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En dépit de nombreuses recherches et d’un nombre considérable de publications qui traitent de la complexité de la question du voile musulman et de sa versatilité, en Occident, le discours public et les interventions étatiques qui ont visé à l’interdire continuent pour une large part d’associer le port du voile aux représentations remontant à l’époque coloniale qui en faisaient un outil d’oppression et d’asservissement. Le sous-texte qui accompagne ce phénomène est que la visibilité corporelle des femmes dans les modes occidentales « modernes » constitue une étape nécessaire de l’émancipation des femmes des liens du patriarcat, afin qu’elles puissent affirmer leur agentivité. D’une manière quelque peu similaire, les islamistes politiques, qu’ils occupent des fonctions officielles ou qu’ils soient des acteurs non étatiques, tiennent à l’idée que le voile est un instrument essentiel de la préservation de la culture et de l’identité musulmanes, et que sa seule présence représente une contestation de l’impérialisme culturel. Considérant que les interventions étatiques, tant en contextes musulmans qu’occidentaux, ont rouvert les débats entourant l’habillement des femmes musulmanes, cet article, en passant en revue un certain nombre de discours et de publications, cherche à approfondir deux questions essentielles : 1) la perception du public occidental, qui associe le port du voile à l’oppression et qui méconnaît, et par conséquent nie, l’agentivité des musulmanes ; et 2) le rôle que joue le vêtement, en tant qu’institution politique en contextes nationalistes musulmans et non musulmans, dans l’inclusion ou l’exclusion des membres du corps civique. En examinant certaines modes alternatives qui se développent en Iran, en Turquie, en Europe et en Amérique du Nord, cet article souligne les diverses façons par lesquelles les femmes ont utilisé et remodelé le voile et les styles vestimentaires musulmans pour gagner du terrain et étendre leur sphère de pouvoir tout en résistant aux institutions patriarcales au sein des espaces musulmans ou laïcs, voire en les subvertissant. De fait, au moyen de la mode et du vêtement, les femmes élargissent leur rôle public tout en élaborant de nouvelles formes de féminité. Ce faisant, elles affirment leur agentivité, tout ayant accès à de nouvelles opportunités. Cet article suggère que le souci de réglementer l’habillement des femmes et les codes vestimentaires, à la fois en contextes musulmans et laïcs, provient du désir de présenter une démocratie unifiée plutôt que pluraliste, et une identité nationale qui se traduit souvent par des pratiques d’exclusion.
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Originaire de Guadeloupe, Jade Almeida intervient tous les jeudis sur la web radio Neoquebec et participe à divers projets mettant les femmes noires au centre de la narration. Elle se positionne contre la négrophobie et la misogynie noire et tente de naviguer l’institution académique dans une optique de décolonisation.
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Cette émission n°72 est consacrée à la santé mentale à travers différents sujets, différentes sources, différents territoires ; Trinidad, Canada, Sénégal, France… On y parle exil, enfermement, complicité, famille, isolement, etc. Bonne écoute !
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Alors que de plus en plus de chercheurs s'intéressent aux violences basées sur l'honneur (VBH), les personnes aux prises avec ce type de problématique décrivent plutôt leur réalité en termes de conflits familiaux. Ce projet vise à explorer ces conflits intergénérationnels liés à l'honneur chez les adolescentes et les jeunes femmes sud-asiatiques en s'interrogeant sur la manière dont elles se positionnent en contexte de conflits. Cette recherche se divise en trois objectifs spécifiques : examiner les positionalités occupées par les adolescentes et les jeunes femmes en contexte de conflits, développer une meilleure compréhension des situations autour des points de tension pouvant transformer un conflit en VBH et explorer la dimension de l'honneur et ses effets. Pour mieux saisir le point de vue des adolescentes et des jeunes femmes, notre recherche s'ancre dans le concept théorique d'honneur dynamique de Crook, ainsi que celui de positionalité translocalisationnelle tel que développé par Anthias et appliqué dans un contexte d'honneur par Withaeckx et al. Nous avons observé comment les adolescentes et les jeunes femmes se positionnent, mais également comment elles sont positionnées en situations de conflits. À partir d'une méthodologie qualitative exploratoire et d'un échantillon composé de six personnes et divisé en deux sous-groupes distincts (trois jeunes femmes ayant vécu des conflits s'étant résorbés et trois adolescentes ayant été exposées aux VBH), nous avons réalisé des entretiens individuels semi-dirigés fondés le récit de vie thématique et permettant de mettre en évidence les situations de conflits. Grâce à une analyse des contextes dans lesquels se déroulent les conflits, de la signification qu'ils possèdent et de l'impact du temps sur ceux-ci, nous développons une meilleure compréhension des situations pouvant les déclencher. Nos résultats révèlent que les principales zones de tension affectant les adolescentes et les jeunes femmes se situent autour de leur cheminement scolaire, de leur développement individuel à l'extérieur de leur domicile familial ainsi que de leur rapport aux garçons et aux fréquentations amoureuses. Les adolescentes et les jeunes femmes ont tendance à développer une perception plus individualiste de la réalité qui peut entrer en contradiction avec la vision du monde de leurs parents, qui privilégient généralement les intérêts familiaux. Devant ces perspectives parfois incompatibles, le temps peut diminuer ou augmenter l'intensité des tensions. Il représente également un élément favorable à l'émergence, chez les adolescentes et les jeunes femmes, de stratégies leur permettant de faire face aux conflits en évitant leur escalade. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : conflits intergénérationnels, honneur, violences basées sur l'honneur, jeunes femmes, adolescentes, Asie du Sud, deuxième génération, positionalité translocalisationnelle, intersectionnalité.
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« Almost 20 years after Māori scholar Linda Tuhiwai Smith’s call to decolonize research (Smith, 1999), significant progress has been made into drafting ethics principles to guide research with Indigenous people (e.g., CIHR et al., 2014). However, transforming principles into actual practices is easier said than done. It is increasingly recognizedthat “knowing the key guiding principles for research with Indigenous peoples is not always enough and [principles need to be]translated into day-to-day research practices”(Morton Ninomiya and Pollock, 2017, p. 29). This themed issue presents studies on various topics conducted in different geographical and cultural settings and suggesting concrete ways to decolonize research. The call for papers was issued following the 3rd Seminar on the ethics of research with Aboriginal people held at the Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue in late 2014. Two previous editions of the seminar (in 2009 and 2011) had invitedparticipants2to share experiences of good and bad research practices, summarized in Asselin and Basile (2012). The 3rd seminar took a step further in focusing on concrete ways to decolonize research.In what follows, we discuss research decolonization and summarize the key messages from the keynote speakers of the 3rd seminar, some of which have contributed papers to this themed issue. Additional contributions widened the geographical scope considered (Canada, Mexico, Peru) in addition to providingmore examples of concrete ways to decolonize research. » [Extrait original p. 643-644|
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La jouissance des femmes est généralement chose taboue et irreprésentable. Iris M. Young parle de « la répression du désir féminin actif et autonome » (2007), et Gayatri C. Spivak de « l'effacement du clitoris » (2009). Face à cet ordre, à la fois violent et banal, plusieurs stratégies de subversion demeurent possibles. Ainsi, Nicole Brossard déclare : « Écrire ça écrase tout ce qui s'oppose à la jouissance, à l'unanimité en soi ». Son essai poétique La lettre aérienne (Remue-Ménage, 1985) révèle cette jouissance, cette « unanimité en soi » qui se réalise dans le geste amoureux et frénétique de l'écriture. « Mais, remarque Pierre Nepveu, comme il est frappant de constater combien cet élan, qui suppose un combat, un arrachement, conduit au-delà de toute violence » (1989). Même si le constat de l'extérieur tient en ceci : « Notre mémoire est courte, nos héroïnes rares et camouflées par la censure, nos sens altérés par un conditionnement à l'effacement » (LA, p.99), nous allons démontrer combien la jouissance à l'œuvre dans La lettre aérienne est antithétique à l'abnégation, à la traditionnelle et gluante honte, ainsi qu'à l'écrasement des forces intérieures. Cette jouissance prend naissance dans une subjectivité forte et cultivée sans compromis. Brossard souhaite demeurer au plus près de ce qu'elle appelle « la chair de l'écrivain », donc tout près du désir, un désir sans objet et « en lui-même le lieu de plaisir » (Jean Fisette, 1979). La lettre aérienne atteste que la jouissance n'est pas restreinte au corps, qu'elle est une vaste forme d'émerveillement, un trop-plein d'imagination, une intimité redoutable, voir un sens de la métamorphose prenant racine dans l'écriture, pouvant aller jusqu'à bouleverser le réel. Ce mémoire propose d'explorer le lien entretenu par Brossard entre littérature et vie, la littérature étant génératrice de vie et permettant de « vivre d'une autre vie, [...] sentir que notre vie est une œuvre » (Rivard, 2010). C'est ainsi que nous en viendrons à parler de jouissance en tant qu'écologie, maison et floraison. Le phénomène de la jouissance ne répond pas du tout à la socialisation des femmes et aux interdits intériorisés, qui étouffent leurs aspirations intimes, la confiance en leur subjectivité et le goût de l'existence. Nous soutiendrons que la jouissance trouvée dans l'écriture est un tour de force, prenant ancrage dans une foi en la langue et la vie. Il s'agira de mettre en relief « la femme bouillonnante et infinie [qui] donne tant de fil à retordre » (Cixous, 1975) aperçue dans La lettre, revendiquant la hardiesse d'une subjectivité enfin reconnue; femme foisonnante et téméraire découvrant des prises sur le monde. Nous poursuivrons donc les cinq objectifs suivant : éclaircir la notion de jouissance; approfondir la poétique des genres; étudier l'énonciation brossardienne; observer la logique du débordement; saisir le nouvel espace politique déployé dans La lettre. ____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : La lettre aérienne, Nicole Brossard, Littérature québécoise, jouissance, XXe, essai, études féministes, poétique, énonciation, performativité
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Cette recherche vise à explorer les expériences et représentations des femmes indiennes universitaires quant à leur santé sexuelle et reproductive. Plus précisément, il s'agit d'explorer les normes sociales et les enjeux associés à la décision d'avoir une vie sexuelle active ; de documenter les expériences et perceptions des femmes quant à leurs connaissances et à l'utilisation des méthodes de contraception ; et de décrire leur pouvoir de décision et de contrôle sur leur stratégie contraceptive. Pour y arriver, une recherche qualitative exploratoire a été menée de septembre à novembre 2016 à Mumbai, en Inde. Les 10 participantes sont des étudiantes au collège ou à l'université, sexuellement actives dans les douze derniers mois, âgées de 20 à 25 ans, qui ont pris part à une entrevue semi-dirigée de 60 minutes. Les résultats indiquent que les jeunes femmes universitaires font face à de nombreux obstacles à l'atteinte d'une autonomie reproductive et donc, d'une santé sexuelle et reproductive optimale. Tout d'abord, les normes patriarcales établies par les structures sociales et culturelles influencent les représentations de la sexualité féminine dans la société. Ensuite, quant aux expériences sexuelles des participantes, elles sont modulées par la famille et le réseau des pairs ; le premier étant un obstacle et le deuxième étant un facilitateur à la transgression des normes et des attentes sociales envers les femmes. Enfin, plusieurs facteurs interpersonnels et individuels élaborés dans ce mémoire jouent un rôle déterminant dans l'atteinte d'une autonomie reproductive. Pour conclure, il sera pertinent de se pencher sur les limites de cette recherche ainsi que sur des recommandations. Or, considérant que des changements majeurs sont nécessaires à plusieurs niveaux, des recommandations globales seront proposées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autonomie reproductive, santé sexuelle et reproductive, justice reproductive, méthodes contraceptives, étudiantes collégiales et universitaires, Mumbai, Inde
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Ce mémoire a pour domaine de recherche le tatouage et porte spécifiquement sur les femmes hautement tatouées. J’y explore la dimension de la présentation de soi et de l’expérience sociale dans les lieux publics montréalais sous l’angle des interactions. Dans le cadre de celles-ci, les femmes hautement tatouées mettent en scène des stratégies d’évitement, de confrontation ou de légitimation, et ce de manière quotidienne. Malgré ces différentes stratégies utilisées, des situations de conflit peuvent se manifester lors d’interactions. À la lumière du corpus d’analyse qui provient d’entretiens semi-dirigés effectués avec huit participantes hautement tatouées et des thèmes qui y sont abordés, il a été possible de créer une typologie quant aux situations de conflit, ainsi qu’identifier différentes stratégies qui se situent dans un continuum, où le choix stratégique oscille entre un désir de conformité et un désir de résistance par rapport aux attentes normatives. De manière générale, ce mémoire a pour but de documenter l’expérience sociale des femmes hautement tatouées dans les lieux publics à Montréal, afin de démontrer selon une perspective féministe matérialiste l’influence des rapports sociaux de domination entre les sexes sur l’expérience des femmes des lieux publics, les perceptions sociales des femmes tatouées et les stéréotypes qui perdurent, malgré la popularisation de la pratique du tatouage. ___________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Tatouages, femmes, interactions, lieux publics, conflits
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La présente recherche vise à identifier la volonté et la capacité des féministes blanches à servir la dé-marginalisation du féminisme lors d'un évènement altermondialiste qui se déroule au Nord. À l'aide d'une analyse féministe postcoloniale du Forum social mondial (FSM) qui s'est tenu à Montréal en août 2016, nous questionnons plus précisément la possibilité pour les militantes d'œuvrer à valoriser le savoir et les luttes de femmes racisées, sans reproduire de rapports de pouvoir liés aux privilèges de leur blancheur. Le dispositif d'investigation se base sur neuf entretiens semi-directifs avec des membres et des non-membres du comité Féminismes du FSM de Montréal. Le travail du comité reflète le consensus autour de l'importance de décentrer, dé-marginaliser et décoloniser les savoirs féministes. Cet impératif nait de la visibilité et de la légitimité grandissante des féministes dissidentes, y compris musulmanes, dans un contexte occidental où parallèlement, le racisme anti-musulman persiste et grandit. En solidarité, les féministes blanches ont à cœur de combattre les multiples oppressions dont elles sont témoins dans les milieux militants ou dont elles entendent parler à l'université. Nous démontrerons qu'une autocritique de la part de celles appartenant au groupe dominant peut d'une certaine façon contribuer à la dé-marginalisation du féminisme. MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminisme postcolonial, néo-orientalisme, dé-marginalisation, privilèges, blanchité, Forum social mondial, altermondialisme.
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Dans le cadre de ce mémoire, je souhaite comprendre la sous-représentation des mères dans trois organisations féministes radicales montréalaises : Les Sorcières, la Coalition féministe radicale contre le G20 et le Montreal Sisterhood. Pour ce faire, j'explorerai les pratiques et les discours relatifs à la maternité de celles-ci. Dans un premier temps, j'explorerai quelques-unes des logiques qui traversent le féminisme radical et la construction de son rapport au militantisme. De plus, j'étudierai l'implication des mères dans ces collectifs, les difficultés qu'elles y rencontrent ainsi que les éléments facilitant leur participation politique. Il sera démontré que, bien que les affinités politiques soient importantes afin de comprendre le rassemblement des militantes en collectif, ce sont davantage les relations d'amitié qui permettent aux membres de ces groupes de rester soudés. Dans ce jeu du maintien et de la création de nouvelles amitiés, les mères se trouvent défavorisées face à leurs camarades militantes. Bien que certains collectifs féministes radicaux tentent de mettre en place des mesures permettant la participation des mères aux rencontres des collectifs, il n'y a aucune mesure (ou peu) ou aménagement des activités de l'entre-soi militant, comme les activités sociales, appartenant au répertoire d'action de la gauche radicale. Pourtant, ces moments sont identifiés comme majeurs afin de permettre le maintien et le renforcement des liens affectifs et des relations significatives entre militantes. C'est à l'aide de trois méthodes de cueillette et d'analyses de donnée que j'ai pu arriver à ces constats. Dans un premier temps, j'ai effectué des entretiens semi-dirigés réalisés auprès de huit membres présents ou passés de ces organisations. Ensuite, j'ai compilé les résultats de questionnaires sociodémographiques auprès de ces mêmes participantes. Finalement, j'ai passé en revue près de 450 pages de matériel militant rédigé de 2000 à 2016 afin d'en faire une analyse de discours. ________________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : militantisme, maternité, féminisme radical, Montréal, amitié, articulation travail militant-famille.
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La théorie, un dimanche Nouvelle édition [éd. originale 1988] C’est à l’invitation de Nicole Brossard que Louky Bersianik, Louise Cotnoir, Louise Dupré, Gail Scott et France Théoret se réunissent, tous les deux mois, autour de thèmes et d’enjeux de la pensée et de l’écriture féministe. Elles publieront, ensemble, un livre composé d’essais et de fictions. Nous sommes en 1988. Les femmes de La théorie, un dimanche, chacune par le biais de son œuvre à elle, mais ici toutes ensemble, ont marqué la littérature des femmes et la pensée féministe. La théorie, un dimanche est un incontournable, un classique. Martine Delvaux / extraits de la préface
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Cet article soutient que la médiatisation des hashtags #metoo et #Balancetonporc, par laquelle le public a pu découvrir la vigueur des mobilisations féministes en ligne, est une manifestation de l’émergence récente d’une Quatrième Vague féministe. Pour cela, l’étude adopte une définition empirique du terme de vague, qui permet d’attester de son existence en fonction de trois critères mesurables dont deux sont testés et validés. Le premier critère requiert d’observer une hausse de l’intérêt public pour les thèmes liés au féminisme ou aux rapports de genre, et il se vérifie tant au niveau des intérêts de recherche des internautes qu’au niveau des sujets discutés à l’Assemblée Nationale. Le second critère exige d’attester d’une reconfiguration des idées et/ou pratiques militantes. Sur ce point, le rôle de la démocratisation des réseaux sociaux, de la restructuration du marché cognitif qu’ils opèrent et du régime de visibilité panoptique qui les caractérise est examiné.
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Cette dissertation se penche sur les interactions entre le jazz, l'identité, la nation et la modernité durant le soi-disant âge d'or du jazz à Montréal (1925-1955). À la croisée de la musicologie, des études de la condition féminine (études féministes noires et méthodes de recherche féministes en particulier), des études des médias et des études culturelles, je propose une réécriture critique de l'histoire du jazz montréalais, attentive au rôle que les femmes racisées et ethnicisées ont joué dans le développement de la scène jazz, et plus largement dans la formation des identités, des plaisirs, et des sons de la modernité québécoise. Le statut particulier de Montréal comme ville-spectacle en fait un riche laboratoire pour étudier les relations de collaboration créative entre les artistes (musiciens.ennes, chanteurs.euses, danseurs.euses) actifs sur le circuit du spectacle de variété noir du début du XXe siècle. Cette recherche met également en lumière la relation discursive qu'entretiennent le jazz et le vice dans l'entre-deux-guerres québécois, en particulier quant à l'incarnation sexuée et racisée de la moralité. Finalement, cette dissertation présente la première écoute critique ainsi que les premières notes biographiques détaillées d'artistes féminines de jazz montréalaises telles que les pianistes Vera Guilaroff et Ilene Bourne, des ensembles féminins comme les Sœurs Spencer et le Montreal Melody Girls Orchestra, des danseuses et chanteuses de variété noires telles que Tina Baines Brereton, Bernice Jordan Whims, Mary Brown, Natalie Ramirez, et Marie-Claire Germain, ainsi que l'enseignante de piano Daisy Peterson Sweeney et les enseignantes de danse Ethel Bruneau et Olga Spencer Foderingham.
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Cette thèse de doctorat traite des effets des stratégies et tactiques antiféministes sur les féministes québécoises œuvrant dans le secteur de la prévention et de la lutte contre les violences envers les femmes. J'y étaye l'hypothèse selon laquelle le contremouvement antiféministe force le mouvement féministe à adapter ses choix organisationnels, ses modes d'action et ses discours, au détriment de ses intérêts premiers. Cette recherche qualitative prend appui sur un corpus de 87 entretiens semi-dirigés menés entre 2006 et 2015 auprès de féministes à travers le Québec. Elle emprunte à l'épistémologie féministe une démarche d'enquête qui « interprète » au lieu de « valider » la perception des participantes à la recherche des conséquences qu'occasionne le contremouvement sur leur communauté, leurs organisations et elles-mêmes. Son originalité tient également au fait qu'elle promeut un cadre théorique qui permet de couvrir non seulement les dimensions micro et mésosociologiques de l'analyse, mais aussi macrosociologiques. En effet, les niveaux micro et mésosociologiques sont le plus souvent examinés à l'aide des propositions théoriques voulant que le contremouvement imite les pratiques du mouvement et que les interactions entre un mouvement et son contremouvement évoluent en fonction des coups qu'ils se portent. La dimension macrosociologique du conflit, soit les rapports sociaux de sexe, est quant à elle considérée à l'aide de la théorie du sexage de Colette Guillaumin qui réitère la présence des antagonismes sociaux qui opposent les femmes féministes aux hommes antiféministes. Dans l'ensemble, cette thèse présente les formes d'antiféminismes allant des moins organisées (antiféminisme ordinaire et antiféminisme anticapitaliste) aux plus organisées (l'antiféminisme religieux et conservateur ainsi que le masculinisme), pour ne retenir que le masculinisme comme communauté du contremouvement à l'origine des effets documentés. En discutant des phases de développement du masculinisme selon les avancées du mouvement féministe, elle souligne le caractère pernicieux des tactiques masculinistes mises de l'avant depuis son entrée dans sa phase d'institutionnalisation en 2010. En outre, elle démontre que les stratégies et tactiques masculinistes identifiées ont des conséquences d'ordre politique, c'est-à-dire qu'elles affectent la capacité du mouvement à transformer les rapports sociaux, à influencer les politiques publiques et à obtenir des ressources financières et matérielles. Le masculinisme produit aussi des effets organisationnels chez les féministes, que révèlent les ajustements du travail d'intervention, les modifications du répertoire tactique, les transformations des mandats organisationnels ainsi que les nouvelles divisions entre les féministes sur la question de la place des hommes dans le mouvement. Face au discours masculiniste de la symétrie de la violence et de la « crise » de la masculinité, l'enquête dévoile aussi des effets discursifs du masculinisme sur le travail de signification des violences faites aux femmes, de sorte que les féministes ont tendance à reléguer leur fondement sociologique au second plan. Enfin, les effets biographiques sont perceptibles à travers un engagement plus distancié des féministes qui cherchent notamment à se protéger des conséquences du masculinisme sur leur santé mentale. Plus encore, les transformations que provoquent les stratégies et tactiques masculinistes sur la communauté féministe font émerger d'importantes questions à propos de la sécurité des femmes victimes de violences masculines. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Contremouvement, antiféminisme, masculinisme, féminisme, violence.
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L’objectif général de la recherche est d’explorer l’accès des femmes victimes de violence (conjugale, sexuelle et/ ou exploitation sexuelle) au système de justice pénale au Québec, selon l’expérience de ces dernières, à partir de laquelle sont identifiés des obstacles et des leviers à l’accès à la justice. Ont été rencontrées 52 femmes vivant dans 10 des 17 régions du Québec, qui ont témoigné de leurs parcours (qu’elles aient choisi de ne pas porter plainte, que leur plainte ait été rejetée ou qu’elles aient cheminé dans le système au moins jusqu’à l’enquête préliminaire) par le biais d’entretiens individuels et collectifs semi-dirigés. Cette recherche contribue aux réflexions visant à transformer le traitement des femmes victimes de violence par le système judiciaire par une réelle prise en compte de l’importance du respect de leurs droits et de leurs besoins. Pour ce faire, nous avons : 1) documenté les expériences, dans le système judiciaire, de femmes ayant vécu de la violence; 2) identifié des pistes de solution concrètes afin d’encourager une adaptation du système, à partir de ecommandations émises par les participantes à la echerche. Les résultats recueillis montrent que l’un des besoins saillants exprimés par les femmes est d’améliorer leurs relations avec les différents-es acteurs-trices judiciaires (policiers-ères, enquêteurs-trices, procureurs-es, avocats-es de la défense, juges) rencontrés-es lors de leur parcours