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Ce mémoire porte sur les significations que les personnes concernées par l’expression « lesbienne » donnent à ce mot et à leurs expériences quotidiennes en lien avec celui ci. La recherche s’appuie sur un cadre conceptuel féministe et queer formé de quatre éléments: le féminisme lesbien critique tel que théorisé par Sara Ahmed (2017), la pensée straight de Monique Wittig (1992), la compréhension des normes selon Judith Butler (1993, 2004/2016) ainsi que la notion de communauté selon Jeffrey Weeks (2000). La recherche se base sur 16 entretiens non-directifs avec des personnes concerné·e·s par l’expression « lesbienne ». La discussion des données se fait sous trois angles d’analyse: le langage, le quotidien et la communauté. Premièrement, au niveau du langage, le mot « lesbienne » est compris par les participant·e·s comme étant une identité (à géométrie variable) ainsi qu’une orientation sexuelle. Or, iels ont aussi grandement insisté sur le fait que « lesbienne » voulait dire plus que cela, c’est-à-dire que c’est aussi pour elleux une façon de mener leur vie. L’effet matériel du pouvoir a été décrit comme participant à l’invisibilisation des réalités lesbiennes étant donné que celles-ci sont comprises comme étant impossibles dans la pensée straight. Deuxièmement, au niveau du quotidien, les entrevues ont permis de voir que celui-ci est défini par des trajectoires imposées dans la vie de tous les jours, se promener dans la rue, s’afficher en tant que lesbienne ou être perçu·e comme tel dans l’espace public ainsi que des conversations avec leurs proches. Les points de vue des participant·e·s sont analysés sous l’angle de l’expérience d’affrontement à un monde organisé autour de l’hétérosexualité. Leurs tentatives de changer les normes à travers un travail de transformation personnel et collectif sont révélées. Troisièmement, au niveau de la communauté, les entrevues permettent d’entrevoir que celle-ci est d’abord comprise comme prenant forme dans des relations amicales avec d’autres personnes LGBTQ, dans les bars et les lieux de socialisation réservés ou accueillants envers les personnes lesbiennes ainsi que l’implication dans des organismes communautaires LGBTQ. Puis, l’idée de communauté lesbienne, au singulier et au pluriel, permet d’aborder aussi les questions d’identification, de valeurs communes, de capital social et politique. En guise de conclusion, l’hétéronormativité est aussi comprise en tant que problème social. De plus, la complexité des significations entourant être lesbienne donne envie d’en savoir plus et de multiplier les recherches sur le sujet. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : lesbienne, hétéronormativité, problème social, normes, langage, quotidien, communauté, travail social
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Ce mémoire dresse un portrait collectif de l’itinérance de jeunes femmes au centre-ville de Montréal selon une perspective féministe intersectionnelle. S’inscrivant dans une méthodologie qualitative et féministe, celui-ci se penche sur les stratégies de survie employées par de jeunes femmes itinérantes. Ces stratégies répondent à plusieurs formes de violences invisibles également documentées au sein de cette recherche. C’est à l’aide d’un portrait collectif fait à partir de focus groupes et d’observation participante que cette problématique est adressée. Cette recherche s’est effectuée en collaboration avec l’organisme En Marge 12-17 où le recrutement de cinq jeunes femmes a eu lieu. Les résultats semblent indiquer que les jeunes femmes en situation d’itinérance déploient de multiples stratégies de survie, dont celle de la création d’un réseau social d’entraide. D’autres stratégies de survie ont également été abordées par les participantes comme l’utilisation des ressources communautaires, demeurer éveiller pendant la nuit afin de rester en sécurité, l’utilisation de leur position de femmes, etc. Ces stratégies se sont présentées comme une réponse aux violences invisibles vécues par ces jeunes femmes. L’expérience de l’itinérance et des rapports de pouvoir qui en découlent serait donc teintée de violences invisibles (violence structurelle, violence normalisée et violence symbolique) qui varient selon le genre et l’âge ainsi que selon d’autres catégories d’appartenance. Les jeunes femmes du milieu de la rue vivraient d’ailleurs une expérience spécifique et paradoxale des espaces publics urbains où elles peuvent être considérées comme des objets. À travers les résultats, les participantes expriment aussi une responsabilisation de leur situation, révélant des valeurs du néolibéralisme globalisé. C’est donc dans la mise en lumière des multiples stratégies de survie que cette recherche documente les nombreuses violences invisibles qui s’incorporent dans le parcours de ces jeunes femmes en situation d’itinérance à Montréal. Un portrait collectif de jeunes femmes qui font tout en leur pouvoir pour assurer leur survie, leur sécurité, mais aussi pour vivre. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Stratégies de survie, itinérance, jeunes femmes, jeunes femmes en situation d’itinérance, violences invisibles, intersectionnalité, focus groupe, réseau social, collectivisme.
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Dans le cadre d’un stage de solidarité internationale dans une coopérative de recyclage brésilienne, nous avons fait le constat de la complexité de la réalité du pouvoir dans les milieux de travail autogérés. D’une part, une contradiction semble persister entre l’égalité enchâssée dans la structure formelle et la reproduction de rapports de pouvoir asymétriques. D’autre part, les membres évaluent positivement les impacts de leur participation à un milieu de travail démocratique dans différents aspects de leur vie. Nous avons souhaité, dans le cadre de cette recherche de type exploratoire, mieux comprendre la complexité de la question du pouvoir dans de telles organisations en nous intéressant à l’expérience qu’en font les travailleurs et travailleuses des milieux autogérés au Québec. Les aspects formels et organisationnels de telles structures étant relativement bien documentés, nous avons décidé de nous intéresser plutôt aux aspects subjectifs d’une telle expérience. La définition foucaldienne du pouvoir nous est apparue fort à propos pour une telle entreprise : il est conçu comme une force qui circule et transige entre les individus, dans toute relation et dans toutes les sphères de la vie sociale. Inévitable liant social, les relations de pouvoir sont également constitutives des sujets. Une telle conceptualisation du pouvoir nous apparaissait pertinente pour appréhender l’apparente contradiction de la persistance de rapports de pouvoir asymétriques dans des structures égalitaires, de même que pour comprendre les processus de subjectivation favorisés lors d’une expérience de démocratie directe dans le cadre du travail. Si les sujets se construisent dans les relations de pouvoir, comment des contextes autogérés influencent-ils la construction de soi? Nous avons utilisé une méthodologie qualitative. Nous avons choisi le récit d’expérience comme technique de collecte de donnée auprès des sept personnes répondantes, issues de six collectifs de travail autogérés. Les personnes participantes ont raconté leur expérience de l’exercice du pouvoir dans leur relation aux discours et pratiques propres aux milieux autogérés, ainsi que dans le contexte de leurs relations avec leurs cogestionnaires. Il en est ressorti que les discours et pratiques de ces milieux agissent comme des cadres qui à la fois contraignent l’action sur le milieu, mais aussi la rendent possible, à travers un processus d’appropriation d’une liberté déstabilisante. De plus, les relations de pouvoir, inhérentes à toute dynamique intersubjective, sont source d’une reconnaissance nécessaire pour agir sur soi et sur le milieu. Il est apparu que certains aspects de leur expérience d’autogestion favorisent des processus de subjectivation constructive, alors que d’autres sont synonymes d’un rapport à soi négatif. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autogestion; relations de pouvoir; récit d’expérience; subjectivation