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Depuis de nombreuses années, les chercheurs dans le domaine du stress maternel prénatal (SMP) associé à des catastrophes naturelles cumulent des données probantes suggérant un effet de ce type de stresseur sur le développement de l’enfant. Plusieurs obstacles freinent cependant le transfert de ces connaissances (TC) à leurs potentielles bénéficiaires, les femmes enceintes. Un premier obstacle est qu’il n’existe pas de synthèse de connaissances quantifiant l’effet du SMP sur les différentes sphères de développement de l’enfant. De plus, les besoins informationnels des femmes enceintes à ce sujet ne sont pas connus. Ensuite, d’un point de vue éthique, il est difficile de se positionner quant à la meilleure stratégie de TC à employer pour informer les femmes enceintes sans leur imposer un stress additionnel. Cette thèse vise donc à déterminer comment informer les femmes enceintes au sujet des conséquences du stress pendant la grossesse sans les stresser davantage. Pour ce faire, une revue méta-analytique de l’effet du SMP associé à des catastrophes naturelles sur le développement de l’enfant a été réalisée pour quantifier cet effet. Par la suite, un questionnaire a été élaboré pour sonder les femmes issues de deux cohortes distinctes, une première ayant été exposée aux feux de forêt de Fort McMurray pendant la grossesse, puis une seconde localisée à Montréal et n’ayant pas été exposée à une catastrophe naturelle au cours de la grossesse. Les items du questionnaire cherchaient à déterminer leurs connaissances au sujet du SMP ainsi que leur désir d’en avoir su davantage à ce propos au cours de leur dernière grossesse. Une grille d’entretien originale a ensuite permis d’interviewer un sous-échantillon des femmes de la cohorte de Montréal pour préciser leurs besoins informationnels et les paramètres qui devraient guider un processus de TC à cet effet. Cette dernière étude a cependant été interrompue en raison de la pandémie de COVID-19 et seuls les résultats préliminaires en sont ici présentés. Plusieurs constats sont ressortis des méta-analyses et des méta-régressions. D’abord, le SMP a un effet, petit, mais durable, sur l’ensemble des sphères de développement de l’enfant. Ensuite, les difficultés objectives et la détresse psychologique sont les composantes du SMP pour lesquelles les plus grands effets ont été trouvés. Il semble également que l’exposition à une tempête de verglas affecte encore plus le développement de l’enfant que celle à une inondation. Les résultats au questionnaire des deux cohortes de femmes a permis de lever le voile sur le manque de connaissances à combler chez ces dernières concernant principalement les conséquences concrètes du SMP sur le développement de l’enfant, puis d’établir que les deux cohortes de femmes auraient majoritairement voulu en savoir davantage à ce sujet au cours de leur dernière grossesse. Enfin, les données complémentaires issues des entretiens avec les femmes de la cohorte de Montréal indiquent que les professionnels de la santé seraient les utilisateurs de connaissances à privilégier et que l’approche à employer pour faire ce TC devrait être empathique, non culpabilisante, centrée sur la femme dans sa globalité et ajustée à son style de recherche d’informations. De prochaines études dans le domaine du SMP pourront venir pallier certaines limites de cette thèse. Les équipes de recherche pourront utiliser le questionnaire et la grille d’entretien pour évaluer les besoins informationnels des femmes au sujet du SMP dans différents contextes (p.ex. pandémie de COVID-19). Maintenant qu’il a été déterminé que le SMP a un effet sur le développement de l’enfant, il serait utile de réaliser une revue de littérature pour recenser les interventions permettant d’estomper cet effet afin de bien outiller les femmes enceintes. Finalement, connaissant désormais les besoins informationnels des femmes enceintes, l’organisation d’un atelier délibératif avec les professionnels de la santé permettrait de mettre au point une stratégie de TC prenant également en compte leur réalité. En conclusion, cette thèse a permis de jeter les bases d’une stratégie de TC qui pourrait informer les femmes enceintes au sujet des conséquences du SMP associé aux catastrophes naturelles sans les stresser davantage.
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Les changements climatiques anthropogéniques posent des défis énormes pour toutes les sociétés humaines. Ces défis majeurs mettront à l’épreuve les capacités d’adaptation des États et de ses institutions et des communautés partout dans le monde et devront se résoudre par un élan de solidarité humaine afin d’en atténuer les conséquences. Le Canada connaît déjà un réchauffement climatique important. Le pays a d’ailleurs récemment été touché par des événements climatiques extrêmes : des canicules, des feux de forêt, une sécheresse anormale et des inondations dont l’intensité est prévue d’augmenter avec les changements climatiques anthropogéniques. La province du Québec a quant à elle été touchée par de fortes inondations entre 2017 et 2019. L’objectif principal de la présente étude vise à discuter la manière dont le paradigme écosocial peut faire évoluer le travail social en tant que champ de savoir et d’intervention dans un contexte de changements climatiques. Cette étude s’est appuyée sur des données issues de groupes focus réalisés avec des intervenants suite aux inondations survenues au Québec (2017-2019). Notre analyse vise les interventions réalisées en contexte d’inondations, dans le sud de la province, mise en œuvre par le système de santé. Les données ont été collectées lors d’entrevues de groupe réalisées avec des intervenants psychosociaux et des gestionnaires de CI(U)SSS au courant des mois d’octobre et de novembre 2019. Les thèmes suivants ont émergé des analyses: les caractéristiques des inondations de 2019, les divergences d’opinions vis-à-vis des changements climatiques, l’aide et le soutien apportés durant les inondations et la participation citoyenne. J’insisterai également sur l’exacerbation possible des inégalités sociales dans ce contexte. D’autres thèmes se sont également révélés importants : l’engagement des intervenants psychosociaux, la participation et la décentralisation des décisions politiques. Enfin, mes réflexions porteront sur les conséquences sociales qu’entrainent les inondations et sur les types de pratiques sociales qui s’avèrent pertinentes à l’ère des changements climatiques et dans un contexte d’urgence.
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Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques du Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a mandaté l’Institut national de santé publique du Québec afin de mener une étude exploratoire portant sur les impacts psychosociaux vécus chez les travailleurs à la suite de quatre événements météorologiques extrêmes qui s’accentueront avec les changements climatiques, soit les vagues de chaleur, les inondations, les tempêtes et les feux de forêt. Cette étude exploratoire visait à examiner brièvement la littérature et les connaissances de différents acteurs-clés afin de proposer par la suite des projets de recherche plus importants et qui répondent aux besoins et aux enjeux des milieux de travail et de la santé publique au Québec. Elle a mis en évidence que les événements météorologiques extrêmes étudiés peuvent entraîner des impacts psychosociaux chez les travailleurs, mais les connaissances sur ces impacts varient grandement selon l’événement. Les impacts psychosociaux chez les travailleurs ont été plus documentés dans la littérature scientifique pour les tempêtes et l’ont été de façon moins importante pour les inondations et les feux de forêt et négligeable pour les vagues de chaleur. Les travailleurs des services de la première ligne (comme les intervenants municipaux, les policiers, les pompiers, et les professionnels de la santé qui interviennent auprès des sinistrés, le personnel des services de travaux publics, etc.) et les agriculteurs font partie des populations de travailleurs qui ont été les plus étudiées. Les impacts psychologiques négatifs comme de l’épuisement, de la fatigue, de la détresse psychologique, de l’anxiété, de la colère et de la tristesse ont été plus souvent rapportés dans la littérature que les impacts sociaux. Il existe des facteurs de risque organisationnels (ex. : surcharge de travail, le manque de formation, de ressources matérielles, de personnels disponibles) et personnels (ex. : le fait d’être sinistré, le manque de contact avec les membres de la famille), communs à plusieurs événements et types de travailleurs, et qui peuvent aggraver les impacts psychosociaux vécus chez les travailleurs. Il existe aussi des facteurs de protection (ex. : reconnaissance ou gratitude, résilience individuelle, soutien social et efficacité collective). Il est important de consulter des acteurs clés pour bonifier les connaissances de la littérature scientifique. Dans le cadre de cette étude, les consultations avec des acteurs clés ont permis d’identifier de nouveaux travailleurs vulnérables, d’en apprendre davantage sur les caractéristiques de certains événements météorologiques extrêmes et de réaliser que les impacts psychosociaux vécus à la suite de ceux-ci pouvaient être positifs. L’acquisition de connaissances sur les impacts psychosociaux vécus chez les travailleurs à la suite des inondations est un des sujets qui répond aux besoins et aux enjeux des milieux de travail et de la santé publique au Québec.<br/><br/>