Récits de fin du monde : la littérature comme arche
Type de ressource
Auteur/contributeur
- Thuot, Marie-Ève (Auteur)
Titre
Récits de fin du monde : la littérature comme arche
Résumé
Cette thèse s’inscrit dans le champ des études sur les fictions de la fin du monde. J’y explore la question suivante : pourquoi existe-t-il autant de romans et de films racontant la fin d’un monde, et si peu la fin du monde ? En effet, la plupart des fictions dites de « fin du monde » mettent en scène la menace d’une catastrophe évitée, ou une destruction partielle, ou encore un univers post-apocalyptique habité de survivants. L’anéantissement total et définitif de l’espèce humaine, quant à lui, constitue rarement le dénouement de ce type d’œuvres. Ce déséquilibre s’explique en partie par le fait que ces œuvres représentent davantage le renouvellement du monde que sa disparition. Mon hypothèse est que nombre de ces récits de la fin héritent d’un imaginaire, d’une structure, de thèmes, de motifs, etc., provenant du mythe du déluge tel qu’il s’est développé dans l’Antiquité (entre autres dans sa version biblique), lequel symbolise la refondation et la transmission, et non l’anéantissement. Dans le premier chapitre, je propose une exploration de différents concepts et théories permettant de mieux définir les romans et les films de la fin du monde : les dispositif et contre-dispositif de Giorgio Agamben ; la conception des mythes de René Girard (principalement pour les notions d’indifférenciation et de bouc émissaire) ; le décalage prométhéen de Gunther Anders ; le catastrophisme éclairé de Jean-Pierre Dupuy ; les deux raisonnements mythologiques opposés identifiés dans les récits antiques de la fin du monde par Christine Reungoat-Dumas. Dans le deuxième chapitre, j’étudie d’abord comment le thème de la transmission s’articule dans quelques mythes antiques du déluge, avant de proposer un canevas général des mythèmes constituants. À partir de cette délimitation, je procède ensuite à l’analyse de trois mythèmes (la crise indifférenciatrice ; l’abri ; le lâcher d’oiseaux) dans un corpus de romans et de films des 20e et 21e siècles. Cette analyse permet de faire ressortir l’importance du thème de la transmission (de gènes et de mèmes, donc de réplicateurs). La transmission reflète un besoin de transcendance qui définit, oriente, ou du moins colore, pratiquement toutes les œuvres de la fin du monde. Dans ce contexte, la littérature, objet de transmission, peut être appréhendée comme une « arche métaphorique ». Le troisième chapitre se concentre sur l’analyse d’une œuvre, la trilogie MaddAddam (Oryx and Crake ; The Year of the Flood ; MaddAddam) de Margaret Atwood. J’y avance que cette œuvre prend la forme d’une épopée, dans laquelle on assiste à la mise en scène de sa propre écriture. Cette mise en abyme démontre bien que la trilogie, tout en étant une œuvre de fin du monde, raconte également la naissance d’un nouveau monde : l’épopée intradiégétique qui s’y compose tente d’immortaliser une partie du passé et d’orienter le futur. La littérature, sous la forme de cette épopée, figure ainsi une arche qui relie les mondes pré-apocalyptique et post-apocalytique de l’œuvre d’Atwood.
Date
2021-11
Langue
fr
Titre abrégé
Récits de fin du monde
Consulté le
2025-05-25 12 h 23
Catalogue de bibl.
umontreal.scholaris.ca
Référence
Thuot, M.-È. (2021). Récits de fin du monde : la littérature comme arche. http://hdl.handle.net/1866/26814
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