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Ferdulis Zita Odome Angone, enseignante chercheure à l’UCAD au Sénégal et autrice du livre « Femmes noires francophones: Une réflexion sur le patriarcat et le racisme aux XX-XXIe siècles » était présente dans le cours FEM-7000-31, le 12 octobre 2022, afin d’échanger avec les personnes étudiantes et le public.
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Natacha Chetcuti-Osorovitz anime une séance du Séminaire multidisciplinaire en études féministes "Savoirs, perspectives, approches "(FEM9000, Groupe 041) des professeures Rachel Chagnon et Djemila Carron. 21 février 2022 Dans le cadre de ce séminaire, Natacha Chetcuti-Osorovitz parlera de son rapport aux savoirs minoritaires et de l’enquête dans une visée d’une sociologie de l’émancipation.
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Cet article propose la notion d' activisme spirituel de Gloria Anzaldúa comme une lentille théorique plus productive à travers laquelle analyser le féminisme de Zaynab al-Ghazali, comme en témoignent ses mémoires, Return of the Pharaoh, et articulé dans ses articles et interviews. L'activisme spirituel d'Anzaldúa fonctionne ici comme une théorie décoloniale qui remet en question la conception occidentale de la spiritualité en tant qu'épistémologie passive et d'évasion. Dans cette analyse des mémoires d'al-Ghazali, l'activisme spirituel signifie un activisme à la fois spirituel et politique. Aussi oxymore que cela puisse paraître, l'activisme spirituel d'Anzaldúa sert de modèle non pas nécessairement à imiter mais à décoloniser le féminisme islamique en montrant ses limites et ses limitations dans l'analyse des œuvres des femmes musulmanes. En prenant les mémoires d'al-Ghazali comme étude de cas, cet article va au-delà de la controverse entre les féministes (laïques ou islamiques) et les binarismes occidentaux et ouvre la porte vers une théorie et une pratique féministes islamiques décoloniales plus solides profondément enracinées dans la spiritualité et la politique.
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Les affrontements politiques actuels de la « guerre contre le terrorisme » illustrent que l'interaction au sein et entre les civilisations dites occidentales et moyen-orientales est en constante évolution. Un thème récurrent est cependant la façon dont l'Islam et les musulman.e.s signifient « l'Ennemi » dans l'imaginaire socioculturel occidental et sont devenu.e.s « l'Autre » contre lequel l'Occident s'identifie. Dans un mélange unique et perspicace de théorie raciale critique, féministe et postcoloniale, Sunera Thobani examine comment l'islam est à la base de la formation de l'identité occidentale à des moments critiques de son histoire, y compris les croisades, la Reconquista et la période coloniale. Plus précisément, elle explore comment la masculinité et la féminité se forment à ces moments charnières et quel rôle le féminisme a joué dans les guerres contre l'islam « radical ». En exposant ces relations symbiotiques, Thobani explore comment le retour de la « religion » retravaille les politiques raciales, de genre et sexuelles par lesquelles la société occidentale se définit, et plus spécifiquement, se définit contre l'islam. Contester l'islam, construire la race et la sexualité déballe les orthodoxies conventionnelles et non conventionnelles pour ouvrir de nouveaux espaces dans la façon dont nous pensons à l'identité sexuelle et raciale en Occident et au rôle crucial que l'islam a eu et continue d'avoir dans son développement.
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3e conférence du Cycle « Penser les coalitions (éco)féministes » offert à l’hiver 2021 dans le cadre du cours FEM 300G – Introduction aux écoféminismes et ouvert au public. Dalila Awada, M. Sc sociologie, U de M. était la conférencière invitée pour la séance du 6 avril 2021 : « Les mécaniques imbriquées du racisme et du spécisme ».
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Alors qu’on associe généralement la peur à des réflexes tels que la fuite, l’inhibition ou la démobilisation lorsqu’il est question de militantisme, cet article examine comment cette émotion peut parfois stimuler l’engagement de militantes féministes. Située au croisement des approches « actionnistes » (Bernard, 2017) des émotions, de la sociologie des mouvements sociaux et de la sociologie féministe, la discussion proposée s’inspire de 87 entretiens semi-dirigés réalisés entre 2006 et 2015 à travers le Québec, et d’une comparaison entre les milieux féministes suisses romands et québécois grâce aux 31 entretiens réalisés en 2018 et 2019 dans ces deux régions. En tenant compte des niveaux macro, méso et micro de l’analyse, l’article interroge les effets contrastés de la peur sur l’engagement féministe selon le positionnement des actrices dans les rapports sociaux de race, de classe et de sexualité, mais aussi selon les origines de la peur (intra ou extra mouvement), son degré d’intensité, ses interactions avec d’autres émotions (dont la colère) et le travail émotionnel (Hochschild, 2012) des féministes interrogées. L’article brosse ainsi un portrait des causes de la peur chez les féministes pour ensuite analyser les séquences émotionnelles les plus récurrentes en vue de mettre en relief diverses combinaisons émotionnelles et leurs effets sur l’engagement des féministes.
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Dans le but de documenter la transformation des normes sexuelles et de genre, dans un contexte d’émergence de mouvements féministes dénonçant les violences genrées, ce mémoire explore l’imaginaire télésériel québécois. La présente recherche s’intéresse spécifiquement aux représentations contemporaines des violences sexuelles contre les femmes dans les téléséries québécoises à grand public au Québec, en analysant trois créations télésérielles : Fugueuse, Les Simone et Le monstre. En mobilisant la théorie des scripts sexuels de William Simon et John H. Gagnon, cette étude de cas se demande si on peut observer des transformations dans les représentations télévisuelles des violences à caractère sexuel contre les femmes, en concomitance avec les mouvements et actions politiques de dénonciation et, le cas échéant, quelles sont ces transformations. Il s’agit d’abord de questionner les représentations actuelles des violences sexuelles contre les femmes dans les téléséries à grand public au Québec, à l’aune des scripts sexuels traditionnels. Cela afin d’observer si ces images témoignent d’une recomposition des scripts sexuels. Plus précisément, cette recherche s’interroge sur les éléments des scripts traditionnels qui se retrouvent dans ces images et se demande quels sont ceux qui attestent d’une redéfinition des récits télévisuels. En suivant une démarche qualitative déductive et inductive, une analyse thématique de données télévisuelles a été effectuée pour répondre aux questions de recherche. Cette analyse a permis d’établir que les scripts traditionnels sur les agressions sexuelles dans les représentations télésérielles au Québec sont en cours de recomposition. On constate que certains scripts traditionnels ne sont plus présents, alors que d’autres se prolongent et coexistent avec des scripts inédits au sein d’un même récit. L’analyse a ainsi mis en lumière une diversification des scenarios sur les agressions sexuelles, en exposant la présence de récits alternatifs s’éloignant des histoires archétypales sur le viol, bien que cela n’implique pas nécessairement un changement de paradigme dans la compréhension populaire du phénomène des violences genrées. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Violences sexuelles contre les femmes, scripts sexuels, post-féminisme, téléséries à grand public, culture populaire, culture du viol.
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Le présent volume porte sur les philosophies féministes de ces cinquante dernières années, dont la richesse et l'engagement en font l'un des champs les plus novatrices de la recherche philosophique actuelle : le féminisme marxiste, le féminisme « post-moderne » et la théorie queer, l'épistémologie, l'éthique féministes, l'histoire et la philosophie féministes des sciences, le black feminism et l'intersectionnalité. L'ensemble de ces pensées constitue un vaste corpus riche d'outils critiques pour réfléchir à de nouveaux frais sur de nombreux enjeux de la philosophie mais aussi pour éclairer les débats contemporains sur le genre et la sexualité, la matérialité des rapports de pouvoir comme leur articulation et leur représentation dans la modernité, les violences sexuelles et le sexisme.
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Conférencière : Cécile Favre, maîtresse de conférences en informatique à l'Université Lyon 2 en France depuis 2009. Elle est rattachée pour la dimension pédagogique à l’Unité de Formation et de Recherche en Anthropologie, Sociologie et Science Politique et est membre du laboratoire ERIC. Discutantes : Mélanie Millette, professeure au Département de communication sociale et publique de l'UQAM et Marie-Jean Meurs, professeure au Département d'informatique de l'UQAM
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Ce mémoire porte sur les significations que les personnes concernées par l’expression « lesbienne » donnent à ce mot et à leurs expériences quotidiennes en lien avec celui ci. La recherche s’appuie sur un cadre conceptuel féministe et queer formé de quatre éléments: le féminisme lesbien critique tel que théorisé par Sara Ahmed (2017), la pensée straight de Monique Wittig (1992), la compréhension des normes selon Judith Butler (1993, 2004/2016) ainsi que la notion de communauté selon Jeffrey Weeks (2000). La recherche se base sur 16 entretiens non-directifs avec des personnes concerné·e·s par l’expression « lesbienne ». La discussion des données se fait sous trois angles d’analyse: le langage, le quotidien et la communauté. Premièrement, au niveau du langage, le mot « lesbienne » est compris par les participant·e·s comme étant une identité (à géométrie variable) ainsi qu’une orientation sexuelle. Or, iels ont aussi grandement insisté sur le fait que « lesbienne » voulait dire plus que cela, c’est-à-dire que c’est aussi pour elleux une façon de mener leur vie. L’effet matériel du pouvoir a été décrit comme participant à l’invisibilisation des réalités lesbiennes étant donné que celles-ci sont comprises comme étant impossibles dans la pensée straight. Deuxièmement, au niveau du quotidien, les entrevues ont permis de voir que celui-ci est défini par des trajectoires imposées dans la vie de tous les jours, se promener dans la rue, s’afficher en tant que lesbienne ou être perçu·e comme tel dans l’espace public ainsi que des conversations avec leurs proches. Les points de vue des participant·e·s sont analysés sous l’angle de l’expérience d’affrontement à un monde organisé autour de l’hétérosexualité. Leurs tentatives de changer les normes à travers un travail de transformation personnel et collectif sont révélées. Troisièmement, au niveau de la communauté, les entrevues permettent d’entrevoir que celle-ci est d’abord comprise comme prenant forme dans des relations amicales avec d’autres personnes LGBTQ, dans les bars et les lieux de socialisation réservés ou accueillants envers les personnes lesbiennes ainsi que l’implication dans des organismes communautaires LGBTQ. Puis, l’idée de communauté lesbienne, au singulier et au pluriel, permet d’aborder aussi les questions d’identification, de valeurs communes, de capital social et politique. En guise de conclusion, l’hétéronormativité est aussi comprise en tant que problème social. De plus, la complexité des significations entourant être lesbienne donne envie d’en savoir plus et de multiplier les recherches sur le sujet. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : lesbienne, hétéronormativité, problème social, normes, langage, quotidien, communauté, travail social
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Ce mémoire dresse un portrait collectif de l’itinérance de jeunes femmes au centre-ville de Montréal selon une perspective féministe intersectionnelle. S’inscrivant dans une méthodologie qualitative et féministe, celui-ci se penche sur les stratégies de survie employées par de jeunes femmes itinérantes. Ces stratégies répondent à plusieurs formes de violences invisibles également documentées au sein de cette recherche. C’est à l’aide d’un portrait collectif fait à partir de focus groupes et d’observation participante que cette problématique est adressée. Cette recherche s’est effectuée en collaboration avec l’organisme En Marge 12-17 où le recrutement de cinq jeunes femmes a eu lieu. Les résultats semblent indiquer que les jeunes femmes en situation d’itinérance déploient de multiples stratégies de survie, dont celle de la création d’un réseau social d’entraide. D’autres stratégies de survie ont également été abordées par les participantes comme l’utilisation des ressources communautaires, demeurer éveiller pendant la nuit afin de rester en sécurité, l’utilisation de leur position de femmes, etc. Ces stratégies se sont présentées comme une réponse aux violences invisibles vécues par ces jeunes femmes. L’expérience de l’itinérance et des rapports de pouvoir qui en découlent serait donc teintée de violences invisibles (violence structurelle, violence normalisée et violence symbolique) qui varient selon le genre et l’âge ainsi que selon d’autres catégories d’appartenance. Les jeunes femmes du milieu de la rue vivraient d’ailleurs une expérience spécifique et paradoxale des espaces publics urbains où elles peuvent être considérées comme des objets. À travers les résultats, les participantes expriment aussi une responsabilisation de leur situation, révélant des valeurs du néolibéralisme globalisé. C’est donc dans la mise en lumière des multiples stratégies de survie que cette recherche documente les nombreuses violences invisibles qui s’incorporent dans le parcours de ces jeunes femmes en situation d’itinérance à Montréal. Un portrait collectif de jeunes femmes qui font tout en leur pouvoir pour assurer leur survie, leur sécurité, mais aussi pour vivre. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Stratégies de survie, itinérance, jeunes femmes, jeunes femmes en situation d’itinérance, violences invisibles, intersectionnalité, focus groupe, réseau social, collectivisme.
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Dans le cadre d’un stage de solidarité internationale dans une coopérative de recyclage brésilienne, nous avons fait le constat de la complexité de la réalité du pouvoir dans les milieux de travail autogérés. D’une part, une contradiction semble persister entre l’égalité enchâssée dans la structure formelle et la reproduction de rapports de pouvoir asymétriques. D’autre part, les membres évaluent positivement les impacts de leur participation à un milieu de travail démocratique dans différents aspects de leur vie. Nous avons souhaité, dans le cadre de cette recherche de type exploratoire, mieux comprendre la complexité de la question du pouvoir dans de telles organisations en nous intéressant à l’expérience qu’en font les travailleurs et travailleuses des milieux autogérés au Québec. Les aspects formels et organisationnels de telles structures étant relativement bien documentés, nous avons décidé de nous intéresser plutôt aux aspects subjectifs d’une telle expérience. La définition foucaldienne du pouvoir nous est apparue fort à propos pour une telle entreprise : il est conçu comme une force qui circule et transige entre les individus, dans toute relation et dans toutes les sphères de la vie sociale. Inévitable liant social, les relations de pouvoir sont également constitutives des sujets. Une telle conceptualisation du pouvoir nous apparaissait pertinente pour appréhender l’apparente contradiction de la persistance de rapports de pouvoir asymétriques dans des structures égalitaires, de même que pour comprendre les processus de subjectivation favorisés lors d’une expérience de démocratie directe dans le cadre du travail. Si les sujets se construisent dans les relations de pouvoir, comment des contextes autogérés influencent-ils la construction de soi? Nous avons utilisé une méthodologie qualitative. Nous avons choisi le récit d’expérience comme technique de collecte de donnée auprès des sept personnes répondantes, issues de six collectifs de travail autogérés. Les personnes participantes ont raconté leur expérience de l’exercice du pouvoir dans leur relation aux discours et pratiques propres aux milieux autogérés, ainsi que dans le contexte de leurs relations avec leurs cogestionnaires. Il en est ressorti que les discours et pratiques de ces milieux agissent comme des cadres qui à la fois contraignent l’action sur le milieu, mais aussi la rendent possible, à travers un processus d’appropriation d’une liberté déstabilisante. De plus, les relations de pouvoir, inhérentes à toute dynamique intersubjective, sont source d’une reconnaissance nécessaire pour agir sur soi et sur le milieu. Il est apparu que certains aspects de leur expérience d’autogestion favorisent des processus de subjectivation constructive, alors que d’autres sont synonymes d’un rapport à soi négatif. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autogestion; relations de pouvoir; récit d’expérience; subjectivation
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Plusieurs femmes innues fréquentent l’Église baptiste évangélique Aiamieu Mamuitun située dans la communauté de Uashat mak Mani-Utenam (Côte-Nord, Québec). Dans ce mémoire, je m’intéresse aux discours de ces femmes innues à propos de leur foi évangélique et aux actions qu’elles posent dans le cadre des activités de leur église. Je cherche à documenter et analyser de quelles manières elles font preuve d’agentivité et comment leur désir de guérison se manifeste dans ce contexte évangélique. Au plan théorique, je fais appel aux concepts d’agentivité (Mahmood, 2005) et de réception (Laugrand, 2002). Je fais également appel aux concepts issus d’une revue de littérature sur le discours et les pratiques du mouvement de guérison autochtone, ainsi que sur le discours évangélique lié notamment aux trajectoires de conversion. Au plan méthodologique, la collecte de données de cette recherche qualitative de type socioanthropologique a été réalisée lors d’un terrain ethnographique auprès de femmes innues de l’Église évangélique baptiste Aiamieu Mamuitun de Uashat mak Mani-Utenam durant trois mois à l’automne 2016. Des entrevues semi-dirigées individuelles et de groupe ont été conduites auprès de 13 participantes. Certaines entrevues ont également été conduites avec d’autres membres de l’Église Aiamieu Mamuitun ou de la communauté de Uashat mak Mani-Utenam afin de documenter différents aspects de ces milieux. L’analyse montre que l’Église Aiamieu Mamuitun est un espace favorisant le désir de guérison des femmes innues qui la fréquentent et que ces femmes adhèrent à plusieurs éléments évangéliques liés à la guérison. Cependant, l’analyse montre également que le discours de conversion, dans sa forme typiquement évangélique, est incompatible avec le discours de guérison autochtone auquel elles adhèrent. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : femmes, Innu, évangélique, baptiste, guérison, agentivité, réception, Uashat mak Mani-Utenam, autochtone
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En 1949 en Côte-d’Ivoire, deux mille femmes marchent d’Abidjan à la prison de Grand-Bassam pour exiger la libération de prisonniers politiques. De 1952 à 1960, des femmes participent massivement à la lutte du peuple kikuyu contre les autorités coloniales au Kenya. Dans les années 1960 au Mozambique, le FRELIMO crée des camps d’entraînement militaire dédiés aux femmes. Aux quatre coins du monde, tout au long de l’histoire de la colonisation, des femmes se sont mobilisées pour résister aux conquêtes, renverser les rapports de force, mettre fin aux discriminations ou arracher la liberté. Partout ou presque, l’histoire a oublié leurs noms. Ce livre veut remettre en lumière une partie de ces oubliées qui ont résisté, pris les armes, ou qui ont milité, manifesté, soigné, nourri, caché. Ces femmes qui ont dit non à la colonisation.
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Depuis quelques années, le domaine de la sexologie semble effectuer un changement de paradigme et des recherches commencent désormais à s’intéresser à l’expérience du plaisir à travers le corps, un sujet qui a longtemps été oublié par notre discipline. C’est dans ce changement de paradigme que s’inscrit cette recherche sur l’expérience du plaisir en position de Domination dans les interactions D/s consensuelles réalisée en collaboration avec des membres de la communauté BDSM de Montréal. Des huit entrevues semi-dirigées réalisées grâce à l’analyse phénoménologique interprétative (IPA), il est ressorti que l’expérience du plaisir en position de Domination est un phénomène intersubjectif fondé sur le consentement, la connexion et la communication entre les partenaires de jeu. De plus, les données récoltées à l’aide de schémas corporels non genrés ont non seulement permis de transformer le ressenti des participant.e.s en langage, mais font également ressortir que l’expérience du plaisir dans cet érotisme est multisensorielle, comporte des sensations de plaisir qui ont des manifestations multiples à travers la globalité du corps et qu’elles ne sont pas uniquement génitales ou découlant d’un plaisir sexuel. En bref, il ressort que l’expérience du plaisir en position de Domination en soi une fondée sur la mutualité dans le lien à l’autre. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : BDSM, plaisir, érotisme, domination, phénoménologie
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Les pratiques drag king (PDK) émergent en contexte étatsunien entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, à partir de l’enchevêtrement entre subcultures sexuelles, subcultures de genre et techniques performatives expérimentales. Elles se diffusent par la suite en Italie à la fin des années 1990. Traditionnellement historicisées et problématisées par des théoricien.ne.s et des activistes anglophones (Halberstam, 1998a ; Volcano et Halberstam, 1999 ; Torr et Bottoms, 2010), les PDK ont généralement été comprises comme des performances de femmes (hétérosexuelles, lesbiennes ou queers, supposément cisgenres) s’habillant en hommes pour dénaturaliser la masculinité par son imitation (Torr et Bottoms, 2010). Néanmoins, cette conceptualisation est limitée par des présomptions anglonormatives étasuniennes (Baldo, Borghi et Fiorilli, 2014 ; Baril, 2017) et cisnormatives (Baril, 2016). Elle occulte également les spécificités des PDK dans divers contextes nationaux et elle efface spécifiquement les sujets trans. Afin de pallier à ces limites, cette thèse analyse les contributions théoriques et heuristiques des voix trans, non binaires et non cisgenres italiennes pour conceptualiser les PDK actuelles à partir de quinze entrevues semi-dirigées, conduites en Italie dans le cadre d’une ethnographie de type « affinitaire ». Traité selon une analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2016), le matériau offre trois macro-rubriques : les critiques de la reproduction de masculinités toxiques et de biais hétérocisnormatifs et homonormatifs en milieu d’ateliers DK, la reconnaissance du DK comme espace de subjectivation et enfin la mise en lumière des tensions entre DK et postures trans. Ces macro-rubriques ont été discutées en puisant dans un cadre théorique et conceptuel qui repose sur les études trans, les études féministes, les études sur les masculinités et sur des perspectives issues des productions subculturelles queers, trans et des mouvements sociaux. Premièrement, les entrevues montrent que l’on peut, dans les ateliers DK, recentrer et reproduire des masculinités hégémoniques et créer des dynamiques homosociales oppressives en délégitimant à la fois les masculinités subalternes et les désirs des participant.e.s de s’identifier avec celles-ci. Elles ont également souligné la nécessité de dépasser l’idée que le DK aurait une base biologique (le sexe féminin assigné à la naissance). Cette vision ne respecte pas l’autodétermination des participant.e.s, occulte leurs trajectoires de vie et les raisons qui les poussent à expérimenter. Deuxièmement, les témoignages démontrent que les PDK sont une pratique de subjectivation pour explorer un potentiel genre désiré ou construire et affirmer son propre genre. Elles sont donc une cyber-technologie des corps et des genres trans, non binaires et non cisgenres selon un principe de soutenabilité par rapport au genre. Elles représentent un contexte où re/trouver une masculinité « soutenable » ainsi qu’éthique et solidaire avec d’autres sujets marginalisés et d’autres luttes de justice sociale. De plus, les PDK peuvent être des catalyseurs de futurs queers, au sens d’espaces d’articulation de masculinités trans queers et pédées. Troisièmement, la recherche a créé un espace d’expression pour aborder la question de la transnormativité en Italie. Non seulement cette normativité influence la perception de soi des participant.e.s, mais elle repose sur une « comptabilisation des privilèges » qui est utilisée pour produire des hiérarchies de légitimité au sein des réseaux trans. De fait, le terrain a permis de détecter un « privilège de subjectivation » possédé par les personnes qui se conforment au protocole de transition officiel. Enfin, les témoignages ont relevé le double standard faisant en sorte que les genres cis soient jugés différemment par rapport aux genres trans au sein des PDK. Les personnes trans sont soumises à une surveillance supplémentaire qui les pousse à devoir démontrer un sentiment de cohérence et de persistance dans l’identification avec leur genre d’élection. Les contributions théoriques et heuristiques des voix trans, non binaires et non cisgenres italiennes pour approcher et conceptualiser les PDK actuelles sont très riches et permettent de renouveler non seulement les études sur le DK, les études trans, sur les masculinités, de genre et transféministes mais éventuellement les PDK elles-mêmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : pratiques drag king, théories drag king, Italie, masculinités, transitude, études trans, sociologie du genre, transféminisme, technologies de genre, transnormativité, ethnographie affinitaire.
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En France, le seul emploi du mot "islamophobie" provoque des froncements de sourcils, du fait de la campagne soutenue menée par une grande partie de l'intelligentsia et des médias pour le discréditer et nier la réalité objective qu'il propose de décrire. De la même manière, l'idée qu'il puisse exister des similitudes entre l'antisémitisme et l'islamophobie soulève les passions, car elle semble s'attaquer au principe de l'unicité de la Shoah et à la théorie de la "nouvelle judéophobie" . Malgré cette hostilité, les travaux sociologiques et historiques portant sur l'islamophobie moderne ont connu de grandes avancées ces dix dernières années. Beaucoup d'entre eux soulignent que les musulmans sont racialisés, au prétexte non pas de différences morphologiques ou "biologiques" , mais de caractères culturels et religieux. Les juifs d'Europe ayant été le premier groupe religieux à être perçu et représenté comme une race distincte, une étude croisée avec l'antisémitisme s'impose comme l'une des approches les plus adéquates. Ce livre propose une synthèse historique et théorique rigoureuse à l'usage du grand public. Si son objectif principal est d'élucider la relation exacte entre la racialisation du juif et celle du musulman en Occident du milieu du xixe siècle à nos jours, il voudrait également fournir un cadre théorique pour une approche globale des différentes formes de racisme.
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Ce mémoire soutient une conception incarnée et dynamique de la connaissance, et ce, dans un cadre féministe afin d’analyser l’impact des structures sociales sur l’épistémologie. Nous chercherons à savoir si les corps peuvent être initiateurs de nouveaux paradigmes épistémiques pour les agent.e.s, grâce à des expériences uniques auxquelles ces corps nous donnent accès. Dû à un fort rationalisme en philosophie, le corps est souvent écarté de l’épistémologie ou réduit à un objet passif de connaissance. La dichotomie conceptuelle entre le corps et l’esprit, par exemple, sous-entend une représentation mécaniste et inerte des corps qui entraîne les agent.e.s à exclure leurs corps du processus de formation des connaissances, puisque la « matière » de manière considérée comme étant inerte. Notre hypothèse est que cette exclusion des corps renforce les injustices épistémiques que subissent certain.e.s agent.e.s. Nous tenterons de mettre en exergue au sein de la phénoménologie, des approches favorables à la cognition incarnée et propices à une compréhension améliorative des corps comme nous le retrouvons en études féministes. En nous inspirant de la méthode de Sally Haslanger et de certaines études sur la pratique de la danse, nous analyserons le concept de « corps » selon son utilité à la fois politique et épistémique, dans le but de clarifier et subvertir des mécanismes tacites d’oppression. À cet effet, nous proposerons un schéma en « V » du corps afin d’illustrer que les corps sont à la fois un engagement sensible et relationnel envers soi et le monde. Un engagement à partir duquel une perception, une compréhension et une action unique s’expérimentent. Ainsi, dans ce travail, nous proposons une épistémologie incarnée et dynamique, mais aussi une agentivité, elle-même incarnée à la fois au niveau épistémique que politique. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Corps, Épistémologie, Agentivité, Phénoménologie, Approches énactives, Études féministes, Injustice épistémique, Danse