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Françoise Collin a fait entrer le féminisme dans la philosophie, et la philosophie dans le féminisme. Figure marquante des lettres francophones, originale, radicalement plurielle, sa pensée nous rappelle que le féminisme n’est pas qu’une théorie ou une action politique. Il est une façon d’être au monde. Dans ces textes, elle explore les notions d’héritage, de filiation et de transmission entre les générations de féministes. Un puissant antidote à la division et à la démission. « Françoise Collin était une féministe in-comparable et une philosophe du politique. L’une n’allait pas sans l’autre. Toujours à l’affût dans le présent de ce qui interpelle, interroge, bégaye, balbutie. Avec le culot de l’interpréter, avec rigueur mais sans prétention, pour l’ouvrir à ce qui innove. » — Marie-Blanche Tahon
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Au Québec, l’intervention féministe se déploie significativement au milieu des années 1970 et se présente comme une alternative, à la fois thérapeutique et politique, aux thérapies traditionnelles dans le champ de la santé mentale et de la lutte contre les violences sexistes, pour soutenir les femmes et défendre leurs droits. Elle repose, entre autres, sur la conscientisation et la reprise de pouvoir, à la fois individuelle et collective, dans une société marquée par la discrimination sexiste. Plus récemment, la popularité de l’intersectionnalité, comme cadre d’analyse théorique, politique et pratique, amène les intervenantes féministes francophones à adopter un regard critique sur leurs approches et leurs postures, en considérant notamment l’imbrication du sexisme avec d’autres formes d’oppression comme le racisme. À partir de plusieurs travaux menés au cours des dernières années auprès de praticiennes, les autrices proposent de réfléchir au développement récent de l’intervention féministe sous l’influence de l’intersectionnalité. Cet article suggère quelques pistes d’analyse sur les enjeux organisationnels et relationnels avec lesquels les groupes et les intervenantes doivent composer dans un contexte social et d’intervention qui se complexifie.
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Le présent mémoire propose une revalorisation de l’amitié féminine, trop souvent mise de côté dans la littérature et traditionnellement pensée au masculin. Il est question d’analyser les impacts de cette relation dans la vie des femmes en observant la façon dont elles se construisent un espace politique de complicité et de résistance. Ce travail se divise en quatre chapitres : le premier met en place les assises théoriques qui cadrent l’étude des romans et les trois chapitres suivants analysent les oeuvres Baise-moi de Virginie Despentes (1993), Les inséparables de Marie Nimier (2008) et Petite laine d’Amélie Panneton (2017). Afin de comparer ces livres, l’amitié se divise en trois espaces : l’espace textuel, chronotopique et symbolique. L’espace textuel propose d’observer l’articulation de l’amitié selon les trois modes narratifs que propose Susan Lanser (les voix auctoriale, personnelle et collective). Il s’agit de créer un langage qui puisse exprimer l’amitié à sa juste valeur. L’espace chronotopique est conçu selon le concept de chronotope qu’élabore Mikhaïl Bakhtine. Il est utilisé pour comprendre les relations de l’espace-temps de l’amitié entre femmes dans les romans et en dresser les valeurs importantes (la rencontre, les liants, la confluence des identités et les péripéties). Dans l’espace symbolique, l’amitié donne aux femmes la force de résister et de lutter contre les oppressions qu’elles vivent. La dimension politique prend tout son sens lorsqu’on attribue la fonction de résistance à l’amitié, qui constitue un environnement en quelque sorte à l’abri des forces hégémoniques et qui travaille à les contester et à les défier. Ainsi, le mémoire propose de replacer l’amitié féminine dans des espaces de résistance et de lui accorder une valeur politique afin de mieux comprendre et expliciter cette relation si fondamentale dans la vie des femmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amitié féminine, solidarité, résistance, sororité, narratologie féministe, chronotope, Virginie Despentes, Marie Nimier, Amélie Panneton
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Le 28 juillet 1909, le navire Adventure appartenant à la compagnie de fourrures Revillon Frères quitte Montréal pour un voyage de plus de deux mois dans le Nord canadien. Il visitera les postes de traite des îles Strutton, de Port Harrison (Inukjuak), de Churchill et de Fort Chimo (Kuujjuaq). À son bord se trouve Hugh A. Peck (1888-1945), un jeune étudiant en architecture issu de la bourgeoisie canado-écossaise montréalaise. Intéressé par le milieu des arts, Peck profite de ce périple pour rapporter plusieurs photographies : les siennes, mais aussi celles qu’il échange avec d’autres photographes amateurs présents dans ces zones. Il tiendra aussi un journal de bord et amassera plusieurs artefacts inuit lors de ce voyage. Il revient le 6 octobre 1909 à Halifax. Suivant son arrivée, il fera la conception d’un album photographique regroupant 293 photographies, quatre découpures de journaux et deux photographies prises en 1905 et en 1912. L’album de photographie, le journal de bord ainsi que la collection d’artefacts inuit sont aujourd’hui conservés au Musée McCord de Montréal. Ce mémoire tente de saisir la démarche entourant l’album de photographies conçu par Hugh A. Peck. Pour ce faire, cette recherche retrace le parcours biographique de l’artiste multidisciplinaire Hugh A. Peck, jusqu’à maintenant méconnu. Un examen approfondi du contenu de l’album photographique met en lumière l’acte de mémoire biographique, mais aussi collectif, que représente la conception d’un tel objet culturel. Cette analyse démontre également comment la circulation d’images traverse un réseau d’échange entre photographes amateurs. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Hugh A. Peck, album photographique, Musée McCord, Revillon Frères, photographie amateur, XXe siècle, représentation du Nord, réseau d’échange, mémoire, Québec, Canada, Nunavik, Nunavut, Inuit, Autochtones
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Le présent mémoire s’inscrit dans une volonté de décolonisation du discours médiatique. Il analyse la transformation du traitement médiatique accordé à la question des femmes autochtones disparues et assassinées au Canada à partir d’un corpus d’articles provenant de deux journaux québécois francophones. Les articles ont été écrits entre 1996 et 2018 par des journalistes de La Presse et du Devoir. Cette recherche mobilise une approche sociologique qui est ancrée dans les études féministes intersectionnelles et décoloniales et s’appuie sur la méthodologie d’analyse française du discours. Cette recherche a permis de montrer qu’il existe une idéologie coloniale dans le traitement médiatique de la violence faite aux femmes autochtones et de démontrer le renouvellement de ce discours colonial à travers le temps. En effet, le discours médiatique sur cette question s’est transformé, passant d’un discours portant sur les femmes autochtones disparues et assassinées comme des faits divers (1996 à 2004) à un discours axé, d’un côté, sur les inégalités socio-économiques et, d’un autre côté, sur l’indifférence générale envers le phénomène (2004-2015), pour finalement arriver à un discours qui aborde les causes sociohistoriques (qui seront présentées en détail au chapitre IV) et les rapports de pouvoir coloniaux (2015-2018). Cette évolution dénote aujourd’hui une volonté de la part des journaux étudiés de dénoncer le statu quo qui permet à cette violence de perdurer. Néanmoins, des angles morts persistants (voir section 4.1.4) de ce discours participent à la réaffirmation des normes sociales de la société dominante coloniale. De plus, le discours médiatique ne semble pas suffisamment problématiser les rapports de pouvoir coloniaux passés et présents. L’impact et la souffrance sociale qu’ont eus et ont toujours les politiques coloniales sur les Autochtones ne sont pas présents dans le traitement médiatique analysé. De plus, l’amalgame entre la prostitution et la figure de la suffering helpless victim tendent à nuire aux femmes autochtones, et semblent dédouaner la société dominante dans le phénomène de violence envers les femmes autochtones. L’analyse souligne également le manque de sources académiques pour mieux cerner un enjeu si profondément ancré dans les structures coloniales de la société. Plus important encore, ce traitement médiatique met en avant des solutions exclusivement étatiques destinées à enrayer le phénomène de la violence envers les femmes autochtones. D’une part, cela invisibilise l’agentivité et l’autodétermination de celles-ci et des peuples autochtones en général, et d’autre part, ces solutions sont en tension, étant donné que l’État participe à cette violence. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : traitement médiatique, analyse du discours, femmes autochtones disparues et assassinées, décolonisation du discours, violence, violence colonial.