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À Juchitán, les muxes forment une communauté du « troisième genre » - ni homme ni femme traditionnellement tolérée à l'intérieur de cette société autochtone zapotèque. Leur existence revêt un intérêt pour le travail social et les études féministes, car elle questionne les normes de la construction binaire du sexe, du genre et de l'hétérosexualité. Cette recherche qualitative s'intéresse à la montée de l'intolérance sociale envers les muxes-femmes. Cette intolérance s'expliquerait par le lien entre leurs pratiques homosexuelles et le VIH/sida ainsi que la féminisation du « troisième genre ». Les muxes-femmes s'impliquent depuis 15 ans dans des actions collectives de lutte au VIH/sida et je les ai rencontrées afin de savoir comment elles perçoivent les transformations de la tolérance sociale à leur égard. J'ai passé trois mois sur le terrain à Juchitán et dans ses environs, entre février et mai 2009. J'ai procédé à la cueillette de données par l'observation participante et la réalisation de neuf entretiens semi-dirigés individuels avec des muxes-femmes qui participent, à des degrés variables, à des actions collectives. Les données issues de cette recherche qualitative, ont été collectées puis analysées à la lumière des théories de la (dé)construction du genre (féminisme radical, postructuralisme et queer) et par une théorie de l'action collective (re-construction du Sujet en acteur-sujet). Ces ancrages théoriques m'ont permis d'identifier une « praxis de transformation de la tolérance sociale », singulière et propre à ce contexte culturel. Étape par étape, à travers cette praxis, les muxes-femmes suivent un « processus d'émergence en tant qu'actrices-sujets ». Les résultats révèlent que la subjectivation politique, à travers leur participation à des actions collectives multiples, a permis aux muxes-femmes de transformer positivement l'attitude, les comportements, ainsi que les perceptions des gens de leur environnement social. À travers leur praxis, les muxes-femmes se sont rendues visibles et audibles. Malgré tout, il demeure des résistances dans la communauté quant à l'acceptation complète et le traitement égalitaire. Ces actions collectives solidarisent les muxes-femmes et consolident des alliances tant au niveau national, qu'international. Actuellement, elles font face aux défis d'éviter la rupture intergénérationnelle et d'assurer la pérennité des actions par la passation des savoirs et des pouvoirs. Trois éléments fondamentaux sont à retenir : 1) l'expérience passionnante de l'immersion dans la communauté étudiée pour mener une recherche féministe; 2) la richesse et la spécificité du cadre culturel où se déploient des actions collectives de groupes minoritaires ; et 3) le changement social s'opère une étape à la fois de la première affirmation - acte de visibilité ou parole partagée - à la coordination d'un rassemblement international. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : troisième genre, muxe femme, genre, action collective, tolérance, observation participante, acteur sujet, subjectivation politique, féminisme
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À la lumière des débats que le discours sur l'hyper/sexualisation a suscités à l'échelle locale et transnationale dans la dernière décennie, ce mémoire soulève un questionnement quant à la rareté des ouvrages critiques et académiques portant sur cet enjeu en travail social au Québec. Compte tenu de la mise en place de pratiques d'intervention sociale liées à cette problématique dans la province, la présente recherche exploratoire a pour but de répondre à la question suivante : comment s'articule le discours d'intervention sur l'hyper/sexualisation au Québec, et quelles conceptions du sujet et de la sexualité s'en dégagent? Elle vise trois objectifs : tracer un portrait des pratiques d'intervention se rapportant à la problématique, soumettre le discours d'intervention québécois sur l'hyper/sexualisation à une analyse discursive et établir des pistes de réflexion critique le concernant. Pour ce faire, une recherche documentaire a été réalisée afin de recueillir de la littérature grise se rapportant aux pratiques d'intervention sociale sur l'hyper/sexualisation au Québec. Le traitement des données a permis de repérer 222 pratiques d'intervention québécoises en lien avec l'hyper/sexualisation. La recherche cerne l'émergence de ces pratiques et fait état de leur mise en place continue de 2005 à 2014. Une typologie des formes de pratiques recensées permet d'en tracer un portrait et de rendre compte de leur diversité. En deuxième lieu, une analyse du discours d'intervention sur l'hyper/sexualisation met en lumière les régularités et les discontinuités de ce dernier. Les énoncés provenant des documents analysés sont regroupés en trois ensembles discursifs : « la nécessité d'instruire les jeunes », « les dangers de la sexualité malsaine » et « analyses et solutions féministes ». Les questions qui se dégagent de l'analyse du discours servent d'assise à une réflexion critique, qui suit les deux axes conceptuels de la recherche : le sujet et la sexualité. Dans une perspective féministe, cette recherche cerne des enjeux du discours d'intervention sur l'hyper/sexualisation, notamment en ce qui concerne la prise en compte et la reconnaissance du sujet sexuel adolescent-e en travail social. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : hypersexualisation, sexualisation, sexualité des jeunes, sexualité des adolescentes, analyse du discours, intervention, travail social, Québec, féminisme
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L'importance du mouvement féministe haïtien est mal connue au Québec. Les images sensationnalistes des média de masse qui envahissent notre imaginaire masquent, entre autres, un mouvement de femmes au cœur des luttes politiques et sociales contemporaines. Cet article prétend lever le voile sur quelques éléments de cette histoire afin de mieux en saisir la nature, la force ainsi que l'ancrage. Il abordera aussi les obstacles qu'a connu ce mouvement suite au séisme de janvier 2010, en particulier les retombées dé-structurantes du stéréotype misérabiliste importé par les contingents d'aide.
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Partant du point de vue trans de l'auteur, plusieurs constats s'imposent à l'égard des questions trans en travail social. Premièrement, la recherche et la pratique en travail social ont joué un rôle historique dans l'encadrement et le contrôle des parcours de transition. Deuxièmement, il y a une rareté de contenu sur les questions trans dans la formation en travail social. Conséquemment, les travailleur.se.s sociaux ne sont pas formé.e.s pour intervenir avec les personnes trans. La question ayant guidé cette recherche est la suivante : quelles sont les pratiques d'intervention sociale mises en œuvre auprès des personnes trans dans les milieux institutionnels, communautaires et privés à Montréal, et comment celles-ci répondent ou non aux besoins des personnes trans? Mes objectifs de recherche sont multiples : 1) recenser les lieux où les praticien.ne.s du travail social sont amené.e.s à travailler avec des personnes trans; 2) analyser les discours qui sous-tendent les pratiques d'intervention et les comparer selon les contextes organisationnels; 3) identifier les barrières et leviers pour l'intervention trans-affirmative. La méthodologie de recherche est féministe et qualitative. Neuf entrevues semi-dirigées ont été réalisées avec des intervenant.e.s sociaux travaillant avec des personnes trans. Cette recherche démontre qu'en dépit des différents contextes organisationnels, plusieurs barrières et leviers pour l'intervention avec les personnes trans sont similaires. L'analyse et la discussion ont été menées à l'aide d'un cadre conceptuel arrimant des concepts en études trans comme le cisgenrisme, la cisnormativité et la transmisogynie avec la conceptualisation de la pratique du travail social de Karen Healy sur les contextes organisationnels et les discours y circulant. L'analyse se concentre, premièrement, sur les discours en place dans les contextes organisationnels, soit la pathologisation de la transitude, la cisnormativité et les interventions trans-affirmatives. Deuxièmement, l'imprévisibilité des services octroyés aux personnes trans est discutée, notamment que cette imprévisibilité résulte des limites des connaissances et des compréhensions de la transitude chez les intervenant.e.s sociaux. Troisièmement, je présente des stratégies pour lutter contre la cisnormativité en intervention, soit la posture de l'intervenant.e, ses connaissances et son engagement social et politique. En conclusion, je résume les faits saillants de cette étude et évoque ses apports théoriques et pratiques. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : cisgenrisme, cisnormativité, contextes organisationnels, pratiques trans-affirmatives, théorie trans, transféminisme, travail social
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L’objectif de cet article est de présenter la façon dont s’est coconstruit un projet de formation et d’accompagnement autour de l’intervention avec les familles en situation de vulnérabilité sociale. Plus précisément, nous nous penchons sur ce qui a été au cœur de ce projet, soit les groupes de codéveloppement offerts à chacun des organismes partenaires et, plus récemment, celui offrant un espace commun à tous, appelé groupe mixte. Le contexte du projet, son historique ainsi que la coconstruction des différentes phases de son ancrage territorial sont tout d’abord présentés. En second lieu, la définition, les assises théoriques de même que la méthodologie des groupes de codéveloppement sont précisées. Le retour réflexif qui suit s’articule autour de trois volets : la méthodologie utilisée, les défis rencontrés dans les groupes et leurs apports du point de vue des différents acteurs impliqués. Ce retour réflexif nous a permis de constater que nous avons créé un dispositif original, adapté à l’intervention de proximité avec les familles en situation de vulnérabilité sociale : le codéveloppement clinique ancré dans un territoire donné.
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Cette recherche féministe, qualitative et compréhensive s'intéresse aux pratiques des intervenantes oeuvrant dans les Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) en lien avec la santé mentale au travail. Elle a été menée en partenariat avec le Regroupement québécois des CALACS (RQCALACS). Les CALACS sont des organismes féministes autonomes dont les activités se déclinent en plusieurs volets : le soutien direct, la prévention et la lutte politique, ce à quoi s'ajoute la gestion. Comme d'autres groupes communautaires, ils sont influencés par différentes contraintes structurelles et doivent continuellement s'adapter. Dans ce contexte, les travailleuses peuvent être exposées à différents risques psychosociaux. Cette recherche a pour objectif de comprendre les sources de plaisir et de souffrance que peuvent vivre les travailleuses ainsi que les pratiques qu'elles mobilisent pour maintenir un certain bien-être au travail. Pour cadrer l'analyse, des repères théoriques ont été identifiés puis articulés. Les perspectives féministes radicales et intersectionnelles campent à la fois les principes politiques et les pratiques qui influencent les Centres. L'approche de la psychodynamique éclaire les rapports intersubjectifs qui se jouent au travail en insistant, entre autres, sur la centralité du travail dans la construction identitaire et les mécanismes de régulation des activités. La collecte de données a été réalisée à l'aide de huit entretiens individuels semi dirigés menés auprès d'intervenantes de CALACS distincts, situés dans sept régions du Québec. Elles ont été recrutées par l'intermédiaire du RQCALACS. Elles devaient travailler dans leur centre depuis au moins deux ans. L'analyse thématique du corpus a permis de dégager le lien fort que les intervenantes entretiennent entre soi et le travail ; la responsabilité de l'organisation du travail quant aux impacts sur la santé et le bien-être des travailleuses ; et enfin, la manière dont le travail est accompli concrètement au travers de l'intersubjectivité et des relations. Les CALACSiennes s'investissent beaucoup dans leur travail, qu'elles perçoivent comme politique, créatif et pertinent. Lorsqu'elles ne parviennent plus à préserver une cohérence de sens entre ce qu'elles souhaiteraient et ce qu'elles vivent en réalité, lorsqu'elles n'ont plus de moyens pour compenser les obstacles, elles sont à risque qu'une détresse s'installe. Si les Collectifs de travail sont assez forts et permettent des espaces de négociation, de réflexion et de valorisation, alors elles surmontent l'épreuve de travail, le plus souvent en retrouvant du sens. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : CALACS, intervention féministe, santé mentale, travail, pratiques
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Maria Nengeh Mensah, professeure à l'École de travail social de l'UQAM et coauteure de l’ouvrage «Luttes XXX : Inspirations du mouvement des travailleuses du sexe», explique les revendications de ces travailleuses qui prolongent le sens des luttes pour les droits des femmes.
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Ce mémoire porte sur les significations que les personnes concernées par l’expression « lesbienne » donnent à ce mot et à leurs expériences quotidiennes en lien avec celui ci. La recherche s’appuie sur un cadre conceptuel féministe et queer formé de quatre éléments: le féminisme lesbien critique tel que théorisé par Sara Ahmed (2017), la pensée straight de Monique Wittig (1992), la compréhension des normes selon Judith Butler (1993, 2004/2016) ainsi que la notion de communauté selon Jeffrey Weeks (2000). La recherche se base sur 16 entretiens non-directifs avec des personnes concerné·e·s par l’expression « lesbienne ». La discussion des données se fait sous trois angles d’analyse: le langage, le quotidien et la communauté. Premièrement, au niveau du langage, le mot « lesbienne » est compris par les participant·e·s comme étant une identité (à géométrie variable) ainsi qu’une orientation sexuelle. Or, iels ont aussi grandement insisté sur le fait que « lesbienne » voulait dire plus que cela, c’est-à-dire que c’est aussi pour elleux une façon de mener leur vie. L’effet matériel du pouvoir a été décrit comme participant à l’invisibilisation des réalités lesbiennes étant donné que celles-ci sont comprises comme étant impossibles dans la pensée straight. Deuxièmement, au niveau du quotidien, les entrevues ont permis de voir que celui-ci est défini par des trajectoires imposées dans la vie de tous les jours, se promener dans la rue, s’afficher en tant que lesbienne ou être perçu·e comme tel dans l’espace public ainsi que des conversations avec leurs proches. Les points de vue des participant·e·s sont analysés sous l’angle de l’expérience d’affrontement à un monde organisé autour de l’hétérosexualité. Leurs tentatives de changer les normes à travers un travail de transformation personnel et collectif sont révélées. Troisièmement, au niveau de la communauté, les entrevues permettent d’entrevoir que celle-ci est d’abord comprise comme prenant forme dans des relations amicales avec d’autres personnes LGBTQ, dans les bars et les lieux de socialisation réservés ou accueillants envers les personnes lesbiennes ainsi que l’implication dans des organismes communautaires LGBTQ. Puis, l’idée de communauté lesbienne, au singulier et au pluriel, permet d’aborder aussi les questions d’identification, de valeurs communes, de capital social et politique. En guise de conclusion, l’hétéronormativité est aussi comprise en tant que problème social. De plus, la complexité des significations entourant être lesbienne donne envie d’en savoir plus et de multiplier les recherches sur le sujet. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : lesbienne, hétéronormativité, problème social, normes, langage, quotidien, communauté, travail social
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En Bolivie, plusieurs organisations de femmes et féministes s'engagent dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Des autrices constatent que les femmes indigènes se mobilisent surtout autour d'enjeux ethniques et économiques et sont peu interpelées par les enjeux liés au genre, un concept qu'elles conçoivent davantage selon des notions propres aux traditions indigènes boliviennes (Rousseau, 2009). Toutefois, l'étude du processus de l'Assemblée constituante (Rousseau, 2011) démontre que plutôt que de manifester un désintérêt envers les enjeux liés au genre, les femmes indigènes se mobilisent face à des enjeux prenant non seulement compte de leur position de femme, mais également de l'imbrication de leur double position de femmes et indigènes. Ces constats mènent à explorer les pratiques et les carrières d'engagement des femmes indigènes contre les violences faites aux femmes, à partir de la question de recherche suivante : quelles sont les carrières et pratiques d'engagement dévoilées dans les récits des femmes indigènes dans le domaine des violences faites aux femmes en Bolivie? Un séjour à Sucre, en Bolivie, entre les mois d'octobre 2017 et février 2018, m'a donné l'opportunité d'observer une variété de pratiques d'engagement social dans ce domaine et de réaliser sept entretiens auprès de femmes engagées contre les violences faites aux femmes issues de différents contextes sociaux. Les données récoltées ont été analysées à partir des deux premiers axes du dispositif d'analyse proposé par Mathieu (2011), soit l'approche dispositionnaliste des carrières d'engagement et celle inspirée de la sociologie pragmatique de l'engagement. Ce cadre théorique m'a permis de déployer les carrières et les pratiques d'engagement social contre les violences faites aux femmes des actrices interrogées en plus d'en dégager les dispositions, les compétences et les difficultés racontées ou observées. Ma posture épistémologique s'inscrit au confluent des perspectives poststructuralistes, féministes postcolonialistes et décoloniales et fait appel à deux méthodes de collecte de données : l'observation participante et les entretiens de type récit de vie orientés sur la thématique de l'engagement social contre les violences faites aux femmes. L'adoption de cette approche m'a évité de basculer dans l'analyse structurelle des mouvements sociaux, pour plutôt proposer une étude exploratoire de l'engagement des femmes indigènes boliviennes en situation. La discussion engage également une réflexion sur ma posture qui tend vers une approche décoloniale et examine la notion d'indigénéité. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : engagement social, femmes indigènes, violences faites aux femmes, féminisme, luttes autochtones, approches décoloniales, Bolivie, Amérique latine.
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Face à l'augmentation de l'arrivée au Québec de personnes originaires du Maghreb et à la montée de leur stigmatisation depuis le 11 septembre 2001, nous nous sommes intéressées aux expériences de violence conjugale vécues par les femmes de cette communauté. Nous cherchions à mieux comprendre le regard que posent des femmes immigrantes musulmanes d'origine maghrébine sur leur expérience de violence conjugale ainsi que le point de vue que posent sur ces femmes des intervenantes en maison d'hébergement dans le cadre de leur intervention. Cette recherche s'appuie sur une méthode qualitative d'entretiens semi-directifs avec trois intervenantes et de trois récits de vie de femmes et repose sur un cadre d'analyse intersectionnel dans une vision socioconstructionniste. Cette recherche a mis en évidence que 1) des femmes immigrantes musulmanes d'origine maghrébine peuvent accorder une grande importance au développement d'un lien de complicité avec les intervenantes ; 2) une d'entre elles a vécu des expériences de violence dans la sphère publique façonnant sa représentation de la violence vécue dans le cadre de la maisonnée ; 3) alors que la religion est vécue par les femmes rencontrées comme un soutien dans leur expérience de violence conjugale, elle est identifiée comme un obstacle à l'intervention par les intervenantes ; 4) selon les intervenantes, les pressions familiales vécues par les femmes pour rester ou retourner avec le conjoint les amènent à être ambivalentes alors que les femmes rencontrées en parlent en terme de difficulté mais n'ayant pas d'influence sur leurs choix ; 5) des femmes immigrantes musulmanes maghrébines peuvent ne pas se sentir prises en compte dans leur spécificité dans le cadre de leur séjour en maison d'hébergement. Ces résultats permettent d'entrevoir des avenues possibles pour de futures recherches se situant autour de l'ouverture à la diversité culturelle. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes immigrantes, femmes musulmanes d'origine maghrébine, intervenantes, violence conjugale, intersectionnalité
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Alors que de plus en plus de chercheurs s'intéressent aux violences basées sur l'honneur (VBH), les personnes aux prises avec ce type de problématique décrivent plutôt leur réalité en termes de conflits familiaux. Ce projet vise à explorer ces conflits intergénérationnels liés à l'honneur chez les adolescentes et les jeunes femmes sud-asiatiques en s'interrogeant sur la manière dont elles se positionnent en contexte de conflits. Cette recherche se divise en trois objectifs spécifiques : examiner les positionalités occupées par les adolescentes et les jeunes femmes en contexte de conflits, développer une meilleure compréhension des situations autour des points de tension pouvant transformer un conflit en VBH et explorer la dimension de l'honneur et ses effets. Pour mieux saisir le point de vue des adolescentes et des jeunes femmes, notre recherche s'ancre dans le concept théorique d'honneur dynamique de Crook, ainsi que celui de positionalité translocalisationnelle tel que développé par Anthias et appliqué dans un contexte d'honneur par Withaeckx et al. Nous avons observé comment les adolescentes et les jeunes femmes se positionnent, mais également comment elles sont positionnées en situations de conflits. À partir d'une méthodologie qualitative exploratoire et d'un échantillon composé de six personnes et divisé en deux sous-groupes distincts (trois jeunes femmes ayant vécu des conflits s'étant résorbés et trois adolescentes ayant été exposées aux VBH), nous avons réalisé des entretiens individuels semi-dirigés fondés le récit de vie thématique et permettant de mettre en évidence les situations de conflits. Grâce à une analyse des contextes dans lesquels se déroulent les conflits, de la signification qu'ils possèdent et de l'impact du temps sur ceux-ci, nous développons une meilleure compréhension des situations pouvant les déclencher. Nos résultats révèlent que les principales zones de tension affectant les adolescentes et les jeunes femmes se situent autour de leur cheminement scolaire, de leur développement individuel à l'extérieur de leur domicile familial ainsi que de leur rapport aux garçons et aux fréquentations amoureuses. Les adolescentes et les jeunes femmes ont tendance à développer une perception plus individualiste de la réalité qui peut entrer en contradiction avec la vision du monde de leurs parents, qui privilégient généralement les intérêts familiaux. Devant ces perspectives parfois incompatibles, le temps peut diminuer ou augmenter l'intensité des tensions. Il représente également un élément favorable à l'émergence, chez les adolescentes et les jeunes femmes, de stratégies leur permettant de faire face aux conflits en évitant leur escalade. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : conflits intergénérationnels, honneur, violences basées sur l'honneur, jeunes femmes, adolescentes, Asie du Sud, deuxième génération, positionalité translocalisationnelle, intersectionnalité.
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Le phénomène des multiples disparitions et assassinats de femmes autochtones au Canada est révélateur de la violence systémique que vivent ces dernières. Suivant le constat que les recherches qui portent sur la violence et les femmes autochtones offrent généralement une compréhension limitée de ces réalités, ce mémoire vise à explorer une dimension peu abordée, soit la dimension idéologique, et plus précisément les pratiques discursives. Cette recherche exploratoire propose de répondre à la question suivante : Comment les femmes autochtones violentées, principalement celles qui sont disparues ou assassinées, sont-elles représentées à travers le discours médiatique francophone et quels sont les enjeux politiques d'une telle représentation? Pour ce faire, une recherche dans les bases de données a mené à la recension de 147 articles portant soit sur le phénomène général des disparitions et assassinats, soit sur les histoires spécifiques de deux femmes autochtones assassinées (Kelly Morrisseau et Tiffany Morrison). De ces articles ont été extraits les différentes thématiques abordées, permettant ainsi de répondre au premier objectif de cette recherche, soit de dresser un portrait des représentations médiatiques portant sur les femmes autochtones violentées, disparues ou assassinées. Dans un deuxième temps, une analyse foucaldienne du discours a permis de relever les régularités et les discontinuités ainsi que certaines procédures discursives permettant donc de répondre au deuxième objectif de cette recherche, soit de dégager et de reconstruire le discours porté par ces représentations. Cette analyse a mené au regroupement des énoncés en trois ensembles qui exposent l'articulation du discours médiatique portant sur les femmes autochtones violentées, disparues ou assassinées : « de mauvaises femmes », « une violence imprévisible », « analyse et solution policière ». Dans une perspective intersectionnelle, une critique de ce discours a été développée afin de réfléchir à ses enjeux matériels sur la situation des femmes autochtones ainsi que sur les discours et pratiques en travail social. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : représentations, discours médiatiques, femmes autochtones, violence, disparitions et assassinats, intersectionnalité, analyse du discours, travail social.
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Dans le cadre de cette recherche, nous cherchons à comprendre la façon dont les FVVIH témoignent de leurs parcours et de leurs expériences vis-à-vis les services sociaux et de la santé leur venant en aide. Notre recherche a pour but de mieux saisir comment les femmes séropositives naviguent et gèrent la stigmatisation qui serait issue des institutions sociales en plus d'identifier des pistes d'action pour l'amélioration des services. Pour ce faire, nous proposons un cadre d'analyse composé des concepts de stigmatisation structurelle et du travail social féministe critique. Nous utilisons le concept de la stigmatisation structurelle comme concept clé pour orienter nos analyses des entretiens. Il nous permet de cerner l'expérience des FVVIH liée aux services sociaux auxquels les FVVIH ont recours. Le travail social féministe critique, quant à lui, oriente notre engagement dans la lutte contre toutes formes de discrimination et de stigmatisation vécues par les FVVIH. Nous avons privilégié une méthode qualitative, ethnobiographique et féministe. Cette recherche comprend un échantillon double : d'une part des FVVIH et d'autre part les professionnelles et professionnels des services sociaux. Nous avons réalisé sept entretiens individuels; cinq entretiens avec des FVVIH et deux entretiens avec des professionnelles et professionnels des services sociaux. Ce double échantillon nous a permis de confronter les témoignages des FVVIH à ceux des professionnelles et ainsi d'approfondir notre analyse. Ces entretiens nous ont également permis de recueillir plusieurs récits expérientiels de la stigmatisation et de la discrimination perçue et vécue par les FVVIH liés aux services sociaux communautaires et institutionnels. Ils nous ont en outre permis de dégager des recommandations et pistes d'action visant une amélioration des services sociaux. La présentation des résultats documentée permet de mieux connaître le point de vue des FVVIH, leurs savoirs et leurs expériences au regard de la stigmatisation perçue et vécue de la part des services sociaux leur venant en aide. La discussion des résultats permet finalement de confronter les témoignages des FVVIH et ceux des professionnelles des services sociaux, et dégage certaines pistes d'action pour l'élaboration de pratiques d'intervention plus démocratiques. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : VIH, stigmatisation structurelle, femmes, féminisme, travail social, services sociaux.
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Depuis les dernières années, la modalité de la garde physique partagée des enfants a connu un essor important, étant de plus en plus attribuée aux parents par la Chambre de la famille du Québec. Les récits d’expérience portant sur les trajectoires juridiques de sept femmes qui ont obtenu un jugement de garde physique partagée en Chambre de la famille, en contexte de violence conjugale post-séparation, ont été recueillis. Ces derniers constituent l’objet d’étude de ce mémoire de maîtrise en travail social. La question et les objectifs de recherche qui ont été poursuivis visaient à identifier diverses formes de positionnements sociaux engagés par les femmes en regard de leur position sociale respective et à l’endroit de narratifs qui ont été véhiculés par des avocat.e.s et des juges de la Chambre de la famille les ayant accompagnées dans l’attribution d’un jugement de garde physique partagée. Le cadre conceptuel qui a été utilisé est composé de l’approche intersectionnelle d’auteures féministes européennes Floya Anthias (1998; 2001; 2005; 2008; 2011; 2012) et Nira Yuval-Davis (2006; 2015). À la lumière des analyses complétées, de multiples positionnements sociaux ont été déployés par les participantes au gré de leur parcours juridique en Chambre de la famille ou lorsqu’elles ont restitué leur récit d’expérience. Celles-ci ont parfois fait référence à leur position sociale comme mères victimes de violence conjugale post-séparation pour défendre leur requête de garde exclusive à la Chambre de la famille ou en portant plainte à la police contre leur ex-conjoint par mesure de protection. D’autres répondantes ont abordé leur appartenance à une classe sociale, une origine ethnique ou un statut d’immigration en traçant des liens entre cette position sociale et les différents défis et obstacles qu’elles ont rencontrés au gré de leurs démarches légales. Durant leur parcours juridique, quelques participantes ont décidé d’adopter une modalité de garde physique partagée, alors que d’autres ont reçu ce jugement de garde de manière imposée par la Chambre de la famille. Par ailleurs, certaines répondantes ont rapporté des exemples de formes de violence économique et psychologique dont elles ont été la cible en complétant leurs démarches légales ou en assurant la gestion de la garde physique partagée avec leur ancien partenaire. Celles-ci ont également décrit la façon dont les avocat.e.s et les juges de la Chambre de la famille ont abordé leur situation de violence conjugale pré et post-séparation ainsi que les différents fondements juridiques du droit de la famille au Québec. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : femmes, violence conjugale post-séparation, récits d’expérience, droit de la famille, narratifs, position sociale, positionnement social
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The NASW Code of Ethics identifies social justice as one of six foundational values of the social work profession. Indigenous communities have long questioned the authenticity of this commitment and rightly so, given the historical activities of social work and social workers. Still, the commitment persists as an inspiration for an imperfect, yet determined, profession. This article presents a theoretical discussion of questions pertinent for social justice in social work practice in Native American communities: Whose definition of social justice should prevail in work with and in Indigenous communities? What can a revisioning of social justice mean to the development of Native communities and for Native youths in particular? What methods or processes of social work are most appropriate for this social justice work? This article presents a case for the practice of youth participatory action research as one method to work for social justice in Native communitie
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Prodiguant des soins et services nécessaires aux victimes d'agression sexuelle récente, les centres désignés du Québec se sont multipliés suite à la publication des Orientations gouvernementales en matière d'agression sexuelle en 2001. Cette recherche a exploré comment les intervenant.es travaillant en centre désigné auprès des adultes ayant vécu une agression sexuelle récente composent avec les mythes identifiés par les féministes entourant la violence sexuelle. Des entretiens qualitatifs ont été effectués avec dix intervenantes travaillant dans un centre désigné situé dans un hôpital au Québec. Cette étude a permis d'explorer les perceptions des professionnel.les quant aux mythes contemporains entourant la violence sexuelle affectant les adultes et leur travail avec ceux-ci dans un contexte de trousses médicolégales et médicosociales en centre désigné. À partir de concepts de l'intervention féministe, de féminisme rabat-joie et de violences basées sur le genre, des pistes d'analyse ont été défrichées quant aux enjeux soulevés par ces mythes en centre désigné et pour l'intervention féministe. La discussion aborde les risques de victimisation secondaire en centre désigné ; associés au statut de patient.e d'une victime dans l'urgence, aux perceptions des objectifs du service et du doute sur la victimisation en soi. L'articulation des principes féministes dans ce contexte d'intervention d'urgence auprès des adultes est aussi explorée. Les professionnel.les se retrouvent à travailler auprès de personnes qui ne correspondent pas aux mythes propagés sur les victimes. Illes composent avec ces perceptions en articulant des principes féministes afin d'offrir des services satisfaisant les besoins des victimes et réduisant les risques de victimisation secondaire. De plus, l'importance de ce service et de la poursuite des efforts pour endiguer la culture du viol, dont le travail en centre désigné fait partie, est aussi abordée. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : agression sexuelle, centre désigné, culture du viol, intervention féministe, travail social, victimisation secondaire, féminisme rabat-joie, mythe
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L'importance des stratégies communautaires dans l'intervention auprès des femmes criminalisées est reconnue par nombre d'acteurs sociaux, y compris les Services correctionnels. Des auteur-es ont également démontré d'une part, que la reconnaissance sociale est fondamentale à la justice sociale et d'autre part, que l'art communautaire permet une prise de pouvoir favorisant la reconnaissance et la transformation sociale. Notre recherche se penche sur l'art communautaire comme espace pour construire la reconnaissance sociale des femmes criminalisées au Québec. Celle-ci consiste notamment en une étude qualitative, dans une perspective de travail social critique et féministe, portant sur les perceptions qu'ont les femmes criminalisées de la reconnaissance sociale et du rôle de l'intervention par l'art communautaire dans ce processus de reconnaissance. Les participantes interviewées (n=8) ont été impliquées dans le projet d'art communautaire Agir par l'imaginaire, copiloté par la Société Elizabeth Fry du Québec (SEFQ), qui œuvre auprès de femmes ayant des démêlés avec la justice, et Engrenage Noir/Levier, un organisme artistique indépendant qui promeut l'art en tant qu'outil de parole et agent de changement. Les répondantes à l'étude ont partagé leurs perceptions à divers niveaux, notamment en ce qui concerne les discriminations qu'elles vivent, la reconnaissance, leur participation au projet Agir par l'imaginaire et les possibilités de transformations sociales à leur égard. Leurs propos soulèvent de nombreuses réflexions quant aux transformations sociales nécessaires afin qu'elles soient reconnues comme des citoyennes à part entière. L'analyse des données d'entrevues fait ressortir d'une part les exigences au niveau de la reconnaissance de soi, la reconnaissance interpersonnelle et la reconnaissance sociale et, d'autre part, l'art communautaire comme outil de transformation sociale en matière de reconnaissance sociale des femmes criminalisées. À la lumière de notre recherche, l'art communautaire prends tout son sens lorsqu'on met en relation l'existence de préjugés - un des grands défis rencontrés par les femmes criminalisées, et la possibilité de déconstruction de ces préjugés - une des grandes forces des l'art communautaire nommées par les femmes ayant participé à Agir par l'imaginaire. Finalement, nous documentons l'apport de celle approche qu'est l'art communautaire en l'inscrivant dans une pratique de travail social critique et féministe, dans le but d'outiller divers intervenant-es afin de contribuer de manière novatrice à l'actualisation des pratiques d'intervention sociale auprès des femmes concernées et ce, surtout avec elles. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Prison, femmes, reconnaissance sociale, justice sociale, pratiques artistiques, art communautaire, Agir par l'imaginaire, travail social critique, analyse féministe, analyse constructiviste.
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La criminalisation de la violence conjugale est un phénomène relativement récent au Québec comme ailleurs au Canada. Aussi, les réponses du système de justice à ce problème social ont évolué et se sont transformées dans les dernières décennies. On observe à cet égard un recours de plus en plus grand à la mesure 810 du Code criminel (C.cr.) dans les situations de violence conjugale. Cette mesure, aussi appelée « engagement de ne pas troubler l’ordre public », permet d'obtenir une ordonnance judiciaire obligeant un individu, dans la présente étude un auteur de violence conjugale, à contracter un engagement de ne pas troubler l’ordre public et d’avoir une bonne conduite pour une période maximale de 12 mois. Toutefois, son utilisation en matière de violence conjugale, tout particulièrement dans les situations où des comportements peuvent faire l’objet d’une poursuite riminelle, donne lieu à plusieurs questionnements, parfois des critiques. Dans tous les cas, le point de vue des femmes victimes de violence quant à cette mesure n’a que très peu été documenté. Cette recherche souhaite, entre autres, pallier cette lacune
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Dans le cadre d’un stage de solidarité internationale dans une coopérative de recyclage brésilienne, nous avons fait le constat de la complexité de la réalité du pouvoir dans les milieux de travail autogérés. D’une part, une contradiction semble persister entre l’égalité enchâssée dans la structure formelle et la reproduction de rapports de pouvoir asymétriques. D’autre part, les membres évaluent positivement les impacts de leur participation à un milieu de travail démocratique dans différents aspects de leur vie. Nous avons souhaité, dans le cadre de cette recherche de type exploratoire, mieux comprendre la complexité de la question du pouvoir dans de telles organisations en nous intéressant à l’expérience qu’en font les travailleurs et travailleuses des milieux autogérés au Québec. Les aspects formels et organisationnels de telles structures étant relativement bien documentés, nous avons décidé de nous intéresser plutôt aux aspects subjectifs d’une telle expérience. La définition foucaldienne du pouvoir nous est apparue fort à propos pour une telle entreprise : il est conçu comme une force qui circule et transige entre les individus, dans toute relation et dans toutes les sphères de la vie sociale. Inévitable liant social, les relations de pouvoir sont également constitutives des sujets. Une telle conceptualisation du pouvoir nous apparaissait pertinente pour appréhender l’apparente contradiction de la persistance de rapports de pouvoir asymétriques dans des structures égalitaires, de même que pour comprendre les processus de subjectivation favorisés lors d’une expérience de démocratie directe dans le cadre du travail. Si les sujets se construisent dans les relations de pouvoir, comment des contextes autogérés influencent-ils la construction de soi? Nous avons utilisé une méthodologie qualitative. Nous avons choisi le récit d’expérience comme technique de collecte de donnée auprès des sept personnes répondantes, issues de six collectifs de travail autogérés. Les personnes participantes ont raconté leur expérience de l’exercice du pouvoir dans leur relation aux discours et pratiques propres aux milieux autogérés, ainsi que dans le contexte de leurs relations avec leurs cogestionnaires. Il en est ressorti que les discours et pratiques de ces milieux agissent comme des cadres qui à la fois contraignent l’action sur le milieu, mais aussi la rendent possible, à travers un processus d’appropriation d’une liberté déstabilisante. De plus, les relations de pouvoir, inhérentes à toute dynamique intersubjective, sont source d’une reconnaissance nécessaire pour agir sur soi et sur le milieu. Il est apparu que certains aspects de leur expérience d’autogestion favorisent des processus de subjectivation constructive, alors que d’autres sont synonymes d’un rapport à soi négatif. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autogestion; relations de pouvoir; récit d’expérience; subjectivation