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La théorie queer soutient que les discours hétéronormatifs dominants sont productifs de sexualités. Comment alors l’hétéronormativité produit-elle des lesbiennes ? Nous théorisons la femme et le butch comme des projets d’incarnation sexuelle.les réponses processuelles et relationnelles à l’hétéronormativité patriarcale sont sans cesse textuellement enfilées tout au long de nos vies. En nous appuyant sur des féminismes radicaux mis à jour avec Foucault et Dorothy Smith, nous proposons des récits autoethnographiques de nos incarnations sexuelles de butch et de femme, en soutenant non pas que les expériences de viol, mais la menace constante de viol dans la vie quotidienne peuvent produire un désir et une incarnation lesbienne. En fin de compte, nous comprenons l'incarnation sexuelle comme non basée sur un fondement ontologique fixe, mais toujours dans les actions relationnelles et quotidiennes des personnes et, par conséquent, malléable dans le contexte social, le moment discursif et les intersections individuelles de la vie d'une personne dans les relations de pouvoir (genre, race, classe sociale, religiosité, nationalité, etc.).
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« In this groundbreaking and timely book, antiracist educator Robin DiAngelo deftly illuminates the phenomenon of white fragility. Referring to the defensive moves that white people make when challenged racially, white fragility is characterized by emotions such as anger, fear, and guilt, and by behaviors including argumentation and silence. These behaviors, in turn, function to reinstate white racial equilibrium and prevent any meaningful cross-racial dialogue. In this in-depth exploration, DiAngelo explores how white fragility develops, how it protects racial inequality, and what we can do to engage more constructively. »--Page 4 de la couverture.
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Tout au long de leur développement, le Canada et le Québec ont connu de nombreuses vagues d'immigration constituées principalement de personnes en provenance d'Europe. Toutefois, à partir de la fin du XIXe siècle, on voit apparaître des groupes de personnes en provenance de l'Asie et du Proche-Orient. À travers notre recherche, nous avons exploré l'immigration syrienne qui a eu lieu à Montréal au tournant du XXe siècle. Dans les quelques travaux qui ont été réalisés sur la communauté syrienne de Montréal, l'ethnie est souvent l'unique grille d'analyse. La communauté n'est étudiée qu'à travers la religion, le lieu d'origine et la transmission de l'héritage culturel et traditionnel. Afin d'enrichir le corpus d'études existant sur cette communauté, nous étudions l'articulation des stratégies d'intégration des membres de la première génération d'immigrants syriens à Montréal entre 1890 et 1945. Les immigrantes et les immigrants sont des acteurs qui traversent les frontières, qui mettent en place des stratégies tout au long du processus migratoire et qui construisent divers réseaux. Ils ne sont pas uniquement mus par le marché du travail ou par les traditions culturelles; ils développent des stratégies dans leur pays d'origine et tout au long de leur établissement dans la société d'accueil. Ainsi, dans un premier temps, nous avons examiné la société et le milieu duquel ils proviennent afin de circonscrire les facteurs qui les ont amenés à amorcer leurs plans migratoires. Dans un deuxième temps, grâce aux recensements canadiens et aux annuaires Lovell, il a été possible de dresser un portrait de l'évolution de l'installation des Syriens à Montréal. Dans un dernier temps, cette recherche révèle que les stratégies d'intégration dans le pays hôte s'articulent principalement autour de deux axes. D'une part, c'est autour des multiples réseaux sociaux mis sur pied par les membres de la communauté syrienne; de l'autre, par la mobilisation et la résistance politiques qui ont ponctué leur histoire au fil des décennies. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Histoire, Montréal, Immigration, Syriens, Stratégie, XXe siècle, Régulation, Réseaux.
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La gynécologie est classiquement définie comme la spécialité médicale qui a pour objet d’étude la « santé des femmes » et plus spécifiquement leur santé reproductive. Pourtant, ce ne sont pas seulement les femmes qui sont concernées par cette discipline. En effet, les hommes trans, notamment lorsqu’ils n’ont pas eu recours à une chirurgie de réassignation sexuelle, ont également des besoins similaires aux femmes cisgenres en matière de santé sexuelle. Or souvent, les services gynécologiques sont peu accessibles à cette population. Cette recherche s’intéresse donc à la question de l’accessibilité des soins en gynécologie pour les hommes trans à Montréal. À partir d’une démarche qualitative, l’objectif est d’explorer comment la gynécologie — une discipline initialement réservée aux femmes cisgenres — peut rendre ses services accessibles aux hommes trans. Les entretiens menés avec six professionnel· le·s de la santé offrant des soins gynécologiques ont permis de faire ressortir les besoins identifiés par les soignant·e·s concernant la santé sexuelle des personnes trans, les barrières rencontrées dans l’adaptation des soins et les stratégies mises en places pour les surmonter. Cette recherche démontre qu’il y a une évolution de l’approche médicale qui tend vers une implication croissante des patient·e·s. Cette dynamique a pour effet de modifier la relation entre soignant·e·s et patient·e·s, en offrant plus de pouvoir à ces dernier·e·s dans le processus de soin. Cette approche permet une meilleure accessibilité des services puisqu’elle laisse la possibilité à chaque patient·e d’exprimer ses besoins et de recevoir des soins adaptées à sa situation plutôt que dictés par des protocoles. Cependant, cette évolution se heurte encore à des barrières institutionnelles et personnelles qui visent à conformer les individus aux normes sociales. Aussi, la gynécologie et le milieu médical doivent être interrogés en profondeur afin de se détacher de la logique normalisatrice qui les traverse et ainsi mieux accueillir la diversité. ___________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : gynécologie, santé sexuelle, hommes trans, accessibilité, milieu médical, Montréal.
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"Parler des questions qui fâchent en islam à propos des femmes n'est pas une provocation mais une nécessité. Il ne s'agit pas de fâcher mais de clarifier, de rectifier, mais aussi souvent de dénoncer. Clarifier la confusion entre le message spirituel du Texte sacré et l'orthodoxie interprétative institutionnalisée. Rectifier le grand nombre de préjugés sexistes et parfois diffamatoires transcrits dans la tradition musulmane au nom de préceptes divins. Et puis de dénoncer ce qu'une culture patriarcale a forgé dans l'esprit des musulmans : la dévalorisation des femmes". Voile, polygamie, égalité dans l'héritage... Asma Lamrabet fait l'inventaire des discriminations imposées aux femmes au nom de l'islam. Elle démontre que la plupart des interprétations médiévales classiques, produit de leur milieu social et culturel, se sont construites à la marge et parfois à l'encontre du Coran, porteur d'une vision beaucoup plus égalitaire et ouverte.
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Les logiques d'échange et intérêts contenus dans les scripts sexuels des femmes représentent un objet de recherche peu approfondi dans la littérature sociologique occidentale. Face à cette lacune, ce mémoire de recherche se donne pour mission l'exploration de l'idée que la sexualité des femmes possède une propriété échangeable dans des représentations émises dans le contexte culturel québécois. De telles représentations témoignent des conventions et prescriptions guidant la conduite sexuelle par la constitution de scénarios culturels (Simon & Gagnon, 1987). Pour comprendre les logiques d'échange, il est impératif de les situer à l'intérieur de la relation les négociant, celle-ci formant un circuit d'échange avec ses propres règles, significations et pratiques (Zelizer, 2001). La méthodologie se fonde sur une analyse de contenu qualitative visant les narratives véhiculées dans la télésérie La Galère par un processus d'abstraction emprunté à la théorisation ancrée (Strauss & Corbin, 1998). Les objectifs sont à la fois descriptifs, soit la composition d'une typologie classifiant des circuits d'échange typiques, et analytiques, soit une discussion théorique portant sur les ensembles de significations en tension dans les scénarios culturels analysés. Les résultats montrent que les quatre circuits type négocient, par de complexes ramifications, les échanges plus ou moins directs impliquant la sexualité et de multiples finalités de type utilitaire, incluant, sans s'y limiter, des bénéfices économiques. Les axes de tension identifiés dans les signifiants produits par le matériau analysé illustrent la présence de discours tiraillés entre un idéal de sexualité désintéressée et une abondante présence d'intérêts dans les scénarios culturels sexuels représentés. Ces axes de tensions appuient de plus la nécessité d'appréhender, en études féministes, oppression et émancipation dans une approche plaçant ces concepts en dialectique plutôt qu'en dichotomie (Chepp, 2015); dans le cas présent, pour mieux comprendre les logiques d'échange sexuel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sexualité, logiques d'échange sexuel, scripts sexuels, télésérie, analyse de contenu qualitative, féminisme, La Galère, narratives/narratifs
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L'approche intersectionnelle est en émergence dans les milieux de pratiques féministes. À l'aune de sa théorisation, la littérature, à son sujet, laisse entendre qu'elle serait profitable à la déconstruction de certains préjugés et qu'elle favoriserait une perspective plurielle dans les interventions sociales faites auprès de femmes immigrantes et racisées. Pourtant, on en connaît encore que peu sur ses usages. Que savons-nous sur la manière dont celle-ci peut s'intégrer aux différentes étapes du processus d'intervention dans les services professionnels œuvrant sur le terrain? Cette étude, de nature qualitative, traite de l'application de l'intersectionnalité dans les centres de femmes. Nous cherchions à connaître la manière dont celle-ci est intégrée par les intervenantes de centre de femmes avec les femmes immigrantes et racisées. Le premier objectif de notre recherche a consisté à repérer les dimensions intersectionnelles présentes dans les milieux d'interventions. En second lieu, nous avons tenté de cerner la pertinence et les contraintes de son utilisation. En nous inspirant de la méthode des récits de pratique, nous avons effectué des entrevues individuelles auprès de sept intervenantes des centres de femmes de Montréal qui travaillent avec des femmes aux prises avec diverses problématiques sociales. Dans cette recherche, la présentation de l'interprétation des résultats de notre analyse rend compte de la mise en pratique de l'intersectionnalité. On observe que cette approche offre une nouvelle compréhension des situations des femmes immigrantes et qu'elle permet de mieux composer avec les différences et les complexités des identités de celles-ci. On constate que sont mises en œuvre des stratégies en émergence dans les centres pour valoriser et légitimer le vécu des femmes racisées, lutter contre les préjugés et réfléchir à la posture sociale de l'intervenante. Or, on observe que des défis persistent dans l'intégration de l'approche intersectionnelle face à certaines problématiques spécifiques dans les processus d'intervention. L'on remarque que se détourner de l'attention de la domination du conjoint en violence conjugale n'est pas évident. L'analyse soulève des incohérences entre les éléments pris en compte et les moyens proposés pour parvenir à résoudre ce type de problème. Nous soutenons l'importance de poursuivre les recherches sur l'intersectionnalité en tant qu'outil d'intervention pour créer un espace inclusif dans les milieux féministes et soutenir les femmes immigrantes et racisées face au racisme et aux violences spécifiques portées à leur endroit. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : intersectionnalité, intervention féministe, travail social, stratégies d'intervention, centre de femmes, femmes immigrantes et racisées.
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La vérité a souvent un goût amer. Nous ne savons comment accepter nos histoires. Faut-il s’en tenir aux faits et dire la vérité ? Cet ouvrage monumental si richement documenté est précieux, il nous tire de l’oubli et du silence. Que savons-nous de l’esclavage au Canada ? Que savons-nous de la répression exercée sur les femmes et les hommes noirs ? Que savons-nous du racisme systémique ? Que savons-nous de la détresse des Autochtones, des sans-papiers, des personnes réfugiées ? Enfin fort peu… Parce que l’État construit et déconstruit les récits à travers les institutions. Les citoyen.ne.s sont ainsi condamné.e.s à reproduire une histoire qui nous échappe.
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La sexualité des femmes a longtemps été réprimée et certaines études concluent qu'elles portent encore un regard négatif sur leur masturbation et leur droit au plaisir sexuel (Hogarth et Ingham, 2009; Kaestle et Allen, 2011). Ceci est problématique dans la mesure où un rapport négatif à son plaisir sexuel, et plus précisément à la masturbation, mine potentiellement la santé sexuelle. Or, les études sur la masturbation féminine réalisées à ce jour n'ont pas détaillé les processus impliqués dans le phénomène de la masturbation des femmes et ses liens multiples avec la santé sexuelle. Cette recherche qualitative exploratoire s'intéresse à savoir comment une pratique régulière de la masturbation (définie comme une fois par mois ou plus) module la santé sexuelle des femmes à travers le développement du concept de soi sexuel. Cette étude a analysé le discours de treize femmes (âgées de 18 à 30 ans) sur leurs pratiques masturbatoires et a tenté de décrire les processus sous-jacents à une sexualité plus épanouie et une meilleure santé sexuelle. Ces analyses ont été complétées en interprétant la perception des femmes de cette pratique à l'aide du concept de soi sexuel et de théories critiques féministes. Les résultats tendent à montrer que les femmes qui se masturbent régulièrement ont une meilleure compréhension de leur soi sexuel en raison d'une plus grande aisance et connaissance corporelle, d'une meilleure reconnaissance de leurs désirs et leurs besoins sexuels, et d'une plus grande confiance en leur capacité à obtenir un orgasme. De plus, en contexte dyadique, elles semblent témoigner d'une plus grande confiance, et ce grâce à une meilleure connaissance de leurs préférences sexuelles, une plus grande appropriation de leur plaisir sexuel, une meilleure communication de leurs désirs et besoins sexuels, et une plus grande volonté à essayer de nouvelles pratiques sexuelles. Bref, cette étude précise la place essentielle qu'occupe la masturbation dans la construction d'une sexualité saine et épanouie. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : masturbation, masturbation féminine, santé sexuelle, concept de soi sexuel, scripts sexuels, réflexivité sexuelle
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Ce mémoire s'intéresse aux liens sociaux de femmes âgées qui habitent seules dans la région de Montréal. Il s'inscrit dans le cadre d'une recherche intitulée Vieillir et vivre seul-e : comprendre la diversité des expériences et repenser les pratiques, dirigée par Michèle Charpentier, professeure et titulaire de la Chaire de recherche sur le vieillissement et la diversité citoyenne de l'UQÀM. En tenant compte du vieillissement accéléré de la population québécoise, de la féminisation de la vieillesse et des multiples reconfigurations des liens familiaux au cours du dernier siècle, nous observons une croissance du phénomène de l'habitat en solo chez les aînées. De plus en plus de chercheurs s'intéressent aux facteurs de vulnérabilité du vivre seule ainsi qu'à l'impact de l'isolement social et des différentes formes d'exclusion qui peuvent y être associés. Voulant s'inscrire dans la mouvance du renouvellement des savoirs dans le champ de la gérontologie sociale, cette étude mobilise le cadre théorique de l'intersectionnalité pour observer les expériences et les représentations des liens sociaux de femmes aînées vivant seules. Six femmes, âgées de 73 à 87 ans, ont témoigné par le biais d'entrevues semi-dirigées. Les résultats permettent d'éclairer la trajectoire résidentielle de ces femmes et de comprendre comment elle peut être conditionnée par leurs parcours matrimoniaux et certaines conditions de vie. Ces résultats dévoilent l'imbrication des liens sociaux et des parcours résidentiels faits de continuité ou de mobilité/transitions. L'étude démontre l'importance accordée par ces femmes à la dimension sociale de l'habitat ainsi que la centralité des liens sociaux dans la quotidienneté. Elle permet de mettre en évidence la fragilisation des liens existant dans le grand âge tout autant qu'elle expose la grande variabilité des sociabilités d'une femme à l'autre. La discussion témoigne du besoin d'une plus grande diversification des moyens de rejoindre les femmes dans le domaine de l'intervention psychosociale et d'arriver à une prise en compte des modes de socialisation des femmes aînées. Les résultats exposent la pertinence de rendre davantage visibles les services sociaux à l'extérieur du circuit médical ainsi que dans les lieux fréquentés par ces femmes. Pour que les femmes puissent en bénéficier, nous témoignons de l'importance d'une offre de transport adapté à la flexibilité et à la diversité des besoins des femmes rencontrées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes âgées, grand âge, vivre seule, liens sociaux, intersectionnalité.
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À la fois mémoire, théorie, prose poétique et fragment, No Archive Will Restore You est une méditation fiévreuse sur le corps. Partant de l'appel d'Antonio Gramsci à dresser un inventaire des traces historiques laissées en chacun de nous, Singh aborde à la fois l'impossibilité et l'urgente nécessité de constituer une archive du corps. À travers des rêveries sur les héritages durables de la douleur, du désir, de la sexualité, de la race et de l'identité, elle nous demande de sentir et de ressentir ce que nous avons été entraînés à désavouer, à nous rappeler que le corps est plus que lui-même. Pourquoi ce désir d'une archive corporelle, d'un assemblage de traces d'histoire déposées en moi ? (Je me demande comment le décrire, comment l'encadrer sans paraître banal ou déconcertant idiosyncrasique.) L'archive corporelle est une harmonisation, un rassemblement plein d'espoir, un acte d'amour contre les forclusions de la raison. C'est une manière de connaître le moi-corps comme devenir et inconvenance, de brouiller le temps et la matière, de se tourner vers plutôt que contre soi. Et surtout, c'est une façon de penser-sentir la relation illimitée du corps aux autres corps. Je commence alors à compiler une archive de mon corps, une activité qui, dès le départ, me semble inconfortablement intime. Une entreprise trop intime et trop déconcertante, car comme tous les autres corps, le mien est devenu tant de choses au fil du temps, a radicalement changé par des forces à la fois naturelles et sociales. Je suis aussi, il faut le noter, une personne dont le corps a été brisé et mutilé à plusieurs reprises - un fait dont je ne peux pas encore entièrement rendre compte. c'est une manière de penser-sentir la relation illimitée du corps aux autres corps. Je commence alors à compiler une archive de mon corps, une activité qui, dès le départ, me semble inconfortablement intime. Une entreprise trop intime et trop déconcertante, car comme tous les autres corps, le mien est devenu tant de choses au fil du temps, a radicalement changé par des forces à la fois naturelles et sociales. Je suis aussi, il faut le noter, une personne dont le corps a été brisé et mutilé à plusieurs reprises - un fait dont je ne peux pas encore entièrement rendre compte. c'est une manière de penser-sentir la relation illimitée du corps aux autres corps. Je commence alors à compiler une archive de mon corps, une activité qui, dès le départ, me semble inconfortablement intime. Une entreprise trop intime et trop déconcertante, car comme tous les autres corps, le mien est devenu tant de choses au fil du temps, a radicalement changé par des forces à la fois naturelles et sociales. Je suis aussi, il faut le noter, une personne dont le corps a été brisé et mutilé à plusieurs reprises - un fait dont je ne peux pas encore entièrement rendre compte.
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Près du quart des femmes québécoises nées pendant le baby-boom (1947-1956) n'ont pas donné naissance ni adopté un enfant au cours de leur vie. Ceci fait figure d'exception en Occident. Malgré le fait que les pourcentages de femmes sans enfant aient augmenté dans presque tous les pays industrialisés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la province du Québec présente en effet la croissance la plus accélérée parmi toutes ces nations. L'époque prospère de l'après-guerre a permis d'amorcer des transformations sociales considérables, symbolisées au Québec par la Révolution tranquille. La laïcisation de l'État et de ses services, la démocratisation de l'éducation ainsi que la valorisation par les institutions de l'égalité entre les individus ont été des facteurs centraux de changements pour les couples, les familles et surtout les femmes. Celles-ci ont vu leurs choix de vie potentiels se multiplier. Elles ont massivement investi les universités et le marché du travail. Elles ont légalement eu accès à des moyens contraceptifs efficaces. Elles ont accédé à leur autonomie légale et financière et revendiqué leur égalité à travers le mouvement de luttes féministes. De nouvelles contraintes ont toutefois accompagné cette multiplication de possibilités dans leurs vies. La maternité est devenue un projet à concilier avec d'autres sphères très prenantes de la vie comme la conjugalité, les études, le travail ou les loisirs. Cette thèse comporte trois articles qui explorent l'influence des contextes socioculturels et politiques de l'après-Révolution tranquille au Québec sur l'expérience subjective et les parcours de vie des femmes sans enfant. Elle emploie un devis de recherche mixte séquentiel de type quantitatif-qualitatif qui exploite l'analyse des séquences des données du cycle 25 de l'Enquête sociale générale de Statistique Canada, ainsi que l'analyse d'entretiens semi-directifs auprès de dix-neuf non-mères québécoises nées entre 1947 et 1956. Le premier article, intitulé « Mobiliser les méthodes mixtes pour mieux comprendre les parcours de vie des femmes sans enfant », démontre l'apport d'une méthodologie mixte pour explorer la multidimensionnalité des parcours de vie des femmes sans enfant. L'analyse intégrée des résultats quantitatifs et qualitatifs élabore une typologie compréhensive de quatre différents parcours de vie (les « libertaires », la « vie de couple sans enfant », le « marathon de vie » et les « parcours vulnérables »), représentant chacun une imbrication particulière des trajectoires scolaires, conjugales et professionnelles. Le deuxième article, intitulé « Comprendre la non-maternité à travers le désir d'enfant : une cartographie des possibles », exploite les données qualitatives issues des entretiens pour comprendre les processus réflexifs et la complexité des contingences interrelationnelles qui sont à l'origine du désir ou non d'enfant. Les récits dégagent une diversité d'expressions et d'expériences du désir d'enfant à travers le temps. Certaines répondantes n'ont jamais ressenti de désir d'enfant et cette absence de désir a pu être vécue sans véritable contrainte dans un contexte social favorisant l'autodétermination des femmes. Le désir plus ou moins intense d'enfant chez d'autres n'a pas pris la forme d'un projet concret de grossesse en raison d'une variété de facteurs individuels, conjugaux ou professionnels. Le contexte social et culturel pendant la vie féconde des baby-boomers québécoises (1970-90) a pu garantir une marge importante d'autodétermination chez elles en leur donnant accès à de multiples options sur les plans scolaire, professionnel, conjugal et contraceptif. Ce même contexte d'ouverture a toutefois contribué en partie à limiter les possibilités de celles qui ont ressenti un désir d'enfant à un moment de leur parcours. À partir de l'analyse qualitative des entretiens, le troisième article, intitulé « La non-maternité des baby-boomers québécoises sous le prisme de l'autonomie », élargit la compréhension de la non-maternité en tenant compte de la complexité de l'autonomie reproductive des femmes. Les trois dimensions identifiées par la philosophe Catriona Mackenzie (autodétermination, capacité réflexive et auto-autorisation) servent à mettre en relief la diversité des enjeux déterminant les marges d'autonomie des femmes en matière de reproduction, plus spécifiquement pour celles qui n'ont pas eu d'enfant. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Non-maternité ; sans enfant ; femmes ; désir d'enfant ; baby-boom ; Québec ; choix ; autonomie reproductive ; approche qualitative ; approche quantitative ; méthodes mixtes ; parcours de vie.
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In Living a Feminist Life Sara Ahmed shows how feminist theory is generated from everyday life and the ordinary experiences of being a feminist at home and at work. Building on legacies of feminist of color scholarship in particular, Ahmed offers a poetic and personal meditation on how feminists become estranged from worlds they critique-often by naming and calling attention to problems-and how feminists learn about worlds from their efforts to transform them. Ahmed also provides her most sustained commentary on the figure of the feminist killjoy introduced in her earlier work while showing how feminists create inventive solutions-such as forming support systems-to survive the shattering experiences of facing the walls of racism and sexism. The killjoy survival kit and killjoy manifesto, with which the book concludes, supply practical tools for how to live a feminist life, thereby strengthening the ties between the inventive creation of feminist theory and living a life that sustains it. https://www.saranahmed.com/
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Cet article a pour but de mieux comprendre le rôle des émotions dans le monde universitaire, et leur implication dans le fait de produire et de défier une université normalisée de plus en plus néolibérale. Il découle de deux discours qui mettent les émotions au premier plan dans et à travers les espaces et les pratiques universitaires, afin d’explorer de façon critique comment les connaissances et les positions sont construites et comment on les fait circuler. Il continue ensuite par prendre en compte ces questions sous l’angle de la sensibilité en tant que position politique pour être et devenir un universitaire en ces temps néolibéraux. Notre but est de contribuer à la recherche qui se développe dans le domaine des géographies émotionnelles, en amenant ce travail de manière explicite dans la conversation des débats renaissants au sujet d’une éthique de sensibilité, comme faisant partie d’une politique qui critique l’individualisme et le gestionnariat dans le monde universitaire (et au-delà). Nous examinons les façons dont les structures universitaires néolibérales font circuler certains affects particuliers, qui induisent des émotions telles que le désir et l’anxiété ainsi que l’internalisation de la compétition et de l’évaluation en tant qu’universitaires incarnés. Nos récits donnent en exemple comment les émotions et les affects qui y sont liés peuvent faire écho et se reproduire de plus en plus à travers les cultures de l’université et se propager dans les vies personnelles et professionnelles. Nous soutenons que les émotions à l’université sont importantes, coproduisant mutuellement des relations et pratiques sociales à tous les niveaux. Nous nous intéressons à leurs implications politiques et à la façon dont les normes néolibérales peuvent changer à travers des pratiques de sensibilité.
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Qu’est-ce que le féminisme au juste ? Ce dictionnaire apporte une réponse large (la contestation de l’inégalité entre les sexes), plurielle (les mouvements de femmes, les philosophies ou idéologies qui les nourrissent) et contextualisée. Il n’y a pas de définition universelle et diachronique du féminisme, forme de résistance à un contexte oppressif spécifique. La diversité des vies de militant.e.s, des moyens d’action et d’expression, des revendications et objectifs montre au contraire combien le féminisme prend les couleurs du temps et des lieux qu’il investit. Mais il est aussi, en retour, une force de transformation culturelle sociale et politique de tout premier plan. Issu de recherches universitaires récentes, ce dictionnaire est à la fois biographique et thématique. Il rend compte, avec méthode et pédagogie, de toute la richesse du mouvement féministe en France. Il pourra accompagner les découvertes et les approfondissements pour tous les publics, à l’université, dans les médias, dans les mouvements militants. En effet, le féminisme reste un mouvement peu connu ; il est pourtant à l’œuvre dans l’une des plus profondes transformations sociétales des deux derniers siècles : le recul de la domination masculine, les progrès de l’égalité des sexes et des libertés, la mise en question de la différenciation hiérarchisée (le genre). Autant de luttes toujours d’actualité, même si le féminisme d’aujourd’hui se différencie des premières mobilisations collectives pour les droits civils et politiques.
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La violence familiale en milieu autochtone est maintenant reconnue comme un problème sérieux dont les causes remontent à l'histoire de la colonisation, qui a drastiquement changé le mode de vie des Autochtones pour imposer le mode de vie occidental et les dictats de la société patriarcale. Le travail social a également joué un rôle dans l'histoire de la colonisation, les travailleurs sociaux étant souvent ceux mandatés par l'État pour retirer les enfants des familles. Les institutions et le système de santé et services sociaux sont souvent mal adaptés aux réalités autochtones. Par conséquent, le niveau de confiance des Autochtones envers les services supposés leur venir en aide est très faible. Cette recherche qualitative a été réalisée avec l'aide de lignes directrices de recherche avec les femmes autochtones et selon une approche collaborative et féministe. Un comité collaborateur formé de femmes de Mashteuiatsh a eu l'occasion de se prononcer sur chaque étape de la recherche et co-construire certains de ses outils. Une séance de consultation initiale dans la communauté et des échanges avec le comité collaborateur nous ont permis d'identifier les objectifs de recherche suivants : 1) Décrire et analyser les perceptions qu'ont les femmes Ilnu de la violence familiale; 2) Dégager les principaux besoins en lien avec la violence familiale dans la communauté selon le point de vue des femmes Ilnu; 3) Dégager les principales pistes de solutions envisagées par et pour les femmes Ilnu. Six entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés avec des femmes Ilnu et un entretien de type groupe focus a réuni deux autres participantes. Les données recueillies ont été analysées à la lumière des théories du féminisme autochtone et de l'intersectionnalité. Nos conclusions font état de la place du silence, de l'intersection des oppressions et de l'internalisation de la violence coloniale dans la compréhension du phénomène de violence familiale. La recherche aura également permis de parler du rôle de la solidarité et de penser à des actions féministes autochtones comme pistes de solutions culturellement appropriées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes autochtones, Ilnu, Mashteuiatsh, violence familiale, féminisme autochtone, intersectionnalité, recherche-action collaborative, travail social.
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Cet article porte sur les rôles que les femmes ont joué dans le développement d’une scène jazz à Montréal. Les archives témoignent de l’importance des pianistes Vera Guilaroff et Ilene Bourne, de l’enseignante de piano Daisy Peterson Sweeney, des enseignantes de danse Olga Spencer Foderingham et Ethel Bruneau, ainsi que des danseuses de variétés dans le développement de la plus grande scène jazz du Canada au cours de la première moitié du xxe siècle. Cet article contextualise la présence des femmes dans ces espaces performantiels précis (le piano, l’enseignement, la danse) et explore les processus historiographiques liés à leur exclusion des récits historiques.