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Ce mémoire concerne l'iconographie de Kateri Tekakwitha (1656-1680), première sainte autochtone, produite au Québec lors de la première moitié du 20e siècle. Je vais décrire et évaluer la réception critique que lui a réservé l'histoire de l'art du Québec. Au même moment où apparaît un rayonnement d'images de la sainte, soit entre 1930 et 1960, les historiens de l'art portent presque exclusivement attention au premier portrait de Tekakwitha réalisé suite à sa mort par le jésuite Claude Chauchetière, seul portraitiste ayant connu la sainte de son vivant. À l'aide d'une intervention féministe postcoloniale/noire, je démontre que l'historiographie de cette œuvre est exemplaire d'une invisibilisation des expériences des femmes autochtones dans le contexte missionnaire du 17e siècle. Je rétablis ensuite l'iconographie de la sainte comme corpus dans l'histoire de l'art du Québec à partir d'une approche « visual studies » féministe qui priorise les enjeux identitaires tels que la production du stéréotype de la « princesse indienne », inséparable de l'hypothèse du processus « d'indigénisation » de la figure de Tekakwitha. Parmi les acteurs et actrices canadien-es-français-es qui ont participé à la création de cette iconographie, la présence de deux femmes autochtones qui ont joué le rôle de la sainte, Evelyn Montour et Cécile Jacobs, soulève les enjeux qui se manifestent lors de l'écriture de ce nouveau chapitre de l'histoire de l'art du Québec. Afin de ne pas reproduire la dynamique exclusive qui émerge de l'historiographie du premier portrait, je mobilise les approches qui portent sur l'agentivité du sujet représenté telles que développées par les historiennes de l'art Ruth B. Phillips et Charmaine Nelson. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Kateri Tekakwita (1656-1680), Visual studies, Féminisme, Représentation, Histoire de l'art du Québec, Autochtone
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Depuis 2012, les mobilisations françaises contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux unions de même sexe ont défrayé la chronique, tant en France qu’à l’étranger. Celles-ci ont révélé l’existence d’un mouvement sans précédent, dont l’agenda dépasse largement la reconnaissance des droits des homosexuel.le.s. En effet, ces opposants ne refusent pas seulement le droit de se marier ou de devenir parents aux couples de même sexe, mais dénoncent aussi ce qu’ils appellent l’« idéologie » ou la « théorie du genre ». Cette « idéologie/théorie », qui nierait l’altérité sexuelle et refuserait de penser les relations entre hommes et femmes sur le mode de la complémentarité, constituerait une dangereuse menace pour l’humanité. Pour cette raison, les groupes appartenant à cette mouvance ont élargi leur champ d’action et se mobilisent par exemple contre l’enseignement du genre dans les écoles ou à l’université. Si ces mobilisations ont pris des allures spectaculaires dans l’Hexagone, on les retrouve - avec des fortunes diverses - dans un grand nombre de pays. Elles se manifestent aussi au sein d’institutions internationales telles que le Conseil de l’Europe ou l’ONU. A partir d’une relecture d’auteurs comme Judith Butler, l’« idéologie/théorie du genre » offre un cadre analytique permettant de dénoncer les détournements de langage auxquels se livreraient indistinctement théoricien.ne.s du genre, militant.e.s féministes et activistes LGBT et d’embrasser ces trois ennemis de manière simultanée. L’« idéologie/théorie du genre » constitue ainsi un outil puissant de contre-offensive idéologique et un instrument de lutte contre les avancées en termes de droits. Comme le montre ce numéro, ce discours est particulièrement présent au sein de l’Eglise catholique qui, de certaines communautés locales aux plus hautes instances de la hiérarchie vaticane, dénonce avec véhémence les méfaits supposés du genre et se mobilise pour les contrer. Ce numéro thématique s’articule en trois parties. Il pose tout d’abord quelques balises historiques et théoriques et situe ces mobilisations dans un cadre sociologique et idéologique plus vaste. Il s’intéresse ensuite au cas français et souligne tant l’exemplarité que la singularité des débats récents dans l’Hexagone. Dans un troisième temps, il compare ces mobilisations à ce qui s’est passé dans d’autres pays et aborde des enjeux similaires en Belgique, en Espagne, en Italie et au Mexique.
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En parallèle avec les luttes des femmes sur le terrain, un courant théorique du féminisme autochtone se développe depuis la fin des années 90. Celui-ci revisite le narratif de la colonisation et la théorie postcoloniale en y intégrant l’analyse genre/« race ». L’auteure tente d’inscrire cette production intellectuelle au sein du paradigme intersectionnel universitaire et de la rendre accessible à un public francophone qui la connaît souvent moins bien. En replaçant la violence sexuelle et le patriarcat d’État au centre du débat, les féminismes autochtones arrivent à percevoir une dimension politique souvent laissée de côté par les analyses intersectionnelles.
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Finaliste du Prix littéraire Lambda et du Prix Judy Grahn pour la non-fiction lesbienne En 1996, la poète Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha, portant seulement deux sacs à dos, a pris un bus Greyhound en Amérique et s'est enfuie au Canada. Iel s'est retrouvé.e à Toronto, où iel a été accueilli.e par une communauté de punks queer de couleur offrant des promesses d'amour et de révolution, mais iel est resté.e hanté.e par les raisons pour lesquelles iel a quitté la maison en premier lieu. Ce mémoire passionné et captivant est un mélange de rêves et de cauchemars, de files d'attente devant les tribunaux de l'immigration et de soirées dansantes queer sud-asiatiques ; Il s'agit d'une feuille de route intensément personnelle et d'un récit tragi-comique intersectionnel qui révèle comment une femme queer handicapée de couleur et survivante d'abus navigue sur la rivière sale d'un passé pas si lointain et, comme le suggère le sous-titre, « rêve de rentrer chez elle ». "
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"En important dans le champ de l'esthétique le concept de "queer" issu des pensées du genre et en s'inscrivant dans une perspective interdisciplinaire, tant du point de vue des arts étudiés (littérature, arts de la scène, du corps et de l'image) et des méthodes adoptées (approches littéraires, sociocritique, philosophie, "gender studies", "women studies", "queer studies" ...), cet ouvrage collectif s'attache à ce qui, dans des productions artistiques contemporaines mais aussi plus anciennes, tend à jeter le trouble, politiquement et formellement, dans la représentation des identités sexuelles, des sexualités et de l'érotisme. Le livre fait par conséquent le pari que le travail des écrivains et des artistes autour du travestissement et des homosexualités ou encore leur intérêt pour la représentation de phénomènes comme le transgenre ou le "transsexualisme" leur permettent de penser ou de repenser, entre transgression et subversion, les concepts de "queer" et d'"esthétique", ainsi que de transformer radicalement nos représentations et notre façon d'envisager l'histoire des arts, des idées et des sociétés." [Source : 4e de couv.].
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Le présent document fait état des résultats d’une enquête exploratoire effectuée par Femmes Autochtones au Québec (FAQ) en ce qui a trait à la situation des femmes autochtones disparues ou assassinées au Québec. Cette enquête a bénéficié du soutien financier du ministère de la Justice du Québec et du Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones (DIALOG). Elle visait principalement à consigner et à mettre en valeur la parole des Autochtones de différents horizons et provenances, de même que celles des membres des familles de femmes autochtones disparues ou assassinées, principales personnes concernées par la problématique.
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Cet article interroge des projets urbains qui semblent faire consensus dans les villes européennes (pénalisation du trafic automobile intra-urbain, encouragement du deux-roues motorisé, du vélo et de la marche à pied, du tramway et des autres transports en commun, du covoiturage) du point de vue des inégalités femmes hommes, à partir d’une série de recherches menées sur l’agglomération urbaine de Bordeaux (France). L’analyse d’une enquête sur les mobilités montre en effet que les femmes seraient défavorisées par ces mesures, aussi bien en raison des tâches qui leurs sont majoritairement dévolues (accompagnement des enfants, des personnes âgées, courses etc.), par le fait qu’elles ont une moins grande habileté dans les mobilités alternatives, ou par le sentiment de leur vulnérabilité dans l’espace public (crainte de l’agression dans certains quartiers et la nuit). A qui profite la ville durable ? Comment et où se décident ses nouveaux usages ? Comment se mettent en place les changements de comportements nécessaires à cette transition vers une ville que ses promoteurs décrivent comme douce, calme, belle, apaisée ? Cet article pose l’hypothèse que les bonnes pratiques de la ville durable ressemblent fort à de nouveaux habits de la domination masculine.
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Des noms d'hommes sur les plaques à tous les coins de rues. Des loisirs qui profitent en priorité aux garçons. Des offres de transport insensibles aux spécificités de genre. Sans oublier la culture du harcèlement.La ville se décline surtout au masculin. Plusieurs études récentes le confirment. L'auteur décrit comment la cité renforce les inégalités entre les femmes et les hommes et en crée de nouvelles, et montre qu'il est possible de la rendre plus égalitaire.
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This book provides a new and distinct approach to gender through the frameworks of biopolitics and genealogy, theorizing it as a historically specific apparatus of biopower. Through the use of a diverse mix of historical and contemporary documents, the book explores how the problematization of intersex infant genitalia in 1950s psychiatry propelled the emergence of the gender apparatus in order to socialize sexed individuals into the ideal productive and reproductive subjects of white, middle-class postwar America. The idea of gender was then directly appropriated from psychiatry by Anglo-American feminists during the struggle for women’s liberation, soon followed by demographers and economists concerned with the possible effects of declining fertility on Western populations. The book argues that this genealogy has critical relevance for feminist politics today, amid the deployment of gender equality as a neoliberal means of optimizing the fertility rates of ethnic Europeans and ensuring the region’s future economic growth. It shows how grasping the biopolitics of the idea of gender itself is integral to comprehending both the disappointments and challenges faced by feminist theory and politics today.
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À partir de 22 entretiens et de 243 questionnaires d’enquête complétés par des enseignants du secondaire du Québec (Canada), cet article interroge l’existence de normes relatives au genre et à l’orientation sexuelle en milieu scolaire. Les résultats suggèrent que les pratiques professionnelles des enseignant(e)s, tant lesbiennes, gais et bisexuels (LGB) qu’hétérosexuel(le)s concernant l’homophobie et la diversité sexuelle sont influencées par ces normes. Trente ans après les premiers travaux sur le vécu des enseignants LGB, la littérature sur le coming out demeure centrale pour comprendre les pratiques professionnelles de ceux-ci ainsi que leurs appréhensions. Based on 22 interviews and 243 survey questionnaires filled out by high school teachers in Québec (Canada), this paper questions the existence of norms relating to gender and sexual orientation in schools. Results suggest that teachers’ professional practices regarding homophobia and sexual diversity are influenced by these norms, whether they identify as heterosexual or as lesbian, gay or bisexual (LGB). Thirty years after the first studies on LGB teachers’ experiences, the coming out literature remains central to the understanding of teachers’ apprehensions and fears, as well as their pedagogical practices.
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This article explores the ways in which teachers describe their pedagogical and intervention practices relative to sexual diversity in Québec (Canada). Three variables closely associated with teachers who report inclusive practices emerge: experiential training (based on the experience of a lesbian, gay, or bisexual [LGB] teacher), contact training (from close acquaintance with LGB individuals), and professional training. These factors impact the probability that a teacher will refer to homosexuality, intervene when homophobic incidents occur to deconstruct prejudices, and become the confidant of LGBQ students. Results are discussed based on research on minority teachers and on the roles of straight allies in education.
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Greg Robinson’s article “Whispers of the Unspeakable: New York and Montreal Newspaper Coverage of the Oscar Wilde Trials in 1895,” originally published in 2010 in the French-language journal Rue des Beaux Arts, no. 24 (2010), is here republished and—with much gratitude—translated (for the original text, please see http://www.oscholars.com/RBA/twenty-four/24.7/Articles.htm). Robinson’s transnational study focuses on how reading the specific language of newspaper reports of the Oscar Wilde case, literally from a distance, from places less emotionally attached to and nationally distinct from the scandal’s epicenter in London, England, provides insight into “the state of everyday public knowledge and discussion of (homo)sexuality, at least west of the Atlantic”; thus Robinson’s fascinating research, which involves numerous newspapers—from the elite New York Times to the New York Herald, from the Montreal Daily Star to the French-language papers of Quebec—concludes that the popular press, read transnationally, offers key insights into the developing attitudes toward and levels of interest in the newly forming identity of the “homosexual” across societies.
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"Charting over 45 years of feminist debate on the significance of gender in the making and understanding of art, the long-anticipated new edition of Feminism-Art-Theory has been extensively updated and reworked. Completely revised, retaining only one-third of the texts of the earlier edition, with all other material being new inclusionsBrings together 88 revealing texts from North America, Europe and Australasia, juxtaposing writings from artists and activists with those of academicsEmbraces a broad range of threads and perspectives, from diverse national and global approaches, lesbian and queer theory, and postmodernism, to education and aestheticsIncludes many classic texts, but is particularly notable for its inclusion of rare and significant material not reprinted elsewhereProvides a uniquely flexible resource for study and research due to its scale and structure; each of the seven sections focuses on a specific area of debate, with texts arranged chronologically in order to show how issues and arguments developed over time"--Page 4 de la couverture.
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Dans le dernier tiers du XIXe siècle, l’anthropologie biologique, et a fortiori, l’anthropométrie, se consacre en France comme une démarche scientifique que la standardisation des méthodes et des instruments doit garantir. Reposant sur un naturalisme direct, elle se présente comme une entreprise d’objectivation et de hiérarchisation des différences, principalement raciales. Dans cet article, il s’agit d’étudier comment, dans ce corpus anthropologique (notamment dans les travaux de la Société d’Anthropologie de Paris) la différence sexuelle, qui pouvait troubler les classifications raciales, va être redéfinie comme une différence variable selon les races, au risque de saper les fondements naturalistes sur lesquels repose cette différence des sexes.
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Cet ouvrage rassemble des analyses historiques et des approches sociologiques comparative squi actualisent les données chiffrées sexuées concernant la place des femmes dans les différentes disciplines académiques, mais aussi dans les différents corps des universités, y compris administratifs.Sur un versant plus prospectif, il identifie des obstacles persistants aux carrières féminines, tout en prenant en compte les différents programmes mis en place en faveur del'égalité pour évaluer leur efficacité.
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It is rare to hear about the gendered risks of field work. My experiences with sexual violence with key informants forced me to assume a variety of defensive behaviors, which ran counter to the ways that scholarly discussions of methods tend to emphasize the importance of reducing distance and shifting power away from the researcher in a cross-cultural context. By considering gendered risks, I question the extent to which an idealized male researcher is still viewed as the archetype from which methods are conceptualized and practiced, and the implications are then discussed
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Que sait-on des problèmes sociaux qui sont apparus ou amplifiés suite au séisme de 2010 en Haïti, et particulièrement concernant les violences faites aux femmes? La contribution de cette recherche est de décrire des pratiques sociales médiatisées des groupes de femmes Kay Fanm et SOFA dans l'espace public qu'est le web, dans le but de contrer l'injustice sociale (Fraser, 2004) que sont les violences faites aux femmes en contexte post-séisme en Haïti, à des fins de transformations sociales. L'analyse d'une cartographie des outils web répertoriés et des textes qui y sont diffusés met en évidence que les groupes à l'étude utilisent des outils du web 1.0 et 2.0 pour rendre visible un discours (à des fins de reconnaissance) et que les ressources communicationnelles doivent être disponibles et accessibles (à des fins de redistribution) pour tous. En somme, ce mémoire de recherche de maîtrise souligne la pertinence de s'intéresser aux pratiques médiatisées sur le web pour contrer des injustices sociales si des acteurs souhaitent développer et améliorer leurs pratiques. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Analyse du discours, cartographie web, pratiques sociales, médiatisation, actes de langages, violences faites aux femmes, post-séisme.
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Cinq décennies d’études féministes sur les sciences ont renouvelé et enrichi significativement les réflexions épistémologiques sur des notions fondamentales comme celles d’objectivité ou de preuve empirique, et plus largement sur la question du rôle des valeurs en science. Nous présentons quelques-unes des positions féministes actuelles les plus influentes au sein de la philosophie des sciences contemporaine, positions qui offrent des alternatives à l’idéal de neutralité de la science et ouvrent la possibilité d’une pratique proprement féministe des sciences. Nous discuterons également du tournant politique de la philosophie des sciences, invitée à se saisir de la question du rôle et des objectifs assignables à la science dans nos démocraties contemporaines.