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L'anthropologue explique que le loup et le musulman sont deux grandes figures fantasmatiques apparaissant comme une menace pour la civilisation, régie par la domestication et la volonté de gouverner. En effet, selon lui, le crime écologique et le crime racial relèvent d'une illusion domesticatrice, dans la mesure où ni le climat ni les âmes ne peuvent être gouvernés.
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Malgré les avancés en termes d'égalité entre les hommes et les femmes et la révolution sexuelle, la sexualité des femmes demeure sous l'emprise d'un plus grand contrôle social que la sexualité des hommes. L'usage de termes comme « pute » et « salope » à l'encontre des femmes témoignent de cet écart genré. Dans le but d'analyser comment le stigmate de pute affecte les femmes « ordinaires » (c'est-à-dire, non-travailleuses du sexe), nous nous sommes attardés sur l'expérience de recevoir l'étiquette de pute, sur les significations de ce mot et sur son impact dans la vie sociale et sexuelle des femmes. Par l'entremise d'une méthodologie qualitative, dix entretiens semi-dirigés ont été menés avec des femmes d'âges, d'orientations sexuelles et d'appartenances ethnoculturelles variés. Le fait de se faire traiter de pute est vécu comme une insulte blessante pour la majorité des femmes. Elles se font principalement traiter de pute lorsqu'elles expriment une certaine autonomie sexuelle (avoir plusieurs partenaires sexuels, mettre fin à une relation amoureuse), lorsqu'elles sont habillées d'une manière sexy ou féminine, ou lorsqu'elles circulent dans l'espace public. Deux significations contradictoires de « pute » ont été présentées, soit celle de la prostituée de rue déchue et méprisée et celle de la femme forte et indépendante. La principale répercussion dans la vie des participantes est d'ordre psychologique : les femmes, après s'être fait traiter de pute, doutent d'elles-mêmes en remettant en question non seulement leurs comportements, mais bien leur identité tout entière. Malgré les normes sociales rigides qui pèsent sur les femmes, elles expriment aussi une certaine agentivité lorsqu'il est question de sexualité. Toutefois, elles doivent naviguer dans une tension entre leurs propres désirs sexuels et le contrôle social de leur sexualité. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Stigmate de pute, slut shaming, stigmatisation, double standard sexuel, sexualité des femmes, agentivité sexuelle, sexologie, féminisme.
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Malgré l'acceptation croissante des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI), de nombreuses études indiquent encore que de nombreuses discriminations existent toujours. Les lesbiennes d'Afrique australe sont quotidiennement victimes de violences physiques et verbales et de viols correctifs. Le but de cette étude était d'explorer les expériences vécues par des étudiantes lesbiennes noires de premier cycle dans une université rurale en Afrique du Sud. Une approche de recherche qualitative utilisant un plan de recherche phénoménologique a été utilisée. L'échantillon était composé de quinze étudiantes lesbiennes noires de premier cycle âgées de 18 à 25 ans. Les données ont été collectées dans deux groupes de discussion et analysées à l'aide d'une analyse phénoménologique interprétative (IPA). L'homophobie, le harcèlement, y compris les agressions physiques, et la non-acceptation étaient des expériences quotidiennes chez les participantes lesbiennes. Cela incluait la discrimination de la part des pairs, du personnel universitaire et des organisations religieuses. Des expériences positives, comme la rencontre de nouveaux amis partageant la même orientation sexuelle et la découverte de l'université comme espace libre pour explorer leur sexualité, ont été trouvées.
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L'histoire de l'IREF, racontée par les professeures de l'UQAM, Francine Descarries, Louise Cossette et Julie Lavigne.
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Les disparités entre les genres coûtent quelque 95 milliards de dollars US par an en moyenne à l’Afrique subsaharienne et ont culminé à 105 milliards de dollars de pertes en 2014 (soit 6 % du PIB régional), compromettant de ce fait les efforts du continent en faveur d’un développement humain et d’une croissance économique inclusifs, indique le Rapport. Le rapport du PNUD analyse les facteurs politiques, économiques et sociaux qui entravent la promotion de la femme en Afrique et propose des politiques et des mesures concrètes pour combler l’écart entre les genres. Il s’agit notamment de corriger la contradiction entre la législation et la pratique afin de passer d’une égalité des genres juridique à une égalité de fait, de rompre avec les normes sociales préjudiciables aux femmes et de transformer les cadres institutionnels discriminatoires, en vue de garantir la participation économique, sociale et politique des femmes. D’après le rapport, une augmentation de 1 % de l’indice d’inégalité de genre contribuerait à réduire l’indice de développement humain (IDH) d’un pays de 0,75 % [...]
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Confrontées à une société sexiste et raciste qui leur impose des images stigmatisantes d’elles-mêmes, les femmes noires des États-Unis n’en ont pas moins une longue histoire de résistances. Dans cet essai incontournable enfin traduit en français, Patricia Hill Collins nous offre une synthèse impressionnante de cette tradition d’oppression et de militantisme. La pensée féministe noire puise autant dans la littérature, les récits de vie, l’histoire militante, la philosophie sociale et politique, la sociologie critique que dans la culture populaire. Elle nous incite à penser non seulement les oppressions enchevêtrées, mais aussi les luttes passées et à venir. Ce livre donne accès à un savoir profondément ancré dans l’expérience irréductible des Africaines-Américaines; un savoir essentiel pour qui se préoccupe de justice sociale et pour un féminisme véritablement inclusif.
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Quel féminisme pourrait aujourd'hui réunir les Nords et les Suds? Sans nul doute un féminisme non hégémonique, qui prenne en compte les spécificités des unes et des autres mais qui, ce faisant, ne cherche pas à opposer centre et périphérie. Ces caractéristiques, qui représentent autant d'exigences, sont précisément celles d'un « féminisme de la frontière », capable de se projeter, qui croise sans recouper, et qui rejette aussi bien la fusion que l'hybridation: un féminisme « transversal », foncièrement décolonisé. Cet ouvrage se propose de déconstruire des catégories classiques assimilées ou appliquées au féminisme, comme le care ou l'empowerment, dans une approche qui emprunte tout à la fois à la philosophie sociale et à la pensée décoloniale, pensée qui se définit à la fois contre la postmodernité et la postcolonialité. Féminismes du Nord et du Sud d'hier et d'aujourd'hui sont ainsi soumis a une critique à la fois historique et épistémologique, s'agissant aussi bien de décoloniser la Shéhérazade médiévale que la Fat(i)ma adepte du féminisme dit musulman, et les femmes du Kazanistan rawlsien autant que celles de la Tunisie post-révolutionnaire.
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Au Japon, les menstruations sont historiquement considérées comme impures. Cette notion est appelée kegare en japonais. Anciennement, il y avait des coutumes telles que les cabanes où les femmes devaient se retirer pendant qu'elles étaient menstruées. Le sang des femmes n'était pas considéré comme impur au 8e siècle, tel que décrit dans les mythes japonais. Cependant, au cours de l'histoire, le sang des femmes deviendra impur, surtout pour des raisons politiques. Cette répugnance est demeurée dans la société et elle joue un rôle pour maintenir la hiérarchie entre les hommes et les femmes. Ces fameuses coutumes n'existent plus aujourd'hui, mais est-ce que le tabou des menstruations est encore présent? Si oui, de quelles façons? Afin de répondre à cette question, j'ai réalisé des entretiens avec des femmes de différents âges au Japon : des femmes âgées entre 20 et 50 et des femmes âgées de plus de 60 ans. Ensuite, j'ai analysé ces entrevues à partir de différents thèmes, tels les premières menstruations, les produits d'hygiène féminine, le congé menstruel et les interdits pendant les menstruations, etc. Pour mon cadre théorique, j'ai fait appel aux travaux de Durkheim et de Ménard sur le pur et l'impur, et aux notions japonaises hare, ke et kegare, etc. Tout en se transformant, le tabou des menstruations demeure encore présent dans la société japonaise. On peut observer que les participantes plus âgées ont respecté le tabou sur les menstruations et que les jeunes respectent aussi les interdictions sur les menstruations. Par exemple, ces dernières sont obligées de renoncer à certains actes, tel que prendre le bain quand elles sont menstruées. Les femmes travaillent aujourd'hui autant que les hommes. Afin d'être évaluées aussi bien que les hommes, elles doivent dissimuler leurs menstruations qui témoignent de leur féminité et qui les différencient des hommes. Les femmes prennent également moins de congés menstruels qu'avant parce que ces congés constituent une indication qu'elles sont menstruées. Les produits d'hygiène féminine et les contraceptifs facilitent la gestion de la souillure et permettent de dissimuler les menstruations. Ces outils modernes, qui se sont développés au 20e siècle, période de promotion sociale des femmes, facilitent la gestion du tabou de la menstruation mais ne le font pas disparaître. Même si la société a changé, les tabous anciens, profondément enracinés dans la culture, persistent en changeant de forme. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Menstruations, Japon, Tabou, Interdit, Kegare
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La race fut longtemps appréhendée dans un sens biologique,approche qui constitue l'une des formes les plus puissantes de l'idéologie raciste. À la suite de la disqualification scientifique et politique de ces catégorisations biologiques, le racisme fut relégué au rang de simple préjugé. Ou, qu'en est-il de la production continuée de la race à l'ère prétendument "post-raciale" ? En mélangeant une approche féministe , attentive à une compréhension des rapports sociaux de sexe, et une approche postcoloniale , l'ouvrage analyse les conditions historiques et épistémologiques de la production de la race dans des sociétés qui se sont constituées - politiquement et économiquement - sur l'esclavage et la colonisation. Il montre que le racisme n'a pas disparu et a pris, au gré du renouvellement des formes de l'économie mondialisée, une nouvelle configuration qui oblige à nous interroger sur la supposée opposition entre un racisme biologique et un racisme dit culturel, qui aurait entériné l'inexistence des races biologiques, mais selon lequel il y aurait des différences culturelles irréductibles entre les peuples.
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Le féminisme académique entretient une relation ambiguë avec l’intersectionnalité qu’il encense et discipline du même souffle. Par un ensemble de discours et de pratiques, la pensée critique raciale est évacuée de l’appareillage actuel de l’intersectionnalité et les personnes racialisées comme productrices des savoirs intersectionnels se trouvent marginalisées dans les débats et les espaces académiques contemporains. La science sert souvent d’alibi dans de telles opérations. Ces dernières font l’objet de l’analyse de l’auteure qui les conceptualise en tant que blanchiment de l’intersectionnalité.
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Engagées dans le Mouvement pour la santé des femmes dans les années 1970, Barbara Ehrenreich et Deirdre English enquêtent sur les racines historiques de la professionnalisation du corps médical. Portant un regard féministe sur les chasses aux sorcières en Europe et la suppression de la profession de sage-femme aux Etats-Unis, elles s'interrogent : et si, derrière ces événements, se cachait une véritable monopolisation politique et économique de la médecine par les hommes de la classe dominante, reléguant peu à peu les femmes à la fonction subalterne d'infirmière docile et maternelle ? Depuis sa parution aux Etats-Unis en 1973, cet essai concis et incisif a ouvert la voie à de nombreux travaux de recherche et prises de conscience. Cette traduction s'ouvre sur une préface inédite des deux auteures.
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Cet article présente une étude de cas approfondie sur la manière dont les lesbiennes contemporaines utilisent les étiquettes dans le site de rencontres de niche « WomynLink.com ». En m'appuyant sur cinq mois d'ethnographie en ligne entre novembre 2011 et mars 2012, j'examine et compare l'utilisation par les membres butch, femme et queer des étiquettes et des présentations corporelles dans le salon de discussion (vidéo), les forums et les profils de WomynLink. J'ai également mené 21 entretiens en ligne via le service de discussion gratuit de WomynLink ou des services de messagerie externes tels que Skype. Je m'appuie sur la littérature sur la création de limites pour illustrer comment les membres femmes, butch et queer s'engagent dans différentes formes de travail sur les limites pour atteindre la désirabilité en ligne en réconciliant les tensions entre leur présentation corporelle genrée, l'utilisation des étiquettes et les perceptions que les autres membres ont d'eux. Les membres femmes cherchaient à mettre en valeur leur féminité, le travail de délimitation des butches mettait en évidence leur intérêt sexuel et les membres queer défendaient leur catégorie de sexe en tant que femme et leur identité sexuelle en tant que lesbienne. Ces modèles de travail sur les frontières donnent un aperçu de la façon dont l’importance des étiquettes de genre lesbiens a évolué, en particulier à l’ère contemporaine en ligne.
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L’article examine les rapports de domination au sein du féminisme majoritaire francophone bruxellois que dénoncent des féministes minoritaires. Une première partie décrit le processus de construction politique du groupe des femmes minoritaires établi sur la base de la confession (réelle ou supposée) et de la couleur de la peau. La deuxième partie présente le paysage complexe du féminisme francophone et son approche des femmes minoritaires et de leurs préoccupations, tandis que la troisième met en relief les résistances des féministes minoritaires à la domination et leur influence sur la reconfiguration des organisations féministes. La dernière partie s’appuie sur des témoignages de féministes minoritaires pour illustrer les tensions et les controverses. En conclusion, l’article propose des pistes pour tenter de dépasser les antagonismes qui divisent et paralysent le mouvement féministe bruxellois.
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À partir de 22 entretiens et de 243 questionnaires d’enquête complétés par des enseignants du secondaire du Québec (Canada), cet article interroge l’existence de normes relatives au genre et à l’orientation sexuelle en milieu scolaire. Les résultats suggèrent que les pratiques professionnelles des enseignant(e)s, tant lesbiennes, gais et bisexuels (LGB) qu’hétérosexuel(le)s concernant l’homophobie et la diversité sexuelle sont influencées par ces normes. Trente ans après les premiers travaux sur le vécu des enseignants LGB, la littérature sur le coming out demeure centrale pour comprendre les pratiques professionnelles de ceux-ci ainsi que leurs appréhensions. Based on 22 interviews and 243 survey questionnaires filled out by high school teachers in Québec (Canada), this paper questions the existence of norms relating to gender and sexual orientation in schools. Results suggest that teachers’ professional practices regarding homophobia and sexual diversity are influenced by these norms, whether they identify as heterosexual or as lesbian, gay or bisexual (LGB). Thirty years after the first studies on LGB teachers’ experiences, the coming out literature remains central to the understanding of teachers’ apprehensions and fears, as well as their pedagogical practices.
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This article explores the ways in which teachers describe their pedagogical and intervention practices relative to sexual diversity in Québec (Canada). Three variables closely associated with teachers who report inclusive practices emerge: experiential training (based on the experience of a lesbian, gay, or bisexual [LGB] teacher), contact training (from close acquaintance with LGB individuals), and professional training. These factors impact the probability that a teacher will refer to homosexuality, intervene when homophobic incidents occur to deconstruct prejudices, and become the confidant of LGBQ students. Results are discussed based on research on minority teachers and on the roles of straight allies in education.
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Conférence d'ouverture du colloque « Les femmes dans les sciences humaines : étudier, enseigner, travailler, militer » Date de l’événement : 20 mars 2014 Hélène Charron, chercheure au Conseil du statut de la femme, chercheure associée à la Chaire Claire-Bonenfant de l’Université Laval, et chargée de cours en études féministes et en sociologie.
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La volonté de ce projet de maîtrise consiste à analyser la manière dont les représentations de figures genderqueers en art actuel participent à une réflexion critique des notions d'identité et de sexualité comme lieux privilégiés de résistance à l'hétéronormativité. Je souhaite démontrer à quel point la représentation du corps queerisé peut agir comme espace stratégique d'une repolitisation de la sexualité et de l'identité et ainsi contribuer à une micropolitique de résistance. Par le truchement des politiques et théories queers et féministes, les pratiques artistiques polymorphes de J.J. Levine, Dorothée Smith, Nina Arsenault et Virginie Jourdain questionnent et critiquent l'hétéronormativité et ses discours pour en dévoiler les principaux axiomes idéologiques et ainsi en déconstruire l'apparente naturalité. Dans l'objectif de comprendre et d'articuler les enjeux que sous-tendent les théories féministes et queers actuelles, je vais m'attarder plus spécifiquement à en circonscrire les prémisses enracinées dans le contexte postmoderne. En revisitant des auteurs clés tels Michel Foucault et Judith Butler, je souhaite mettre en lumière leurs contributions intellectuelles et théoriques pour la constitution d'une pensée critique des identités et des sexualités. Les représentations de figures genderqueers en art actuel participent ainsi d'une déconstruction des présupposés immanents de l'hétéronormativité dont le genre est en quelque sorte l'ancrage ontologique. En jouant de ces codes hégémoniques de manière à en désamorcer la violence symbolique, Smith, Levine, Jourdain et Arsenault participent à une remise en cause des concepts même d'identité et de sexualité pour nous faire entrevoir de possibles subjectivations dissidentes. À la source de mes réflexions, il y a ainsi une volonté épistémologique de produire un savoir mutant, progéniture androgyne d'une multitude de penseurs qui n'ont de cesse de nourrir la discipline de l'histoire de l'art. Ce mémoire est donc le mariage polygame de méthodologies hétéroclites dont l'objectif ultime est la production d'un savoir queer riche et sensible. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : postmodernisme, queer, identités, sexualités, genderqueer, J.J. Levine, Dorothée Smith, Virginie Jourdain, Nina Arsenault, micropolitique de résistance, subjectivités dissidentes, hétérotopies identitaires, hétéronormativité, pharmacopornographie.
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Silvia Federici revisite ce moment particulier de l’histoire qu’est la transition entre le féodalisme et le capitalisme, en y introduisant la perspective particulière de l’histoire des femmes. Elle nous invite à réfléchir aux rapports d’exploitation et de domination, à la lumière des bouleversements introduits à l’issue du Moyen Âge. Un monde nouveau naissait, privatisant les biens autrefois collectifs, transformant les rapports de travail et les relations de genre. Ce nouveau monde, où des millions d’esclaves ont posé les fondations du capitalisme moderne, est aussi le résultat d’un asservissement systématique des femmes. Par la chasse aux sorcières et l’esclavage, la transition vers le capitalisme faisait de la modernité une affaire de discipline. Discipline des corps féminins dévolus à la reproduction, consumés sur les bûchers comme autant de signaux terrifiants, torturés pour laisser voir leur mécanique intime, anéantis socialement. Discipline des corps d’esclaves, servis à la machine sociale dans un formidable mouvement d’accaparement des ressources du Nouveau Monde pour la fortune de l’ancien. Le capitalisme contemporain présente des similitudes avec son passé le plus violent. Ce qu’on a décrit comme barbarie et dont aurait su triompher le siècle de la raison est constitutif de ce mode de production : l’esclavage et l’anéantissement des femmes n’étaient pas des processus fortuits, mais des nécessités de l’accumulation de richesse. L’auteur nous invite à partager son son regard d’historienne et de féministe sur la situation actuelle et sur ses mécanismes.
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De grandes enquêtes en milieu scolaire, au Québec comme ailleurs, ont documenté depuis les années 2000 la portée des violences homophobes, particulièrement à l’école secondaire, ainsi que leurs impacts négatifs sur les élèves qui en sont victimes, qu’ils s’identifient ou non comme lesbiennes, gais, bisexuel(le)s ou en questionnement (LGBQ). La diffusion des résultats de ces enquêtes, ainsi que les constats similaires d’acteurs sur le terrain, ont fait accroitre les appels à la vigilance des écoles quant aux discriminations homophobes pouvant prendre forme en leur enceinte. Plusieurs des responsabilités résultant de cette mobilisation ont échoué par défaut aux enseignants, notamment en raison de leur proximité avec leurs élèves. Cependant, malgré la panoplie de publications et de formations visant explicitement à les outiller à ce sujet, les enseignants rapportent de manière consistante manquer de formation, d’habiletés, de soutien et d’aise à l’idée d’intervenir contre l’homophobie ou de parler de diversité sexuelle en classe. Cette thèse de doctorat vise à comprendre les pratiques d’intervention et d’enseignement que rapportent avoir les enseignants de l’école secondaire québécoise, toutes orientations sexuelles confondues, par rapport à la diversité sexuelle et à l’homophobie. Dans une perspective interdisciplinaire, nous avons interrogé la sociologie de l’éducation, les études de genre (gender studies) et les études gaies et lesbiennes, ainsi qu’emprunté aux littératures sur les pratiques enseignantes et sur l’intervention sociale. Les données colligées consistent en des entrevues semi-structurées menées auprès de 22 enseignants du secondaire, validées auprès de 243 enseignants, par le biais d’un questionnaire en ligne. Étayés dans trois articles scientifiques, les résultats de notre recherche permettent de mieux saisir la nature des pratiques enseignantes liées à la diversité sexuelle, mais également les mécanismes par lesquels elles viennent ou non à être adoptées par les enseignants. Les témoignages des enseignants ont permis d’identifier que les enseignants sont globalement au fait des attentes dont ils font l’objet en termes d’intervention contre l’homophobie. Ceci dit, en ce qu’ils sont guidés dans leurs interventions par le concept limité d’homophobie, ils ne paraissent pas toujours à même de saisir les mécanismes parfois subtils par lesquels opèrent les discriminations sur la base de l’orientation sexuelle, mais aussi des expressions de genre atypiques. De même, si la plupart disent condamner vertement l’homophobie dont ils sont témoins, les enseignants peuvent néanmoins adopter malgré eux des pratiques contribuant à reconduire l’hétérosexisme et à alimenter les mêmes phénomènes d’infériorisation que ceux qu’ils cherchent à combattre. Sauf exception, les enseignants tendent à comprendre le genre et l’expression de genre davantage comme des déterminants de type essentialiste avec lesquels ils doivent composer que comme des normes scolaires et sociales sur lesquelles ils peuvent, comme enseignants, avoir une quelconque influence. Les stratégies de gestion identitaire des enseignants LGB influencent les pratiques qu’ils rapportent être en mesure d’adopter. Ceux qui optent pour la divulgation, totale ou partielle, de leur homosexualité ou bisexualité peuvent autant rapporter adopter des pratiques inclusives que choisir de se tenir à distance de telles pratiques, alors que ceux qui favorisent la dissimulation rapportent plutôt éviter autant que possible ces pratiques, de manière à se garder de faire face à des situations potentiellement délicates. Également, alors que les enseignants LGB étaient presque exclusivement vus jusqu’ici comme ceux chez qui et par qui se jouaient ces injonctions à la vie privée, les enseignants hétérosexuels estiment également être appelés à se positionner par rapport à leur orientation sexuelle lorsqu’ils mettent en œuvre de telles pratiques. Nos résultats révèlent un double standard dans l’évocation de la vie privée des enseignants. En effet, la divulgation d’une orientation hétérosexuelle, considérée comme normale, est vue comme conciliable avec la neutralité attendue des enseignants, alors qu’une révélation similaire par un enseignant LGB est comprise comme un geste politique qui n’a pas sa place dans une salle de classe, puisqu’elle se fait au prix du bris d’une présomption d’hétérosexualité. Nos résultats suggèrent qu’il existe de fortes prescriptions normatives relatives à la mise en genre et à la mise en orientation sexuelle à l’école. Les enseignants s’inscrivent malgré eux dans cet environnement hétéronormatif. Ils peuvent être amenés à y jouer un rôle important, que ce soit en contribuant à la reconduction de ces normes (par exemple, en taisant les informations relatives à la diversité sexuelle) ou en les contestant (par exemple, en expliquant que certains stéréotypes accolés à l’homosexualité relèvent d’aprioris non fondés). Les discours des enseignants suggèrent également qu’ils sont traversés par ces normes. Ils peuvent en effet choisir de se conformer aux attentes normatives dont ils font l’objet (par exemple, en affirmant leur hétérosexualité), ou encore d’y résister (par exemple, en divulguant leur homosexualité à leurs élèves, ou en évitant de conforter les attentes dont ils font l’objet) au risque d’être conséquemment pénalisés. Bien entendu, cette influence des normes de genre diffère d’un enseignant à l’autre, mais semble jouer autant sur les enseignants hétérosexuels que LGB. Les enseignants qui choisissent de contester, explicitement ou implicitement, certaines de ces normes dominantes rapportent chercher des appuis formels à leurs démarches. Dans ce contexte, une telle quête de légitimation (par exemple, la référence aux règlements contre l’homophobie, la mobilisation des similitudes entre l’homophobie et le racisme, ou encore le rapprochement de ces enseignements avec les apprentissages prescrits pour leur matière) est à comprendre comme un outillage à la contestation normative. La formation professionnelle des enseignants sur l’homophobie et sur la diversité sexuelle constitue un autre de ces outils. Alors que les enseignants québécois continuent d’être identifiés comme des acteurs clés dans la création et le maintien d’environnements scolaires non-discriminatoires et inclusifs aux réalités de la diversité sexuelle, il est impératif de les appuyer en multipliant les signes formels tangibles sur lesquelles leurs initiatives peuvent prendre appui (politiques explicites, curriculum scolaire inclusif de ces sujets, etc.). Nos résultats plaident en faveur d’une formation enseignante sur la diversité sexuelle, qui ferait partie du tronc commun de la formation initiale des maîtres. Chez les enseignants en exercice, il nous apparait préférable de miser sur une accessibilité accrue des formations et des outils disponibles. En réponse toutefois aux limites que pose à long terme une approche cumulative des formations spécifiques portant sur différents types d’oppressions (l’homophobie, le racisme, le sexisme, etc.), nous argumentons en faveur d’un modèle d’éducation anti-oppressive au sein duquel les élèves seraient invités à considérer, non seulement la multiplicité et le caractère situé des divers types d’oppressions, mais également les mécanismes d’attribution de privilège, de constitution de la normalité et de la marginalité, et de présentation de ces arbitraires culturels comme des ordres naturels.