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La crise du COVID-19 est différente des crises économiques précédentes dans sa profondeur et son ampleur, car des vies sont perdues, l'emploi et les moyens de subsistance sont menacés et les économies se contractent considérablement. Comme pour les crises précédentes, cependant, ses conséquences ne sont pas subies de la même manière. Comme aucune autre auparavant, cette crise a mis à nu les inégalités entre les sexes enracinées qui, aggravées par d'autres inégalités, affligent les marchés du travail. La crise du COVID-19 a un impact différent sur les femmes et les hommes, selon le secteur dans lequel ils travaillent, la fragilité de leur situation d'emploi, leur accès au travail et à la protection sociale, et leurs responsabilités familiales. Cette note montre que cette fois-ci, les emplois des femmes sont relativement plus à risque que ceux des hommes, et dans un contexte qui se détériore rapidement, les femmes les perdent plus rapidement que les hommes. Même si elles sont moins graves, les crises précédentes offrent quelques leçons de prudence pour la crise actuelle. Ils illustrent que lorsque les emplois sont rares, les femmes sont privées d'opportunités économiques et de sécurité par rapport aux hommes. Ces crises impliquent généralement l'érosion des protections du travail et la détérioration durable des conditions de travail. Et que les femmes ne sont pas seulement touchées par la perte d'emplois, mais aussi par les réductions de dépenses qui contractent la fourniture de services publics, en particulier les services de soins. Dans ce contexte, les politiques de l'emploi, y compris les politiques macroéconomiques, sectorielles et du marché du travail, doivent placer l'égalité des sexes au cœur des efforts d'urgence et de relèvement afin d'éviter des dommages à long terme aux perspectives d'emploi des femmes et de reconstruire mieux et plus juste. Cette note indique quatre priorités politiques pour une reprise sensible au genre : empêcher les femmes de perdre leur emploi ; éviter un assainissement budgétaire prématuré ; investir dans les soins; et se concentrer sur des politiques de l'emploi sensibles au genre.
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Globally gender remains a key factor in differing health outcomes for men and women. This article analyses the particular relevance of gender for debates about global health and the role for international human rights law in supporting improved health outcomes during public health emergencies. Looking specifically at the recent Ebola and Zika outbreaks, what we find particularly troubling in both cases is the paucity of engagement with human rights language and the diverse backgrounds of women in these locations of crisis, when women-specific advice was being issued. We find the lessons that should have been learnt from the Ebola experience have not been applied in the Zika outbreak and there remains a disconnect between the international public health advice being issued and the experience of pervasive structural gender inequalities among those experiencing the crises. In both cases we find that responses at the outbreak of the crisis presume that women have economic, social or regulatory options to exercise the autonomy contained in international advice. The problem in the case of both Ebola and Zika has been that leaving structural gender inequalities out of the crisis response has further compounded those inequalities. The article argues for a contextual human rights analysis that takes into account gender as a social and economic determinant of health.
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En tête des espèces recensées sur notre globe s'inscrit l'humaine, bien sûr, incarnée dans l'homo sapiens. De nos jours, un chœur de voix de plus en plus fortes proclame qu'il n'est pas l'unique représentant présentable de l’espèce, que sa compagne la mulier (la femme) est sapiens aussi et a le droit d'occuper une place au soleil égale à la sienne, même si par tradition il la considère comme sa « moitié ». « La tradition, voilà le mot clef qui a servi à justifier depuis des siècles la condition des femmes; une tradition établie par les hommes et renforcée par des lois, également conçues par les hommes. Il était fatal que le jour où les femmes prendraient conscience de cette injustice, elles se révolteraient contre le sort qui leur est fait, un sort que la vie quotidienne masque encore à quelques-unes d'entre elles, privilégiées, aveugles ou Ignorantes. » Le livre de Benoîte Groult vient à point dessiller les yeux de celles-ci ou renseigner celles-là et les hommes également afin que tous comprennent que le féminisme n'est pas une névrose ou une le mode mais une nécessité vitale, qu'« il faut enfin guérir d'être femme. Non pas d'être née femme, mais d'avoir été élevée femme dans un univers d'hommes », comme l'écrit Benoîte Groult, avant de rappeler les conditionnements de toutes sortes imposés aux femmes depuis les temps bibliques pour le seul confort et le seul bénéfice de l'autre sexe. Une documentation solide, un humour parfois corrosif mais sou-vent réjouissant font de cet exposé sobre et objectif un des meilleurs ouvrages sur la question féminine
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L'éthique du care, développée par la psychologue Carol Gilligan, permet de renouveler la question éthique du lien social. Elle a marqué un tournant dans l'Amérique des années 1980, au sein des champs universitaires et politiques comme dans le monde professionnel. C. Gilligan invite en effet à prendre en compte la manière dont les individus se préoccupent et s'occupent à la fois d'eux-mêmes et des autres. Elle offre une conception éthique qui n'est limitée ni à l'impartialité, ni à des principes abstraits de justice. Le care articule également l'éthique et le politique, au-delà des questions de genre, en ébranlant la dévalorisation traditionnelle des activités sociales tournées vers le soin. C'est ainsi à une meilleure prise en compte de la texture morale des relations humaines que nous invite l'éthique du care. Ce livre est une introduction pluridisciplinaire aux perspectives tant théoriques que concrètes ouvertes par la pensée de Carol Gilligan.
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Cet article décrit la problématique et les cinq dimensions d'analyse d'une recherche portant sur les cultures organisationnelles propres aux organismes communautaires au Québec. Dans un premier temps, nous examinons en quoi la notion de culture organisationnelle peut être une piste utile dans l'identification de la « différence » des organismes communautaires. Ensuite, nous cernons, à partir d'une recension des écrits, ces différences par rapport aux organismes du réseau et soulignons les éléments organisationnels spécifiques aux groupes de femmes. Enfin, nous présentons le contenu de nos cinq dimensions d'analyse. Il s'agit des modes de gestion, du rapport aux membres, du rapport au travail salarié, du rapport à la vie privée et du rapport à l'Etat. Il est primordial de mieux cerner la spécificité des pratiques et les éléments de la culture organisationnelle des groupes communautaires pour mettre en valeur leur apport au renouvellement des pratiques sociales.
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Ce collectif fait le point sur l’évolution de la pensée féministe, depuis les années 1970, à l’égard des multiples facettes de la maternité. Une vingtaine d’auteures, issues de disciplines variées, se penchent sur les impacts et les enjeux de cette réalité au plan individuel et collectif. C’est un véritable tour d’horizon qui est proposé ici: construction sociale de la maternité, contrôle de la fécondité, questions de santé et de reproduction, monoparentalité, grossesse à l’adolescence, mères immigrantes, transformation des rôles parentaux, maternité lesbienne, prise en charge des proches dépendants, articulation famille-travail… Des textes de Denyse Baillargeon, Martin Blais, Nicole Bouchard, Johanne Charbonneau, Christine Corbeil, Renée B.-Dandurand, Geneviève Daudelin, Maria De Koninck, Christine Delphy, Catherine des Rivières-Pigeon, Francine Descarries, Louise Desmarais, Claude Gilbert, Romaine Malenfant, Hélène Manseau, Tania Navarro Swain, Anne Quéniart, Lilyane Rachédi, Nathalie Ricard, Lori Saint-Martin, Marie-Blanche Tahon, Marielle Tremblay, Louise Vandelac et Michèle Vatz Laaroussi.
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Cette publication porte sur la place et la notion d’égalités dans les luttes féministes. *** FéminÉtudes est une revue étudiante, féministe et multidisciplinaire. La revue est née en 1995 de l’initiative d’étudiantes féministes dans l’intérêt de partager leurs recherches et de créer un groupe affinitaire. La revue est dirigée par des collectifs de rédaction bénévoles et autogérés, et soutenue par l’Institut de Recherches en Études Féministes (IREF) de l’Université du Québec à Montréal. Au fil des ans, FéminÉtudes a réussi à se bâtir une réputation et une légitimité dans le champ de la recherche en études féministes, tout en offrant une tribune au travaux et aux réflexions de dizaines d’étudiant.e.s. Au-delà de la recherche, c’est également pour l’avancement des luttes féministes que FéminÉtudes souhaite continuer à grandir.
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Cet article explore la politique féministe telle qu’elle est représentée dans le roman Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie, ainsi que la manière dont ce féminisme s’entremêle avec des formes de care. Je cerne les contours de l’engagement affiché de l’autrice pour le féminisme intersectionnel, tout en pointant quelques angles morts. Après avoir situé l’oeuvre d’Adichie dans le contexte des féminismes postcolonial, populaire et décolonial, j’étudie l’importance des cheveux et la question plus générale de l’agentivité. Dans la dernière partie, je démontre que la poétique du care développée dans le roman n’adhère pas totalement au féminisme décolonial en raison de l’invisibilité relative des structures néo-coloniales à l’oeuvre au Nigeria pendant la période contemporaine.
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"C'était déjà la féminisation de la pauvreté, l'insécurité sexuelle et la montée des intégrismes qui avaient motivé, la première édition de ce recueil. Le constat négatif que je faisais alors, loin d'être obsolète, est plus que jamais d'actualité. Les nouveaux textes de cette réédition attestent une régression, une contre-libération menaçantes. [...] Libérer à sa source la libido creandi des femmes, c'est lancer un défi permanent à cette guerre et s'ouvrir à la géni(t)alité des deux sexes. Se souvenir que le premier environnement de chaque humain est un corps vivant, parlant ; se souvenir qu'on naît d'une femme (et aussi d'un homme) et en éprouver de la gratitude, c'est abolir un ordre symbolique, tyrannique, hégémonique ; c'est vaincre l'addiction spéculaire de Narcisse, s'évader des dogmes et des illusions des religions du Livre ; c'est stopper la spéculation du Tout-marchandise, du Tout-profit ; mais c'est aussi, sans doute, commencer à penser. La gestation, hospitalité psychique autant que charnelle, comme paradigme de l'éthique, de la responsabilité et du don ? Génitrices, généalogistes, archéologues, archives et archivistes de l'espèce humaine, des femmes ont commencé à vivre leur nouvelle "condition historique", à inscrire la genèse d'une modernité tardive. C'est l'hypothèse positive que réaffirme cette nouvelle édition."
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L’écoféminisme met en relation deux formes de domination : celle des hommes sur les femmes, et celle des humains sur la nature. S’agit-il d’avoir une vision plus écologique du féminisme, ou, en introduisant la question des femmes dans l’éthique environnementale, s’agit-il de mettre en question la nature à laquelle cette éthique se réfère ? Plusieurs variantes d’écoféminisme sont examinées : un écoféminisme culturel, qui se réclame d’une éthique du care, et un écoféminisme plus social et politique, qui, localisé au Sud, apporte, dans l’analyse, un troisième type de domination, la domination coloniale et post-coloniale qui pèse plus spécifiquement sur les femmes. L’idée qui se dégage est que l’écoféminisme développe un nouveau type d’attention aux questions environnementales (liées à la santé et à la vulnérabilité) et met en question une autonomie de l’économie qui occulte sa double dépendance vis-à-vis du foyer et vis-à-vis de l’environnement terrestre. C’est l’articulation de ces deux attachements que l’écoféminisme fait apparaître.
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Depuis quelques années, aux États-Unis, émerge ce qu’on appelle l’éthique du care,(1) qui désigne notamment une réflexion s’intéressant aux pratiques professionnelles liées à la prise en charge des personnes vulnérables ou dépendantes. Cette éthique enrichirait une philosophie morale traditionnellement conçue comme une éthique de la justice. En France, cette pensée du care, à la fois difficile à cerner de façon précise et définitive, mais cependant féconde dans de nombreux domaines, commence à connaître une certaine fortune. Nous avons demandé à Patricia Paperman, maître de conférences en sociologie à l’université de Paris-8, de nous éclairer sur cette éthique du care qui constitue une grille de lecture intéressante pour comprendre les enjeux du traitement judiciaire et éducatif de la délinquance des mineurs.
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Voilà déjà plus de trente ans que l’intervention féministe a vu le jour dans le sillage des des changements réclamés par les mouvements des femmes occidentaux. Prônant des rapports égalitaires dans la relation d’aide, cette approche alternative axée sur la reconnaissance du potentiel des femmes ainsi que la reprise de pouvoir sur leur vie favorise des démarches collectives et, ultimement, vise le changement social. Comment s’actualise ce modèle féministe aujourd’hui? Comment ces pratiques se sont-elles renouvelées et élargies au fil des ans pour prendre en compte notamment les dimensions ethnoculturelles et les divers contextes sociaux afin de répondre adéquatement aux besoins de toutes les femmes? Des intervenantes, universitaires et militantes discutent ici de leurs approches et perspectives d’intervention selon leurs lieux d’observation ainsi que des enjeux touchant leur pratique. En réitérant le riche potentiel de l’intervention féministe, ce livre témoigne en outre de la vitalité d’une approche sociale diversifiée permettant de soutenir des milliers de femmes aux quatre coins du Québec.
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« La TCLCF souhaite encourager la mise en place de mesures de conciliation travail-famille dans les milieux de travail afin d’améliorer les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs et, de ce fait, améliorer le rendement et la productivité des milieux de travail. Ce document a donc été conçu afin de servir de cadre de référence et de guide pour accompagner les milieux de travail dans la mise en place de mesures de CTF. Le document vise aussi à sensibiliser les employeurs ainsi que les travailleuses et les travailleurs à leurs droits en matière de CTF, garantis par la Loi sur les normes du travail, afin qu’ils soient mieux connus et appliqués. Dans un premier temps, un ensemble d’informations relatives à la problématique de la conciliation travail-famille est présenté. Une démarche pour mettre en place des mesures de CTF est ensuite proposée. Finalement, différents instruments de travail sont annexés afin d’outiller les employeurs et les membres de leur personnel dans l’identification des besoins de leur milieu de travail. » (2012, 3)
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Nées en Italie dans les années 1940, Silvia Federici et Mariarosa Dalla Costa sont des militantes pionnières et des intellectuelles féministes de premier plan. Dans ces entretiens avec Louise Toupin, elles reviennent sur le mouvement qu’elles ont cofondé en 1972, le Collectif féministe international, qui fut à l’origine d’une revendication radicale et controversée au sein du féminisme, celle de la rémunération du travail domestique. À partir de ce riche terreau, elles racontent comment s’est développée leur pensée au fil du temps, et formulent une critique intersectionnelle du capitalisme néolibéral, depuis la notion de crise de la reproduction sociale.
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Dans La dialectique de la reproduction, essai de philosophie féministe, Mary O’Brien montre comment la pensée masculine et les institutions patriarcales ont été édifiées pour contrecarrer l’incertitude de la paternité et pour médiatiser l’exclusion des hommes du travail reproductif.
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L’Amérique du Sud est un des coeurs battants du féminisme contemporain. Des millions de femmes y prennent la rue contre les féminicides, les violences qui frappent les minorités de race et de genre, les lois qui répriment l’avortement et le développement néo-extractiviste. Figure majeure du féminisme latino-américain, Verónica Gago réinscrit ces bouleversements dans l’émergence d’une internationale féministe et propose, avec La puissance féministe, un antidote à tous les discours de culpabilité et de victimisation. En se réappropriant l’arme classique de la grève, en construisant un féminisme populaire, radical et inclusif, les mouvements sud-américains ont initié une véritable révolution. C’est à partir de l’expérience de ces luttes que Gago reconceptualise la question du travail domestique et de la reproduction sociale, expose les limites du populisme de gauche et dialogue avec Spinoza, Marx, Luxemburg ou Federici. Parce qu’il unit la verve politique du manifeste aux ambitions conceptuelles de la théorie, La puissance féministe est un livre majeur pour saisir la portée internationale du féminisme aujourd’hui.
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Cette étude inclut les œuvres de Mara Tremblay, Ariane Moffat et Salomé Leclerc et vise un objectif double : d’une part, il s’agit d’analyser des textes lyriques qui ont une indéniable qualité poétique et d’autre part, de réaliser une étude intermédiale alliant texte, musique et clip-vidéo afin de voir comment le sens d’un de ces éléments est infléchi, modifié ou complété par celui des autres éléments. L’hypothèse de recherche est qu’aujourd’hui, les auteurs-compositeurs-interprètes conçoivent leur art à travers trois langages esthétiques (le texte, la musique et la vidéo), faisant de la musique une expérience plurisensorielle et intermédiale. Pour faire émerger le message de ces artistes, on mobilisera les théories du care et l’écoféminisme afin d’analyser le discours portant sur le sujet et le monde. On vise à dégager les grands thèmes de ces œuvres à travers une synthèse de ces trois approches critiques. L’analyse du corpus vise à déterminer la qualité poétique des textes et la vision du monde que ces trois artistes diffusent.
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Le bruit des vagues, premier volet de ce mémoire, est un recueil de trois nouvelles qu'une même question relie : est-il possible de trouver une consolation alors que tout semble perdu? Trois personnages y prennent successivement la parole, pour mettre en mot une expérience de la perte qui est déjà entamée (in media res), afin de rendre compte d'eux-mêmes, de réunir les fragments épars de leur vie, jusqu'à ce que se dégage, par l'entremise des autres, une perspective différente sur le réel et la possibilité d'être consolés. Ce qui est perdu touche autant au corps qu'à la relation à l'autre (maladie, couple, liberté de mouvement) et montre l'unicité du vécu de chacun à travers un dilemme profond entre autonomie et dépendance. Si les nouvelles du recueil ont ceci de commun qu'elles traitent d'une même thématique (la perte) et problématisent une même question (le désir de consolation), elles le font surtout en étant un laboratoire du je, duquel émergent des voix différentes, des voix de femmes surtout. L'effet amplificateur de la crise plonge les personnages dans un état de grande vulnérabilité qui les isole et les accable. Je cherche les traces qu'ils ont laissées derrière eux, j'essaie de raconter leur singularité pour comprendre qui ils sont. Le récit, tout comme la consolation, ne se construit qu'après coup. Ainsi, récit, care et consolation sont intimement liés dans mes nouvelles. Ils deviennent ensuite les grands axes réflexifs du second volet de ce mémoire, intitulé Des voix qui consolent. J'envisage la consolation comme une déprise de soi qui permet de surmonter la perte sans pour autant l'effacer. D'abord, je mets de l'avant la portée des réflexions d'Adriana Caravero sur l'idée du soi narrable. C'est à travers le récit, en s'exposant et en se racontant, que le soi réalise son unicité (uniqueness), celle qui, tout en le liant aux autres, l'en distingue radicalement. Se pose alors la question du qui, qui a préséance dans le récit sur le quoi. Ensuite, je considère le mouvement qu'opère la consolation comme un élan vers l'altérité, parce qu'elle ne peut avoir lieu que sur la scène d'une exposition de soi, où le je rend compte de lui-même à un tu qui l'interpelle et à qui il répond (Butler). Cette expérience du face-à-face (Levinas) repose sur la conscience d'une vulnérabilité en partage. Cette précarité est au cœur de l'éthique féministe du care de Carol Gilligan qui place le souci de l'autre et l'attention au particulier au centre des délibérations morales en insistant sur l'interdépendance humaine, l'ordinaire, le concret et une pensée contextuelle, voire narrative. Enfin, avec les travaux de Michaël Foessel, je pense la consolation comme un exercice de mise en récit. Il ne s'agit ni de guérir ni de réparer, mais plutôt de requalifier la perte afin de la rendre dépassable par de nouvelles représentations et de la déplacer par rapport à l'expérience. Contrairement à la philosophie, qui cherche à produire des définitions universelles, le récit se situe d'emblée dans une posture caring que je rapproche du désir de consolation, en ce qu'il révèle et valorise l'unicité fragile d'un soi toujours enchevêtré dans ses relations aux autres. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : consolation, care, caring, narration, récit, éthique, silence, écoute, voix, connexion, séparation, autrui, vie, écriture, création littéraire.
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