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La présente thèse porte sur la mise en fiction de la colère dans la prose narrative des femmes au Québec. Il s'agit de montrer que la colère, émotion taboue et honteuse, joue dans les œuvres étudiées (Fleurs de crachat [2005] de Catherine Mavrikakis, Les Laides Otages [1990] de Josée Yvon, Les Enfants du Sabbat [1975] d'Anne Hébert, Désespoir de vieille fille [1943] de Thérèse Tardif, La Chair décevante [1931] de Jovette Bernier et Angéline de Montbrun [1882] de Laure Conan) le rôle de moteur textuel : elle irradie dans le tissu narratif en produisant du discours. Les œuvres appartiennent à différents moments-clés de l'histoire littéraire des femmes au Québec : il s'agit également de montrer que la colère tient lieu de paradigme. Malgré d'évidentes transformations dans la fiction au fil du temps, il existe des recoupements limpides entre des romans publiés à différentes époques ; sans jamais gommer ces transformations, je considère la colère comme un héritage de premier plan qui marque la fiction des femmes au Québec depuis ses débuts. Différents points de convergence sont suivis tout au long de l'analyse : l'assimilation de la protagoniste de chaque texte à une figure archétypale de l'imaginaire féministe (guérillère, « folle » / sorcière, gorgone) ; la récurrence de procédés textuels (répétitions, accumulations, contradictions) mimant la colère et faisant déborder le discours ; l'intégration des codes de la tragédie et du mélodrame à l'intérieur de la forme narrative. La réflexion se décline en six temps. Après avoir conceptualisé la notion de colère à l'aune de discours philosophiques, sociologiques, politiques et littéraires (chapitre 1), je procède à une lecture à rebours des œuvres. J'observe les tensions entre un imaginaire de la dévastation et une écriture de l'excès dans Fleurs de crachat (chapitre 2) ; j'explore les mécaniques de la vengeance dans Les Laides Otages (chapitre 3), où la colère se manifeste par des accumulations et des hyperboles, et par le rappel de la tragédie dans la forme narrative ; je montre comment Les Enfants du Sabbat (chapitre 4) est également structuré autour d'une vengeance excessive, alors que la protagoniste, religieuse-sorcière violée durant son enfance, transforme le trauma de l'inceste en charge explosive contre des cibles symboliques (la pureté, la mise au monde) ; je m'intéresse ensuite à Désespoir de vieille fille (chapitre 5) et au discours confus d'une narratrice anonyme dont le célibat est à la source d'une immense colère ; j'analyse enfin la manière dont La Chair décevante recycle les codes du mélodrame pour inscrire dans la forme romanesque un puissant et inextinguible désir d'insurrection (chapitre 6). En conclusion, je montre que les enjeux analysés dans les œuvres sont préfigurés dans le premier roman écrit par une femme au Québec, Angéline de Montbrun. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : colère en littérature, vengeance, folie, sorcellerie, féminisme, littérature des femmes au Québec, littérature québécoise, Catherine Mavrikakis (1961-), Josée Yvon (1950-1994), Anne Hébert (1916-2000), Thérèse Tardif (1912-?), Jovette Bernier (1900-1981), Laure Conan (1845-1924).
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Cette thèse s'intéresse à l'inscription de la perspective maternelle dans les textes de femmes auteures de l'extrême contemporain français. Longtemps réduites à leur capacité de reproduction et ainsi considérées comme inaptes à la création, les femmes ont dû choisir entre la maternité et l'écriture. Si la mère était souvent l'objet du discours de ses enfants, elle-même n'avait généralement pas voix au chapitre. Notre travail analyse l'œuvre d'écrivaines qui explorent l'expérience de la maternité d'un point de vue maternel, avec ses dimensions personnelles, éthiques et sociales, permettant ainsi de montrer que les mères ne sont pas que mères, mais qu'elles peuvent être aussi des créatrices ainsi que des sujets désirés et désirants à part entière. À partir de l'étude des récits de soi suivants : Journal de la création (1990) de Nancy Huston, Léonore, toujours (1994) de Christine Angot, Philippe (1995) de Camille Laurens, À ce soir (2001) de Laure Adler, Le bébé (2002) de Marie Darrieussecq et L'inattendue (2003) de Karine Reysset, nous verrons comment les protagonistes considèrent la maternité non plus seulement comme un obstacle à la création, mais aussi et surtout comme une source d'inspiration. Leurs textes novateurs, qui favorisent l'écriture du quotidien et l'inscription de l'ambivalence maternelle, permettent de sortir la maternité de l'espace privé tout en rendant mieux compte que jamais de son caractère subjectif et intime. Grâce aux études féministes, aux études sur la maternité ainsi qu'aux théories de l'énonciation et de la narratologie, nous explorons la subjectivité des personnages maternels, la voix privilégiée par les narratrices et la manière dont chacune d'elles négocie son rapport à l'opposition création-procréation. Après avoir problématisé le concept de maternité d'un point de vue historique, social et littéraire, mis en relief l'apport des mères littéraires (A. Leclerc, C. Chawaf et A. Ernaux) des auteures du corpus et exploré les caractéristiques d'une éventuelle poétique de la « maternalité » (Hyvrard, 2011), nous abordons le rôle de l'écriture dans le deuil maternel, la manière dont la maternité peut contribuer à la « guérison » d'un trauma et la possibilité de concilier maternité et écriture de façon harmonieuse sans nier l'ambivalence maternelle. Nous proposons ainsi une lecture d'ensemble d'un important phénomène littéraire contemporain : les textes qui présentent la création et la maternité sous un angle nouveau et qui font émerger de nouvelles formes textuelles. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Maternité; identité; écriture; féminisme; narratologie; psychanalyse; extrême contemporain; littérature des femmes; littérature française.
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Le but de la présente recherche est d'observer la manifestation du discours et des comportements antiféministes dans les mouvements sociopolitiques d'extrême gauche en suisse-romande. Pour ce faire huit entretiens semi-dirigés ont été menés à l'été 2017 afin de collecter le matériel nécessaire à l'analyse du verbatim. La problématique soulevée se penche sur l'analyse des obstacles à l'identification des manifestations antiféministes. En effet, les militantes et politiciennes interrogées, n'ont pu nommer l'antiféminisme, bien qu'elles l'aient à plusieurs reprises dénoncé. Le champ d'analyse de l'antiféminisme ordinaire a été central dans l'analyse des discours puisque la manifestation de l'antiféminisme dans les mouvances d'extrême gauche est plus subtile et discrète comparativement à sa manifestation dans les partis de droite. C'est notamment dans cette démarche qu'apparaît l'intérêt de cette recherche. En effet, en plus de combler un manque de connaissance, le fait que l'antiféminisme à gauche apparaisse comme contre-intuitif constitue l'aspect central de ce travail. Afin de répondre à la problématique, en plus des champs de savoir liés à l'antiféminisme, d'autres champs d'analyse ont été abordés entre autres, la socialisation genrée, l'intériorisation des normes sexistes et le contexte politique spécifique à la Suisse. Ces derniers ont été articulés avec d'autres champs d'expertise en études féministes tels que l'analyse des mouvements sociaux (ex: le masculinisme), les femmes en politique, le sexisme, l'analyse du discours et les comportements misogynes, le backlash et les logiques réactionnaires. Les principaux résultats obtenus expliquent par trois grandes tendances l'absence d'identification de l'antiféminisme soit; (1) le parcours individuel et politique, (2) le manque de repères académiques ainsi que (3) l'influence de la culture de parti. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : antiféminisme, féminisme, femmes et politique suisse, extrême gauche
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Le présent mémoire explore le potentiel transgressif de la fantasy, et plus spécifiquement celui de la queer fantasy. Mettant en scène des personnages non binaires au sein du domaine générique hétéronormatif de la fantasy, ce sous-genre et ses représentations d’identités queer demeurent souvent indétectables. Afin de saisir les procédés à l’œuvre dans une telle invisibilisation, mon mémoire étudie l’identité narrative de « the Fool », dont la fluidité de genre engendre une multiplicité d’interprétations contradictoires chez les protagonistes, mais aussi chez les lectrices.teurs de la série, The Realm of the Elderlings de l’autrice américaine Robin Hobb. De fait, la plupart classent généralement le personnage en tant qu’homme ou femme, le figeant dans une seule catégorie. Il s’agit donc de voir comment le texte génère différentes formes de « lisibilités » de cette figure, dont l’accumulation crée paradoxalement son « illisibilité », soit une incapacité à la décoder en fonction de codes et signes associés au féminin et au masculin — qui sont néanmoins présents dans l’œuvre. Mon mémoire cherche à comprendre par quelles stratégies textuelles et discursives les structures du texte contribuent à brouiller le genre de « the Fool ». Considérant l’aspect transgressif du brouillage du genre, il interroge également la capacité de cette « illisibilité identitaire » du personnage à ébranler l’hétéronormativité, c’est-à-dire la norme hétérosexuelle selon laquelle il n’existerait que deux sexes distincts et complémentaires. Ma réflexion se décline en quatre temps. Dans un premier chapitre, j’élabore le concept de l’illisibilité identitaire, notion inédite proposée dans le cadre du présent mémoire et formant la clé de voûte de ma méthodologie. Afin d’en présenter les fondements théoriques, j’explore les concepts féministes, postmodernes, queer et narratifs y étant étroitement liés. Il s’agit de mettre en lumière les tensions entre le lisible (les identités narratives décodables) et l’illisible (celles qui sont invisibilisées), bases sur lesquelles s’édifie l’illisibilité identitaire. Les trois autres chapitres se penchent sur le personnage analysé, sur les différentes stratégies déployées au sein du texte afin de (re)produire son illisibilité identitaire et sur le potentiel transgressif de ces mécanismes. Il s’agit de retracer l’émergence progressive de la voix marginale de « the Fool », en passant de l’inscription d’une autorité et d’un contexte hétéronormatif dans la diégièse aux processus par lesquels ceux-ci sont déstabilisés. Donc, le deuxième chapitre traite de la manière dont la narration participe à la (re)production de l’illisibilité identitaire de « the Fool » par la mise en texte de divers points de vue situés dans des (con)textes hétéronormatifs ; le troisième démontre comment les règles narratives, génériques et de genre structurant le nom propre rendent illisible « the Fool » ; le quatrième illustre de quelles manières le personnage met en scène ses différentes identités, contribuant à la (re)production de son illisibilité identitaire. ___________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Illisibilité identitaire, genre, résistance, norme hétérosexuelle, queer, postmodernisme, fantasy, queer fantasy, The Realm of the Elderlings, L’assassin royal, Les aventuriers de la mer, Robin Hobb.
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Les logiques d'échange et intérêts contenus dans les scripts sexuels des femmes représentent un objet de recherche peu approfondi dans la littérature sociologique occidentale. Face à cette lacune, ce mémoire de recherche se donne pour mission l'exploration de l'idée que la sexualité des femmes possède une propriété échangeable dans des représentations émises dans le contexte culturel québécois. De telles représentations témoignent des conventions et prescriptions guidant la conduite sexuelle par la constitution de scénarios culturels (Simon & Gagnon, 1987). Pour comprendre les logiques d'échange, il est impératif de les situer à l'intérieur de la relation les négociant, celle-ci formant un circuit d'échange avec ses propres règles, significations et pratiques (Zelizer, 2001). La méthodologie se fonde sur une analyse de contenu qualitative visant les narratives véhiculées dans la télésérie La Galère par un processus d'abstraction emprunté à la théorisation ancrée (Strauss & Corbin, 1998). Les objectifs sont à la fois descriptifs, soit la composition d'une typologie classifiant des circuits d'échange typiques, et analytiques, soit une discussion théorique portant sur les ensembles de significations en tension dans les scénarios culturels analysés. Les résultats montrent que les quatre circuits type négocient, par de complexes ramifications, les échanges plus ou moins directs impliquant la sexualité et de multiples finalités de type utilitaire, incluant, sans s'y limiter, des bénéfices économiques. Les axes de tension identifiés dans les signifiants produits par le matériau analysé illustrent la présence de discours tiraillés entre un idéal de sexualité désintéressée et une abondante présence d'intérêts dans les scénarios culturels sexuels représentés. Ces axes de tensions appuient de plus la nécessité d'appréhender, en études féministes, oppression et émancipation dans une approche plaçant ces concepts en dialectique plutôt qu'en dichotomie (Chepp, 2015); dans le cas présent, pour mieux comprendre les logiques d'échange sexuel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sexualité, logiques d'échange sexuel, scripts sexuels, télésérie, analyse de contenu qualitative, féminisme, La Galère, narratives/narratifs
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L'approche intersectionnelle est en émergence dans les milieux de pratiques féministes. À l'aune de sa théorisation, la littérature, à son sujet, laisse entendre qu'elle serait profitable à la déconstruction de certains préjugés et qu'elle favoriserait une perspective plurielle dans les interventions sociales faites auprès de femmes immigrantes et racisées. Pourtant, on en connaît encore que peu sur ses usages. Que savons-nous sur la manière dont celle-ci peut s'intégrer aux différentes étapes du processus d'intervention dans les services professionnels œuvrant sur le terrain? Cette étude, de nature qualitative, traite de l'application de l'intersectionnalité dans les centres de femmes. Nous cherchions à connaître la manière dont celle-ci est intégrée par les intervenantes de centre de femmes avec les femmes immigrantes et racisées. Le premier objectif de notre recherche a consisté à repérer les dimensions intersectionnelles présentes dans les milieux d'interventions. En second lieu, nous avons tenté de cerner la pertinence et les contraintes de son utilisation. En nous inspirant de la méthode des récits de pratique, nous avons effectué des entrevues individuelles auprès de sept intervenantes des centres de femmes de Montréal qui travaillent avec des femmes aux prises avec diverses problématiques sociales. Dans cette recherche, la présentation de l'interprétation des résultats de notre analyse rend compte de la mise en pratique de l'intersectionnalité. On observe que cette approche offre une nouvelle compréhension des situations des femmes immigrantes et qu'elle permet de mieux composer avec les différences et les complexités des identités de celles-ci. On constate que sont mises en œuvre des stratégies en émergence dans les centres pour valoriser et légitimer le vécu des femmes racisées, lutter contre les préjugés et réfléchir à la posture sociale de l'intervenante. Or, on observe que des défis persistent dans l'intégration de l'approche intersectionnelle face à certaines problématiques spécifiques dans les processus d'intervention. L'on remarque que se détourner de l'attention de la domination du conjoint en violence conjugale n'est pas évident. L'analyse soulève des incohérences entre les éléments pris en compte et les moyens proposés pour parvenir à résoudre ce type de problème. Nous soutenons l'importance de poursuivre les recherches sur l'intersectionnalité en tant qu'outil d'intervention pour créer un espace inclusif dans les milieux féministes et soutenir les femmes immigrantes et racisées face au racisme et aux violences spécifiques portées à leur endroit. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : intersectionnalité, intervention féministe, travail social, stratégies d'intervention, centre de femmes, femmes immigrantes et racisées.
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Dans cette thèse, je propose une lecture de l'amour dans la littérature contemporaine des femmes (en France et au Québec). À partir des œuvres de Christine Angot, Nelly Arcan, Nina Bouraoui, Martine Delvaux, Camille Laurens, Catherine Mavrikakis et Tiphaine Samoyault, je m'intéresse à la manière dont l'amour donne forme à l'écriture. Une forme où l'usage du Je comme « pronom de l'intimité » (qui « n'a sa place que dans les lettres d'amour », écrit Christine Angot) infléchit une pratique de lecture amoureuse. Considérant que l'amour est « une source des graves malentendus » (Beauvoir, 1949) entre les hommes et les femmes, je choisis de fonder ma recherche sur une conception de l'amour en termes de rapport littéraire. Je me concentre sur les liens entre, d'une part, l'expérience réelle de l'amour que les textes font voir (sa force de ravissement et son impossibilité, en passant par son apprentissage et son échec) et, d'autre part, l'expérience de la littérature que font, pour elles-mêmes et entre elles, les femmes qui écrivent. Par « amour », il faut entendre, dans le cadre de cette thèse, une approche amoureuse : c'est-à-dire une façon qu'ont les narratrices de lire les signes de l'autre, tout en cherchant elles-mêmes (et en elles-mêmes), par l'acte d'écrire, ce que Christine Angot appelle un « noyau dur ». Ainsi, tenant compte de la fatalité qui circonscrit le destin des amoureuses dans la littérature, et le rôle ambigu que jouent les mots d'amour dans tout récit amoureux (« Les mots d'amour sont les mêmes, avec ou sans l'amour. », écrit Camille Laurens), au final, je pose la question de l'amour comme revendication d'une solitude à travers les actes d'écrire et de lire que mettent en scène les narratrices du corpus à l'étude. Partant en ce sens du constat que l'amour est une fiction, un rêve, un récit, un prétexte voire une disposition pour accéder au cœur de la littérature, je cherche moins à définir la vérité de l'amour comme sentiment que la vérité d'un projet littéraire dont l'amour est le sujet de prédilection. À l'histoire d'amour qui impose les questions du contexte et des circonstances, je réponds que la récurrence de certains lieux fournit, dans les œuvres à l'étude, une armature à l'écriture. Dépositaires d'images, de récits et d'une chronologie, ces lieux installent, dans les œuvres à l'étude, une double temporalité : celle d'une expérience conjuguée de l'amour et de la littérature. Ainsi, entre le souvenir concret que fait naître une histoire d'amour et l'intérêt que suscite la littérature en regard du désir de montrer ce qui est en jeu dans l'amour, je m'intéresse à l'idée d'un trajet où la littérature continue de faire signe à la littérature. Considérant que c'est sur le plan de la lecture que se crée le rapport d'amour ultime avec la littérature, je vise, par la recomposition de chacun des morceaux de cet argumentaire, à mettre en lumière une herméneutique féministe inédite de l'amour telle que me permet de l'élaborer la littérature contemporaine des femmes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amour, femmes, lecture, écriture, je, féminisme, filiation tragique, correspondances, trajet, interprétation littéraire, littérature contemporaine des femmes
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Ce travail de recherche dirigé s'intéresse aux différentes manifestations de la violence faite aux femmes en Inde, particulièrement à la violence mortelle envers les femmes. Il s'agit de démontrer l'existence d'éléments de continuité entre trois types de violence différents, c'est-à-dire les foeticides, ou avortements sélectifs des foetus de sexe féminin, les violences sexuelles et mortelles contre les femmes dans l'espace public ainsi que les violences contre les femmes dans les zones de conflit du territoire indien. L'analyse de chacune de ces manifestations de violence a été faite par le biais d'éléments de définition du concept de féminicide. Trois aspects de la définition de féminicide présentée dans ce travail ont été systématiquement analysés pour les trois types de violence identifiés. Chacun de ces types de violence se déroule dans le cadre de rapports sociaux de sexe inégaux, dans une situation d'impunité créée par le gouvernement indien et le concept d'intersectionnalité a permis de démontrer que les éléments identitaires des femmes indiennes autres que le genre jouent un rôle prépondérant pour expliquer la violence dont elles sont victimes. Cette analyse nous a permis de démontrer l'existence d'un continuum de la violence contre les femmes en Inde. Ce continuum s'étend de la sphère privée à la sphère publique et concerne le niveau local tout comme l'arène internationale. De plus, ce travail a aussi permis de démontrer la pertinence du concept de féminicide à l'extérieur du contexte latinoaméricain dont il est issu. Les résultats de ce travail se trouvent limités par le fait que seulement trois types de violence ont pu être analysés et que certains types de violences spécifiques au contexte indien, comme les épouses brûlées vives (bride burning) et les meurtres pour la dot, n'ont pas pu être intégrés à l'analyse. ___________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminicide, continuum de la violence, Inde, violence faite aux femmes
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Ce mémoire explore les processus interactionnels et les pratiques décisionnelles au sein des organisations féministes et les manières dont les participantes en font sens. Une revue de la littérature a démontré que les organisations féministes portent une attention particulière à l’inclusion des participantes dans le groupe et tentent souvent d’instaurer des rapports égalitaires entre les membres. L’observation de réunions d’une organisation sélectionnée a permis de décrire les pratiques et les stratégies utilisées par les membres. Il a été observé que plusieurs mécanismes contribuent à la création d’un climat de participation et d’échanges dans le groupe. Six entretiens semi-dirigés ont été réalisés avec des participantes de l’organisation afin de comprendre comment elles-mêmes font sens de leur expérience au sein du groupe. Il a émergé des observations que le souci d’inclusion des participantes se manifeste lors des processus de prise de décision, notamment avec la recherche de consensus. Les résultats suggèrent également que les participantes sont parfois confrontées à des contradictions entre les idéaux féministes et la pratique.
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La sexualité des femmes a longtemps été réprimée et certaines études concluent qu'elles portent encore un regard négatif sur leur masturbation et leur droit au plaisir sexuel (Hogarth et Ingham, 2009; Kaestle et Allen, 2011). Ceci est problématique dans la mesure où un rapport négatif à son plaisir sexuel, et plus précisément à la masturbation, mine potentiellement la santé sexuelle. Or, les études sur la masturbation féminine réalisées à ce jour n'ont pas détaillé les processus impliqués dans le phénomène de la masturbation des femmes et ses liens multiples avec la santé sexuelle. Cette recherche qualitative exploratoire s'intéresse à savoir comment une pratique régulière de la masturbation (définie comme une fois par mois ou plus) module la santé sexuelle des femmes à travers le développement du concept de soi sexuel. Cette étude a analysé le discours de treize femmes (âgées de 18 à 30 ans) sur leurs pratiques masturbatoires et a tenté de décrire les processus sous-jacents à une sexualité plus épanouie et une meilleure santé sexuelle. Ces analyses ont été complétées en interprétant la perception des femmes de cette pratique à l'aide du concept de soi sexuel et de théories critiques féministes. Les résultats tendent à montrer que les femmes qui se masturbent régulièrement ont une meilleure compréhension de leur soi sexuel en raison d'une plus grande aisance et connaissance corporelle, d'une meilleure reconnaissance de leurs désirs et leurs besoins sexuels, et d'une plus grande confiance en leur capacité à obtenir un orgasme. De plus, en contexte dyadique, elles semblent témoigner d'une plus grande confiance, et ce grâce à une meilleure connaissance de leurs préférences sexuelles, une plus grande appropriation de leur plaisir sexuel, une meilleure communication de leurs désirs et besoins sexuels, et une plus grande volonté à essayer de nouvelles pratiques sexuelles. Bref, cette étude précise la place essentielle qu'occupe la masturbation dans la construction d'une sexualité saine et épanouie. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : masturbation, masturbation féminine, santé sexuelle, concept de soi sexuel, scripts sexuels, réflexivité sexuelle
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Les zones frontalières sont redéfinies par le durcissement des frontières, à travers la construction de murs, le renforcement des contrôles internes et le durcissement des lois sur l'immigration. Cela crée un climat de peur pour les migrant.e.s non documenté.e.s. Aux États-Unis, certains États ont adopté, depuis 2000, des politiques restrictives concernant l'accès aux services fournis par l'État, tels que les soins de santé. Une analyse féministe et intersectionnelle est nécessaire à l'étude des impacts de ces lois. Ce mémoire utilise la métaphore des cages afin d'étudier l'accès des migrantes non documentées aux services de santé lorsque l'intersection des lois sur l'immigration et les soins de santé crée un environnement restrictif, à travers l'étude de cas de l'Arizona et du Texas. Il s'agit d'abord d'analyser l'évolution de la frontière mexicaine-etatsunienne et son impact sur les migrant.e.s non documenté.e.s. Deuxièmement, les impacts des restrictions à la mobilité sur la santé physique (soins préventifs, soins d'urgence et santé reproductive) des migrantes non documentées sont analysés. Enfin, le l'impact du discours anti-immigration et de cette intersection sur la santé psychologique des femmes sont analysés afin de comprendre comment ces politiques, combinées, aggravent les effets des traumatismes passés et en créent de nouveaux tout en restreignant l'accès aux services psychologiques. Ce mémoire démontre que l'intersection des lois sur l'immigration et les soins de santé affecte spécifiquement les femmes migrantes non documentées, car elles exacerbent les multiples oppressions qu'elles subissent en tant que femmes de couleur à faible revenu et sans statut légal. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : États-Unis, Texas, Arizona, frontière, région frontalière, internalisation, checkpoints, mur, barrière, soins de santé, migrantes non documentées, migration, intersectionnalité
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Ce mémoire s'intéresse aux liens sociaux de femmes âgées qui habitent seules dans la région de Montréal. Il s'inscrit dans le cadre d'une recherche intitulée Vieillir et vivre seul-e : comprendre la diversité des expériences et repenser les pratiques, dirigée par Michèle Charpentier, professeure et titulaire de la Chaire de recherche sur le vieillissement et la diversité citoyenne de l'UQÀM. En tenant compte du vieillissement accéléré de la population québécoise, de la féminisation de la vieillesse et des multiples reconfigurations des liens familiaux au cours du dernier siècle, nous observons une croissance du phénomène de l'habitat en solo chez les aînées. De plus en plus de chercheurs s'intéressent aux facteurs de vulnérabilité du vivre seule ainsi qu'à l'impact de l'isolement social et des différentes formes d'exclusion qui peuvent y être associés. Voulant s'inscrire dans la mouvance du renouvellement des savoirs dans le champ de la gérontologie sociale, cette étude mobilise le cadre théorique de l'intersectionnalité pour observer les expériences et les représentations des liens sociaux de femmes aînées vivant seules. Six femmes, âgées de 73 à 87 ans, ont témoigné par le biais d'entrevues semi-dirigées. Les résultats permettent d'éclairer la trajectoire résidentielle de ces femmes et de comprendre comment elle peut être conditionnée par leurs parcours matrimoniaux et certaines conditions de vie. Ces résultats dévoilent l'imbrication des liens sociaux et des parcours résidentiels faits de continuité ou de mobilité/transitions. L'étude démontre l'importance accordée par ces femmes à la dimension sociale de l'habitat ainsi que la centralité des liens sociaux dans la quotidienneté. Elle permet de mettre en évidence la fragilisation des liens existant dans le grand âge tout autant qu'elle expose la grande variabilité des sociabilités d'une femme à l'autre. La discussion témoigne du besoin d'une plus grande diversification des moyens de rejoindre les femmes dans le domaine de l'intervention psychosociale et d'arriver à une prise en compte des modes de socialisation des femmes aînées. Les résultats exposent la pertinence de rendre davantage visibles les services sociaux à l'extérieur du circuit médical ainsi que dans les lieux fréquentés par ces femmes. Pour que les femmes puissent en bénéficier, nous témoignons de l'importance d'une offre de transport adapté à la flexibilité et à la diversité des besoins des femmes rencontrées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes âgées, grand âge, vivre seule, liens sociaux, intersectionnalité.
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Près du quart des femmes québécoises nées pendant le baby-boom (1947-1956) n'ont pas donné naissance ni adopté un enfant au cours de leur vie. Ceci fait figure d'exception en Occident. Malgré le fait que les pourcentages de femmes sans enfant aient augmenté dans presque tous les pays industrialisés depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la province du Québec présente en effet la croissance la plus accélérée parmi toutes ces nations. L'époque prospère de l'après-guerre a permis d'amorcer des transformations sociales considérables, symbolisées au Québec par la Révolution tranquille. La laïcisation de l'État et de ses services, la démocratisation de l'éducation ainsi que la valorisation par les institutions de l'égalité entre les individus ont été des facteurs centraux de changements pour les couples, les familles et surtout les femmes. Celles-ci ont vu leurs choix de vie potentiels se multiplier. Elles ont massivement investi les universités et le marché du travail. Elles ont légalement eu accès à des moyens contraceptifs efficaces. Elles ont accédé à leur autonomie légale et financière et revendiqué leur égalité à travers le mouvement de luttes féministes. De nouvelles contraintes ont toutefois accompagné cette multiplication de possibilités dans leurs vies. La maternité est devenue un projet à concilier avec d'autres sphères très prenantes de la vie comme la conjugalité, les études, le travail ou les loisirs. Cette thèse comporte trois articles qui explorent l'influence des contextes socioculturels et politiques de l'après-Révolution tranquille au Québec sur l'expérience subjective et les parcours de vie des femmes sans enfant. Elle emploie un devis de recherche mixte séquentiel de type quantitatif-qualitatif qui exploite l'analyse des séquences des données du cycle 25 de l'Enquête sociale générale de Statistique Canada, ainsi que l'analyse d'entretiens semi-directifs auprès de dix-neuf non-mères québécoises nées entre 1947 et 1956. Le premier article, intitulé « Mobiliser les méthodes mixtes pour mieux comprendre les parcours de vie des femmes sans enfant », démontre l'apport d'une méthodologie mixte pour explorer la multidimensionnalité des parcours de vie des femmes sans enfant. L'analyse intégrée des résultats quantitatifs et qualitatifs élabore une typologie compréhensive de quatre différents parcours de vie (les « libertaires », la « vie de couple sans enfant », le « marathon de vie » et les « parcours vulnérables »), représentant chacun une imbrication particulière des trajectoires scolaires, conjugales et professionnelles. Le deuxième article, intitulé « Comprendre la non-maternité à travers le désir d'enfant : une cartographie des possibles », exploite les données qualitatives issues des entretiens pour comprendre les processus réflexifs et la complexité des contingences interrelationnelles qui sont à l'origine du désir ou non d'enfant. Les récits dégagent une diversité d'expressions et d'expériences du désir d'enfant à travers le temps. Certaines répondantes n'ont jamais ressenti de désir d'enfant et cette absence de désir a pu être vécue sans véritable contrainte dans un contexte social favorisant l'autodétermination des femmes. Le désir plus ou moins intense d'enfant chez d'autres n'a pas pris la forme d'un projet concret de grossesse en raison d'une variété de facteurs individuels, conjugaux ou professionnels. Le contexte social et culturel pendant la vie féconde des baby-boomers québécoises (1970-90) a pu garantir une marge importante d'autodétermination chez elles en leur donnant accès à de multiples options sur les plans scolaire, professionnel, conjugal et contraceptif. Ce même contexte d'ouverture a toutefois contribué en partie à limiter les possibilités de celles qui ont ressenti un désir d'enfant à un moment de leur parcours. À partir de l'analyse qualitative des entretiens, le troisième article, intitulé « La non-maternité des baby-boomers québécoises sous le prisme de l'autonomie », élargit la compréhension de la non-maternité en tenant compte de la complexité de l'autonomie reproductive des femmes. Les trois dimensions identifiées par la philosophe Catriona Mackenzie (autodétermination, capacité réflexive et auto-autorisation) servent à mettre en relief la diversité des enjeux déterminant les marges d'autonomie des femmes en matière de reproduction, plus spécifiquement pour celles qui n'ont pas eu d'enfant. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Non-maternité ; sans enfant ; femmes ; désir d'enfant ; baby-boom ; Québec ; choix ; autonomie reproductive ; approche qualitative ; approche quantitative ; méthodes mixtes ; parcours de vie.
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L'objectif principal de cette recherche est de comprendre le rôle de la violence policière dans la (re)production des rapports sociaux de sexe. Pour ce faire, elle se base sur l'étude du cas des favelas de la ville de Rio de Janeiro au Brésil, où ont été rencontrées une vingtaine de femmes. Suivant l'idée que la violence suit un continuum et qu'elle est structurée par les rapports sociaux, le processus de militarisation des favelas est analysé afin de mettre en lumière l'aspect sexué des violences; aspect généralement invisibilisé dans une littérature scientifique axée sur les acteurs masculins. Dans un premier temps, nous identifions quelles sont les diverses violences directes commises par la police, faisant ainsi ressortir le processus de sexualisation inhérent à l'action policière. Dans un deuxième temps, nous exposons les différents effets de cette violence dans la vie quotidienne des résidentes des favelas, démontrant que ses impacts s'inscrivent dans la division sexuelle du travail et contribuent à l'exacerber. Finalement, nous nous intéressons aux résistances de ces femmes, concluant qu'en même temps qu'elles fournissent un important vecteur de prise de pouvoir, elles sont aussi structurées par les rapports sociaux de sexe, l'imitant ses bienfaits pour les instigatrices même. Ces résultats ont été obtenus suite à l'analyse inductive de données qualitatives collectées lors d'une recherche de terrain menée en 2016 durant laquelle ont été menés des entrevues individuelles, un focus group et des observations participantes. À partir de ces témoignages, cette étude conclut que la violence policière maintient et reproduit le statu quo social et les privilèges, processus significativement façonné par les rapports sociaux de sexe. _______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Favelas, Rio de Janeiro, Femmes, Violence, Police, Résistances
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La violence familiale en milieu autochtone est maintenant reconnue comme un problème sérieux dont les causes remontent à l'histoire de la colonisation, qui a drastiquement changé le mode de vie des Autochtones pour imposer le mode de vie occidental et les dictats de la société patriarcale. Le travail social a également joué un rôle dans l'histoire de la colonisation, les travailleurs sociaux étant souvent ceux mandatés par l'État pour retirer les enfants des familles. Les institutions et le système de santé et services sociaux sont souvent mal adaptés aux réalités autochtones. Par conséquent, le niveau de confiance des Autochtones envers les services supposés leur venir en aide est très faible. Cette recherche qualitative a été réalisée avec l'aide de lignes directrices de recherche avec les femmes autochtones et selon une approche collaborative et féministe. Un comité collaborateur formé de femmes de Mashteuiatsh a eu l'occasion de se prononcer sur chaque étape de la recherche et co-construire certains de ses outils. Une séance de consultation initiale dans la communauté et des échanges avec le comité collaborateur nous ont permis d'identifier les objectifs de recherche suivants : 1) Décrire et analyser les perceptions qu'ont les femmes Ilnu de la violence familiale; 2) Dégager les principaux besoins en lien avec la violence familiale dans la communauté selon le point de vue des femmes Ilnu; 3) Dégager les principales pistes de solutions envisagées par et pour les femmes Ilnu. Six entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés avec des femmes Ilnu et un entretien de type groupe focus a réuni deux autres participantes. Les données recueillies ont été analysées à la lumière des théories du féminisme autochtone et de l'intersectionnalité. Nos conclusions font état de la place du silence, de l'intersection des oppressions et de l'internalisation de la violence coloniale dans la compréhension du phénomène de violence familiale. La recherche aura également permis de parler du rôle de la solidarité et de penser à des actions féministes autochtones comme pistes de solutions culturellement appropriées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes autochtones, Ilnu, Mashteuiatsh, violence familiale, féminisme autochtone, intersectionnalité, recherche-action collaborative, travail social.
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Le début du XXe siècle marque les premiers balbutiements de l'intérêt des féministes canadiennes pour la traite des femmes. Les féministes canadiennes découvrent un scandale international, la traite des blanches ; l'idée d'un trafic mondialisé de jeunes filles mineures enlevées et exportées dans le monde à des fins de prostitution forcée. L'apparition de cette préoccupation fait suite à l'impulsion d'une fédération féministe internationale, le Conseil International des Femmes (le CIF – fondé en 1888). Son association canadienne affiliée, le National Council of Women of Canada (créé en 1893) suit le mouvement et met lui aussi en place en 1904, un comité, nommé « le Comité pour la Suppression de la Traite des Blanches » et présidé par Amelia Gordon jusqu'en 1914. Nous verrons comment ce comité canadien s'approprie cette problématique et les réponses et réactions qui ont été développées. Notre source, les comptes-rendus du comité publiés chaque année, nous permettra d'analyser les réseaux et influences entourant le comité, l'imaginaire de la traite, ainsi que les actions proposées, pendant le mandat d'Amelia Gordon. Nous montrerons que le comité privilégie la prévention et l'encadrement de la jeune femme, plutôt que le sauvetage et la réhabilitation des femmes prostituées. Cela irait dans le sens de l'historiographie. La traite des blanches y est présentée comme un instrument de « contrôle social » envers la jeunesse féminine. Pourtant, cette approche plutôt oppressive est combinée à des revendications plus égalitaristes : l'égalité entre les hommes et les femmes dans la morale sexuelle, dans l'exercice de la justice, ainsi que dans le travail, avec la demande pour l'ouverture de nouveaux emplois féminins, comme le métier de femme policière. Cette recherche aspire à mieux saisir la complexité de ce féminisme maternaliste canadien, à partir d'un aspect encore inédit : la mobilisation contre la traite des blanches. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminisme, Canada, traite des blanches, traite des femmes, prostitution, moralité, Tournant du XXe siècle, jeune fille moderne.
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On voit apparaître, dans les années 1980 au Québec, une nouvelle forme d'écriture féminine, qui s'inscrit en continuité avec les valeurs qui caractérisaient les années 1970 et qui tente de repenser la littérature en intégrant les acquis du féminisme. En publiant des textes de fiction à travers ses pages, le magazine d'actualité féministe La Vie en rose participe à ce mouvement d'écriture qui tente d'explorer un nouvel imaginaire social et littéraire. Le support de la revue permet de mettre en valeur plusieurs écritures et agit comme un laboratoire où la littérature peut être repensée et transformée. Il s'agit de démontrer par cette étude que le magazine La Vie en rose agit comme une plate-forme qui permet de susciter et de diffuser un projet féministe collectif, y compris dans sa dimension littéraire, et que les textes de fiction publiés dans la revue participent à la création d'un nouvel imaginaire qui intègre les revendications et les aspirations des femmes, se manifestant ainsi sous la forme d'une écriture « métaféministe » qui trace tranquillement son chemin dans le paysage culturel québécois. De ce fait, c'est par le biais d'une analyse portant sur l'entrecroisement de différentes tendances de l'écriture féminine au sein du magazine, tel que la réécriture des genres littéraires de grande consommation, la présence de la figure de l'écrivaine et de l'intertextualité, ainsi que l'utilisation par les auteures de stratégies d'écriture science-fictionnelle, que nous verrons comment La Vie en rose agit comme un laboratoire d'écriture métaféministe qui tente de repousser les frontières de l'imaginaire social et littéraire féminin. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : La Vie en rose, écriture métaféministe, magazine, nouvelle, paralittérature, figure de l'écrivaine, intertextualité, science-fiction.
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Entre mai 2011 et novembre 2013, se sont tenus les États généraux de l'analyse et de l'action féministes (ÉG), organisés à l'initiative de la Fédération des femmes du Québec (FFQ). Pendant toute la durée du processus, la perspective intersectionnelle est apparue et restée au cœur des discussions et débats. Une réaction est toutefois devenue manifeste face à la mise de l'avant de la nécessité de réfléchir à l'imbrication des différents systèmes d'oppression dans la vie des femmes, notamment en portant un éclairage soutenu sur les rapports de pouvoir entre femmes. À partir d'une ethnographie par observation participante et non-participante menée lors des ÉG (novembre 2012 à février 2014), je propose d'analyser comment se met en place une structure temporaire de pouvoir au sein du mouvement des femmes du Québec, sur la base du concept de champs d'action stratégique (Fligstein et Mc Adam, 2011). Puis, à l'aide de la théorie des cadres de l'action collective (Benford et Snow, 2000), je suggère l'idée qu'un cadre de l'action collective intersectionnel s'impose dès le début des ÉG comme cadre d'injustice dominant, et que cela suscitera au sein de la démarche une dispute de cadres avec le cadre féministe universaliste. Finalement, à partir de la théorie du backlash (Mansbridge et James, 2012), je présente une lecture des rapports de pouvoir entre militantes féministes à travers ce que j'appelle une résistance négative au nouveau cadre de représentation collective ou un backlash intramouvement. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Backlash, Champs d'action stratégique, Cadres de l'action collective, Intersectionnalité, Universalisme, Laïcité, Rapports de pouvoir, Domination, États généraux de l'action et de l'analyse féministes, Fédération des femmes du Québec, Féminisme, Mouvement des femmes du Québec, Inclusion.
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Cette recherche s'intéresse à l'ouverture d'une perspective queer en histoire de l'art qui se caractérise par une inscription trouble à l'intérieur et à l'extérieur de l'académie. Tout d'abord, je tente d'y démontrer que les savoirs dits officiels et les histoires (de l'art) canoniques sont construits sur des processus de sélection et d'exclusion qui reproduisent des inégalités sociales. Face à ce constat, j'explore, à travers les écrits d'un grand nombre d'auteur.e.s queers, féministes et racisé.e.s, des postures résistantes aux savoirs dominants. En me penchant sur la question d'un temps queer, il s'agit de penser des relations dynamiques au passé, au présent et au futur. Or face à ma propre difficulté à compléter l'exercice en cours, ce mémoire réfléchit aux inévitables achoppements qui marquent le développement de savoirs critiques dans les institutions. En ce sens, l'échec devient ici partie prenante d'une posture queer qui s'inscrit non seulement en résistance face aux idées véhiculées par les savoirs dits officiels, mais qui cherche aussi à repenser les structures et modes d'écriture usuels des travaux savants. Affichant une méthodologie de la conversation, ce mémoire s'attarde à lire les œuvres de Sherrie Levine, d'Andrea Geyer et de Rashid Johnson à la lumière des idées d'auteur.e.s varié.e.s et, en échange, à voir dans ces œuvres des modèles pour penser autrement l'organisation des savoirs. Privilégiant la multiplication des voix au confort de la synthèse, ce mémoire donne chair à une pensée en flux, organisée selon une logique de renvoi d'idées. Il trace les contours flous d'une posture queer en histoire de l'art qui se définirait par son caractère indéfinissable, une posture qui fait de la mouvance une stratégie de résistance. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : queer, savoirs dominants, temporalités alternatives, échec
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Ce mémoire cherche à mettre en lumière les similitudes et les différences dans les structures argumentaires au sujet du travail du sexe/prostitution et sur le foulard islamique quant aux conceptions de l'autonomie mobilisées. Bien que l'autonomie ne soit pas le seul élément de fond dans ces débats, il semble être un indicateur possible des clivages conceptuels entre les différentes positions adoptées pour chacun des débats. Le matériel exploité est celui du corpus des mémoires déposés dans le cadre de consultations sur le projet de loi C-36 (au fédéral) et sur le projet de Charte de valeurs québécoises (au provincial). C'est à l'aide d'une grille d'analyse de contenu, qui décline le concept d'autonomie en deux différents axes, interne-externe et neutre-moral, que sont passés au peigne fin les deux ensembles de mémoires. Les conclusions pointent vers une impasse conceptuelle entre les différentes positions (pour ou contre une législation sur le foulard islamique et abolitionnistes ou pro-travail du sexe). Ainsi, la recherche indique aussi que l'autonomie serait un concept à géométrie variable qui s'adapte en fonction des débats, mais surtout selon les positions défendues. L'auteure y voit un risque d'en faire un concept à géométrie maniable qui devient un instrument justifiant les positions adoptées plutôt qu'un de leurs fondements.