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«Ça brûle d’un côté et de l’autre, ce sont les inondations », résume le professeur Philippe Gachon. Changements climatiques obligent, les désastres naturels se multiplient au Canada avec un potentiel destructeur non seulement sur la nature, mais aussi sur la santé mentale des premières communautés touchées.
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« On n’est plus dans l’adaptation; on est dans la gestion des risques. »
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La quatrième de couverture indique : "L'hydrologie est la science qui étudie les eaux terrestres, leur origine, leur mouvement et leur répartition sur notre planète, leurs propriétés physiques et chimiques, leurs interactions avec l'environnement physique et biologique, et leur influence sur les activités humaines. Au sens plus strict, c'est la science qui étudie le cycle de l'eau dans la nature. Elle examine la distribution géographique et temporelle de l'eau dans l'atmosphère, en surface et dans le sol et le-sous-sol. Hydrologie - Cheminements de l'eau, deuxième édition, permet à l'hydrologue moderne d'explorer les volets scientifique et technique de l'hydrologie. Une description scientifique des phénomènes hydrologiques est offerte afin de proposer une motivation à leur étude, d'identifier les observations requises et d'assurer une compréhension de chaque étape du cycle de l'eau. Les éléments de chacune des situations d'apprentissage sont intégrés dans des modèles théoriques et d'application, et de nombreuses méthodes et techniques pour la résolution de problèmes hydrologiques sont présentées. En plus de fournir une description universelle de l'hydrologie, il couvre de multiples sujets dont l'estimation statistique des débits, l'exploitation des eaux, les systèmes d'information géographique et la télédétection. Il comporte, en outre, de nombreuses figures qui permettent d'en illustrer le propos, une bibliographie substantielle et quelque cent cinquante exercices. Ce livre s'adresse particulièrement aux étudiants de premier cycle universitaire en génie civil, forestier ou agricole, ainsi qu'à ceux de géographie physique, de géologie ou des sciences de l'environnement, mais aussi aux ingénieurs-conseils, au personnel des agences gouvernementales confronté à différents aspects de l'hydrologie et aux professeurs."
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Floods, intensified by climate change, pose major challenges for flood zone management in Quebec. This report addresses these issues through two complementary aspects: a historical analysis of the evolution of flood zone management in Quebec and the projected impact of the cartographic and regulatory overhaul, as well as an exploration of the imaginary surrounding the flood-prone territory of the city of Lachute, which has faced recurrent floods for decades and yet continues to be inhabited. The historical analysis reveals that the major floods of 1974, 1976, 2017, and 2019 marked significant turning points in Quebec’s risk management, particularly by highlighting gaps in the regulatory framework and flood zone mapping. The adoption of the Act Respecting Land Use Planning and Development (LAU) in 1979 and the Policy for the Protection of Shorelines, Littorals, and Floodplains (PPRLPI) in 1987 represented a shift toward a preventive approach. However, inconsistencies, insufficient updates to maps, and uneven enforcement of standards have hindered their effectiveness. The catastrophic floods of 2017 and 2019 triggered a regulatory overhaul, a modernization of mapping, and measures to strengthen community resilience. In 2022, a transitional regime came into effect to tighten the regulation of activities in flood zones, pending the adoption of a risk-based management framework. However, to this day, the regulatory perimeters proposed in the modernization project fail to account for the adaptive capacities deployed by communities to live with water, thus providing a biased interpretation of flood risk. The second part explores the social and cultural representations associated with Lachute’s flood-prone territory. It highlights the complex relationships that have developed between residents and the Rivière du Nord through successive flooding episodes and the adaptation strategies implemented to cope, particularly by those who have repeatedly experienced flooding. These residents have come to live with overflow events and to (co)exist with water, challenging the persistent notion that flood-prone areas are inherently dangerous. While local strategies are sometimes innovative, they remain constrained by a regulatory framework that disregards the human experience of the territory and the specific ways in which people inhabit exposed areas to learn to manage flood risks. In summary, this report underscores the urgency of a territorialized, risk-based approach to modernizing flood zone management. It also highlights the need to look beyond cartographic boundaries and better integrate human and cultural dimensions into planning policies, as illustrated in the case of Lachute, to more accurately reflect the true level of risk. These reflections aim to promote more coherent, sustainable, and acceptable management, planning, and development of exposed territories in response to the growing challenges posed by climate change.
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Les récentes découvertes d’épaves de barges fluviales gallo-romaines à Lyon au Parc Saint-Georges, en 2003, et à Arles à partir de 2002, ont non seulement attiré l’attention sur la batellerie fluviale gallo-romaine mais aussi porté au premier plan des recherches le bassin rhodanien et le midi de la Gaule jusque-là peu présent ou même totalement absent du débat. Ce volume est issu d'une rencontre sur le thème de la batellerie gallo-romaine à la lumière de ces découvertes récentes organisée à Aix-en-Provence dans le cadre des Séminaires de recherche en archéologie maritime méditerranéenne du Centre Camille Jullian.
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La connaissance de l’aléa inondation est un enjeu croissant pour la gestion du risque inondation. En France, afin de répondre à la demande des pouvoirs publics de cartographier les zones inondables, la cartographie hydrogéomorphologique émerge. Cette approche naturaliste, développée durant les années 1980, se propagea dans une large partie du Sud de la France. Aujourd’hui, la cartographie hydrogéomorphologique est une méthode reconnue pour sa fiabilité, mais elle stagne en termes d’applications et de développement dans de nouveaux territoires. Afin d’améliorer la connaissance de la prise en compte de la cartographie hydrogéomorphologique dans un cadre règlementaire, une analyse de 282 PPRI a été menée. Cette analyse a permis de dégager les modalités de prise en compte de la cartographie hydrogéomorphologique, mais également d’émettre des hypothèses sur les raisons de leur développement. La réalisation de MNZI (Modèle Numériques de Zones Inondables) sur des cours d’eau français et canadiens, a permis de mettre en avant l’adaptabilité de la cartographie hydrogéomorphologique à des contextes physiques différents, mais aussi d’apporter une réponse à la demande de prise en compte de cartographie de crue extrême de la Directive Inondation. L’évolution cartographique proposée dans ce travail comprend une réflexion autour de la légende des AZI, mais aussi sur le concept de cartographie positive. A travers les aspects cartographiques, règlementaires et géomorphologiques abordés, nous finissons par proposer un modèle de développement de la cartographie hydrogéomorphologique.
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Avec L'eau et ses enjeux, nous suivons le cycle de l'eau avec une rigueur scientifique tout en observant de manière critique les actions humaines pour s'approvisionner. Le résultat est éclairant. La 2e édition a été revue et augmentée.
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L'ouvrage fait le point sur les développements de la méthode mise au point dans les années 1980 et présentée en détail pour la première fois en 1996. Il s'organise en deux grandes parties : la présentation de la méthode hydrogéomorphologique de détermination des zones inondables et les applications de cette méthode. La première partie justifie d'abord la nécessité de mettre au point et d'utiliser une nouvelle méthode face aux insuffisances des méthodes hydrologiques-hydrauliques utilisées en France (et très généralement dans le monde) pour la prévision et la prévention des risques d'inondation.Elle présente ensuite les principes de la méthode (chapitre II). C'est ainsi qu'elle consacre un long développement au rôle fondamental de la géomorphologie, tout particulièrement aux quatre lits qu'un cours d'eau peut occuper en fonction de son débit, lits déterminés par l'analyse de la microtopographie de la plaine alluviale fonctionnelle complétée par leur caractérisation sédimentologique. L'influence de la lithologie et de la tectonique est ensuite évoquée. Un deuxième sous-chapitre présente les critères complémentaires : la couverture végétale naturelle et l'occupation humaine au travers de la localisation des constructions, des vestiges historiques et archéologiques, de l'adaptation de l'activité agricole aux caractéristiques de la plaine alluviale et de la structure du parcellaire. Un troisième sous-chapitre regroupe les facteurs de variation : les grandes zones climatiques et les facteurs anthropiques (travaux et ouvrages hydrauliques, pratiques agricoles, imperméabilisation des sols due à l'urbanisation). Enfin, l'évolution au cours de la période historique des unités hydrogéomorphologiques principales, lit mineur et lit majeur, est présentée.Le court chapitre III met en relation l'hydrogéomorphologie et le fonctionnement hydraulique à l'échelle des unités hydrogéomorphologiques puis au niveau de la modélisation. La deuxième partie présente les trois principales applications de la méthode : la cartographie des zones inondables, la méthode intégrée et l'aménagement. La cartographie des zones inondables est actuellement la principale application, grâce à son intégration dans la politique de prévision et de prévention des risques d'inondation en France depuis 1995. Le chapitre qui lui est consacré s'articule en trois ensembles. Le premier est un rappel critique des moyens techniques d'acquisition des données : cartes, photographies aériennes, imagerie satellite en plein développement, données relatives aux crues historiques, observations de terrain. Le deuxième sous-chapitre détaille la cartographie des données sous la forme de la carte hydrogéomorphologique ou carte d'inondabilité hydrogéomorphologique en faisant l'historique et la critique de la légende proposée par le Ministère de l'Écologie français, puis en traitant plusieurs problèmes de cartographie : l'exhaussement du lit majeur, l'adoucissement du talus externe de la plaine alluviale fonctionnelle par le ruissellement diffus, le recouvrement du talus de la terrasse alluviale par le colluvionnement, la représentation du lit majeur exceptionnel et de la terrasse alluviale holocène, le cas spécifique des vallons secs. Enfin, les premières cartographies réalisées à l'étranger sont présentées. Un court dernier sous-chapitre traite de l'interprétation, qualitative et semi-quantitative, de la carte hydrogéomorphologique.La méthode intégrée, qui reste pour l'essentiel au stade expérimental, est présentée dans le chapitre II : d'abord ses origines, puis ses principes, puis ses premières applications prometteuses en France.Le chapitre III regroupe les potentialités, importantes mais peu exploitées, de la méthode hydrogéomorphologique pour l'aménagement des plaines alluviales, en insistant sur deux points : les conséquences de l'exhaussement des lits majeurs et le fonctionnement des cours d'eau pendant les crues exceptionnelles. La conclusion générale insiste sur l'efficacité de cette méthode, née de la problématique des risques naturels et hors du champ académique, ainsi que sur sa fécondité, en particulier la découverte de nouveaux objets géomorphologiques comme le lit majeur exceptionnel et de nouveaux concepts comme celui de débit hydrogéomorphologique.
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RÉSUMÉ : Les relocalisations de populations et les démolitions de bâtiments sont des moyens pour réduire les risques associés aux inondations, dont ceux pour la santé humaine. Au Québec, l’usage de ces mesures pourrait s’accroître avec les changements climatiques. En Chaudière-Appalaches, au moins 404 bâtiments ont été démolis à Sainte-Marie et 88 à Scott après les inondations de 2019. L’expérience de démolition de domiciles post-inondation est toutefois peu documentée au Québec et encore moins selon le point de vue des personnes touchées, particulièrement chez les hommes. Ce mémoire présente les résultats d’une étude ayant documenté cette expérience auprès de treize hommes propriétaires d’un domicile dans la MRC Nouvelle-Beauce à partir d'entretiens semi-dirigés (méthode photo-élicitation) et d’un groupe de discussion. Cette étude repose sur l’expérience clinique de l’étudiante-chercheuse qui a constaté la présence de détresse chez la population masculine touchée par ce phénomène et sur la littérature scientifique qui démontre une plus faible propension à l’usage de services psychosociaux et de santé chez les hommes. À partir d’une analyse thématique inspirée du cadre théorique « Psychological Processes That Influence Adaptation to and Coping With Climate Change » de Reser et Swim et d’une perspective écosystémique, quatre nouvelles phases ont été dégagées soient : l’inondation, les démarches administratives, la démolition et la relocalisation. Chacune est caractérisée par des besoins et des impacts psychosociaux systémiques, l’usage de stratégies adaptatives spécifiques et des moments critiques pour la santé et le bien-être des hommes. Les résultats suggèrent que des impacts et besoins individuels et collectifs peuvent se cumuler et se prolonger dans le temps comme des manifestations anxio-dépressives ou traumatiques, de la détresse, une désaffiliation sociale ainsi qu’une modification de projets de vie. Une réduction de l’exposition aux inondations et une augmentation du bien-être et de la sécurité ressortent également. La proactivité, les pensées axées sur l’autonomie et le recours au soutien informel sont apparues comme des stratégies aidantes comparativement au repli sur soi et au surinvestissement dans le travail. Les résultats permettent d’exposer des pistes de réflexion et d’action favorisant le bien-être des hommes et d’autres pertinentes pour le travail social. Parmi celles-ci se trouvent d’encourager les hommes touchés par la démolition de leur domicile post-inondation à s’investir dans leur nouveau milieu de vie pour favoriser son appropriation et sa personnalisation ainsi que des recommandations pour le travail social de prendre en compte le genre dans la compréhension des problèmes socioenvironnementaux. -- Mot(s) clé(s) en français : Inondation, chez-soi, hommes, changements climatiques, travail social, désastre, besoins psychosociaux, adaptation, mesures d’atténuation du risque, événements météorologiques extrêmes. -- ABSTRACT : Population relocation and building demolition are ways of reducing the risks associated with flooding, including those to human health. In Quebec, the use of these measures could increase with climate change. In Chaudière-Appalaches, at least 404 buildings were demolished in Sainte-Marie and 88 in Scott after the 2019 floods. However, the experience of post-flood home demolition is poorly documented in Quebec, and even less so from the perspective of those affected, specifically men. This memoir presents the results of a study that documented this experience with thirteen male homeowners in the Nouvelle-Beauce MRC using semi-directed interviews (photo-elicitation method) and a focus group. This study is based on the student-researcher's clinical experience of distress among the male population affected by this phenomenon, and on scientific literature demonstrating a lower propensity to use psychosocial and health services among men. Based on a thematic analysis inspired by the Reser and Swim’s theoretical framework, the Psychological Processes That Influence Adaptation to and Coping With Climate Change, and an ecosystem perspective, four new phases were identified: flooding, administrative procedures, demolition and relocation. Each is characterized by systemic psychosocial needs and impacts, the use of specific adaptive strategies and critical moments for men's health and well-being. The results suggest that individual and collective needs and impacts can accumulate and extend over time, such as anxio-depressive or traumatic manifestations, distress, social disaffiliation and changes in life plans. A reduction in exposure to flooding and an increase in well-being and safety also stand out. Proactivity, autonomy-oriented thinking and reliance on informal support emerged as helpful strategies compared to withdrawal and over-investment in work. The results provide food for thought and action to promote men's well-being, and others relevant to social work. These include encouraging men affected by the demolition of their post-flood home to get involved in their new living environment to promote its appropriation and personalization and taking gender into account in understanding socioenvironmental problems. -- Mot(s) clé(s) en anglais : Flooding, home, men, climate change, social work, disaster, psychosocial needs, adaptation, risk mitigation measures, extreme weather events.
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Une première centrale au fil de l'eau (FDE) au Nunavik (QC, Canada), construite en zone de pergélisol continu, alimente la communauté d'Inukjuak en énergie renouvelable depuis 2024. De petite taille, ces constructions ont été peu étudiées par le passé, notamment en lien avec la modification du cycle du mercure (Hg) et à la bioaccumulation de méthylmercure (MeHg) dans les réseaux alimentaires adjacents. Le pergélisol est cependant un potentiel réservoir substantiel de Hg, et la mise en eau pourrait favoriser son dégel, remobilisant ainsi du Hg historique, co-transporté par du carbone (C) ancien. Afin de mieux cerner les impacts d’une inondation en contexte septentrional, des sols, de l’eau de surface et des invertébrés benthiques ont été échantillonnés le long de la rivière Innuksuac avant, pendant et trois mois suivants la mise en eau. Afin d’investiguer le Hg dans la colonne d’eau, la qualité du carbone organique dissous (COD) (i.e. âge et composition) a été étudiée, tandis que le transfert trophique du MeHg au sein du réseau alimentaire a été clarifié à l’aide de l’isotopie stable (ẟ13C et ẟ15N), reflétant la diète et le niveau trophique des organismes. Le ratio Hg : C suggère que les concentrations de Hg dans le sol de la zone d’étude étaient moindres que ce qui était attendu, en se basant de précédentes estimations circompolaires, tandis que la majorité du Hg mesuré se trouvait dans la couche active du pergélisol et n’était donc pas immobilisé par le gel. Néanmoins, la mise en eau a généré une hausse de la concentration de MeHg (~ 7x) et du potentiel de méthylation (~ 4x) dans la couche organique superficielle des sols ennoyés. Cette hausse d’activité s’est reflétée dans les eaux de surface de la baie inondée, qui présentait des concentrations de MeHg dix fois plus élevées que dans les autres sites échantillonnés. Tandis que le COD exogène dérivant du milieu terrestre semble important pour l’apport de Hg inorganique dans le système riverain, le COD récemment dégradé par l’activité microbienne s’est avéré être le meilleur indicateur du potentiel de la méthylation. Une augmentation de la concentration tissulaire de MeHg a finalement été observée au bas de la chaîne trophique, chez les consommateurs primaires (~ 4x) ainsi que chez les invertébrés benthiques arborant une diète omnivore (~ 3x), mais pas chez les organismes prédateurs, suggérant l’existence d’un délai de transfert trophique. Chez les consommateurs primaires, cette augmentation était surtout apparente chez les invertébrés intimement associés à l’environnement benthique de la nouvelle baie inondée, où les signatures de ẟ13C étaient également les plus faibles. Ces résultats offrent un premier portrait à court terme du transport et des transformations du Hg lors d’une inondation en région subarctique, et les hausses enregistrées, bien que non négligeables, se limitent pour l’instant à une faible superficie (< 1 km2) et ne semblent pas se répercuter en aval de la petite baie inondée.
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L’estimation du débit en rivières est un paramètre clé pour la gestion des ressources hydriques, la prévention des risques liés aux inondations et la planification des équipements hydroélectriques. Lorsque le débit d’eau est très élevé lors d'évènements extrêmes, les méthodes de jaugeage traditionnelles ne peuvent pas être utilisées. De plus, les stations du réseau hydrométrique sont généralement éparses et leur répartition spatiale n’est pas optimale. Par conséquent, de nombreuses sections de rivières ne peuvent être suivies par des mesures et observations du débit. Pour ces raisons, pendant la dernière décennie, les capteurs satellitaires ont été considérés comme une source d’observation complémentaire aux observations traditionnelles du niveau d’eau et du débit en rivières. L’utilisation d’une telle approche a fourni un moyen de maintenir et d’étendre le réseau d'observation hydrométrique. L’approche avec télédétection permet d’estimer le débit à partir des courbes de tarage qui met en relation le débit instantané (Q) et la géométrie d’une section transversale du chenal (la largeur ou la profondeur effective de la surface d’eau). En revanche, cette méthode est associée à des limitations, notamment, sa dépendance aux courbes de tarage. En effet, en raison de leurs natures empiriques, les courbes de tarage sont limitées à des sections spécifiques et ne peuvent être appliquées dans d’autres rivières. Récemment, des techniques d’apprentissage profond ont été appliquées avec succès dans de nombreux domaines, y compris en hydrologie. Dans le présent travail, l’approche d’apprentissage profond a été choisie, en particulier les réseaux de neurones convolutifs (CNN), pour estimer le débit en rivière. L’objectif principal de ce travail est de développer une approche d’estimation du débit en rivières à partir de l’imagerie RADARSAT 1&2 à l’aide de l’apprentissage profond. La zone d’étude se trouve dans l’ecozone du bouclier boréal à l’Est du Canada. Au total, 39 sites hydrographiques ont fait l’objet de cette étude. Dans le présent travail, une nouvelle architecture de CNN a été a été proposée, elle s'adapte aux données utilisées et permet d’estimer le débit en rivière instantané. Ce modèle donne un résultat du coefficient de détermination (R²) et de Nash-Sutcliffe égale à 0.91, le résultat d’erreur quadratique moyenne égale à 33 m³ /s. Cela démontre que le modèle CNN donne une solution appropriée aux problèmes d’estimation du débit avec des capteurs satellites sans intervention humaine. <br /><br />Estimating river flow is a key parameter for effective water resources management, flood risk prevention and hydroelectric facilities planning. In cases of very high flow of water or extreme events, traditional gauging methods cannot be reliable. In addition, hydrometric network stations are often sparse and their spatial distribution is not optimal. Therefore, many river sections cannot be monitored using traditional flow measurements and observations. For these reasons, satellite sensors are considered as a complementary observation source to traditional water level and flow observations in the last decades. The use of this kind of approach has provided a way to maintain and expand the hydrometric observation network. Remote sensing data can be used to estimate flow from rating curves that relate the instantaneous flow (Q) to the geometry of a channel cross-section (the effective width or depth of the water surface). On the other hand, remote sensing is also associated with limitations, notably its dependence on the rating curves. Indeed, due to their empirical nature, rating curves are limited to specific sections and cannot be applied in other rivers. Recently, deep learning techniques have been successfully applied in many fields, including hydrology. In the present work, the deep learning approach has been chosen, in particular convolutional neural networks (CNN), to estimate river flow. The main objective of this work is to develop an approach to estimate river flow from RADARSAT 1&2 imagery using deep learning. In this study, 39 hydrographic sites of the Boreal Shield ecozone in Eastern Canada were considered. A new CNN architecture was developed to provide a straightforward estimation of the instantaneous river flow rate. The achieved results demonstrated a coefficient of determination (R²) and Nash-Sutcliffe values of 0.91, and a root mean square error of 33m³ /s. This indicates the effectiveness of CNN in automatic flow estimation with satellite sensors.
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La température extrême de l’eau influence de nombreuses propriétés physiques, chimiques et biologiques des rivières. l ’ évaluation de l ’ Une prédiction précise de la température de l’eau est importante pour impact environnemental. Dans ce cadre, différents modèles ont été utilisés pour estimer les températures de l ’ linéaires simp eau à différentes échelles spatiales et temporelles, allant des méthodes les pour déterminer l’incertitude à des modèles sophistiqués non linéaires. Cependant, cette variable primordiale n’a pas été traitée dans un contexte probabiliste (ou fréquentiste). Donc, l’estimation des évènements extrêmes thermiques à l’aide des approc hes d’analyse fréquentielle locale (AFL) est importante. Lors de l’estimation des extrêmes thermiques, il est crucial de tenir compte de la forme de la distribution de fréquences considérée. Dans la première partie de la thèse , nous nous concentrons sur la sélection de la distribution de probabilité la plus appropriée des températures des rivières. Le critère d critère d ’ ’ information d ’ Akaike (AIC) et le information bayésien (BIC) sont utilisés pour évaluer la qualité de l distributions statis ’ ajustement des tiques. La validation des distributions candidates appropriées est également effectuée en utilisant l ’ approche de diagramme de rapport des L obtenus montrent que la distribution de Weibull (W2) moments (MRD). Les résultats est celle qui semble s’ajuster le données provenant des stations de haute altitude, tandis que les mieux aux séries d’extrêmes provenant des stations situées dans les régions de basse altitude sont bien adaptées avec la distribution normale (N). Ceci correspond au premier article. L a ’ couverture spatiale des données de température des cours d ’ eau est limitée dans de nombreuses régions du monde. Pour cette raison, une analyse fréquentielle régionale (AFR) permettant d estimer les extrêmes de température des rivières sur des sites non jau gés ou mal surveillés est nécessaire. En général, l’AFR inclut deux étapes principales, la délimitation des régions homogènes (DRH) qui vise à déterminer les sites similaires, et l’estimation régionale (ER) qui transfère l’information depuis les sites déte rminés dans la première étape vers le site cible. Par conséquent, le modèle d’indice thermique (IT) est introduit dans le contexte d’AFR pour estimer les extrêmes du régime thermique. Cette méthode est analogue au modèle d ’ indice de crue (IF) largement uti lisé en hydrologie. Le modèle IT incorpore l’homogénéité de la distribution de fréquence appropriée pour chaque région, ce qui offre une plus grande flexibilité. Dans cette étude, le modèle IT est comparé avec la régression linéaire multiple (MLR). Les rés ultats indiquent que le modèle IT fournit la meilleure performance (Article 2) . Ensuite, l’approche d’analyse canonique des corrélations non linéaires (ACCNL) est intégrée dans la DRH, présentée dans le Chapitre 4 de ce manuscrit (Article 3). Elle permet de considérer la complexité des phénomènes thermiques dans l’étape de DRH. Par la suite, dans le but d’identifier des combinaisons (DRH-ER) plus prometteuses permettant une meilleure estimation, une étude comparative est réalisée. Les combinaisons considérées au niveau des deux étapes de la procédure de l’AFR sont des combinaisons linéaires, semi-linéaires et non linéaires. Les résultats montrent que la meilleure performance globale est présentée par la combinaison non linéaire ACCNL et le modèle additif généralisé (GAM). Finalement, des modèles non paramétriques tels que le foret aléatoire (RF), le boosting de gradient extrême (XGBoost) et le modèle régression multivariée par spline adaptative (MARS) sont introduits dans le contexte de l’AFR pour estimer les quantiles thermiques et les comparer aux quantiles estimés à l’aide du modèle semi-paramétrique GAM. Ces modèles sont combinés avec des approches linéaires et non linéaires dans l’étape DRH, telles que ACC et ACCNL, afin de déterminer leur potentiel prédictif. Les résultats indiquent que ACCNL+GAM est la meilleure, suivie par ACC+MARS. Ceci correspond à l’article 4. <br /><br />Extreme water temperatures have a significant impact on the physical, chemical, and biological properties of the rivers. Environmental impact assessment requires accurate predictions of water temperature. The models used to estimate water temperatures within this framework range from simple linear methods to more complex nonlinear models. However, w ater temperature has not been studied in a probabilistic manner. It is, therefore, essential to estimate extreme thermal events using local frequency analysis (LFA). An LFA aims to predict the frequency and amplitude of these events at a given gauged locat ion. In order to estimate quantiles, it is essential to consider the shape of the frequency distribution being considered. The first part of our study focuses on selecting the most appropriate probability distribution for river water temperatures. The Akai ke information criteria (AIC) and the Bayesian information criteria (BIC) are used to evaluate the goodness of fit of statistical distributions. An Lmoment ratio diagram (MRD) approach is also used to validate sui table candidate distributions. The results good fit for extremes data from the highindicate that the Weibull distribution (W2) provides a altitude stations, while the normal distribution (N) is most appropriate for lowaltitude stations. This corresponds to the first article. In many parts of the world, river temperature data are limited in terms of spatial coverage and size of the series. Therefore, it is necessary to perform a regional frequency analysis (RFA) to estimate river temperature extremes at ungauged or poorly monitored sites. Generall y, RFA involves two main steps: delineation of homogenous regions (DHR), which identifies similar sites, and regional estimation (RE), which transfers information from the identified sites to the target site. The thermal index (TI) model is introduced in t he context of RFA to estimate the extremes of the thermal regime. This method is analogous to the index flood (IF) model commonly used in hydrology. The TI model considers the homogeneity of the appropriate frequency distributions for each region, which pr ovides larger flexibility. This study compares the TI model with multiple linear regression (MLR) approach. Results indicate that the TI model leads to better performances (Article 2). Then, the nonlinear canonical correlations analysis (NLCCA) approach is integrated into the DHR, as presented in Chapter 4 of this manuscript (Article 3). It allows considering the complexity of the thermal phenomena in the DHR step. A comparative study is then conducted to identify more promising combinations (DHR RE), that RFA procedure, linear, semilead to best estimation results. In the two stages of the linear, and nonlinear combinations are considered. The results of this study indicate that the nonlinear combination of the NLCCA and the generalized additive model (GAM ) produces the best overall performances. Finally, nonparametric models such as random forest (RF), extreme gradient boosting (XGBoost), and multivariate adaptive regression splines (MARS) are introduced in the context of RFA in order to estimate thermal q uantiles and compare them to quantiles estimated using the semiparametric GAM model. The predictive potential of these models is determined by combining them with linear and nonlinear approaches, such as CCA and NLCCA, in the DHR step. The results indicat e that NLCCA+GAM is the best, followed by CCA+MARS. This corresponds to article 4.
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Cette thèse s’inscrit dans le champ des études sur les fictions de la fin du monde. J’y explore la question suivante : pourquoi existe-t-il autant de romans et de films racontant la fin d’un monde, et si peu la fin du monde ? En effet, la plupart des fictions dites de « fin du monde » mettent en scène la menace d’une catastrophe évitée, ou une destruction partielle, ou encore un univers post-apocalyptique habité de survivants. L’anéantissement total et définitif de l’espèce humaine, quant à lui, constitue rarement le dénouement de ce type d’œuvres. Ce déséquilibre s’explique en partie par le fait que ces œuvres représentent davantage le renouvellement du monde que sa disparition. Mon hypothèse est que nombre de ces récits de la fin héritent d’un imaginaire, d’une structure, de thèmes, de motifs, etc., provenant du mythe du déluge tel qu’il s’est développé dans l’Antiquité (entre autres dans sa version biblique), lequel symbolise la refondation et la transmission, et non l’anéantissement. Dans le premier chapitre, je propose une exploration de différents concepts et théories permettant de mieux définir les romans et les films de la fin du monde : les dispositif et contre-dispositif de Giorgio Agamben ; la conception des mythes de René Girard (principalement pour les notions d’indifférenciation et de bouc émissaire) ; le décalage prométhéen de Gunther Anders ; le catastrophisme éclairé de Jean-Pierre Dupuy ; les deux raisonnements mythologiques opposés identifiés dans les récits antiques de la fin du monde par Christine Reungoat-Dumas. Dans le deuxième chapitre, j’étudie d’abord comment le thème de la transmission s’articule dans quelques mythes antiques du déluge, avant de proposer un canevas général des mythèmes constituants. À partir de cette délimitation, je procède ensuite à l’analyse de trois mythèmes (la crise indifférenciatrice ; l’abri ; le lâcher d’oiseaux) dans un corpus de romans et de films des 20e et 21e siècles. Cette analyse permet de faire ressortir l’importance du thème de la transmission (de gènes et de mèmes, donc de réplicateurs). La transmission reflète un besoin de transcendance qui définit, oriente, ou du moins colore, pratiquement toutes les œuvres de la fin du monde. Dans ce contexte, la littérature, objet de transmission, peut être appréhendée comme une « arche métaphorique ». Le troisième chapitre se concentre sur l’analyse d’une œuvre, la trilogie MaddAddam (Oryx and Crake ; The Year of the Flood ; MaddAddam) de Margaret Atwood. J’y avance que cette œuvre prend la forme d’une épopée, dans laquelle on assiste à la mise en scène de sa propre écriture. Cette mise en abyme démontre bien que la trilogie, tout en étant une œuvre de fin du monde, raconte également la naissance d’un nouveau monde : l’épopée intradiégétique qui s’y compose tente d’immortaliser une partie du passé et d’orienter le futur. La littérature, sous la forme de cette épopée, figure ainsi une arche qui relie les mondes pré-apocalyptique et post-apocalytique de l’œuvre d’Atwood.
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Les modèles hydrologiques traditionnels n’imposent pas la contrainte de conservation d’énergie à la surface. Lorsque soumis à des températures plus élevées, ils ont le potentiel de surestimer l’évapotranspiration. Le modèle de surface physique CLASS est couplé au modèle de routage RAPID, basé sur la méthode de Muskingum, pour former un modèle hydrologique plus robuste en contexte de réchauffement global. CLASS-RAPID est implanté sur le bassin versant du Haut-Montmorency (47.4°N, 71.1°O). CLASS est calibré et validé à l’aide d’observations hydrométéorologiques à la Forêt Montmorency ; RAPID est optimisé d’après les observations de débits de la Direction d’expertise hydrique du Québec. Des projections climatiques provenant des modèles CanESM2, CNRM-CM5, GFDL-ESM2M et MPI-ESM du Projet d’intercomparaison des modèles couplés et des scénarios climatiques RCP 4.5 et RCP 8.5 sont fournies en entrées à CLASS-RAPID afin de réaliser des simulations hydrologiques pour la période future de 2041 à 2070. Des projections climatiques provenant des mêmes modèles pour la période de référence de 1981 à 2005 sont également utilisées par CLASS-RAPID afin de générer une séquence de débits pouvant être comparée à celle de la période future. CLASS-RAPID obtient un score de NSE = 0, 66 au critère de performance de Nash-Sutcliffe. Le modèle reproduit fidèlement la séquence des évènements hydrologiques, mais sous-estime systématiquement les pointes de crue. Les simulations de CLASS-RAPID réalisées en condition de changements climatiques projettent que les crues printanières se produisent plusieurs dizaines de jours à l’avance pour la période future de 2041 à 2070 en comparaison à la période de référence. Pour les quatre modèles à l’étude, les simulations en condition de changements climatiques permettent de prévoir une diminution moyenne des débits d’étiage d’été de 40% pour le scénario climatique RCP 4.5 et de 50% pour le scénario climatique RCP 8.5. Pour les mêmes scénarios climatiques, l’Atlas hydroclimatique du Québec, qui repose sur une modélisation hydrologique traditionnelle, prévoit une diminution des débits de respectivement 37% et 45%.
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L’objectif du projet est d’évaluer les effets causés par l’implantation de sites de pavages perméables (PP) sur les bassins versants (BV) urbanisés. La méthodologie de cette étude se décline en cinq étapes, soit : (i) caractériser la capacité d’infiltration de cinq sites de PP de la grande région de Montréal; (ii) récolter des données de pluie et de débit au site de l’usine Stonedge à Chambly; (iii) modéliser le fonctionnement hydrologique de ce site à l’aide du Storm Water Management Model (SWMM), dont les paramètres sont calés à partir des données d’observations à Stonedge; (iv) créer un modèle amélioré d’unité de PP; et (v) évaluer, par modélisation SWMM, l’effet de l’implantation de sites de PP sur les dysfonctionnements hydrauliques et les rejets de réseaux de BV urbains réels. Les tests de capacité d’infiltration ont démontré une très grande capacité d’infiltration des sites de PP, sans égard à la saison ni à l’usage du site. Les observations de pluie et de débits ont été récoltées à Chambly sur une période de 24 mois. Leur analyse a permis de constater, à l’échelle du site, une diminution du volume de ruissellement de 6 à 12 mm par événement de pluie et un décalage de la pointe du débit allant jusqu’à 3 h. Le bilan hydrologique réalisé sur le site indique une réduction du ruissellement, les fractions ruisselées varient de 2% à 75%. Le modèle de PP du site de Stonedge a servi de base pour l’évaluation de l’impact des sites de PP à l’échelle de quatre BV urbains, drainés par des réseaux séparés (2) et unitaires (2). Cet impact se traduit par des réductions, pour les réseaux unitaires : du nombre de surverses jusqu’à 100%, du volume de surverse de 19% à 100%, et de la durée de surverse de 16% à 100% annuellement. Une réduction moyenne de la durée d’inondation de 71% pour les secteurs industriels (réseaux séparés) et de 30% pour les secteurs en réseau unitaire a aussi été constatée. Finalement, une réduction de 30 % des volumes et de 7% à 34% des débits de pointe envoyés au cours d’eau pour les deux secteurs drainés par des réseaux séparés a été observée.<br /><br /> The objective of this project was to evaluate the effects of the installation of permeable pavement (PP) sites on urbanized watersheds. The methodology of this study included five work packages: (i) characterize the infiltration capacity of five PP sites in the greater Montreal area; (ii) collect rain and flow data at the Stonedge plant site in Chambly; (iii) model the hydrological behavior of this site using the Storm Water Management Model (SWMM), whose parameters were calibrated from observation data at Stonedge; (iv) create an improved model of PP unit; and (v) evaluate, using SWMM , the effect of developing a PP site on hydraulic malfunctions and discharges of actual urban watershed networks. The infiltration capacity tests demonstrated a very high infiltration capacity of the PP sites, regardless of the season or land use. Rainfall and flow observations were collected at Chambly over a 24-month period. Their analysis found a site-wide decrease in runoff volume of 6 to 12 mm per rainfall event and a peak flow delay of up to 3 hours. The water balance for the site indicates a reduction in runoff, with fractions of the runoff ranging from 2% to 75%. The PP model of the Stonedge site served as a basis for evaluating the impact of PP sites at the scale of four urban watersheds, drained by separate (2) and combined (2) networks. This impact meant reductions of up to 100% in the number of combined sewer overflows, 19% to 100% of their volume, and 16% to 100% of their duration, annually. There was also an average reduction in surface flood duration of 71% for the industrial sectors (separate networks) and 30% for the combined sectors. Finally, there is also a 30% reduction in volumes and from 7% to 34% of the peak flows discharged to the watercourse for the two sectors drained by separate networks.
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Les changements climatiques sont un défi mondial imminent, dont les conséquences sont déjà observées. On sait que ces effets s’intensifieront, entraînant une augmentation de la fréquence et de la gravité des événements météorologiques extrêmes, une perturbation substantielle de la production alimentaire et le déplacement de dizaines de millions de personnes en raison de vagues de chaleur mortelles et de sécheresses. La question est donc : que peut-on y faire ? Dans cette thèse, nous faisons des changements climatiques notre objet central et explorons les voies par lesquelles la recherche en apprentissage profond peut contribuer à son atténuation. Un obstacle connu à des politiques climatiques ambitieuses est le manque de soutien et de demande populaires. Cela peut être attribué, en partie, aux causes et conséquences extrêmement complexes et imbriquées des changements climatiques. Une mauvaise conception courante est qu'ils affecteront principalement d’autres personnes que soi-même, des personnes éloignées dans le temps ou l’espace. Pour y remédier, la recherche a montré que présenter aux gens des \textit{images} authentiques, locales et pertinentes d'un concept les aide à mieux comprendre et appréhender ce qui est en jeu. Dans notre première contribution, nous explorons donc comment les récentes avancées en apprentissage profond pour la vision par ordinateur et les réseaux antagonistes génératifs peuvent être utilisées pour générer des images \textit{personnalisées} représentant les impacts du changement climatique. Notre objectif avec \textit{ClimateGAN} est de visualiser à quoi pourrait ressembler une inondation d’un mètre à n’importe quelle adresse, indépendamment de son risque réel d’inondation sous l’effet des changements climatiques. Cette approche vise à susciter l’empathie en rendant les impacts abstraits du changement climatique plus tangibles et personnalisés. En utilisant une image de Google Street View et en la traitant avec \textit{ClimateGAN}, nous générons des images d’inondation physiquement plausibles et visuellement réalistes basées sur l’adaptation de domaine à partir d’un environnement simulé, la prédiction de profondeur et la segmentation sémantique. Ce modèle a été déployé sur un site web dans le but de sensibiliser et d’engager l’action en faveur des changements climatiques. En plus d’aider les gens à mieux visualiser à quoi pourrait ressembler un avenir climatique hors de contrôle, nous étudions également dans cette thèse comment l’apprentissage profond peut améliorer les technologies existantes. Un domaine majeur de recherche dans cette direction est la recherche de nouveaux matériaux. Dans cette thèse, nous explorons plus particulièrement la prédiction des propriétés des matériaux comme moyen d’accélérer la découverte d'électro-catalyseurs, une famille de matériaux impliqués dans le stockage d’énergie à base d’hydrogène. Nous présentons deux contributions, \textit{PhAST} et \textit{FAENet}, qui se concentrent sur l’amélioration du compromis performance/scalabilité dans les réseaux de neurones géométriques de graphe (GNN). Avec \textit{PhAST}, nous introduisons un ensemble de méthodes pour adapter la procédure GNN classique--de la création du graphe d’entrée aux prédictions d’énergie et de forces de sortie--à la tâche spécifique de prédire l’énergie d’un système atomique adsorbant-catalyseur relaxé. Nous démontrons comment, en plus d’améliorer les performances, ces modifications améliorent l’efficacité et permettent un entraînement compétitif des GNN dans des environnements CPU. Dans \textit{FAENet}, nous présentons un nouveau GNN efficace pour les prédictions équivariantes E(3). En particulier, nous transposons la charge de l’équivarience sur la représentation des données afin de réduire les contraintes sur le modèle lui-même. Cette approche nous permet d’introduire une nouvelle architecture légère et expressive visant à faire des prédictions meilleures et plus rapides de diverses propriétés des matériaux. Enfin, nous examinons de manière critique notre propre domaine et discutons des impacts environnementaux associés aux technologies de l’IA. Nous nous penchons sur la façon dont les praticiens peuvent estimer leurs émissions de carbone, quelles mesures ils peuvent prendre aujourd’hui pour les réduire, et quelles autres étapes sont nécessaires pour des déclarations et responsabilités environnementales plus précises.
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Les rivières sont des écosystèmes dynamiques qui reçoivent, transforment, et exportent de la matière organique comprenant du carbone (C), de l’azote (N), et du phosphore (P). De par leur grande surface de contact entre l’eau et les sédiments, elles offrent un potentiel élevé pour les processus de transformation de ces éléments, dans lesquels ils sont souvent conjointement impliqués. Ces transformations peuvent retirer les éléments de la colonne d’eau et ainsi diminuer leurs concentrations pour améliorer la qualité de l’eau. Par contre, les conditions climatiques (débit, température, luminosité), la configuration du territoire (forêt, urbanisation, agriculture), et la durée des activités humaines sur terre affectent la quantité, composition, et proportion de C, N, et P livrés aux cours d’eau receveurs. Dans un contexte où un surplus de nutriments (N, P) peut surpasser la capacité des rivières à retirer les éléments de l’eau, et où les extrêmes climatiques s’empirent à cause des changements climatiques, cette thèse met en lumière le rôle des rivières dans les dynamiques de C, N, et P pour une meilleure compréhension de la réponse des écosystèmes lotiques aux pressions actuelles et futures. La Rivière du Nord draine séquentiellement des régions couvertes de forêt, d’urbanisation, et d’agriculture, et oscille entre quatre saisons distinctes, l’exposant à des utilisations du territoire et conditions climatiques contrastées. Nous avons échantillonné les formes de C, N, et P à 13 sites le long du tronçon principal (146 km), une fois par saison pour trois ans. De façon générale, les concentrations de N et P totaux ont augmenté d’amont vers l’aval, concordant avec l’activité humaine plus importante dans la deuxième moitié du bassin versant, mais les concentrations de C organique total sont restées constantes peu importe la saison et l’année. La stœchiométrie écosystémique du C : N : P était donc riche en C comparé au N et P en amont, et s’est enrichie en nutriments vers l’aval. L’étendue (2319 : 119 : 1 à 368 : 60 : 1) couvrait presque le continuum terre – océan à l’intérieur d’une seule rivière. Des formes différentes de C, N, et P dominaient la stœchiométrie totale dépendamment des saisons et de l’utilisation du territoire. En été, la composition du N était dominée en amont par sa forme organique dissoute et par le nitrate en aval, tandis qu’en hiver, l’ammonium et le P dissous avaient préséance sur l’entièreté du continuum. Malgré une concentration constante, la proportion des molécules composant le C différait aussi selon la saison et l’utilisation du territoire. L’été était dominé par des formes dégradées par l’action microbienne et l’hiver par des formes bio- et photo-labiles. Ceci fait allusion au potentiel de transformation de la rivière plus élevé dans la saison chaude plutôt que sous la glace, où les formes plus réactives avaient tendance de s’accumuler. La composition du C en amont était aussi distincte de celle en aval, avec un seul changement abrupt ayant lieu entre la section forestière et la section d’utilisation du territoire urbaine et agricole. Ces changements de compositions n’étaient pas présents durant le printemps de crue typique échantillonné, mais dans l’inondation de fréquence historique nous avons observés des apports nouveaux de molécules provenant soit des apports terrestres normalement déconnectés du réseau fluvial ou de surverses d’égouts. L’influence des facteurs naturels et anthropiques s’est aussi reflétée dans les flux historiques riverains de C, N, et P (1980 – 2020). La précipitation explique le plus les flux de C et les flux de N dans la section pristine. Les apports historiques au territoire de N anthropique (nécessaires pour soutenir la population humaine et les activités agricoles) expliquent fortement la tendance temporelle à la hausse des flux riverains de N dans la section urbaine. Durant les quatre dernières décennies, un peu plus du tiers des apports de N au territoire sont livrés à la rivière annuellement, suggérant que la source urbaine de N anthropique est encore peu gérée. Le manque de corrélation entre les flux de P dans la rivière et les précipitations ou les apports au territoire de P anthropique peut être expliqué par les usines de traitement des eaux usées installées dans la région vers la fin des années 1990 qui ont fait diminuer presque de moitié le P livré à la rivière. La variation de ces flux s’est reflétée dans la stœchiométrie écosystémique historique, qui varie de 130 : 23 : 1 en 1980 à 554 : 87 : 1 en 2007-08 après l’effet de l’usine d’épuration et du N qui a augmenté. À travers les axes historiques, spatiaux, et saisonniers, cette thèse contribue à la compréhension du rôle des rivières dans la réception, la transformation, et l’export du C, N, et P. Combinée aux concentrations, l’approche de stœchiométrie écosystémique propose une façon d’intégrer apports et pertes des éléments pour les étudier de pair au niveau du bassin versant. Puis, comme certaines formes de C, N, et P sont associées à des sources terrestres spécifiques, ou à certains types de transformations, les inclure dans un cadre conceptuel combinant des extrêmes climatiques et des utilisations du territoire différentes offre un aperçu sur le résultat des sources et transformations des éléments. Enfin, les tendances décennales de C, N, et P riverains montrent l’influence des facteurs naturels et anthropiques sur la stœchiométrie écosystémique historique d’une rivière.
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RÉSUMÉ : Les flèches littorales sont des environnements naturellement dynamiques modelés par l'apport sédimentaire, les agents hydrodynamiques, les tempêtes et les crues. La plage de la flèche littorale fermant la lagune côtière de Hope Town (baie des Chaleurs, Golfe du St-Laurent) montre des signes d'érosion criants depuis le démantèlement d'une jetée à la fin des années 1960, menaçant l'intégrité de la route traversant la flèche. En 2012, après maints efforts pour stabiliser la flèche comprenant la construction et le prolongement d'un enrochement, une recharge de plage est effectuée et coordonnée à la construction d'un champ d'épis semi-perméables résistant aux conditions hivernales. Ce mémoire explore les impacts d'un champ d'épis sur le comportement morphologique d'une flèche sableuse en climat froid, où les processus glaciels jouent un rôle essentiel sur la dynamique hydromorphologique. L'évolution à long terme de cette région côtière a été analysée de 1963 à 2018 par imagerie aérienne. Des données océanographiques, granulométriques et topographiques ont été relevées de 2017 à 2020 pour étudier les variations morphosédimentaires de la plage. Les résultats montrent que la flèche accuse un taux de retrait moyen de -0,65 m/an, soit nettement supérieur aux secteurs côtiers adjacents. Les taux de recul les plus importants ont été observés durant les 15 ans suivant le démantèlement de la jetée (-1,1 m/an), puis ils ont diminué avant de remonter à -1,07 m/an pour la période 2007-2018 malgré la recharge de 2012. Les modèles d'élévation montrent l'adaptation morphologique saisonnière de la plage aux conditions hydrodynamiques et glacielles (profil d'accumulation l'été et d'érosion l'automne). Les mouvements sédimentaires l'hiver présentent de fortes variations interannuelles : l'impact des tempêtes hivernales est contrôlé par la couverture de glace de mer et la présence d'un pied de glace protégeant la plage, qui varient d'une année sur l'autre. Enfin, malgré la rétention partielle de la dérive littorale grâce aux épis, ces derniers peinent à mitiger l'apport sédimentaire restreint par l'enrochement situé en amont dans le sens de la dérive littorale, ne permettant pas de maintenir sur la plage le volume de recharge initial : les dernières photographies aériennes et les variations récentes de volumes de plage, montrent que la flèche continue à éroder. Ceci soulève l'importance des recharges de plage répétées dans le temps. -- Mot(s) clé(s) en français : Morphodynamique de plage, trait de côte, érosion côtière, flèche littorale, épis, enrochement, recharge de plage, profil de plage. -- ABSTRACT : Littoral spits are naturally dynamic environments modeled by sediment supply, hydrodynamic agents, storm and flood events. The sand spit beach closing the Hope Town coastal lagoon (Chaleur Bay, Gulf of St. Lawrence) shows critical signs of erosion since the dismantlement of a jetty in the late 1960's, endangering the main coastal highway crossing the spit. After several efforts aiming to stabilize the spit including construction and extension of a riprap, a beach nourishment was carried in 2012 coordinated with the construction of a groin field resisting winter conditions. This thesis explores the impact of a groin field on the morphological behavior of a sand spit beach under cold climate, where glacial processes play an essential role on beach morphology and hydrodynamics. Long-term evolution of this coastal region was analysed using aerial imagery from 1963 to 2018. Hydrodynamic, granulometric and RTK-DGPS topographic data were collected from 2017 to 2020 to assess the morphosedimentary variations of the post-nourished beach. Results show the sand spit recorded a mean retreat rate of -0.65 m/year over the studied period, which is much higher than the neighbouring coast segments. Highest retreat rates were observed during the 15 years after the jetty dismantlement (-1.13 m/yr), then they decreased before increasing again to -1.07 m/yr during the 2007-2018 period, despite the 2012-beach nourishment. Elevation models show the seasonal morphological adaptation of the beach to hydrodynamic and glacial conditions (summer accretive profile and fall erosive profile). Sediment movements during winter exhibit important interannual variations as the impact of winter storms is controlled by sea-ice cover and presence of the ice-foot shielding the beach, varying from year to year. Moreover, despite partial longshore drift entrapment by the groins, the structures struggle to mitigate the sediment supply deficit induced by the riprap located updrift, and could not maintain on the beach the sediment volume added by the 2012-nourishment. The latest aerial photographs and recent beach volume variations indeed show the Hope Town sand spit is still eroding. These results highlight the importance of repeated beach feeding operations. -- Mot(s) clé(s) en anglais : Beach morphodynamics, coastline change, erosion, sand spit, groin, riprap, beach feeding, beach profile.