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En 1893, la journaliste afroaméricaine Ida B. Wells fait paraître un volume intitulé The Reason Why the Colored American is not in the World’s Columbian Exposition, autopublié par l’autrice et agrémenté d’une introduction de la main du militant antiesclavagiste Frederick Douglas, ainsi que d’un chapitre conclusif rédigé par F. L. Barnett. Après avoir commenté la constitution des Noirs comme une classe dominée, et relevé la manière dont l’esclavage s’est renouvelé après la guerre civile américaine à travers le travail forcé des prisonniers, Wells s’attaque à la question de la justice populaire raciste des lynchages avec « La loi de Lynch ».
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« Émergence insoumise s'ouvre sur un souvenir de l'autrice qui attend un taxi après un colloque : « Non, mais croyez-vous vraiment que moi, une femme des Premières Nations, je vais aller attendre seule le soir, à Val-d'Or? » Ces mots, adressés au gardien qui lui indique que les portes de l'université sont sur le point de fermer, seront le catalyseur d'une réflexion sur le sort réservé aux femmes autochtones, aussi bien dans le milieu carcéral que dans la société canadienne en général. Alternant entre les réminiscences personnelles et les analyses du racisme systémique afin d'aller au-delà des statistiques et des préjugés, cet essai de Cyndy Wylde s'inscrit dans une tradition de littérature de combat, qui bouscule les idées reçues et dynamite le confort et l'indifférence. »
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Qu’elles se réalisent dans le contexte du travail rémunéré ou dans la vie personnelle, ces tâches se révèlent complexes, voire parfois impossibles à articuler entre elles. La charge mentale affecte plus fortement les femmes1 qui assument une part plus importante dans les tâches domestiques et le soin aux proches. En collaboration avec des représentantes de groupes communautaires et de la société civile concernés par l’équité de genre et la justice environnementale, cette synthèse des connaissances porte sur la charge mentale et ses effets sur la santé des femmes. Quatre messages clés sont à retenir : 1) Les effets de la charge mentale sur la santé des femmes sont nombreux; 2) Il importe de comprendre la charge mentale comme un construit complexe et multifacettes afin de développer des interventions durables et équitables ; 3) Le travail associé à la charge mentale est « invisible » en raison de la gestion émotionnelle et morale et du travail cognitif qu’il comporte, et parce qu’il n’est pas reconnu ou non comptabilisé dans l’économie de marché néolibérale; 4) Les manifestations de la charge mentale prennent des formes différentes qu’il importe d’analyser avec une approche féministe intersectionnelle. Cinq axes regroupant des recommandations et des pistes de solution sont proposés. Axe 1 : Reconnaître la nature complexe de la charge mentale et ses stéréotypes associés. Axe 2 : Soutenir le travail de care dans les milieux de travail. Axe 3 : Améliorer les services de soins et de soutien à la famille offerts à la population et offrir un accès équitable à ces ressources. Axe 4 : Prendre en compte la charge mentale dans les politiques publiques et créer les instances pour assurer des actions de prévention en temps de crise. Axe 5 : Inciter et normaliser le travail de care assumé par les hommes.
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Le MOOC Ohtehra’, l’art autochtone aujourd’hui vous fera découvrir la vitalité de l’art et de la culture des Premiers Peuples à travers les œuvres des collections du Musée des beaux-arts de Montréal. Plus d’une vingtaine de personnalités autochtones (artistes, historiens et historiennes de l’art, conservateurs et conservatrices de musée) vous expliqueront en quoi l’art autochtone d’aujourd’hui dialogue avec les grands courants de l’art moderne et contemporain, mais s’en distingue aussi sur des points essentiels. Ils vous parleront également des lois coloniales qui ont cherché à éradiquer leur culture et la façon dont ils ont résisté, artistiquement et politiquement, à cette assimilation forcée. Ce cours vous offre un regard unique sur l’art et la culture autochtone d’aujourd’hui, celui des Autochtones eux-mêmes.
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Les stéréotypes de genre prescrivent aux mères, mais pas aux pères, de donner la priorité à leur famille plutôt qu’à leur travail. Par conséquent, l’intériorisation des stéréotypes de genre peut prédire une culpabilité plus élevée chez les mères que chez les pères dans des situations où ils privilégient leur travail plutôt que leur famille. L’étude 1 (135 mères et 116 pères) a en effet révélé que plus les stéréotypes de genre implicites des pères étaient forts (mesurés à l’aide d’une tâche d’association implicite genre-carrière), moins les pères se déclaraient coupables dans une situation fictive d’interférence du travail dans la famille. Bien que les mères aient en moyenne déclaré une culpabilité plus élevée que les pères, cet effet n’a pas été atténué par leurs stéréotypes de genre implicites. L’étude 2 (étude du journal quotidien auprès de 105 mères) a toutefois révélé des preuves de l’effet modérateur des stéréotypes de genre implicites sur la culpabilité des mères qui travaillent. Plus les stéréotypes de genre implicites des mères étaient forts, plus elles déclaraient avoir des conflits entre le travail et la famille et de la culpabilité les jours où elles travaillaient de longues heures. Ces résultats montrent que les stéréotypes de genre implicites façonnent la façon dont les parents perçoivent leurs choix travail-famille.
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Ce mémoire porte sur les expériences de militants impliqués dans des mobilisations féministes au Québec au cours des cinquante dernières années. Ma recherche prend pour point de départ les tensions que pose la participation des hommes au mouvement féministe. Une revue des travaux existants permet d’en identifier quatre principales : l’identification des hommes au féminisme ; la gestion de la mixité ; l’autonomie organisationnelle masculine ; le maintien de l’engagement à l’extérieur du mouvement féministe. Dans le cadre de cette recherche, je me penche sur la manière dont les militants proféministes vivent ces tensions, à partir d’une analyse de la subjectivité masculine basée sur les théories féministes matérialistes. Au plan méthodologique, je fais appel à la méthodologie Q, une méthode mixte spécialisée dans l’étude des subjectivités. L’analyse des données révèle la présence d’un discours dominant sur l’expérience de l’engagement proféministe, ainsi que deux discours secondaires. Le discours principal Une lutte quotidienne pour la justice se concentre sur les impacts personnels positifs du féminisme sur la vie des militants et la manière dont celui-ci est vécu comme une facette d’un engagement plus vaste pour la justice sociale. Les discours secondaires L’antisexisme entre hommes et L’émancipation au masculin mettent en lumière des expériences opposées sur le rapport entre la masculinité et la lutte pour l’émancipation des femmes. D’un côté, L’antisexisme entre hommes insiste sur le soutien actif des revendications féministes en intervenant auprès des hommes et en confrontant leurs attitudes sexistes. De l’autre, l’expérience de L’émancipation au masculin se concentre sur l’épanouissement personnel des hommes et l’émancipation vis-à-vis des contraintes de la masculinité dominante. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminisme, Proféminisme, Militantisme, Subjectivité, Rapports sociaux de sexe, Méthodologie Q
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REVENUE est une thèse sur le récit de voyage au féminin soutenue par un récit de voyage au féminin. Il y a donc deux récits de voyage au féminin : celui, vécu en 2018, relaté au fil des pages et celui, publié au Québec entre 2003 et 2018, réfléchi et approfondi en parallèle. Le premier est singulier. Le deuxième est pluriel, car un corpus de vingt-huit ouvrages le constitue dans le cadre de ce travail doctoral. La ligne directrice de cette œuvre, c’est l’expérience personnelle d’une écrivaine-voyageuse. Une expérience d’observation et d’analyse, littéraire et féministe. Une expérience écrite et dessinée de recherche-création. Le voyage est vrai et le féminin, affirmé. Le vivant devance tout le reste. Chaque mot, chaque geste, chaque trait est incarné. C’est bourré d’affect. Et l’écoféminisme y est découvert, embrassé, pleinement célébré. Il y a du silence et des iles à la tonne pour que se déploient paroles et mobilités. Enfin il y a des points. Beaucoup, beaucoup de points. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : récit de voyage au féminin, recherche-création, thèse graphique, écoféminisme.
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« Récit poétique autoréflexif aussi sensible que démesuré, ce livre au genre inclassable interroge le corps de Pascale au prisme d’images mimétiques et de reflets déformants. Chaque fragment se déploie comme une petite installation qui interroge la présence dans toutes ses contradictions, une présence pleine d’affects, de paillettes et de latex donnant des formes kaléidoscopiques et excessives à la beauté. Écriture-performance et collage de bouts de soi, Trop de Pascale n’est pas qu’un livre. C’est un événement. »-- Site web de l'éditeur.
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Gender and work are important social determinants of health, yet studies of health inequities related to the gendered and emotional intricacies of work are rare. Occupations high in emotional labour – a known job stressor – are associated with ill-health and typically dominated by women. Little is known about the mechanisms linking health with these emotional components of work. Using physiological and questionnaire data from Canadian police communicators, we adopt an embodied approach to understanding the relationship between gender norm conformity, emotional labour, and physiological dysregulation, or allostatic load. For high conformers, emotional labour leaves gendered traces in the flesh via increased allostatic load, suggesting that in this way, gendered structures in the workplace become embodied, influencing health through conformity to gender and emotion norms. Findings also reveal that dichotomous conceptions of gender may mask the impact of gendered structures, obscuring the consequences of gender for work-related stress.
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C’est là un ouvrage de référence qui présente la recherche sur la musique, les genres et les sexualités, et plus largement la vie musicale non dominante au Québec depuis le dernier quart du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Issu des travaux réalisés en 202-2022 par le pôle universitaire DIG! Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec (D!G), un réseau interdisciplinaire et intersectoriel qui réunit les chercheur·ses, publics, artistes et autres professionnel·les de la musique qui s’intéressent à cette thématique, l’ouvrage comprend une revue de la littérature et une bibliographie de plus de 800 ressources scientifiques.
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Un texte essentiel documentant la fondation et l’essor de la théorie queer. Les conférences David R. Kessler, créées en 1992 par le CLAGS : Center for LGBTQ Studies at CUNY, représentent la pointe des études queer aux États-Unis. Des années avant que les études LGBTQ ne trouvent pied dans le monde universitaire américain, les conférences Kessler célébraient des enquêtes dynamiques et diverses sur la pensée, la communauté et la politique queer. Vingt ans après sa publication initiale, Queer Ideas rassemble les dix premières conférences Kessler historiques prononcées par des universitaires, des écrivains et des militants influents, dont Cherr e Moraga, Samuel R. Delany, Eve Kosofsky Sedgwick et Barbara Smith, avec une nouvelle préface du directeur exécutif du CLAGS. Matt Brim et les coprésidents du conseil d'administration James Harris et Laura Westengard. Parallèlement au deuxième tome,Queer Then and Now: The David R. Kessler Lectures, 2002-2020 , cette édition révisée de Queer Ideas retrace les premiers fondements du domaine et offre une nouvelle opportunité de revisiter une collection essentielle de pensées queer et trans.
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L’autodéfense féministe est un phénomène important dans les milieux militants contre les violences sexistes et sexuelles. Elle a traversé les époques et les frontières en revêtant différentes formes. Il s’agit pourtant d’un sujet qui a suscité peu d’intérêt dans le domaine académique. Son étude comporte divers défis, notamment quant à l’absence de consensus sur la définition de cette discipline et à la difficulté de repérer ses événements lorsqu’ils furent l’objet de répression sociale. Ce mémoire de recherche en travail social s’intéresse particulièrement à l’expérience des survivant- e-s de violence sexuelle qui ont participé à des cours d’autodéfense féministe. Afin d’explorer ce sujet, la recherche s’appuie sur deux méthodes de recherche complémentaires. D’abord, elle fait la documentation des cours d’autodéfense féministe s’étant tenus à Montréal au cours des dix dernières années afin de contextualiser la discipline à l’étude. Ensuite, des entretiens individuels ont été menés avec huit survivant-e-s de violence sexuelle ayant pratiqué l’autodéfense féministe, à partir desquels ont été rédigés des récits voulant trouver les thèmes significatifs à leurs expériences. La méthodologie de cette recherche qualitative s’inscrit en phénoménologie féministe et accorde une importance particulière au processus de dé/subjectivation dans l’expérience de la violence. Les thèmes abordés lors des entretiens avec les survivant-e-s concernent à la fois les changements constatés dans leurs rapports émotionnels et corporels à la vulnérabilité, leurs perceptions des institutions étatiques et l’importance accordée au rôle des collectivités dans leur recherche de guérison. L’analyse permet d’y découvrir un intérêt marqué pour les pratiques de solidarité ainsi que l’existence d’un processus d’empowerment qui échappe à l’injonction néolibérale du succès individuel. Cela permet d’élaborer une analyse critique du traitement punitif des problèmes sociaux et une vision de la lutte à la culture du viol qui s’attaque aux racines des dynamiques de pouvoir genrées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autodéfense féministe, violence sexuelle, intervention féministe, empowerment, culture du viol, solidarité
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Cette thèse a pour but d’examiner les représentations des identités et des sexualités lesbiennes dans les textes contemporains français et québécois. Elle montre comment les autrices de notre corpus reproduisent ou contestent les représentations dominantes de leur époque. Nous adoptons des perspectives féministes et queers afin de mieux cerner la construction des identités de genre et les sexualités multiples des personnages lesbiens. Le premier chapitre, de nature théorique, expose les recherches tant en sexologie (Krafft-Ebing, Ellis) et en psychanalyse (Freud) qu’en études féministes (Irigaray, de Beauvoir, Wittig, Rich), queers (Sedgwick, Jagose, Halberstam) et de genre (de Lauretis, Butler, Bourcier). Ce chapitre nous sert d’appui aux quatre chapitres suivants dans lesquels nous analysons Le Pur et l’impur de Colette, Thérèse et Isabelle de Violette Leduc, Tryptique lesbien (« Chronique lesbienne du moyen-âge québécois ») de Jovette Marchessault et Le Carnet écarlate d’Anne Archet. Notre étude du texte de Colette explore le rapport ambigu qu’entretient la narratrice avec des travesties, des androgynes, des hermaphrodites, des lesbiennes aristocrates et le personnage de Renée, l’une des lesbiennes les plus connues à la Belle Époque. Au sein du troisième chapitre, on a une représentation plus positive de la sexualité lesbienne. Violette Leduc renouvelle l’expression du désir et du plaisir lesbien en utilisant un langage métaphorique et poétique. Le récit de Jovette Marchessault nous intéresse pour la valeur politique qu’elle attribue à l’identité lesbienne. Dans son oeuvre, la lesbienne symbolise la résistance contre les institutions hétéropatriarcales. Enfin, notre étude du Carnet écarlate met en lumière les nouveaux traits qui définissent la littérature érotique lesbienne, tels que la représentation des pratiques sexuelles non normatives et celle des relations polyamoureuses. Au fil de ces analyses, nous souhaitons donner une meilleure visibilité à la multiplicité des identités lesbiennes.
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« Le pétrole, c’est un style de vie, une culture et des récits qui structurent nos sociétés patriarcales. Les énergies fossiles conditionnent nos systèmes économiques et politiques. Et elles servent depuis toujours les intérêts d’une minorité. Aussi ont-elles toujours suscité des résistances. Aux marges et dans les interstices du monde capitaliste, il existe une myriade de systèmes énergétiques alternatifs, aptes à inspirer espoir et imagination. Une vision écologique et féministe des enjeux d’énergie. »--Quatrième de couverture.
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« L’objectif principal du guide est de présenter les outils essentiels à la mobilisation des connaissances. Grâce à ce guide, vous serez en mesure de/d’ : • Interroger votre posture au sein d’un projet de recherche et la finalité de votre travail; • Réfléchir aux conditions de réalisation d’un projet ancré dans le milieu; • Acquérir une meilleure compréhension des principes qui sous-tendent la mobilisation des connaissances, dont celui de coconstruction; • Élaborer une stratégie de recherche qui favorise le dialogue entre la science et la société; • Sélectionner et utiliser les outils et les méthodes appropriés pour un projet de mobilisation des connaissances.» [Extrait original page 6]
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Malgré l’entrée massive des femmes sur le marché du travail et les avancées que l’on doit aux mouvements féministes, le patriarcat demeure un paradigme dominant à l’égard de la question familiale (Descarries et Corbeil, 2002ª). Dans sa version plus contemporaine, le consensus social concernant la famille est aussi imprégné de l’influence de l’épidémiologie sociale, un paradigme qui supporte une ambition scientiste et normative (Parazelli et al., 2003 et Parazelli, 2013). Comme la mère porte implicitement la responsabilité de l’ordre familial et par extension, de l’ordre social, cette normativité est étroitement liée au genre (Cardi, 2007; 2010 et 2015). Cette recherche s’ancre dans les épistémologies féministes. Elle propose une démarche qualitative, exploratoire et critique en s’intéressant à la réalité des mères qui pratiquent le travail du sexe à partir de l’idée selon laquelle « on ne peut être mère et putain à la fois » (Ovidie, 2018). Le stéréotype de la mère s’oppose effectivement à celui de la putain dans l’imaginaire social (Descarries et Mathieu, 2009). Les mères qui pratiquent le travail du sexe doivent ainsi réconcilier leur posture d’être humain discrédité en regard de leur travail et leur identité de mère, laquelle est soumise à des injonctions normatives de plus en plus élevées (Samtani et Trejos-Castillo, 2015). Nous exposons les données issues d’entrevues semi-dirigées réalisées auprès de huit mères exerçant le travail du sexe afin d’explorer leur expérience de l’articulation famille-travail. Cette expérience est traversée par la gestion des temps et des espaces de la vie familiale et du travail, laquelle relève surtout de la mobilisation de stratégies personnelles par les mères. Ces constats correspondent aux connaissances portant sur l’articulation famille-travail (Descarries et Corbeil 2002ᵇ; Malenfant, 2002; Tremblay, 2003 et Seery, 2014 et 2020). S’agissant des mères que nous avons rencontrées, cette expérience a cependant de particulier qu’elles doivent composer avec le stigmate de putain (Pheterson, 2001). Nous avons donc recours à certains travaux portant sur la stigmatisation symbolique et structurelle aux fins d’analyse et de discussion de nos résultats de recherche. On relève deux grands types de stratégies employées par ces femmes pour faire face au stigmate de putain : elles s’en distancient ou elles lui résistent. La valorisation dans le travail compte parmi les stratégies de résistance. À ce sujet, elles énoncent des réalités et des compétences se rapportant au travail du care. Ainsi, la perspective du care est également mobilisée dans notre cadre conceptuel. Nous réfléchissons notamment au travail du sexe comme travail du care à la lumière des concepts de travail émotionnel (Hochschild, 2003 et 2012), de sale boulot (Lhuilier, 2005 et Molinier 2011) et de défenses collectives féminines et viriles (Molinier, 2000; 2002 et 2004), alors qu’une part importante du travail du care demeure stigmatisée en tant que sale boulot (Molinier, 2011) et que le travail émotionnel est sous-pesé dans l’appréhension de la valeur du travail du care (Molinier, 2011 et 2020). De plus, bien que la dimension du care soit transversale aux activités de soins et de services aux personnes, elle est généralement occultée du sexuel (Molinier, 2009 et 2011). Ces idées nous permettent d’éclairer le discrédit porté à l’endroit des mères pratiquant le travail du sexe et de réfléchir à leurs avenues de reconnaissance et de citoyenneté. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : travail du sexe, mères, articulation famille-travail, féminisme, patriarcat, imaginaire social, discours sociaux dominants, significations imaginaires sociales, stigmatisation, stigmate de putain, travail du care, travail émotionnel, sale boulot, défenses collectives
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Historiquement, la grossesse et l'accouchement étaient le champ de pratique des sages-femmes et traduisaient les savoirs empiriques qu’elles et d’autres femmes avaient développés sur leur corps. Mais, aux 19e et 20e siècles, en Occident, les sages-femmes perdent la main mise sur l'accouchement au profit de la nouvelle profession médicale omnipotente, métier historiquement réservé aux hommes. L’obstétrique-gynécologie voit le jour sous la lunette misogyne et raciste d’hommes qui tentent de mener cette spécialité vers la reconnaissance et la gloire auprès de leurs pairs, parfois aux dépens des femmes surtout noires ou pauvres. De nos jours, au Québec et à travers le monde, des voix s’élèvent pour dénoncer la violence obstétricale subie par les personnes qui accouchent : des abus, des mauvais traitements et des non-respects des droits des personnes vécus durant la grossesse et l’enfantement. Ainsi, c’est avec une posture épistémologique féministe que cette recherche tente, à partir de témoignages de femmes ayant enfanté dans le milieu hospitalier au Québec, de comprendre l’expérience d’accouchement dans un lieu où les rapports de pouvoir sont inégaux. Cette recherche qualitative croise les données avec deux théories clés : les savoirs faisant autorité et l’injustice épistémique. Trois points saillants ressortent de l’analyse : 1) ce sont les soignant·es qui détiennent les savoirs faisant autorité et avec eux le pouvoir décisionnel dans la salle d’accouchement. 2) Les personnes qui accouchent sont victimes d’injustice testimoniale au moment de l’enfantement. 3) L’injustice herméneutique nuit à la reconnaissance et à la lutte contre les violences obstétricales. Finalement, cette recherche met en lumière que les injustices épistémiques que vivent les personnes qui accouchent en milieu hospitalier au Québec sont la toile de fond dans laquelle s’enracinent les violences obstétricales. L’analyse témoigne de la nécessité de renverser les rapports de pouvoir inégaux dans la salle d’accouchement et de changer de paradigme autour de la naissance afin d’obtenir plus de justice périnatale. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Injustice épistémique, savoirs faisant autorités, violence obstétricale, accouchement, justice périnatale, rapports de pouvoir.
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Ce projet porte sur les liens entre les pratiques artistiques et le changement social dans la lutte contre le racisme. Il a pour but d’étudier la réception de la fresque La vie des Noir·e·s compte, réalisée sous la direction de Never Was Average, et implique de porter attention non seulement sur l’oeuvre et l’appréciation de celle-ci, mais aussi sur les modalités de sa production au Québec et à Montréal, en particulier. Les objectifs poursuivis sont les suivants : (1) recueillir et documenter le point de vue de celles et ceux qui ont vu la fresque ; (2) identifier les réflexions et les actions par rapport au racisme anti-Noir·e·s ; (3) outiller les milieux artistiques et militants noirs ; (4) contribuer à la recherche sur/de la race en travail social féministe. Théoriquement, la recherche s’ancre dans trois axes d’analyse, à savoir : les féminismes noirs, la théorie critique de la race (Critical Race Theory), et les Cultural Studies. J’adopte également la notion d’intersectionnalité pour appréhender la subjectivité des participant·e·s (genre, race, classe, etc.) et les processus qui les sous-tendent. L’épistémologie féministe et la méthodologie qualitative interprétative critique permettent une démarche exploratoire, féministe et engagée. Un focus groups a réuni cinq personnes qui ont discuté l’appréciation de la fresque, la compréhension du message, et les réflexions générées chez elles par la fresque. L’analyse des données de l’entrevue par catégories conceptualisantes mène vers la théorisation enracinée des retombées de la fresque en lien avec la lutte au racisme anti-Noir·e·s. Le détail des résultats contribue à offrir une vision complexifiée du médium artistique, entre autres, dans une perspective de résistance, mais aussi de la langue et de la politisation des vies noires. Le poids de la langue, ici la langue française, révèle, une diversité d’enjeux allant des représentations culturelles qui circulent en société aux dynamiques sociopoliques qui marginalisent les personnes Noires. La manipulation politique perçue par les participantes entourant l’oeuvre évoque des sentiments de déception et la perte de confiance à l’égard des pouvoirs politiques. La discussion critique de ces éléments met en lumière des espaces où se joue la racialisation et les rapports de pouvoir dans le contexte québécois. En conclusion, des pistes de réflexion pour la recherche critique de la race en travail social, ainsi que des suggestions pour la pratique sont proposées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : arts, artivisme, réception, travail social, travail social féministe critique, race, racisme, Montréal, féminismes, féminismes noirs, Québec.
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Par le biais d’une analyse phénoménologique interprétative (API), cette recherche qualitative vise à mieux comprendre le rapport au corps des jeunes adultes émergent·e·s trans et non binaires (TNB) à l’aune de leurs expériences sexuelles et romantiques. Pour atteindre cet objectif seront mobilisés la corporéité et le structuralisme érotique transféministe conceptualisés par Alphonso Lingis et Tallia Mae Bettcher. Au regard de la visée exploratoire de la recherche, vingt entretiens semi-directifs (n=20), fondés sur une stratégie d’échantillonnage non probabiliste, ont été menés auprès de jeunes adultes émergent·e·s âgé·e·s de 18 à 25 ans avant et pendant la pandémie. Les participant·e·s se sont identifié·e·s aux genres suivants : masculin (n=9), féminin (n=2), non binaire (n=9) et/ou agenre (n=2). L’API a mis en relief cinq sous-thèmes en lien avec la corporéité : (1) l’absence corporelle à soi; (2) la présence corporelle à soi; (3) les corps accablants; (4) les corps émancipateurs ainsi que (5) les expériences positives du plaisir sexuel. L’API souligne que le corps peut être vécu de plusieurs manières : comme un corps étranger ou comme un corps vivant, en mouvement. Cinq constats favorisent une présence corporelle accrue. Le corps trans pensé comme une nouvelle forme, la construction identitaire par le biais du genre incarné, les processus de recodage intrapsychique et dyadique, une seconde puberté hardiment attendue et l’alignement corporel constituent tous des dimensions d’une corporéité prononcée. En définitive, des pistes d’intervention et de recherche ancrées dans une sexologie réflexive et transaffirmative devraient être considérées afin de favoriser une meilleure santé sexuelle et l’investissement du corps chez la population TNB. Pour les adultes émergent·e·s TNB, le genre est définitivement incarné et implique d’être vu·e·s et lu·e·s à l’aune du corps sensible. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : corporéité, trans, non binaire, adulte émergent, incongruence de genre, phénoménologie, pratiques trans-affirmatives, sexologie, sexualité, théorie queer, transféminisme