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L’histoire des relations entre biologie et politique féministe est tendue et contradictoire. Cela paraît d’autant plus flagrant aujourd’hui à l’âge d’or des neurosciences qui ramènent les arguments de supériorité masculine, le caractère inéluctable des différences de genre et la prédominance de l’hétérosexualité à une affaire de cerveau. Dans cet article, nous analysons les points d’intersection propres aux sciences du cerveau et du féminisme. Ces deux champs de recherche entretiennent selon nous des rapports conflictuels mais parfois aussi productifs, y compris dans leurs rapports à l’activisme politique. Ces rapports peuvent être caractérisés en référence à trois directions de recherche principales : des « déstabilisations », des « reconstructions » et des « recontextualisations ». En guise de conclusion, nous terminons par quelques réflexions sur les conditions sociologiques de l’engagement dans une économie politique des neurosciences.[1][1]Traduit de l’anglais par Marc Gagnepain. Pour une brève présentation de l’article et du dossier thématique dans lequel il s’inscrit, nous renvoyons le/la lecteur/trice à l’article introductif de Bovet, Kraus, Panese, Pidoux et Stücklin, « Les neurosciences à l’épreuve de la clinique et des sciences sociales. Regards croisés ».
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Cet article rappelle dans quelles circonstances une histoire de la sexualité construite à partir de sources médicales a émergé en France dans les années 1970. Il insiste surtout sur les pionnier-e-s de cette histoire pour les périodes moderne et contemporaine et les sources qu’ils et elles ont utilisées. Enfin il met en avant le renouvellement récent de ce champ grâce à une histoire « par en bas ».
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Le cancer est perçu aujourd’hui comme une maladie qui affecte à peu près autant d’hommes que de femmes. C’est cependant une conception relativement récente. Jusqu’au milieu du xxe siècle, le cancer était considéré comme une pathologie principalement féminine, les tumeurs malignes produisant des symptômes typiques faciles à détecter. Au xxe siècle, les cancers féminins – du sein et de l’utérus – sont les principales cibles des campagnes publiques pour la détection précoce des tumeurs malignes. Depuis les années 1950, le développement de méthodes efficaces de diagnostic et l’augmentation des cancers du poumon, plus fréquents chez les hommes, met fin à l’image du cancer comme une pathologie féminine. Dans les discours publics et les medias, les cancers des organes reproducteurs féminins continuent cependant d’être plus visibles que ceux des organes reproducteurs masculins, et les femmes à risques sont plus souvent sujettes à une chirurgie de prévention mutilante.
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L’invention de la ménopause au xixe siècle puis celle de l’andropause dans la seconde moitié du xxe siècle ont eu pour effet d’accroître la surveillance des médecins sur les corps féminins et masculins vieillissants et, plus spécialement, sur la sexualité de cette période de la vie. Or, si ce coup d’état médical a si bien réussi, c’est qu’il a tout autant bénéficié du soutien très actif des femmes que de l’incapacité des hommes à lui résister. C’est aussi qu’il s’inscrivait dans le prolongement de très anciennes pratiques sociales qu’il légitimait. Et qu’on ne s’y trompe pas. Loin de se desserrer, l’étau s’est définitivement refermé. En effet, les hommes, qui ont longtemps tenté d’échapper maladroitement à cette surveillance, ont, aujourd’hui, fini par s’y soumettre, acceptant, de fait, tout le discours silencieux sur les défaillances de leur puissance virile qu’elle suppose.
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L'auteure sonde les origines de son homosexualité à travers une quête tragi-comique autour de sa relation à sa mère, de la difficulté d'être enfant et de se bâtir une vie amoureuse harmonieuse. Elle met en scène les figures icôniques de Virginia Woolf, du psychanalyste Donald Winnicott et du docteur Seuss.
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En trente ans, le regard sur l'homosexualité en France a bien changé : les homosexuels vivent et parlent plus librement de leur orientation sexuelle au quotidien. Néanmoins, rappelle Marina Castañeda, malgré cette meilleure acceptation globale, il reste difficile à des jeunes d'annoncer leur choix à leur famille. Certains sont rejetés du foyer familial comme s'ils étaient marginaux. Plus généralement, les homosexuels se sentent encore obligés d'annoncer à leur entourage leur préférence sexuelle, comportement qui semblerait surprenant pour un hétérosexuel. On ne peut donc pas faire comme si tous les préjugés sociaux avaient disparu et nier les difficultés rencontrées.
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Les recherches en neurosciences utilisant des sets de photographies d’expression faciale afin de tester, à l’aide des techniques d’imageries, les réactions émotionnelles des adolescent-e-s ont participé à établir un modèle neurobiologique de l’adolescence. Ce modèle, qui postule que la configuration cérébrale particulière à cette période de la vie soumet les jeunes personnes à un déficit de contrôle émotionnel, tend à s’imposer dans le domaine des sciences de l’adolescence, particulièrement en lien avec la question des prises de risque. Cet article propose d’investiguer le processus par lequel les neurosciences cognitives ont produit, à partir de portraits photographiques d’acteurs mimant des émotions, des stimuli valides qui permettent de rendre visible par le biais de l’IRMf une différence cérébrale discriminant d’une part 590 les adolescent-e-s et les adultes et d’autre part les jeunes filles et les jeunes garçons dans la gestion de l’information émotionnelle. En effet, le cerveau émotionnel adolescent est construit selon deux hiérarchies enchâssées : si la différence d’âge fait figure de hiérarchie fondatrice, celle de sexe constitue un élément tantôt moteur tantôt modérateur à l’intérieur de celle-ci.
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Les femmes handicapées, leurs réalités et leurs combats sont encore largement absents du courant de pensée majoritaire (mainstream) en études féministes qui, malgré un virage récent vers les analyses intersectionnelles, demeurent peu au fait des modalités d'analyse du handicap et des oppressions fondées sur les (in)capacités. Cet article veut permettre à un lectorat francophone de se familiariser avec les principales bases conceptuelles utilisées pour théoriser le handicap et les (in)capacités développées dans le domaine des études critiques du handicap, et en particulier par les auteures féministes travaillant dans ce champ. Il vise également à contribuer aux connaissances féministes des enjeux de transformation sociopolitique qui sont centraux pour les femmes handicapées, tels que ceux-ci sont révélés par les luttes de l'organisation féministe Action des femmes handicapées (Montréal). En conclusion, l'auteure explique la raison pour laquelle le handicap doit être considéré comme un enjeu féministe