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Dans cet article fondateur, K. Crenshaw introduit le concept d’« intersectionnalité », pour penser le caractère composé des effets de subordination liés à des facteurs comme la race, le genre, l’âge, la sexualité, etc. Elle analyse d’abord trois affaires juridiques qui ont traité des questions de discrimination raciale et sexuelle pour montrer les limites des « analyses à enjeu unique » : DeGraffenreid v. General Motors, Moore v. Hughes Helicopter, Inc. et Payne v. Travenol. Dans aucune de ces affaires, les tribunaux n’ont permis aux plaignantes d’alléguer une discrimination fondée à la fois sur la race et le sexe. K. Crenshaw montre qu’il faut penser l’intersectionnalité des discriminations pour saisir et corriger la situation particulière des femmes noires. Dans un second temps, elle élargit la réflexion vers le cadre sociopolitique et suggère que la condition des femmes noires doit être mieux prise en compte tant par les mouvements féministes que par les mouvements anti-racistes.
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Cet article a pour objectif d’évaluer la portée descriptive de la notion de « triangle de velours » pour comprendre la réussite de certaines collaborations féministes avec l’État québécois. La notion de triangle de velours a été élaborée par Alison Woodward en 2003 avec la volonté de rendre compte des alliances établies entre les féministes de la base, les expertes universitaires et les féministes dans les appareils d’État afin d’incorporer les luttes pour l’égalité dans les politiques publiques. Cette notion sera mise à profit dans le contexte québécois pour rendre compte de la complexité et de l’étendue des alliances parmi les féministes dans cadre des luttes pour la liberté d’avortement et l’équité salariale. Les matériaux principaux de notre analyse sont des entretiens semi-dirigés portant sur les récits de féministes militantes engagées dans ces luttes au Québec.
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Prenant acte de la rareté des analyses critiques du droit civil au Québec, l'autrice veut contribuer à la recherche dans le domaine du droit en proposant une nouvelle méthodologie féministe. Elle s'appuie sur la théorie du point de vue situé et une prise en considération du pouvoir performatif de la norme de genre (et des rapports sociaux de sexe) sur le droit positif. Ces outils l'amènent à remettre en question des concepts fondamentaux en droit civil et à mieux comprendre le rôle du Code civil du Québec dans la reproduction des rapports sociaux de sexe. De manière plus pratique, l'autrice utilise cette méthodologie pour s'interroger sur le sujet de droit, en droit civil, et la construction apparemment asexuée de catégories telles que celles de "propriétaire" et de "locataire"
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Le voyage et l'appropriation des théories queer dans les milieux féministes francophones du Québec ont été particulièrement longs et ardus, appelant un questionnement non seulement sur les raisons de ce retard, mais aussi sur les dimensions qui ont permis, ultimement, l'intégration des théories queer chez les féministes francophones. Combinant des outils analytiques en provenance de la littérature sur la diffusion des mouvements sociaux (passeurs oubrokers, cadres interprétatifs, répertoires d'action collective, etc.) et une approche en idées politiques, nous analysons l'insertion des théories queer chez les féministes en deux temps. Dans un premier temps, les intellectuelles féministes critiquent de manière assez généralisée les théories queer, critiques regroupées en 3 axes : 1) la déconstruction des femmes et des lesbiennes en tant que sujet politique ; 2) l'investissement dans l'univers symbolique du politique comme espace de subversion, au détriment des relations matérielles et des structures de pouvoir ; et 3) la disparition de la spécificité lesbienne et l'absence de remise en question des privilèges masculins dans les mouvements queer. Dans un deuxième temps, le travail de passeur des Panthères roses–groupes queer radical–permet la traduction des cadres (frame bridging) et leur inscription dans un répertoire d'action reconnaissable des féministes, répondant ainsi à deux des trois axes de critiques. Nous avançons donc que ce rôle de passeur permettra d'ouvrir une brèche qui, rapidement, permettra l'inscription et l'intégration, même si conflictuelles, du queer dans les milieux féministes francophones. The travelling and appropriation of queer theory by francophone feminists in Quebec have been particularly long and arduous, prompting an inquiry into not only the reasons for this delay, but also into the elements that ultimately allowed for an integration of queer theory among francophone feminists. Combining tools from social movement literature on diffusion (brokerage, frames, repertoire of contention, etc.) and a political theory approach, this article divides the integration of queer theory among francophone feminists into two moments. In the first instance, activists and academic feminists have generally received queer theory with considerable criticism, which we have regrouped into 3 axes: 1) the deconstruction of women and lesbians as political subjects; 2) the investment in the symbolic aspects of politics, to the detriment of material relations and structures of power, and 3) the erasure of lesbian specificity and the absence of male privilege examination. In the second moment, the work of the Pink Panthers–a radical queer group–allows for frame bridging and the use of a recognisable repertoire of collective action to address two out of the three axes of criticism. This article suggests that the process of brokerage creates a crack in the wall of resistance that will quickly become a space for the insertion and integration, even if still conflictual, of queer theory into francophone feminism.
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Cet article vise à examiner la manière dont certaines théoriciennes féministes américaines, anglo-saxonnes, françaises et québécoises ont conceptualisé les concepts ambigus de sexe et de genre. Il présente les idées nouvelles et complexes de Joan Scott, Seyla Benhabib et Iris Marion Young et a pour but de permettre et de faire valoir d’autres façons pour les politologues et les féministes de conceptualiser le genre.
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Centré sur la différence de genre, le mouvement des femmes serait condamné à l’éclatement à mesure que les femmes échappent à leur cantonnement dans l’appartenance à une catégorie sociale opprimée pour gagner l’espace qu’offre une société démocratique égalitaire à l’expression pluraliste des composantes multiples de leur personnalité publique. Une approche phénoménologique, axée sur la valorisation des expériences de vie et de l’histoire partagées de femmes se réclamant d’une culture civique commune, permet à l’autrice d’espérer dégager une stratégie féministe parallèle fondée sur la prise en compte des positions variées de sujets-femmes en situation pour les rallier autour d’actions politiques à mener en commun.
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Uma Narayan tente de clarifier le contenu de la notion féministe de "privilège épistemique des opprimé-es". Elle soutient que le privilege épistémique des "initié-es" opprimé-es concernant leur oppression suscite des problèmes de dialogue et de politique de coalition avec les "non-initié-es" qui eux, ne subissant pas cette oppression, n'arrivent pas à se réconcilier au privilege épistémique des initié-es. Elle analyse concrètement comment les non-initié-es peuvent par inadvertance blesser les initié-es, et elle propose des moyens permettant de minimiser ces problèmes.