protestation. L'acte d'écriture, qui transmet leur parole contestataire, permet l'émergence de l'agentivité des narratrices. En faisant appel à des stratégies textuelles de réappropriation, telles la resignification de l'injure et l'intertextualité avec les contes populaires, elles décrient certains stéréotypes sexuels compris dans la doxa. Ce faisant, elles s'instituent sujets de discours et de critique sociale; en imposant leur regard personnel, elles se réapproprient leur image. Ainsi, la subjectivité divisée des narratrices de Putain et Folle révèle une ambivalence constitutive que nous appréhendons à travers ces deux charnières conceptuelles. Nous concluons sur ce troisième pôle qu'est l'ambivalence produite par une oscillation constante entre aliénation et agentivité, qui engendre, chez les protagonistes, une scission douloureuse de leur identité. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Nelly Arcan, Putain, Folle, rapports sociaux de sexe, aliénation, agentivité, ambivalence, corps, féminité, stéréotypes sexuels.
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Le présent mémoire s’inscrit dans une volonté de décolonisation du discours médiatique. Il analyse la transformation du traitement médiatique accordé à la question des femmes autochtones disparues et assassinées au Canada à partir d’un corpus d’articles provenant de deux journaux québécois francophones. Les articles ont été écrits entre 1996 et 2018 par des journalistes de La Presse et du Devoir. Cette recherche mobilise une approche sociologique qui est ancrée dans les études féministes intersectionnelles et décoloniales et s’appuie sur la méthodologie d’analyse française du discours. Cette recherche a permis de montrer qu’il existe une idéologie coloniale dans le traitement médiatique de la violence faite aux femmes autochtones et de démontrer le renouvellement de ce discours colonial à travers le temps. En effet, le discours médiatique sur cette question s’est transformé, passant d’un discours portant sur les femmes autochtones disparues et assassinées comme des faits divers (1996 à 2004) à un discours axé, d’un côté, sur les inégalités socio-économiques et, d’un autre côté, sur l’indifférence générale envers le phénomène (2004-2015), pour finalement arriver à un discours qui aborde les causes sociohistoriques (qui seront présentées en détail au chapitre IV) et les rapports de pouvoir coloniaux (2015-2018). Cette évolution dénote aujourd’hui une volonté de la part des journaux étudiés de dénoncer le statu quo qui permet à cette violence de perdurer. Néanmoins, des angles morts persistants (voir section 4.1.4) de ce discours participent à la réaffirmation des normes sociales de la société dominante coloniale. De plus, le discours médiatique ne semble pas suffisamment problématiser les rapports de pouvoir coloniaux passés et présents. L’impact et la souffrance sociale qu’ont eus et ont toujours les politiques coloniales sur les Autochtones ne sont pas présents dans le traitement médiatique analysé. De plus, l’amalgame entre la prostitution et la figure de la suffering helpless victim tendent à nuire aux femmes autochtones, et semblent dédouaner la société dominante dans le phénomène de violence envers les femmes autochtones. L’analyse souligne également le manque de sources académiques pour mieux cerner un enjeu si profondément ancré dans les structures coloniales de la société. Plus important encore, ce traitement médiatique met en avant des solutions exclusivement étatiques destinées à enrayer le phénomène de la violence envers les femmes autochtones. D’une part, cela invisibilise l’agentivité et l’autodétermination de celles-ci et des peuples autochtones en général, et d’autre part, ces solutions sont en tension, étant donné que l’État participe à cette violence. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : traitement médiatique, analyse du discours, femmes autochtones disparues et assassinées, décolonisation du discours, violence, violence colonial.
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Les conditions de travail dans les milieux où les horaires « non standards » présentent de grands défis pour la santé des travailleuses et des travailleurs, mais aussi pour la planification d'activités familiales. Pourtant, peu d'études québécoises ont abordé la question de la conciliation travail-famille (CTF) dans ce type d'emploi. Notre étude s'arrime à un projet de recherche interdisciplinaire auprès d'un partenaire syndical qui a porté sur la CTF dans le secteur du commerce de détail au Québec (projet CTF-UQAM/FTQ). Puisque l'influence du soutien organisationnel sur l'expérience de la CTF est reconnue dans la littérature, les relations entre les acteurs de ces milieux doivent être mieux comprises. C'est pourquoi nous proposons une analyse communicationnelle des aspects relationnels des pratiques de CTF au sein de marchés d'alimentation québécois. Notre objectif est de mieux comprendre comment différents groupes d'acteurs perçoivent et interprètent les relations liées aux pratiques de CTF et le contexte dans lequel elles se déroulent. Notre méthodologie qualitative s'appuie sur l'analyse thématique d'un corpus de trente entretiens semi-dirigés réalisés auprès de treize travailleuses, six supérieurs hiérarchiques (quatre hommes et deux femmes) ainsi que de onze représentants syndicaux (10 hommes et une femme). Nos résultats montrent que les enjeux relationnels associés à la CTF portent essentiellement sur les aménagements du temps de travail et, qu'en dépit de règles liées à la convention collective, la qualité du climat de travail est influencée par les pratiques informelles. Ces dernières s'expriment à travers le cadre de l'horaire de travail qui, malgré une apparente neutralité, peut révéler les privilèges accordés à certaines personnes. Ces traitements privilégiés, souvent campés dans un rapport de « donnant-donnant », se répercutent négativement sur la qualité des rapports entre collègues. De même, les travailleuses ressentent physiquement et émotivement l'effet des tensions dans leurs rapports avec leurs supérieurs ou leurs collègues. L'imbrication des normes et des valeurs véhiculées par le climat de travail, particulièrement à travers l'attitude du supérieur hiérarchique, contribue à la co-construction des perceptions des pratiques de CTF. La valorisation de la disponibilité comme comportement idéal complique l'expression des besoins de CTF pour les travailleuses qui s'écartent de cette norme. Par ailleurs, la perception d'une équité de traitement atténuerait l'ampleur des difficultés de CTF vécues par certaines travailleuses mettant en évidence l'importance du rôle joué par des pratiques marquées par la transparence décisionnelle et l'ouverture du climat organisationnel. À l'opposé, la faible ouverture de certains milieux de travail à discuter d'enjeux de CTF combinée à la présence du rapport de « donnant-donnant » peut contribuer à la perception d'absence d'enjeux liés à la CTF présente chez certains employeurs, représentantes et représentants syndicaux rencontrés. Cette étude souligne l'importance de donner la parole à des personnes aux prises avec de grandes difficultés de CTF qui sont vécues dans l'ombre et l'isolement. Elle montre également la nécessité, pour les entreprises où les horaires sont « non standards », de créer un climat d'ouverture favorable à des pratiques qui valorisent l'express ion des enjeux de CTF. Enfin, elle met en lumière la place centrale des aspects relationnels dans la co-construction de la perception des pratiques de CTF qui relèvent autant de dimensions interpersonnelles que des particularités de la situation de travail. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : communication organisationnelle, conciliation travail-famille, marchés d'alimentation, horaires non standards, pratiques informelles, femmes, Québec
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À la lumière des débats que le discours sur l'hyper/sexualisation a suscités à l'échelle locale et transnationale dans la dernière décennie, ce mémoire soulève un questionnement quant à la rareté des ouvrages critiques et académiques portant sur cet enjeu en travail social au Québec. Compte tenu de la mise en place de pratiques d'intervention sociale liées à cette problématique dans la province, la présente recherche exploratoire a pour but de répondre à la question suivante : comment s'articule le discours d'intervention sur l'hyper/sexualisation au Québec, et quelles conceptions du sujet et de la sexualité s'en dégagent? Elle vise trois objectifs : tracer un portrait des pratiques d'intervention se rapportant à la problématique, soumettre le discours d'intervention québécois sur l'hyper/sexualisation à une analyse discursive et établir des pistes de réflexion critique le concernant. Pour ce faire, une recherche documentaire a été réalisée afin de recueillir de la littérature grise se rapportant aux pratiques d'intervention sociale sur l'hyper/sexualisation au Québec. Le traitement des données a permis de repérer 222 pratiques d'intervention québécoises en lien avec l'hyper/sexualisation. La recherche cerne l'émergence de ces pratiques et fait état de leur mise en place continue de 2005 à 2014. Une typologie des formes de pratiques recensées permet d'en tracer un portrait et de rendre compte de leur diversité. En deuxième lieu, une analyse du discours d'intervention sur l'hyper/sexualisation met en lumière les régularités et les discontinuités de ce dernier. Les énoncés provenant des documents analysés sont regroupés en trois ensembles discursifs : « la nécessité d'instruire les jeunes », « les dangers de la sexualité malsaine » et « analyses et solutions féministes ». Les questions qui se dégagent de l'analyse du discours servent d'assise à une réflexion critique, qui suit les deux axes conceptuels de la recherche : le sujet et la sexualité. Dans une perspective féministe, cette recherche cerne des enjeux du discours d'intervention sur l'hyper/sexualisation, notamment en ce qui concerne la prise en compte et la reconnaissance du sujet sexuel adolescent-e en travail social. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : hypersexualisation, sexualisation, sexualité des jeunes, sexualité des adolescentes, analyse du discours, intervention, travail social, Québec, féminisme
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In these funny and insightful essays, Gay takes us through the journey of her evolution as a woman (Sweet Valley High) of color (The Help) while also taking readers on a ride through culture of the last few years (Girls, Django in Chains) and commenting on the state of feminism today (abortion, Chris Brown). The portrait that emerges is not only one of an incredibly insightful woman continually growing to understand herself and our society, but also one of our culture.Bad Feminist is a sharp, funny, and spot-on look at the ways in which the culture we consume becomes who we are, and an inspiring call-to-arms of all the ways we still need to do better, coming from one of our most interesting and important cultural critics.
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"Lassée des prises de position parfois trop clivantes de certaines organisations féministes, et fatiguée d'entendre des femmes dire qu'elles ne sont pas féministes, Roxane Gay rappelle que la défense de l'égalité des sexes ne dispense pas d'assumer ses contradictions : on peut aimer la télé-réalité, se peindre les ongles en rose et revendiquer le fait d'être féministe. Dans ses chroniques, Roxane Gay parle de culture, de race, de sexe et de genre, de stéréotypes sur l'amitié féminine, en se fondant sur sa propre histoire de femme noire dans l'Amérique contemporaine. Le portrait qui émerge en filigrane est celui d'une femme au regard d'une incroyable justesse, aussi bien sur elle-même que sur notre société."--Page 4 de la couverture.
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Au cours de cette époque révolue, et pourtant récente, que nous appelons aujourd’hui fordisme, l’industrie de l’automobile synthétise et définit un mode spécifique de production et de consommation, une temporalisation tayloriste de la vie, esthétique polychrome et lisse de l’objet inanimé, une façon de penser l’espace intérieur et d’habiter la ville, un agencement conflictuel du corps et de la machine,...
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Les métiers du sexe sont faits de tâches, de techniques et de savoir-faire, comme tout travail. Or, la qualification de " travail " soulève des réticences et des oppositions qui empêchent d'approfondir l'analyse empirique, théorique et militante d'une question pourtant centrale pour les études genre et pour les mouvements féministes dans le monde entier. A la lumière de plusieurs études empiriques et ethnographiques, cet ouvrage a comme objectif de contribuer à ouvrir la boîte noire du " travail du sexe " et de rendre compte d'activités que, bien souvent, nous faisons mine de connaître sans pour autant comprendre ni les tâches qui les composent réellement, ni les rapports sociaux qui les structurent.
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Capire - Portail international de communication féministe. (2021). Capire. https://capiremov.org/fr/
Des voix féministes pour changer le monde! Capire est un portail international de luttes féministes, populaires, anticapitalistes et antiracistes. Capire est un outil de communication créé en 2021 pour faire écho aux voix des femmes en mouvement, rendre visibles les luttes et les processus organisationnels dans les territoires et renforcer les références locales et internationales du féminisme populaire, anticapitaliste et antiraciste. Capire signifie « comprendre ». Par les regards et les voix des femmes, nous comprenons le monde. Avec le féminisme nous le transformons ! Le nom Capire reprend la chanson de lancement de la Marche Mondiale des Femmes, en 2000, chantée en 24 langues par des femmes de différentes parties du monde. Nous produisons et articulons des interviews, des analyses, des rapports d’expériences et d’expressions culturelles de femmes qui, aux quatre coins du monde, résistent et se transforment. Les textes et les supports multimédias de Capire sont organisés en six axes thématiques : mouvement, économie féministe, justice environnementale, souveraineté alimentaire, démilitarisation et autonomie. Ces axes guident la radicalité de notre combat politique, de notre contenu et de notre identité visuelle.
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L’idéologie dominante nous enjoint de tolérer l’Autre. Les textes de Christine Delphy nous montrent que celui qui n’est pas un Autre, c’est l’homme, et l’homme blanc. C’est sur la base du sexe, de l'orientation sexuelle, de la religion, de la couleur de peau et de la classe que se fait la construction sociale de l’altérité. L’Autre c’est la femme, le pédé, l’Arabe, l’indigène, le pauvre. La république libérale tolère, c’est-à-dire qu’elle tend la main, prenant bien garde à laisser le toléré-dominé suspendu au vide. L’homo est toléré s’il sait rester discret, le musulman est toléré s’il se cache pour prier, la femme est tolérée si ses revendications égalitaires n’empiètent pas sur le salaire et le pouvoir de l’homme, l’oriental est toléré s’il laisse les armées américaines tuer sa famille pour le libérer de la dictature – et libérer sa femme de lui-même par la même occasion. L’injonction à s’intégrer est surtout une sommation à être semblable, à suivre les règles officieuses mais bien réelles de "l’Occident". Parité, combats féministes et homosexuels, Afghanistan, Guantanamo, indigènes et société postcoloniale, loi sur le voile : autant de prismes pour analyser les dominations, tant hétérosexistes, racistes, que capitalistes. Ceux et celles qui refusent ces règles, ceux et celles qui se montrent pour ce qu’ils et elles sont, le paient le prix fort, combattant-e-s d’une guerre qui sera longue. Écrits dans un style offensif, incisif et souvent drôle, ces textes nous forcent à déplacer notre regard, à mettre en lien des événements toujours cloisonnés, et nous apportent ce supplément d’intelligence qui seul permet de comprendre le monde tel qu’il va.
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Notre recherche traite du phénomène du « plafond de verre », c'est-à-dire des difficultés qui freinent la mobilité ascendante des femmes dans les hautes sphères organisationnelles. Dans un Québec où les prérogatives d'égalité sociale interpellent l'ensemble des structures politiques, nous avons cherché à expliquer la pérennité des facteurs et des pratiques à caractère discriminant qui entravent l'ascension professionnelle des femmes vers les hautes directions. Notre étude, appréhendée à partir d'une théorisation en termes de rapports sociaux de sexe, vise, d'une part, à examiner de quelle manière les rapports sociaux de sexe contribuent à la (re)construction de la différenciation sexuée dans les organisations et, d'autre part, elle cherche à approfondir les impacts générés par le marqueur identitaire « femme » dans une culture organisationnelle considérée masculine. Cette recherche qualitative a été réalisée à l'aide de douze entrevues individuelles. Les participantes travaillent toutes dans le milieu de la gestion et occupent des fonctions de cadre intermédiaire à cadre supérieur. Les entreprises privées ont été ciblées et une majorité d'entre elles sont de grandes entreprises québécoises, sinon canadiennes pour les autres, mais ayant un siège social au Québec. Corollairement à nos postulats théoriques, nos résultats montrent que le modèle dominant de la gestion et de la carrière n'apparaît pas neutre mais étroitement associé aux caractéristiques assignées au sexe/genre masculin. Sur le plan structurel, la division sexuelle du travail reste peu questionnée et concourre fortement à cette cristallisation du paradigme dominant de la gestion. Également, la différence qu'introduisent d'entrée de jeu les femmes en raison de leur appartenance sexuelle produit une kyrielle d'effets tels que la hiérarchisation des statuts de sexe et l'ambiguïté constante qu'occasionne la féminité dans un environnement masculin; les relations professionnelles apparaissent souvent d'ores et déjà sexualisées, dès lors les processus de différenciation/hiérarchisation deviennent opérants. Cependant, à l'aune des nouvelles générations de cadres et des configurations conjugales et familiales émergentes, la trajectoire linéaire de la carrière ainsi que la division sexuée du travail se voient interpellées, sinon remises en cause dans certaines trajectoires individuelles. De plus, les femmes en position de pouvoir mettent de l'avant des pratiques subversives qui questionnent le modèle hégémonique de la gestion, notamment en se réappropriant « leurs différences » et tentent ainsi de sortir de l'impasse qu'apporte le double processus de la différenciation/hiérarchisation des catégories de sexe. En outre, l'ancrage du modèle « masculin » de la gestion et de la carrière s'amenuise lentement pour laisser émerger des pratiques novatrices et faire place aux nouvelles réalités. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Plafond de verre, Ascension professionnelle, Femmes cadres, Femmes dirigeantes, Mobilité verticale, Rapports sociaux de sexe, Différenciation sociale.
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Conférence intitulée « L'antiféminisme d'État dans le Brésil de Bolsonaro » donnée par Marina Alves Amorim, chercheuse à la Fundação João Pinheiro (FJP) et professeure invitée à l'Université du Québec à Montréal, dans le cadre du panel « Antiféminismes en Amérique latine : les cas du Brésil et de la Colombie » organisé le 21 février 2020 à l'UQAM par le Réseau québécois en études féministes (RéQEF), en collaboration avec l'Institut de recherches et d'études féministes de l'UQAM (IREF), le Réseau d'études latino-américaines de Montréal (RÉLAM) et le Groupe de recherche en études féministes en science politique de l'UQAM (GREF).
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« La pénurie de main-d’œuvre anticipée doit être endiguée par des mesures favorisant l’intégration en emploi de groupes sociaux actuellement marginalisés dans l’industrie : les femmes et les personnes immigrantes et de communautés ethnoculturelles. Présentement, le milieu de la construction s’avère le secteur d’emploi du Québec où les femmes sont le moins intégrées. L’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail n’a pourtant pas cessé de progresser au Québec, passant de 51,5 % en 1986 à 60,5 % en 2006 (IMF, emploiquebec.net). Cette croissance est loin de se refléter dans le milieu de la construction où, pourtant, un programme d’accès à l’égalité est mis en place depuis 1996 pour accroître la présence des femmes dans cette industrie. Il est donc apparu nécessaire pour l’organisme Femmes regroupées en options non traditionnelles (FRONT) d’initier un projet de recherche évaluant le niveau d’atteinte du programme d’accès à l’égalité dans le milieu de la construction et d’effectuer un bilan de la situation afin d’améliorer l’intégration et le maintien en emploi des femmes œuvrant dans cette industrie. 1 Commission de la Construction du Québec, « L'année 2007 aura été l'année d'un nouveau sommet dans la construction au Québec » et « L’industrie en chiffre », ccq.org 2 Commission de la Construction du Québec, « Nombre de femmes selon le métier et l'occupation, 1997- 2006 », portraits statistiques 2006, ccq.org 3 L’industrie de la construction (CCQ), Carrières construction, 2007-2008, p. 3. 4 Idem 9 Le présent rapport présente les résultats de cette analyse. La première section expose le contexte de mise en œuvre et les mesures du Programme d’accès à l’égalité (PAÉ) de l’industrie de la construction. La seconde établit un pronostic de la place des femmes dans les programmes de formation menant à cette industrie et documente la progression en emploi des diplômées de ce secteur. La troisième section présente les résultats d’entretiens réalisés auprès de travailleuses de la construction qui complètent les données statistiques et confirment l’existence de barrières quant à l’intégration et au maintien en emploi. Enfin, la dernière section énonce des pistes de développement pour l’avenir ainsi que des recommandations s’adressant à l’ensemble des acteurs de ce secteur. » (2008, 9-10)
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Cet article analyse différents moments du mouvement québécois francophone en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs à travers le prisme analytique de la justice reproductive. Il s'articule autour de deux critiques développées à l'encontre du mouvement mainstream pro-choix étatsunien, soit la focalisation sur l'avortement et l'absence d'intégration d'une analyse complexe de l'imbrication des rapports de pouvoir déterminant les différentes limites auxquelles font face les femmes en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs. À l'opposé d'un schéma historique linéaire, il brosse un portrait nuancé des outils théoriques développés dans le champ féministe et des transformations de la pratique militante que les auteures analysent à quatre moments précis : la lutte pour l'avortement libre et gratuit dans les années 1970 et 1980, la Coalition «Avortons leur congrès!» en 2005, le renouvellement en cours du cadre théorique de la Fédération du Québec pour le planning des naissances et le collectif La Riposte féministe (2016).
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Compositrice extrêmement prolifique, la compositrice québécoise Linda Bouchard (née en 1957) est particulièrement active sur la scène musicale aux États-Unis ou elle effectue de longs séjours depuis 1989. Possédant un catalogue d’oeuvres riche et varié, sa musique fait autant appel à l’orchestre symphonique qu’à des instrumentations plus intimistes et aussi au multimédia et à l’improvisation. Cette entrevue aborde principalement les thèmes de l’exil et de l’identité, du point de vue spécifique de la compositrice à la lumière de son parcours, et permet de revivre en condensé sa trajectoire, offrant par ramification plusieurs échos de questionnements brûlant d’actualité sur la place du créateur de musique dans notre société.
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La philosophe Judith Butler est aujourd’hui reconnue comme une figure marquante du féminisme postmoderne. L’originalité de sa pensée a fortement influencé le champ des études féministes, gaies et lesbiennes et queers. Dans ses théorisations, Butler procède à la déconstruction du naturalisme et du fondationnalisme sous-tendant les catégories de sexe et de genre. Cette prise de position constructiviste l’amène à réfléchir et à militer pour la reconnaissance sociale et politique des différents genres et des multiples sexualités. Bien que Butler soit devenue une référence incontournable à l’échelle internationale, ses travaux ont fait l’objet de peu d’analyses au Québec. Cet article veut favoriser une meilleure compréhension des postulats philosophiques et épistémologiques de son oeuvre. Pour ce faire, une analyse des concepts clés de la pensée de Butler, notamment celui de performativité du genre, est d’abord effectuée. Puis les principales critiques à l’égard de ses thèses sont examinées et, finalement, les réponses de Butler à ces critiques sont présentées.