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Dans le champ littéraire, la traduction est depuis toujours partout présente, mais régulièrement invisibilisée. Or, les œuvres traduites sont, lors de leur annexion à la langue-culture d'accueil, appelées à s'insérer dans ce nouveau champ littéraire, ce qui signifie fréquemment - et c'est notamment le cas dans la littérature française - que leur propos et leur forme doivent changer pour répondre à un nouvel horizon d'attente. Phénomène culturel complexe, la traduction littéraire relève de plusieurs facteurs, du climat politique à la normativité linguistique, en passant par l'état du champ littéraire d'accueil et les états d'âme des différents sujets impliqués, toutes ces forces se conjuguant pour tirer l' œuvre vers une lecture ou l'autre. L'exemple des romans de Jane Austen est parlant : autrice des plus respectées en Grande Bretagne, où son style unique l'a hissée au panthéon des écrivains, elle est souvent classée en France parmi les auteurs de romans à l'eau de rose. Ce sont les modalités sociohisroriques et littéraires de cette chute positionnelle qui constitueront le cœur de la présente thèse. Cette translation, qui fait passer Austen du sérieux au banal, n'est certainement pas sans rapport avec l'engagement protoféministe de l'autrice : en effet, à travers tous ses romans, elle met à mal le système patriarcal en dénonçant - subtilement et avec ironie - les conséquences, pour les femmes, de la mécanique du mariage et de la transmission patrimoniale des biens. Les traces de cette prise de position auront-elles disparu dans les traductions françaises? Je m'intéresserai donc, dans la présente recherche, à l'inscription textuelle de cette traversée parfois ratée de la Manche. Par exemple, le style de l'autrice, foisonnant d'ironie et d'humour, a souvent été gommé au profit d'une prose plus classique ou encore plus romantique, en accord avec la conception française de l'art romanesque au féminin. Or, c'est précisément cette posture ambigüe qui permet à Austen de critiquer la société qui l'entoure et les contraintes qu'elle impose aux femmes. Par l'analyse textuelle de différentes versions françaises de trois de ses romans, soit Northanger Abbey (tl 818 [1803]), Pride and Prejudice (1813) et Persuasion (tl818), qui jalonnent les deux derniers siècles, je montrerai comment ces œuvres ont été soumises, au fil du temps, à différents systèmes normalisateurs visant leur annexion. Cette étude diachronique me permettra d'observer directement les mécanismes de la traduction et de la retraduction, parfois théorisés, mais pas assez souvent soumis à l'épreuve de l'analyse textuelle. Grâce aux éléments théoriques et contextuels rassemblés dans la présente recherche, je serai à même d'expliquer les intentions derrière les différents choix effectués par les traducteurs. Je pourrai ainsi contribuer à faire entendre, à travers le voile qui sépare les langues, la voix unique d'Austen. Ainsi accumulés, les résultats de ces trois études traductologiques constituent en soi une histoire récente de la traduction romanesque, puisque mon corpus, qui s'étend de 1821 à 2016, soit près de deux siècles, suit de près l'essor du roman en Europe et peut donc témoigner de l'évolution des pratiques traductives durant cette période, de la crise éditoriale de 1830 à l'essor du livre qu'a connu la France à partir de 1945. Ce type d'analyse, menée sous le mode diachronique plutôt que synchronique, est inédit pour l'œuvre d'Austen, et très rare dans le domaine général de la traductologie, où les études par corpus sont le plus souvent menées sous le mode assisté par ordinateur plutôt qu'en se penchant, comme je l'ai fait ici, sur des extraits sélectionnés pour leur idiosyncrasie. Cette recherche montrera que la traduction n'est pas qu'un principe idéologique ou un objet théorique, mais aussi une pratique tout à fait réelle, qui s'accomplit à travers une chaine de lecteurs menant à l'expression - ou plutôt à la réexpression - commune du texte original. Bien différente d'une simple reproduction, la (re)traduction est une (ré)interprétation qui fixe fugacement, avec plus ou moins de profondeur, le sens de cet original. Chaque événement traductif est une réactivation, une relecture de l'œuvre source qui, à la fois, répond de et participe à l'horizon d'attente des lecteurs. De même, chaque réimpression d'une traduction déjà parue est tout de même une réactualisation de l'œuvre, étant donné l'invisibilité chronique du traducteur. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : TRADUCTION LITTÉRAIRE ; VOIX AUCTORIALE ; RETRADUCTION ; JANE AUSTEN ; LECTURE ; FÉMINISME
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L’intermédialité comme théorie et comme forme permet de penser le projet et l’écriture de Léonora Miano. Elle met en lumière les phénomènes de co-construction des médias et des socialités, en particulier dans les expériences afropéennes. La littérature est dès lors investie d’un pouvoir vis-à-vis du monde. Grâce aux emprunts féconds à d’autres formes artistiques (théâtre, musique, cinéma...), l’écriture romanesque s’affiche comme médium susceptible d’oeuvrer à la création du réel. La mise en scène de la construction et des dynamiques à l’oeuvre invite cependant le lecteur à participer consciemment à ces processus.
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Cet article soutient que la médiatisation des hashtags #metoo et #Balancetonporc, par laquelle le public a pu découvrir la vigueur des mobilisations féministes en ligne, est une manifestation de l’émergence récente d’une Quatrième Vague féministe. Pour cela, l’étude adopte une définition empirique du terme de vague, qui permet d’attester de son existence en fonction de trois critères mesurables dont deux sont testés et validés. Le premier critère requiert d’observer une hausse de l’intérêt public pour les thèmes liés au féminisme ou aux rapports de genre, et il se vérifie tant au niveau des intérêts de recherche des internautes qu’au niveau des sujets discutés à l’Assemblée Nationale. Le second critère exige d’attester d’une reconfiguration des idées et/ou pratiques militantes. Sur ce point, le rôle de la démocratisation des réseaux sociaux, de la restructuration du marché cognitif qu’ils opèrent et du régime de visibilité panoptique qui les caractérise est examiné.
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Ce mémoire explore les processus interactionnels et les pratiques décisionnelles au sein des organisations féministes et les manières dont les participantes en font sens. Une revue de la littérature a démontré que les organisations féministes portent une attention particulière à l’inclusion des participantes dans le groupe et tentent souvent d’instaurer des rapports égalitaires entre les membres. L’observation de réunions d’une organisation sélectionnée a permis de décrire les pratiques et les stratégies utilisées par les membres. Il a été observé que plusieurs mécanismes contribuent à la création d’un climat de participation et d’échanges dans le groupe. Six entretiens semi-dirigés ont été réalisés avec des participantes de l’organisation afin de comprendre comment elles-mêmes font sens de leur expérience au sein du groupe. Il a émergé des observations que le souci d’inclusion des participantes se manifeste lors des processus de prise de décision, notamment avec la recherche de consensus. Les résultats suggèrent également que les participantes sont parfois confrontées à des contradictions entre les idéaux féministes et la pratique.
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Alors que le cinéma des Aborigènes d’Australie et que celui des Premières Nations aux États-Unis connaissent un véritable essor et jouissent d’une reconnaissance internationale, la représentation des Autochtones demeure toujours problématique au Québec. Quand ces derniers ne sont pas invisibles, ils sont bien souvent mal représentés. Stéréotypes, appropriation culturelle et politique : la Belle Province accuse un certain retard et ne semble pas en avoir tout à fait fini avec son histoire colonialiste, en dépit des efforts sporadiques pour mettre fin aux relents de ce passé.
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UNE FEMME FANTASTIQUE est l'histoire de Marina, une serveuse et chanteuse, et d'Orlando, un homme plus âgé, qui sont amoureux et qui planifient pour l'avenir. Après qu'Orlando tombe soudainement malade et décède, Marina est obligée d'affronter sa famille et la société, et de se battre à nouveau pour leur montrer qui elle est : complexe, forte, franche, fantastique.
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S’il ne fait aucun doute que les activistes féministes queer ont pu reprendre à leur compte le slogan « mon corps est un champ de bataille », elles et ils n’en ont pas pour autant négligé d’investir le langage, ce champ de bataille symbolique. Intervenir sur la langue, se réapproprier les discours de haine en les détournant, sont alors autant de stratégies contre-discursives participant activement au processus de subjectivation. Les enjeux de langage deviennent ainsi un terrain propice pour appréhender le monde, élaborer un espace commun, intelligible et safe, et se constituer en tant que sujet. Ils participent pleinement à l’élaboration politique, identitaire et culturelle de la mouvance ou praxis féministe queer en France. Cette analyse cherche à examiner les dynamiques de traduction au cœur des créations langagières des activistes féministes queer, notamment celles qui relèvent des questions d’autodéfinition. Bien plus qu’une simple formalité de transcription langagière, la traduction soulève des enjeux politiques et culturels déterminants. À partir d’une lecture contextualisée et au plus près des usages, il s’agit ici de souligner l’ambivalence et la complexité de tout processus de traduction, oscillant entre circulation et déformation, réappropriation et reconfiguration.
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À l’occasion de l'arrivée en librairie de la première traduction française du classique afroféministe de bell hooks, Ne Suis-je Pas Une Femme, les éditions Cambourakis et La Centrale Galerie Powerhouse organisent une discussion autour de la traduction du Black Feminism américain en contexte francophone. Modératrice: Amandine Gay Invitées: Leïla Benhadjoudja et Stéphane Martelly
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S'inscrivant dans le courant du « corporeal feminism » (Elizabeth Grosz), ce mémoire vise à interroger les pratiques qui produisent, dans et par le corps, des effets de vérité et d'identité. Le premier chapitre établit l'espace théorique permettant de considérer le corps comme un lieu, non pas neutre, mais déterminé par des rapports de force hétéronormatifs. Les deuxième et troisième chapitres, dédiés respectivement aux films Dead Ringers de David Cronenberg et Dans ma peau de Marina de Van, s'attardent à penser et à mettre en question l'identité féminine à travers la notion de corporalité, et analysent les pratiques technologiques qui définissent l'existence corporelle des femmes. Les deux films offrent une représentation du corps de la femme qui implique, dans chacun des cas, une relation particulière et déterminante avec la technologie. Celle-ci opère, littéralement et au figuré, à la manière d'un instrument qui inscrit sur le corps une sémiotique venant définir l'expérience du féminin. Il s'agit, par la conjonction de ces deux longs-métrages, de tenter un exercice conceptuel qui visera à interroger les diverses articulations des états de domination sexistes engendrés par des pratiques d'inscription technologique, pour ensuite parvenir à penser des stratégies de résistance. En ce sens, l'objectif scientifique de ce mémoire réside dans la volonté de produire une réflexion littéraire et féministe à partir des deux films à l'étude. Nous désirons rendre manifestes : d'une part, les diverses articulations conceptuelles et représentationnelles contemporaines qui travaillent à faire du corps des femmes les objets et les instruments du système patriarcal qui caractérise notre société; d'autre part, à pointer les brèches de ce système à travers lesquelles un espace politique de réflexion et de création féministe est possible. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : David Cronenberg, Dead Ringers, Marina de Van, Dans ma peau, Corps, Corporalité, Technologie, Féminisme, Femme, Sexualité.
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Les histoires de guerre occupent une place prédominante dans l'imaginaire collectif et servent souvent à légitimer l'emploi de la force ou le maintien du statu quo au niveau de la sécurité internationale. Ces histoires sont véhiculées à travers diverses sources dans la société, dont la culture populaire, et en particulier le cinéma, qui constituent donc des terrains particulièrement fertiles pour en comprendre les tenants et aboutissants. Car ces histoires reposent sur des structures narratives bien précises qui sont bâties sur des inégalités de genre et de « races », entre autres rapports de pouvoir. Or, qu'en est-il des histoires « antiguerre » ou visant à dénoncer un ou plusieurs aspects de la guerre en général ou d'une guerre en particulier? Ces histoires reposent-elles sur les mêmes structures inégalitaires? La guerre en Irak présente un cas d'étude particulièrement intéressant pour répondre à cette question vue son impopularité auprès de la population américaine, reflétée au sein des productions cinématographiques. Ainsi, trois films américains de fiction portant sur la guerre en Irak et critiquant un ou plusieurs aspects de celle-ci seront analysés : In the Valley of Elah (2007), Green Zone (2010) et Home of the Brave (2006). Plus précisément, en utilisant un cadre théorique issu des études féministes poststructuralistes de la sécurité internationale, les masculinités et féminités mises en scène dans ces narrations seront analysées dans le but d'en déceler les composantes genrées et racisées ainsi que leurs effets sur la charge critique du film. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : sécurité internationale, genre, « races », histoires de guerre, guerre en Irak
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Pas d’histoire, les femmes? L’historienne Micheline Dumont constate que, si les recherches en histoire des femmes menées au cours des dernières décennies ont contribué à faire émerger un nouveau champ de connaissance, celui-ci n’a toujours pas été intégré dans l’histoire officielle. La tradition d’une histoire univoque, qui confine les femmes à la marge, se perpétue. Notre rapport à l’histoire est toujours «hémiplégique», amputé de toutes celles à qui l’on nie la reconnaissance comme sujet historique et politique. «La colère, dit-on, est mauvaise conseillère. Mais elle se trouve presque toujours à l’origine des textes réunis dans ce recueil. J’assume ma colère, je la crois légitime. Je voudrais offrir mes pensées indignées comme témoins de ce travail qui est le mien, l’histoire des femmes comme combat non gagné. “Être désappropriée de l’histoire, c’est le destin des femmes”, disait l’historienne Arlette Farge il y a plus de trente ans. Je ne veux pas être désappropriée de l’histoire. En définitive, l’histoire des femmes pose toujours des questions politiques.»
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Les conditions de travail dans les milieux où les horaires « non standards » présentent de grands défis pour la santé des travailleuses et des travailleurs, mais aussi pour la planification d'activités familiales. Pourtant, peu d'études québécoises ont abordé la question de la conciliation travail-famille (CTF) dans ce type d'emploi. Notre étude s'arrime à un projet de recherche interdisciplinaire auprès d'un partenaire syndical qui a porté sur la CTF dans le secteur du commerce de détail au Québec (projet CTF-UQAM/FTQ). Puisque l'influence du soutien organisationnel sur l'expérience de la CTF est reconnue dans la littérature, les relations entre les acteurs de ces milieux doivent être mieux comprises. C'est pourquoi nous proposons une analyse communicationnelle des aspects relationnels des pratiques de CTF au sein de marchés d'alimentation québécois. Notre objectif est de mieux comprendre comment différents groupes d'acteurs perçoivent et interprètent les relations liées aux pratiques de CTF et le contexte dans lequel elles se déroulent. Notre méthodologie qualitative s'appuie sur l'analyse thématique d'un corpus de trente entretiens semi-dirigés réalisés auprès de treize travailleuses, six supérieurs hiérarchiques (quatre hommes et deux femmes) ainsi que de onze représentants syndicaux (10 hommes et une femme). Nos résultats montrent que les enjeux relationnels associés à la CTF portent essentiellement sur les aménagements du temps de travail et, qu'en dépit de règles liées à la convention collective, la qualité du climat de travail est influencée par les pratiques informelles. Ces dernières s'expriment à travers le cadre de l'horaire de travail qui, malgré une apparente neutralité, peut révéler les privilèges accordés à certaines personnes. Ces traitements privilégiés, souvent campés dans un rapport de « donnant-donnant », se répercutent négativement sur la qualité des rapports entre collègues. De même, les travailleuses ressentent physiquement et émotivement l'effet des tensions dans leurs rapports avec leurs supérieurs ou leurs collègues. L'imbrication des normes et des valeurs véhiculées par le climat de travail, particulièrement à travers l'attitude du supérieur hiérarchique, contribue à la co-construction des perceptions des pratiques de CTF. La valorisation de la disponibilité comme comportement idéal complique l'expression des besoins de CTF pour les travailleuses qui s'écartent de cette norme. Par ailleurs, la perception d'une équité de traitement atténuerait l'ampleur des difficultés de CTF vécues par certaines travailleuses mettant en évidence l'importance du rôle joué par des pratiques marquées par la transparence décisionnelle et l'ouverture du climat organisationnel. À l'opposé, la faible ouverture de certains milieux de travail à discuter d'enjeux de CTF combinée à la présence du rapport de « donnant-donnant » peut contribuer à la perception d'absence d'enjeux liés à la CTF présente chez certains employeurs, représentantes et représentants syndicaux rencontrés. Cette étude souligne l'importance de donner la parole à des personnes aux prises avec de grandes difficultés de CTF qui sont vécues dans l'ombre et l'isolement. Elle montre également la nécessité, pour les entreprises où les horaires sont « non standards », de créer un climat d'ouverture favorable à des pratiques qui valorisent l'express ion des enjeux de CTF. Enfin, elle met en lumière la place centrale des aspects relationnels dans la co-construction de la perception des pratiques de CTF qui relèvent autant de dimensions interpersonnelles que des particularités de la situation de travail. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : communication organisationnelle, conciliation travail-famille, marchés d'alimentation, horaires non standards, pratiques informelles, femmes, Québec
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Voir différemment propose une histoire et une théorie des idées sur l'identité en relation avec les discours et les pratiques des arts visuels dans la culture euro-américaine, depuis les premières croyances modernes selon lesquelles l'art est l'expression d'un individu, l'image peinte une « image du monde » exprimant une vision globale et point de vue cohérent, à la montée des politiques identitaires après la Seconde Guerre mondiale dans le monde de l'art et au-delà. Le livre est à la fois une histoire de ces idées (par exemple, retraçant la domination d'un modèle binaire de soi et de l'autre de Hegel à travers la politique identitaire classique des années 1970) et une réponse politique à la revendication commune dans l'art et le discours politique populaire que nous sommes " au-delà » ou « post- » identité. En contestant cette dernière affirmation, Seeing Differently examine de manière critique comment et pourquoi nous « identifions » les œuvres d'art avec une subjectivité expressive, notant l'impossibilité de prétendre que nous sommes une « post-identité » étant donné la persistance des croyances dans le discours artistique et la culture visuelle plus large sur qui « est » le sujet et propose une nouvelle théorie sur la manière de penser ce type d'identification de manière plus réfléchie et autoréflexive. En fin de compte, Seeing Differently propose un mode de pensée de l'identification en tant que processus de « durée féministe queer » qui ne peut jamais être entièrement résolu, mais doit être pris en compte dans la réflexion sur l'art et la culture visuelle. La duréenalité féministe queer est un mode d'interprétation relationnelle qui affecte à la fois «l'art» et «l'interprète», nous rendant potentiellement plus conscients de la façon dont nous évaluons et valorisons l'art et d'autres types de culture visuelle.
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Dans ce chapitre extrait de son ouvrage Black Sexual Politics (2004), Patricia Hill Collins s’intéresse à la nouvelle configuration de la question raciale aux États-Unis, qu’elle nomme le « Nouveau Racisme ». Il s’agit d’une logique discriminante, dans une Amérique post mouvement des Droits civiques, qui ne place plus uniquement le biologique comme facteur explicatif d’une prétendue déviance des Noir.e.s mais qui justifie davantage l’exclusion et le contrôle d’une large partie de celles-ci en arguant et en se basant sur des facteurs culturels. La culture populaire noire constitue alors un espace stratégique de lutte pour la définition de l’identité noire. En examinant notamment les représentations de genre racisées (black gender ideology) produites dans la musique rap, en lien avec les médias de masse, la sociologue américaine interroge plus généralement la compréhension de l’identité noire par la société américaine, qui reste toujours hantée par l’histoire de l’esclavage.
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Cet article traite du contexte intellectuel et social qui génère le questionnement sur les alternatives aux épistémologies occidentales. À cet égard, l'auteur énumère les défis qui attendent la tradition critique occidentale : l'ancien et le nouveau ; la perte des termes critiques ; la relation fantomatique entre la théorie critique et la transformation sociale ; la fin du capitalisme sans fin ; la fin du colonialisme sans fin. Il oppose « la sociologie des émergences » , c'est-à-dire l'accroissement des connaissances, des pratiques et des agents, à « la sociologie des absences » , c'est-à-dire les formes de non-existence (« l'ignoré » , « le résiduel » , « l'inférieur » , « le local » , « l'improductif »). Enfin, à propos des nouvelles orientations épistémologiques, il suggère que les épistémologies du Sud sont fondées sur « l'écologie des savoirs » et sur « la traduction interculturelle ».
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Cet ouvrage présente quelques-unes des communications prononcées en décembre 2009 à Montréal lors du colloque international La tuerie de l'École Polytechnique 20 ans plus tard : Les violences masculines contre les femmes et les féministes.
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Le présent article se décline en deux parties distinctes. La première aborde trois films québécois récents (Maman est chez le coiffeur, C’est pas moi, je le jure! et Un été sans point ni coup sûr) se déroulant à la fin des années 1960. Bien que ces trois films soient racontés du point de vue des enfants et que les femmes ne soient pas les protagonistes de ces films, j’aborderai les trois récits du point de vue de ces personnages de femmes, faisant d’elles moins les objets, mais plutôt les sujets de ces films. Seront relevés les commentaires sur ces personnages, retrouvés dans la presse spécialisée québécoise dans les revues 24 images, Séquences et CinéBulles , afin de constater de quelles façons la réalisatrice et les réalisateurs, les interviewers et les critiques de cinéma qualifient ces personnages de femmes. En deuxième partie, sera abordée la voix féminine proprement dite dans le film Maman est chez le coiffeur, à la lumière des écrits de Michel Chion et de Kaja Silverman sur la voix féminine au cinéma.
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