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L’histoire des relations entre biologie et politique féministe est tendue et contradictoire. Cela paraît d’autant plus flagrant aujourd’hui à l’âge d’or des neurosciences qui ramènent les arguments de supériorité masculine, le caractère inéluctable des différences de genre et la prédominance de l’hétérosexualité à une affaire de cerveau. Dans cet article, nous analysons les points d’intersection propres aux sciences du cerveau et du féminisme. Ces deux champs de recherche entretiennent selon nous des rapports conflictuels mais parfois aussi productifs, y compris dans leurs rapports à l’activisme politique. Ces rapports peuvent être caractérisés en référence à trois directions de recherche principales : des « déstabilisations », des « reconstructions » et des « recontextualisations ». En guise de conclusion, nous terminons par quelques réflexions sur les conditions sociologiques de l’engagement dans une économie politique des neurosciences.[1][1]Traduit de l’anglais par Marc Gagnepain. Pour une brève présentation de l’article et du dossier thématique dans lequel il s’inscrit, nous renvoyons le/la lecteur/trice à l’article introductif de Bovet, Kraus, Panese, Pidoux et Stücklin, « Les neurosciences à l’épreuve de la clinique et des sciences sociales. Regards croisés ».
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Cet article rappelle dans quelles circonstances une histoire de la sexualité construite à partir de sources médicales a émergé en France dans les années 1970. Il insiste surtout sur les pionnier-e-s de cette histoire pour les périodes moderne et contemporaine et les sources qu’ils et elles ont utilisées. Enfin il met en avant le renouvellement récent de ce champ grâce à une histoire « par en bas ».
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Rendant compte des travaux récents dans le champ de l’étude sociales des sciences (Social Studies of Knowledge), de la critique féministe des sciences et des cultural studies, cet article revient sur leurs apports et sur la façon dont ils lisent l’histoire des transformations biomédicales (très) contemporaines, notamment dans les domaines de la reproduction et de la sexualité. Les SSK, en particulier, proposent une lecture complexe et riche des relations humains/techniques et de la façon dont les relations sociales et de genre s’y trouvent engagées. S’interrogeant sur la coïncidence de certaines de ces approches (participant du « tournant descriptif » dans les sciences sociales) avec des transformations économiques et sociales plus vastes (la reconfiguration de soi via les biotechnologies comme promesse individuelle en contexte néolibéral), l’article propose de mettre en évidence ce qu’un renouveau de l’approche historienne pourrait apporter en propre : redonner à voir l’épaisseur des contextes scientifiques et sociaux de production de certaines technologies, dire l’historicité des enjeux sociaux et de genre, produire de nouveaux récits attentifs aux enjeux normatifs, politiques et économiques.
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Le cancer est perçu aujourd’hui comme une maladie qui affecte à peu près autant d’hommes que de femmes. C’est cependant une conception relativement récente. Jusqu’au milieu du xxe siècle, le cancer était considéré comme une pathologie principalement féminine, les tumeurs malignes produisant des symptômes typiques faciles à détecter. Au xxe siècle, les cancers féminins – du sein et de l’utérus – sont les principales cibles des campagnes publiques pour la détection précoce des tumeurs malignes. Depuis les années 1950, le développement de méthodes efficaces de diagnostic et l’augmentation des cancers du poumon, plus fréquents chez les hommes, met fin à l’image du cancer comme une pathologie féminine. Dans les discours publics et les medias, les cancers des organes reproducteurs féminins continuent cependant d’être plus visibles que ceux des organes reproducteurs masculins, et les femmes à risques sont plus souvent sujettes à une chirurgie de prévention mutilante.
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L’invention de la ménopause au xixe siècle puis celle de l’andropause dans la seconde moitié du xxe siècle ont eu pour effet d’accroître la surveillance des médecins sur les corps féminins et masculins vieillissants et, plus spécialement, sur la sexualité de cette période de la vie. Or, si ce coup d’état médical a si bien réussi, c’est qu’il a tout autant bénéficié du soutien très actif des femmes que de l’incapacité des hommes à lui résister. C’est aussi qu’il s’inscrivait dans le prolongement de très anciennes pratiques sociales qu’il légitimait. Et qu’on ne s’y trompe pas. Loin de se desserrer, l’étau s’est définitivement refermé. En effet, les hommes, qui ont longtemps tenté d’échapper maladroitement à cette surveillance, ont, aujourd’hui, fini par s’y soumettre, acceptant, de fait, tout le discours silencieux sur les défaillances de leur puissance virile qu’elle suppose.
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Le mythe de l’androgyne, en proposant un récit des origines traitant de la distinction sexuée et de l’orientation sexuelle, se trouve l’objet de multiples réécritures dans la littérature féminine italienne contemporaine. De Sibilla Aleramo au début du XXe siècle, à Goliarda Sapienza en plein néo-féminisme et jusqu’à la littérature lesbienne récente, la figure de l’andro-gyne devient le support d’un discours sur le corps féminin et sur le genre, mais aussi sur la création artistique.
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The concept of intersectionality refers to the constructionist approach, which considers gender, class and race as categories of social inequality that cannot be added together but that intersect and construct each other. Social categories construct the social identities that affect what motivates people and how they operate. The question is how multiple identities come together in the context of crime? The paper reports the findings of a qualitative study that explored the concept of intersectionality when analysing crime. The study analysed the court files of Antillean women and girls living in the Netherlands and tried to find an explanation for their crime patterns in their struggle with their identity.
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En trente ans, le regard sur l'homosexualité en France a bien changé : les homosexuels vivent et parlent plus librement de leur orientation sexuelle au quotidien. Néanmoins, rappelle Marina Castañeda, malgré cette meilleure acceptation globale, il reste difficile à des jeunes d'annoncer leur choix à leur famille. Certains sont rejetés du foyer familial comme s'ils étaient marginaux. Plus généralement, les homosexuels se sentent encore obligés d'annoncer à leur entourage leur préférence sexuelle, comportement qui semblerait surprenant pour un hétérosexuel. On ne peut donc pas faire comme si tous les préjugés sociaux avaient disparu et nier les difficultés rencontrées.
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Cet ouvrage s'inscrit dans le foisonnement de la sociologie du genre et des études gaies et lesbiennes. Il propose une synthèse des recherches en sciences sociales sur l'homosexualité en France et dans le monde. Nourri des apports de la réflexion théorique et de la critique historique, il donne à voir la diversité des figures de la dissidence sexuelle selon les périodes, les milieux sociaux et les aires culturelles, et la façon dont celle-ci interroge les constructions contemporaines de l'hétérosexualité. Des inscriptions territoriales aux trajectoires sociales, des styles de vie aux mobilisations politiques, des codes langagiers aux modes de consommation, les multiples traits associés aux gays et aux lesbiennes ne se limitent ni aux pratiques sexuelles ni à l'institution conjugale. L'ouvrage se propose de mettre en lumière non seulement la manière dont la culture façonne la sexualité, mais aussi comment, à partir de ces sexualités minoritaires, s'élaborent en retour des cultures originales.
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Très jeune, Joséphine découvre que de la dissimulation dépendra la préservation de son espace vital. Dissimulation de son vécu d'enfant au sein d'une famille dévorante, dissimulation de sa sexualité adolescente face au conformisme pesant de la bourgeoisie pendant les années soixante à soixante-dix. Joséphine narre aussi ses triomphes : conquête de la liberté de pensée, lutte pour éviter d'endosser les rôles auxquels sa condition féminine l'assigne... L'amour, la haine et la démesure parcourent ce récit à la première personne, de l'enfance à l'aube de l'âge adulte.
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Qui est l’«ennemi principal»? Pour la féministe matérialiste qu’est Christine Delphy, il ne s’identifie ni à l’Homme – avec une majuscule –, ni aux hommes en général. Ce n’est en effet ni une essence ni un groupe naturel: c’est un système. Or ce n’est pas non plus, ou plutôt pas principalement, pour cette théoricienne qui s’inspire de Marx mais dans un parfait esprit d’hétérodoxie, le système capitaliste. L’ennemi principal, c’est ce qu’elle a choisi d’appeler le patriarcat : à savoir un système autonome d’exploitation et de domination. Christine Delphy a entrepris d’en constituer la théorie, très exactement l’économie politique du patriarcat. «L’ennemi principal», c’est aussi le titre de l’article de Christine Delphy qui, publié en 1970, la première année du Mouvement de libération des femmes, marque le début d’une révolution dans la réflexion féministe. Elle introduisait l’idée alors totalement nouvelle du patriarcat défini comme structure sociale hiérarchique et inégalitaire, en refusant toute explication de la subordination des femmes en termes idéalistes – que ce soit sur des bases biologiques, naturalistes ou essentialistes, ou bien encore fondées sur l’idéologie ou le «discours».
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Parler de handicap, investir le champ du handicap conduit à questionner les manières de porter le geste, d'agir, de se mouvoir, que chacun d'entre nous a coutume de tenir pour neutres et ordinaires. Car comment construit-on sa virilité quand le corps ne correspond pas au standard, quand la force ou le muscle fait défaut ? Comment parle-t-on de soi, lorsqu'on est en situation de handicap ? Comment appréhende-t-on son expérience, lorsque certains gestes ne peuvent se faire en autonomie, et nécessitent une coréalisation, l'aide, la coopération de l'autre ? A travers des entretiens non directifs d'hommes "handis", comme ils se définissent eux-mêmes, complétés par de l'observation participante, Pierre Dufour, lui-même en fauteuil, dénoue le discours qui sous-tend la situation de handicap, le regard que l'on porte sur soi, sur sa virilité, sur sa capacité à s'affranchir des standards et d'un vocabulaire issus d'un agencement du monde "valido-viril" qui ne sont d'aucune utilité pour décrire son quotidien : parle-t-on d'un corps qui rampe sur la plage pour aller se baigner ? Qui fait la "brouette" pour monter un escalier ? Quelle place ambiguë le sport "handi" tient-il vraiment dans ce rapport au corps ? On questionne rarement les normes et les valeurs issues des modalités d'être valides. Or comment soutenir que disposer d'un corps muni de bras et de jambes, mobiles, allant par deux, n'induirait aucune norme, n'orienterait en rien les descriptions ? Croisant les thèmes du handicap et du genre, l'auteur interroge à la fois les pratiques d'hommes se déplaçant en fauteuil roulant et le stock social des discours possibles sur la diversité corporelle. Par son approche originale, cet ouvrage apporte un éclairage peu courant, et notamment sur le thème de l'assistance sexuelle.
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Le « féminisme d’État » est un concept qui désigne l’intégration de féministes et d’enjeux féministes dans l’appareil étatique. Or si le mouvement féministe fait régulièrement face à un contre-mouvement antiféministe, il est possible de se demander s’il n’y a pas un « antiféminisme d’État ». C’est l’objectif premier de l’article, qui se divise en quatre sections : 1) les gouvernements ou les partis antiféministes ; 2) les fonctionnaires antiféministes ; 3) les institutions féministes sous l’influence antiféministe ; 4) l’influence auprès de l’État des mouvements antiféministes. La réflexion porte principalement sur les États occidentaux, et s’inspire de plus d’une vingtaine d’entrevues réalisées auprès de féministes en Belgique et au Québec.
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L'article se concentre sur la santé au travail et la gestion des risques professionnels dans le secteur de l'aide à domicile. Il commence par souligner les difficultés liées à la prise en compte de ces problèmes, à la fois parce que la main-d'œuvre en question est très féminisée et se situe donc en dehors du système salarial classique, et parce que le travail implique un « travail féminin » largement invisible, qui tend à masquer ses risques. Pourtant, la question de la santé au travail soulève de nombreux problèmes sociaux, non seulement pour les employés du secteur, mais également pour les employeurs et les agences de protection sociale. L'article vise ensuite à identifier les leviers de changement sur le terrain, en soulignant les limites des outils de protection sociale classiques et en démontrant comment l'identification des risques psychosociaux pourrait contribuer à mieux faire connaître le domaine et à améliorer les conditions de travail
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L'Observatoire des transidentités (O.D.T.) est une interface de visibilité des questions trans, militantes comme universitaires. Dans cet ouvrage, les responsables de l'O.D.T. ont restitué des débats, des textes et des rencontres autour des questions transidentitaires (classifications médicales, dépsychiatrisation, mouvements LGBTIQ, films et reportages, Trans and Queer studies, etc.).. Les contributeurs de ce livre, qu'ils soient chercheurs ou militants, proposent des éléments de représentations dépathologisants autour des transidentités et une réflexion transdisciplinaire sur les multiples formes que prennent aujourd'hui les identités de genre. Ce second volume porte son attention sur la question intersexe et sur le(s) communautés LGBT.
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This paper explores the dichotomies and gendered invisibilities underpinning the concept of the knowledge economy and society through a closer examination of two emblematic and contrasting figures working in Information and Communication Technology and domestic/care work as bearers of different configurations of knowledge and skills in the contemporary circuits of globalisation. Such knowledge can be broken down into different types—such as embrained, encoded, embodied and encultured—which are valued differentially and with consequences for gendered labour markets. These gendered differences are reflected in current immigration policies which privilege migrants in scientific and information technology sectors and discount those engaged in care work, associated with embodied knowledge and skills. The impact of these differences has been reinforced during a period of economic recession when immigration has become increasingly restricted, even amongst the skilled.
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Voici «Thérèse et Isabelle» tel que Violette Leduc l'avait écrit à l'origine, avec ses pages inédites âpres et précieuses, sa langue nue et violente qui témoignent d'une liberté de ton qu'aucune femme écrivain, en France, n'avait osé prendre avant elle. «Thérèse et Isabelle» constituait la première partie d'un roman, Ravages, présenté aux Éditions Gallimard en 1954. Jugée «scandaleuse», elle fut censurée par l'éditeur. C'est au printemps 1948 que Violette Leduc, encouragée par Simone de Beauvoir, entreprit la rédaction de ce texte auquel elle va consacrer trois années. Le défi était de taille : «J'essaie de rendre le plus exactement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique. Il y a là sans doute quelque chose que toute femme peut comprendre. Je ne cherche pas le scandale mais seulement à décrire avec précision ce qu'une femme éprouve alors. J'espère que cela ne semblera pas plus scandaleux que les réflexions de Madame Bloom à la fin de l' Ulysse de Joyce. Toute analyse psychologique sincère mérite, je pense, d'être entendue.» Au début des années soixante, Violette Leduc greffe une partie de «Thérèse et Isabelle» dans le troisième chapitre de La Batârde : elle supprime des passages, resserre des pages, atténue des métaphores, modifie le déroulement de quelques dialogues ; Thérèse est métamorphosée en Violette. L'autre partie est publiée séparément en juillet 1966. Aujourd'hui, enfin, paraît Thérèse et Isabelle comme une oeuvre en soi, dans sa cohérence initiale et sa continuité.
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S'appuyant sur l'expertise d'un éventail de prestataires de services et de praticiens de première ligne ainsi que de chercheurs universitaires, il cherche à fournir aux personnes travaillant dans le travail social et les professions connexes une couverture à jour des principaux problèmes liés à la violence à l'égard des femmes, et à suggérer des moyens de lutter contre l'augmentation de la violence à l'égard des femmes en traduisant les connaissances en une formation et une pratique efficaces.
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La vie de Clémentine bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune fille aux cheveux bleus qui lui fait découvrir toutes les facettes du désir et lui permet d'affronter enfin le regard des autres.
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Dans toutes les sociétés, et que les acteurs sociaux en soient conscients ou non, la conception du sexe anatomique comporte toujours un aspect stratégique, c'est-à-dire politique, dans l'organisation des relations entre les sexes. Deux questions se posent et se croisent : la conceptualisation du sexe (quel rapport établit-on entre le biologique et le social ?) et la catégorisation des sexes (qu'est-ce qu'un homme, qu'est-ce qu'une femme, qu'est-ce que du masculin, du féminin, de l'unisexe ou du troisième genre... ?). Si l'oppression des femmes est générale, les idéologies du sexe sont diverses. L'auteur s'est intéressée à ceux et celles qui parlent et à celles qui se taisent, aux métamorphoses subtiles du discours savant, aux interprétations et aux déterminants de la conscience des femmes, aux normes des sociétés et des individus sur le sexe et le genre, et aux tentatives de subversion. Que ce soit du côté des normes ou du côté des contestataires, et qu'elles disent que le genre traduit, ou symbolise, ou construit le sexe, les idéologies témoignent du sexe social : que l'anatomie est politique.
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