Votre recherche
Résultats 64 ressources
-
Le présent mémoire a pour objet d’étude le témoignage du quotidien domestique des femmes des banlieues nord-américaines dans La maison d’Ophélie (1998) et Manuel de poétique à l’intention des jeunes filles (2010) de Carole David. Si la banlieue des poèmes de notre corpus n'est définie géographiquement qu’à quelques reprises, des référents culturels indiquent qu'il s'agit bel et bien de la banlieue nord-américaine. Par ailleurs, beaucoup de ses poèmes sont habités par des personnages féminins d'horizons divers. Les approches sociocritique et féministe permettront de soulever les enjeux réels et symboliques qui touchent le quotidien domestique des femmes issues de la classe moyenne de la banlieue ainsi que de comprendre la critique des rôles sexuels et familiaux traditionnels présente dans le corpus. Nous déterminerons de quelle manière ces composantes de la société blanche nord-américaine transparaissent dans les textes de Carole David. Nous verrons comment les poèmes de notre corpus génèrent un discours sur le quotidien domestique des femmes nord-américaines et comment ce quotidien, en tant que fait social, les marque. Il sera d’abord question de la banlieue et de la place qu’elle occupe dans la l’édification du rêve américain. Seront observés les éléments kitsch et les références à la culture populaire dans les recueils à l’étude. Le deuxième chapitre étudie le motif de la maison, du « chez-soi » davidien comme lieu aliénant. La quotidienneté et le « banal » sont des motifs itératifs dans l’oeuvre de la poète, et il sera question du quotidien domestique évoqué par Carole David dans plusieurs de ses poèmes. Le troisième chapitre sera consacré à la communauté des femmes présente dans les deux recueils étudiés. Cette communauté est formée d’une abondance de voix et de personnages féminins et de nombreuses références à des artistes, écrivaines, personnages mythiques, etc. ; elle permet la transmission et la solidarité entre femmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : banlieue, femmes, Carole David, La maison d’Ophélie, Manuel de poétique à l’intention des jeunes filles, poésie, rêve américain, Québec, Amérique, ménagères, quotidien, domestique, maison, consommation, transmission, intertextualité
-
Un article de la revue Études littéraires africaines, diffusée par la plateforme Érudit.
-
Le présent mémoire propose une lecture écoféministe du roman La Mère des herbes de Jovette Marchessault, paru en 1980. Le premier chapitre servira d'assise théorique pour présenter les notions écoféministes. J'y fais appel à des autrices et militantes écoféministes de domaines, d'époques et de filiations variées, insistant particulièrement sur le démantèlement de systèmes de domination reposant sur des binarismes construits. Les trois suivants forment le corps de mon analyse littéraire, traitant respectivement du corps liminal, du langage revitalisé et des généalogies matrilinéaires. Je suivrai d'abord l'évolution singulière de corps se logeant en continuité directe avec leur environnement, s'établissant à la croisée des règnes (animal, minéral, végétal) et s'aventurant parfois vers une remorphologisation complète. Ce chapitre, en plus de critiquer l'anthropocentrisme, offrira l'occasion d'observer la promotion d'un savoir expérientiel corporellement situé comme riposte au primat de la rationalité. Je poursuivrai en analysant l'appel à la revitalisation du langage qu'effectue Marchessault. Tant par la forme que le fond, l'autrice fait le procès du langage patriarcal figé, violent et violant, pour promouvoir une langue vivante, arrimée à ce nouveau corps débinarisé. Surtout, la parole est réappropriée par ses personnages féminins et est reconnue chez l'autre-qu'humain. Enfin, dans le dernier chapitre, l'examen d'une généalogie mémorielle matrilinéaire permettra de mettre en valeur les relations de partage et de passation entre mères et filles, constituant le germe même du désir de résistance et de renouveau qui anime la jeune narratrice autofictionnelle. Dans ce mémoire, je considère donc l'expression artistique comme pratique contestataire et catalysatrice de changement. Les perspectives critiques écoféministes mises de l'avant encouragent à emprunter de nouvelles pistes de lecture (body that reads, trans-corporeality, etc) visant à faire ressortir les dynamiques de pouvoir et de privilège, à questionner les représentations de la nature, de l'identité et de l'altérité. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jovette Marchessault, La Mère des herbes, écoféminisme, corps, langage, généalogie, matrilinéaire, binarismes
-
Gloria Anzaldúa est née au Texas en 1942, à la frontière du Mexique. On la connaît notamment, outre-Atlantique, pour l’ouvrage choral1 qu’elle a copublié en 1982 : la première grande tribune des poètesses féministes non-blanches. Fille d’ouvrier, la théoricienne chicana du « mestizaje » (« métissage ») et de la pensée queer n’a eu de cesse de travailler ses concepts à même la ligne de démarcation qui séparait ces deux États frontaliers : une ligne comme une « blessure », disait-elle. Anzaldúa a fait le choix, alors controversé, d’une écriture où se mélangent toutes ses langues : l’espagnol, le nahuatl uto-aztèque et l’anglais. Exilée dans son propre pays, car trop mexicaine ; exilée au sein des luttes de sa communauté, car lesbienne et féministe ; exilée des champs d’études féministes étasuniens, car trop proche de sa culture familiale : Gloria Anzaldúa, disparue en 2004, s’est employée à penser la création d’espaces à même de fortifier ces vécus et ces identités composites. Nous avons publié un portrait d’elle dans notre dernier numéro papier ; nous prolongeons ce texte par une semaine thématique qui lui sera ici consacrée : comment appréhender la question des appartenances à partir de son œuvre, encore méconnue dans l’espace francophone ? Pour commencer, la traduction d’un texte qu’elle a écrit en 1992.
-
Cette thèse se propose de faire une analyse du discours sur les représentations du féminin et les implications du sexe/genre dans la chanson québécoise contemporaine, à travers les œuvres et la persona de trois auteur·ice·s-compositeur·ice·s-interprètes (ACI): Ariane Moffatt, Pierre Lapointe et Philémon Cimon. Notre analyse part d’abord du constat que les chansons de Moffatt, Lapointe et Cimon figurent des sujets lyriques, dont la parole et le geste sont modulés par les enjeux énonciatifs que posent le lyrisme. Pour rendre compte de la spécificité de la chanson comme pratique poétique réunissant paroles, musique et interprétation, nous proposons de faire une étude sémantique des chansons pour chacun·e des ACI, en nous attardant dans un premier temps aux questions soulevées par le lyrisme, puis en faisant la somme des aspects relevant du sexe/genre présents dans leurs univers sonores respectifs avec le renfort de la théorie féministe et des études de genre, d’après une perspective postmoderne. Notre lecture cherche à souligner les reconduites et les poncifs liés au féminin, mais également à saisir les propositions et les configurations qui s’écartent des lieux communs, tant pour les modèles féminins valorisés que pour les modèles amoureux et les rapports sociaux de sexe et de genre suggérés par les chansons. La comparaison entre les chansons des trois artistes permet ainsi de dégager des points de convergence, tout en révélant les particularités de leurs œuvres.
-
Le présent mémoire propose une revalorisation de l’amitié féminine, trop souvent mise de côté dans la littérature et traditionnellement pensée au masculin. Il est question d’analyser les impacts de cette relation dans la vie des femmes en observant la façon dont elles se construisent un espace politique de complicité et de résistance. Ce travail se divise en quatre chapitres : le premier met en place les assises théoriques qui cadrent l’étude des romans et les trois chapitres suivants analysent les oeuvres Baise-moi de Virginie Despentes (1993), Les inséparables de Marie Nimier (2008) et Petite laine d’Amélie Panneton (2017). Afin de comparer ces livres, l’amitié se divise en trois espaces : l’espace textuel, chronotopique et symbolique. L’espace textuel propose d’observer l’articulation de l’amitié selon les trois modes narratifs que propose Susan Lanser (les voix auctoriale, personnelle et collective). Il s’agit de créer un langage qui puisse exprimer l’amitié à sa juste valeur. L’espace chronotopique est conçu selon le concept de chronotope qu’élabore Mikhaïl Bakhtine. Il est utilisé pour comprendre les relations de l’espace-temps de l’amitié entre femmes dans les romans et en dresser les valeurs importantes (la rencontre, les liants, la confluence des identités et les péripéties). Dans l’espace symbolique, l’amitié donne aux femmes la force de résister et de lutter contre les oppressions qu’elles vivent. La dimension politique prend tout son sens lorsqu’on attribue la fonction de résistance à l’amitié, qui constitue un environnement en quelque sorte à l’abri des forces hégémoniques et qui travaille à les contester et à les défier. Ainsi, le mémoire propose de replacer l’amitié féminine dans des espaces de résistance et de lui accorder une valeur politique afin de mieux comprendre et expliciter cette relation si fondamentale dans la vie des femmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amitié féminine, solidarité, résistance, sororité, narratologie féministe, chronotope, Virginie Despentes, Marie Nimier, Amélie Panneton
-
Le présent mémoire porte sur la cyclicité de la relation mère-fille, la subjectivité de la fille et celle de la mère ainsi que sur l'écriture du deuil de la mère par la fille. Le premier chapitre explique les notions théoriques des thèmes cités précédemment; le deuxième et le troisième présentent respectivement l'analyse de deux textes d'écrivaines québécoises. Les deux récits retenus pour l'étude dans le mémoire proposé sont racontés par des auteures qui tentent de faire le deuil de leur mère, à l'aide de l'écriture, en commémorant la vie avec cette dernière. Je concentre ainsi ma réflexion sur La femme de ma vie de Francine Noël, paru en 2005, et L'album multicolore de Louise Dupré, publié en 2014. Ces textes autobiographiques portent sur le thème du deuil de la mère, exploré par deux femmes qui ont accédé à la vie adulte à la même époque, celle de la Révolution tranquille, de la pilule anticonceptionnelle, de la libération des femmes et de l'accès à l'instruction mixte des filles. Les récits sont donc écrits par deux écrivaines d'une même génération qui dévoilent leur enfance et les conflits avec leur mère tout en mettant en œuvre un travail de deuil. Francine Noël emploie une structure mémorielle plutôt linéaire. Elle commence son récit par son enfance avec sa mère et le termine par le décès de cette dernière. Louise Dupré raconte le départ de sa mère à l'hôpital et sa mort, puis nous révèle sa vie avec elle par bribes. Noël et Dupré reconduisent la relation de la vie avec leur mère dans leur texte pour essayer de se guérir des conflits non résolus qu'elles ont eus avec elle. La cyclicité des comportements dans la relation entre la mère et la fille a une incidence sur l'écriture de la fille, où les formules répétitives sont utilisées à profusion. Dans le cadre de ma recherche, j'ai pu analyser le travail d'écriture du deuil de la mère dans deux récits. Cette étude a permis de comprendre, à l'aide de la cyclicité de la relation mère-fille, le deuil de la mère à travers l'écriture. La fille quitte la mère pour faire sa vie, puis la mère quitte la fille par son décès. La fille revient alors à sa mère par l'écriture. Le décès de la mère renvoie à un mouvement cyclique de l'univers. L'écriture autobiographique suppose de transformer le passé, la mémoire et de réinventer le présent. Ces deux récits permettent aux écrivaines d'exprimer le processus du deuil de leur mère dans un mouvement cyclique : vie, mort et vie. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Francine Noël, Louise Dupré, Cycle, Maternité, Relation mère-fille, Conflits mère-fille, Subjectivité, Deuil de la mère, Écriture du deuil.
-
Ce mémoire propose de lire le Journal de Marie Uguay (2005) à la lumière des théories féministes sur l'amour et le care ainsi que de l'éthique du care, issue des sciences humaines, nouvellement appliquée à la littérature. L'analyse se divise en deux chapitres. D'une part, il s'agit d'observer ce que le Journal dévoile des rapports amoureux de la diariste et comment ceux-ci sont aliénants pour Uguay. Ce premier temps de l'analyse littéraire nécessite d'emprunter des théories féministes de sociologie sur l'amour et le care (A. Jónasdóttir et A. Ferguson, 2014), des théories critiques sur l'amour et la féminité (de Beauvoir, 1949; bell hooks, 2001, 2002) ainsi que sur l'aliénation des femmes (Bartky, 1990). Un tel cadre théorique permet de comprendre la réflexion de la diariste quant à l'expérience « aliénante » qu'elle fait de l'amour (la dépense d'énergie inutile, la folie, l'apprentissage de l'amour, la dépendance affective, etc.). Dans le deuxième chapitre, une autre lecture du Journal de Marie Uguay est présentée : une vision philosophique ressort de l'écriture de la diariste. Pour constater cette seconde dimension du care dans le Journal, les théories mobilisées vont du côté de la philosophie, tout en restant dans une perspective féministe. C'est donc à l'éthique du care que je fais appel ici, en me référant à des auteures telles Pascale Molinier, Sandra Laugier, Patricia Paperman (Qu'est-ce que le care?, 2009); Fabienne Brugère (L'éthique du care, 2011) et des théoriciennes qui ont déjà entamé le croisement entre l'éthique du care et la littérature : Amelia DeFalco (Imagining Care : Responsibility, Dependency, and Canadian Literature, 2016), Marjolaine Deschênes (« Les ressources du récit chez Carol Gilligan et Paul Ricoeur : peut-on penser une littérature care? », 2015) ainsi que Maïté Snauwaert et Dominique Hétu (« Poétiques et imaginaires du care », 2018). Grâce à l'éthique du care, une lecture attentive, en liant le fond et la forme du texte, me permet de voir la vulnérabilité et l'intersubjectivité, vécues par la diariste dans l'amour et dans la maladie, en tant qu'éléments de l'éthique du care qui composent la texture (Molinier, Laugier et Paperman, 2009) du Journal. De cette manière, ces motifs discursifs reflètent l'intériorité de cette auteure qui interroge les difficultés d'être une femme, une poétesse et une malade, mais qui accorde à l'amour un pouvoir transformateur par lequel elle tente de se déprendre de son aliénation. Le Journal tire sa force de cette double posture de l'amour, constituée dans l'ambivalence : tantôt l'amour aliène, tantôt il est synonyme d'émancipation et de création. Ainsi, ce mémoire propose de rattacher la vision de l'amour de Marie Uguay à une philosophie de vie et à une volonté créatrice, car malgré l'aliénation qui l'accable, Uguay donne à l'amour un autre sens, duquel une portée similaire à l'éthique du care se dégage. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Marie Uguay, littérature québécoise, journal intime, études féministes, éthique du care, amour, aliénation, ambivalence, vulnérabilité, intersubjectivité, écriture des femmes.
-
Le bruit des vagues, premier volet de ce mémoire, est un recueil de trois nouvelles qu'une même question relie : est-il possible de trouver une consolation alors que tout semble perdu? Trois personnages y prennent successivement la parole, pour mettre en mot une expérience de la perte qui est déjà entamée (in media res), afin de rendre compte d'eux-mêmes, de réunir les fragments épars de leur vie, jusqu'à ce que se dégage, par l'entremise des autres, une perspective différente sur le réel et la possibilité d'être consolés. Ce qui est perdu touche autant au corps qu'à la relation à l'autre (maladie, couple, liberté de mouvement) et montre l'unicité du vécu de chacun à travers un dilemme profond entre autonomie et dépendance. Si les nouvelles du recueil ont ceci de commun qu'elles traitent d'une même thématique (la perte) et problématisent une même question (le désir de consolation), elles le font surtout en étant un laboratoire du je, duquel émergent des voix différentes, des voix de femmes surtout. L'effet amplificateur de la crise plonge les personnages dans un état de grande vulnérabilité qui les isole et les accable. Je cherche les traces qu'ils ont laissées derrière eux, j'essaie de raconter leur singularité pour comprendre qui ils sont. Le récit, tout comme la consolation, ne se construit qu'après coup. Ainsi, récit, care et consolation sont intimement liés dans mes nouvelles. Ils deviennent ensuite les grands axes réflexifs du second volet de ce mémoire, intitulé Des voix qui consolent. J'envisage la consolation comme une déprise de soi qui permet de surmonter la perte sans pour autant l'effacer. D'abord, je mets de l'avant la portée des réflexions d'Adriana Caravero sur l'idée du soi narrable. C'est à travers le récit, en s'exposant et en se racontant, que le soi réalise son unicité (uniqueness), celle qui, tout en le liant aux autres, l'en distingue radicalement. Se pose alors la question du qui, qui a préséance dans le récit sur le quoi. Ensuite, je considère le mouvement qu'opère la consolation comme un élan vers l'altérité, parce qu'elle ne peut avoir lieu que sur la scène d'une exposition de soi, où le je rend compte de lui-même à un tu qui l'interpelle et à qui il répond (Butler). Cette expérience du face-à-face (Levinas) repose sur la conscience d'une vulnérabilité en partage. Cette précarité est au cœur de l'éthique féministe du care de Carol Gilligan qui place le souci de l'autre et l'attention au particulier au centre des délibérations morales en insistant sur l'interdépendance humaine, l'ordinaire, le concret et une pensée contextuelle, voire narrative. Enfin, avec les travaux de Michaël Foessel, je pense la consolation comme un exercice de mise en récit. Il ne s'agit ni de guérir ni de réparer, mais plutôt de requalifier la perte afin de la rendre dépassable par de nouvelles représentations et de la déplacer par rapport à l'expérience. Contrairement à la philosophie, qui cherche à produire des définitions universelles, le récit se situe d'emblée dans une posture caring que je rapproche du désir de consolation, en ce qu'il révèle et valorise l'unicité fragile d'un soi toujours enchevêtré dans ses relations aux autres. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : consolation, care, caring, narration, récit, éthique, silence, écoute, voix, connexion, séparation, autrui, vie, écriture, création littéraire.
-
La jouissance des femmes est généralement chose taboue et irreprésentable. Iris M. Young parle de « la répression du désir féminin actif et autonome » (2007), et Gayatri C. Spivak de « l'effacement du clitoris » (2009). Face à cet ordre, à la fois violent et banal, plusieurs stratégies de subversion demeurent possibles. Ainsi, Nicole Brossard déclare : « Écrire ça écrase tout ce qui s'oppose à la jouissance, à l'unanimité en soi ». Son essai poétique La lettre aérienne (Remue-Ménage, 1985) révèle cette jouissance, cette « unanimité en soi » qui se réalise dans le geste amoureux et frénétique de l'écriture. « Mais, remarque Pierre Nepveu, comme il est frappant de constater combien cet élan, qui suppose un combat, un arrachement, conduit au-delà de toute violence » (1989). Même si le constat de l'extérieur tient en ceci : « Notre mémoire est courte, nos héroïnes rares et camouflées par la censure, nos sens altérés par un conditionnement à l'effacement » (LA, p.99), nous allons démontrer combien la jouissance à l'œuvre dans La lettre aérienne est antithétique à l'abnégation, à la traditionnelle et gluante honte, ainsi qu'à l'écrasement des forces intérieures. Cette jouissance prend naissance dans une subjectivité forte et cultivée sans compromis. Brossard souhaite demeurer au plus près de ce qu'elle appelle « la chair de l'écrivain », donc tout près du désir, un désir sans objet et « en lui-même le lieu de plaisir » (Jean Fisette, 1979). La lettre aérienne atteste que la jouissance n'est pas restreinte au corps, qu'elle est une vaste forme d'émerveillement, un trop-plein d'imagination, une intimité redoutable, voir un sens de la métamorphose prenant racine dans l'écriture, pouvant aller jusqu'à bouleverser le réel. Ce mémoire propose d'explorer le lien entretenu par Brossard entre littérature et vie, la littérature étant génératrice de vie et permettant de « vivre d'une autre vie, [...] sentir que notre vie est une œuvre » (Rivard, 2010). C'est ainsi que nous en viendrons à parler de jouissance en tant qu'écologie, maison et floraison. Le phénomène de la jouissance ne répond pas du tout à la socialisation des femmes et aux interdits intériorisés, qui étouffent leurs aspirations intimes, la confiance en leur subjectivité et le goût de l'existence. Nous soutiendrons que la jouissance trouvée dans l'écriture est un tour de force, prenant ancrage dans une foi en la langue et la vie. Il s'agira de mettre en relief « la femme bouillonnante et infinie [qui] donne tant de fil à retordre » (Cixous, 1975) aperçue dans La lettre, revendiquant la hardiesse d'une subjectivité enfin reconnue; femme foisonnante et téméraire découvrant des prises sur le monde. Nous poursuivrons donc les cinq objectifs suivant : éclaircir la notion de jouissance; approfondir la poétique des genres; étudier l'énonciation brossardienne; observer la logique du débordement; saisir le nouvel espace politique déployé dans La lettre. ____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : La lettre aérienne, Nicole Brossard, Littérature québécoise, jouissance, XXe, essai, études féministes, poétique, énonciation, performativité
-
La théorie, un dimanche Nouvelle édition [éd. originale 1988] C’est à l’invitation de Nicole Brossard que Louky Bersianik, Louise Cotnoir, Louise Dupré, Gail Scott et France Théoret se réunissent, tous les deux mois, autour de thèmes et d’enjeux de la pensée et de l’écriture féministe. Elles publieront, ensemble, un livre composé d’essais et de fictions. Nous sommes en 1988. Les femmes de La théorie, un dimanche, chacune par le biais de son œuvre à elle, mais ici toutes ensemble, ont marqué la littérature des femmes et la pensée féministe. La théorie, un dimanche est un incontournable, un classique. Martine Delvaux / extraits de la préface
-
La partie création de ce mémoire prend la forme d'un journal de poèmes en prose à caractère autobiographique. Trente documente l'année précédant le passage à la trentaine d'une jeune femme. Les poèmes explorent une temporalité inexorable marquée par la souffrance, le deuil, la dépression et la mélancolie. Ce plongeon dans le réel expose la peur du vieillissement et en dissèque les causes dans une narration au Je qui donne volontairement dans l'affect et qui met en scène un pathos assumé, voire exagéré. La mise en forme de l'émotion passe par la répétition, la syncope. La répétition, que ce soit dans la forme des poèmes ou dans les thèmes abordés, est essentielle en tant que processus littéraire participant à l'augmentation et à l'intensification du propos. Une litanie obsédante, ancrée dans des répétitions grammaticales et sémantiques, permet la mise en place de l'univers de la narratrice – univers angoissé, obsessionnel, hanté. De plus, par une présence intertextuelle de leur travail ou de leurs œuvres dans Trente, quatre muses participent à l'exploration des manifestations de la souffrance : pression extrême de se conformer aux standards de beauté, dépression, maladie mentale, suicide... La narratrice crée un univers où ces femmes (héroïnes, inspiratrices, icônes) existent elles aussi, et lui permettent d'exister. Le fil conducteur qui relie la partie création à la partie essai est l'intention de montrer que l'écriture de la souffrance peut être un acte de résistance féministe. L'essai L'écriture de la souffrance comme acte de résistance féministe avance que la femme qui souffre peut résister aux systèmes d'oppression (capitalisme, néolibéralisme, racisme, sexisme, etc.) en écrivant sa souffrance avec vulnérabilité. À travers les théories de l'affect et les théories queer, les notions de postwounded (Leslie Jamison) et de radical softness (Lora Mathis), ainsi que les figures de la Sad Girl (Audrey Wollen), de la Sad Woman (Johanna Hedva), de la feminist killjoy (Sara Ahmed) et des Unruly Women (Kathleen Rowe), l'essai explore les diverses raisons qui peuvent pousser les femmes à écrire des récits inspirés de leur vie et de leur souffrance. Ce faisant, cette partie plus théorique du mémoire tente de déconstruire les mythes d'universalité et de canon qui hantent encore à ce jour le domaine des études littéraires. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : création littéraire, récit autobiographique, théorie queer, féminisme, souffrance
-
"Lassée des prises de position parfois trop clivantes de certaines organisations féministes, et fatiguée d'entendre des femmes dire qu'elles ne sont pas féministes, Roxane Gay rappelle que la défense de l'égalité des sexes ne dispense pas d'assumer ses contradictions : on peut aimer la télé-réalité, se peindre les ongles en rose et revendiquer le fait d'être féministe. Dans ses chroniques, Roxane Gay parle de culture, de race, de sexe et de genre, de stéréotypes sur l'amitié féminine, en se fondant sur sa propre histoire de femme noire dans l'Amérique contemporaine. Le portrait qui émerge en filigrane est celui d'une femme au regard d'une incroyable justesse, aussi bien sur elle-même que sur notre société."--Page 4 de la couverture.
-
La présente thèse porte sur la mise en fiction de la colère dans la prose narrative des femmes au Québec. Il s'agit de montrer que la colère, émotion taboue et honteuse, joue dans les œuvres étudiées (Fleurs de crachat [2005] de Catherine Mavrikakis, Les Laides Otages [1990] de Josée Yvon, Les Enfants du Sabbat [1975] d'Anne Hébert, Désespoir de vieille fille [1943] de Thérèse Tardif, La Chair décevante [1931] de Jovette Bernier et Angéline de Montbrun [1882] de Laure Conan) le rôle de moteur textuel : elle irradie dans le tissu narratif en produisant du discours. Les œuvres appartiennent à différents moments-clés de l'histoire littéraire des femmes au Québec : il s'agit également de montrer que la colère tient lieu de paradigme. Malgré d'évidentes transformations dans la fiction au fil du temps, il existe des recoupements limpides entre des romans publiés à différentes époques ; sans jamais gommer ces transformations, je considère la colère comme un héritage de premier plan qui marque la fiction des femmes au Québec depuis ses débuts. Différents points de convergence sont suivis tout au long de l'analyse : l'assimilation de la protagoniste de chaque texte à une figure archétypale de l'imaginaire féministe (guérillère, « folle » / sorcière, gorgone) ; la récurrence de procédés textuels (répétitions, accumulations, contradictions) mimant la colère et faisant déborder le discours ; l'intégration des codes de la tragédie et du mélodrame à l'intérieur de la forme narrative. La réflexion se décline en six temps. Après avoir conceptualisé la notion de colère à l'aune de discours philosophiques, sociologiques, politiques et littéraires (chapitre 1), je procède à une lecture à rebours des œuvres. J'observe les tensions entre un imaginaire de la dévastation et une écriture de l'excès dans Fleurs de crachat (chapitre 2) ; j'explore les mécaniques de la vengeance dans Les Laides Otages (chapitre 3), où la colère se manifeste par des accumulations et des hyperboles, et par le rappel de la tragédie dans la forme narrative ; je montre comment Les Enfants du Sabbat (chapitre 4) est également structuré autour d'une vengeance excessive, alors que la protagoniste, religieuse-sorcière violée durant son enfance, transforme le trauma de l'inceste en charge explosive contre des cibles symboliques (la pureté, la mise au monde) ; je m'intéresse ensuite à Désespoir de vieille fille (chapitre 5) et au discours confus d'une narratrice anonyme dont le célibat est à la source d'une immense colère ; j'analyse enfin la manière dont La Chair décevante recycle les codes du mélodrame pour inscrire dans la forme romanesque un puissant et inextinguible désir d'insurrection (chapitre 6). En conclusion, je montre que les enjeux analysés dans les œuvres sont préfigurés dans le premier roman écrit par une femme au Québec, Angéline de Montbrun. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : colère en littérature, vengeance, folie, sorcellerie, féminisme, littérature des femmes au Québec, littérature québécoise, Catherine Mavrikakis (1961-), Josée Yvon (1950-1994), Anne Hébert (1916-2000), Thérèse Tardif (1912-?), Jovette Bernier (1900-1981), Laure Conan (1845-1924).
-
"Cette anthologie rassemble des points de vue d'écrivain.e.s et des textes théoriques. À la fois personnels et engagés, ces écrits montrent la richesse et la fécondité de la pensée autochtone. En plus de fournir des clefs pour la lecture et l'enseignement des littératures des Premières Nations, des Métis et des Inuits, ce livre permet de mieux comprendre les enjeux liés à leurs territoires, leurs cultures et leurs imaginaires. Ces voix invitent à penser le monde à partir des histoires qui nous fondent."--Page 4 de la couverture.
-
Dans cette thèse, je propose une lecture de l'amour dans la littérature contemporaine des femmes (en France et au Québec). À partir des œuvres de Christine Angot, Nelly Arcan, Nina Bouraoui, Martine Delvaux, Camille Laurens, Catherine Mavrikakis et Tiphaine Samoyault, je m'intéresse à la manière dont l'amour donne forme à l'écriture. Une forme où l'usage du Je comme « pronom de l'intimité » (qui « n'a sa place que dans les lettres d'amour », écrit Christine Angot) infléchit une pratique de lecture amoureuse. Considérant que l'amour est « une source des graves malentendus » (Beauvoir, 1949) entre les hommes et les femmes, je choisis de fonder ma recherche sur une conception de l'amour en termes de rapport littéraire. Je me concentre sur les liens entre, d'une part, l'expérience réelle de l'amour que les textes font voir (sa force de ravissement et son impossibilité, en passant par son apprentissage et son échec) et, d'autre part, l'expérience de la littérature que font, pour elles-mêmes et entre elles, les femmes qui écrivent. Par « amour », il faut entendre, dans le cadre de cette thèse, une approche amoureuse : c'est-à-dire une façon qu'ont les narratrices de lire les signes de l'autre, tout en cherchant elles-mêmes (et en elles-mêmes), par l'acte d'écrire, ce que Christine Angot appelle un « noyau dur ». Ainsi, tenant compte de la fatalité qui circonscrit le destin des amoureuses dans la littérature, et le rôle ambigu que jouent les mots d'amour dans tout récit amoureux (« Les mots d'amour sont les mêmes, avec ou sans l'amour. », écrit Camille Laurens), au final, je pose la question de l'amour comme revendication d'une solitude à travers les actes d'écrire et de lire que mettent en scène les narratrices du corpus à l'étude. Partant en ce sens du constat que l'amour est une fiction, un rêve, un récit, un prétexte voire une disposition pour accéder au cœur de la littérature, je cherche moins à définir la vérité de l'amour comme sentiment que la vérité d'un projet littéraire dont l'amour est le sujet de prédilection. À l'histoire d'amour qui impose les questions du contexte et des circonstances, je réponds que la récurrence de certains lieux fournit, dans les œuvres à l'étude, une armature à l'écriture. Dépositaires d'images, de récits et d'une chronologie, ces lieux installent, dans les œuvres à l'étude, une double temporalité : celle d'une expérience conjuguée de l'amour et de la littérature. Ainsi, entre le souvenir concret que fait naître une histoire d'amour et l'intérêt que suscite la littérature en regard du désir de montrer ce qui est en jeu dans l'amour, je m'intéresse à l'idée d'un trajet où la littérature continue de faire signe à la littérature. Considérant que c'est sur le plan de la lecture que se crée le rapport d'amour ultime avec la littérature, je vise, par la recomposition de chacun des morceaux de cet argumentaire, à mettre en lumière une herméneutique féministe inédite de l'amour telle que me permet de l'élaborer la littérature contemporaine des femmes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amour, femmes, lecture, écriture, je, féminisme, filiation tragique, correspondances, trajet, interprétation littéraire, littérature contemporaine des femmes
-
À la fois mémoire, théorie, prose poétique et fragment, No Archive Will Restore You est une méditation fiévreuse sur le corps. Partant de l'appel d'Antonio Gramsci à dresser un inventaire des traces historiques laissées en chacun de nous, Singh aborde à la fois l'impossibilité et l'urgente nécessité de constituer une archive du corps. À travers des rêveries sur les héritages durables de la douleur, du désir, de la sexualité, de la race et de l'identité, elle nous demande de sentir et de ressentir ce que nous avons été entraînés à désavouer, à nous rappeler que le corps est plus que lui-même. Pourquoi ce désir d'une archive corporelle, d'un assemblage de traces d'histoire déposées en moi ? (Je me demande comment le décrire, comment l'encadrer sans paraître banal ou déconcertant idiosyncrasique.) L'archive corporelle est une harmonisation, un rassemblement plein d'espoir, un acte d'amour contre les forclusions de la raison. C'est une manière de connaître le moi-corps comme devenir et inconvenance, de brouiller le temps et la matière, de se tourner vers plutôt que contre soi. Et surtout, c'est une façon de penser-sentir la relation illimitée du corps aux autres corps. Je commence alors à compiler une archive de mon corps, une activité qui, dès le départ, me semble inconfortablement intime. Une entreprise trop intime et trop déconcertante, car comme tous les autres corps, le mien est devenu tant de choses au fil du temps, a radicalement changé par des forces à la fois naturelles et sociales. Je suis aussi, il faut le noter, une personne dont le corps a été brisé et mutilé à plusieurs reprises - un fait dont je ne peux pas encore entièrement rendre compte. c'est une manière de penser-sentir la relation illimitée du corps aux autres corps. Je commence alors à compiler une archive de mon corps, une activité qui, dès le départ, me semble inconfortablement intime. Une entreprise trop intime et trop déconcertante, car comme tous les autres corps, le mien est devenu tant de choses au fil du temps, a radicalement changé par des forces à la fois naturelles et sociales. Je suis aussi, il faut le noter, une personne dont le corps a été brisé et mutilé à plusieurs reprises - un fait dont je ne peux pas encore entièrement rendre compte. c'est une manière de penser-sentir la relation illimitée du corps aux autres corps. Je commence alors à compiler une archive de mon corps, une activité qui, dès le départ, me semble inconfortablement intime. Une entreprise trop intime et trop déconcertante, car comme tous les autres corps, le mien est devenu tant de choses au fil du temps, a radicalement changé par des forces à la fois naturelles et sociales. Je suis aussi, il faut le noter, une personne dont le corps a été brisé et mutilé à plusieurs reprises - un fait dont je ne peux pas encore entièrement rendre compte.
-
Cultures et pays, enfance et vie d'adulte, famille perdue et communauté retrouvée. La poésie d'Elkahna Talbi rassemble cette parole vibrante qui fait de la Tunisie et du Québec un territoire immense, relié par de multiples histoires d'exils, d'amours et d'espoirs. Elkahna Talbi se promène dans les rues de Montréal, avec sous le bras, un figuier secret." Le figuier est l'écho du pays d'origine. Il est le frère que je n'ai pas eu. Il est un peu moi. "Que devient-on quand on se déplace d'une terre à une autre? Un être divisé, travaillé par la solitude, l'arrachement et le désir de conquête. On porte en soi un monde contradictoire, fait de fragilités et d'imperfections. On bouscule l'horizon, on existe dans une mosaïque de temps. Extrait du prologue :" Il y a toujours, chez l'enfant qui n'a pas le même pays de naissance que ses parents, l'instant où l'autre patrie dévoile sa fragilité et ses imperfections. C'est une sorte de désenchantement. Où l'on comprend que là-bas n'est pas mieux qu'ici. Il n'existe pas de pays refuge. Et nous serons toujours un peu l'autre où que l'on aille."
-
On voit apparaître, dans les années 1980 au Québec, une nouvelle forme d'écriture féminine, qui s'inscrit en continuité avec les valeurs qui caractérisaient les années 1970 et qui tente de repenser la littérature en intégrant les acquis du féminisme. En publiant des textes de fiction à travers ses pages, le magazine d'actualité féministe La Vie en rose participe à ce mouvement d'écriture qui tente d'explorer un nouvel imaginaire social et littéraire. Le support de la revue permet de mettre en valeur plusieurs écritures et agit comme un laboratoire où la littérature peut être repensée et transformée. Il s'agit de démontrer par cette étude que le magazine La Vie en rose agit comme une plate-forme qui permet de susciter et de diffuser un projet féministe collectif, y compris dans sa dimension littéraire, et que les textes de fiction publiés dans la revue participent à la création d'un nouvel imaginaire qui intègre les revendications et les aspirations des femmes, se manifestant ainsi sous la forme d'une écriture « métaféministe » qui trace tranquillement son chemin dans le paysage culturel québécois. De ce fait, c'est par le biais d'une analyse portant sur l'entrecroisement de différentes tendances de l'écriture féminine au sein du magazine, tel que la réécriture des genres littéraires de grande consommation, la présence de la figure de l'écrivaine et de l'intertextualité, ainsi que l'utilisation par les auteures de stratégies d'écriture science-fictionnelle, que nous verrons comment La Vie en rose agit comme un laboratoire d'écriture métaféministe qui tente de repousser les frontières de l'imaginaire social et littéraire féminin. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : La Vie en rose, écriture métaféministe, magazine, nouvelle, paralittérature, figure de l'écrivaine, intertextualité, science-fiction.
-
Dans ce récit en fragments ciselés, Maggie Nelson raconte l'amour fou, le sexe, la grossesse, la famille, le travail, l'écriture. L'accouchement. La mort. Ce que c'est que de prendre soin. Et comment, sans l'amour, on tombe en morceaux. Mi-essai, mi-autofiction, voici un livre à la fois amusant et indigné, souvent emporté. Nelson nous y présente ses mères spirituelles, celles qui lui ont appris à vivre. Au fil de ses lectures, elle nous emmène à la plage en Floride, au cabaret burlesque, à l'université à New York, de chambre d'hôtel en chambre de soins palliatifs, au bureau du shérif en Californie et à la très kitsch chapelle Hollywood... Et surtout, elle s'assure que nous ne verrons plus jamais de la même façon le mystère de la fabrication d'un corps par un autre.