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Atteintes de douleurs chroniques, cycliques ou spontanées, les allongées ont en commun leur posture. Leur solitude aussi, malgré l’addition de leurs voix. Elles-mêmes aux prises avec des douleurs fréquentes, Martine Delvaux et Jennifer Bélanger rendent hommage à ces femmes, dans Les allongées, un livre sur la souffrance et la résilience.
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Ce mémoire s'intéresse aux lignes (de fuite et de risque) qui émergent du corps malade des narratrices et créent de nouvelles cartographies corporelles, des manières inédites d'être au monde. Son objectif est d'analyser la performance du corps féminin malade comme hétérotopie queer et les modalités d'inscription de la maladie dans les œuvres autopathographiques Journal du cancer (1980) et Un souffle de lumière (1988) d'Audre Lorde, et D'ailleurs de Verena Stefan (2008). Ces textes, chaotiques, offrent des représentations subjectives du cancer du sein et du foie, mais refusent de témoigner d'un quotidien qui serait uniquement marqué par l'expérience de la maladie. Ainsi, le récit du diagnostic et des traitements est entrelacé, chez Stefan, avec celui de son processus migratoire et, chez Lorde, avec celui de sa survivance en tant que poète lesbienne et noire née aux États-Unis. En s'écrivant, ces auteures défient les discours normatifs et dévoilent une construction discursive de soi qui met en œuvre un contrediscours. À l'intérieur de l'institution médicale, elles sont un site que l'on cherche à normaliser et à baliser; toutefois, leur corps narré, en refusant de vivre en ligne droite et de se réorienter, se définit comme un ailleurs, comme une hétérotopie, tant spatiale que sémantique. Ma démonstration se décline en trois chapitres : le premier sert à définir ce qu'est et ce que fait l'autopathographie en tant que registre narratif qui répond à l'impératif de jeter du sens sur un corps bruyant, tandis que les deux autres bâtissent une analyse croisée des œuvres. Le deuxième chapitre, en arrimant les réflexions de Michel Foucault sur les hétérotopies à celles de Sara Ahmed sur la phénoménologie queer, développe l'idée que les corps lesbiens malades des narratrices s'incarnent en « espaces autres», visibles et invisibles, lisibles et illisibles. Il est dès lors question des actes de lecture qui adviennent entre les narratrices et les spécialistes, lesquels dévoilent et réactualisent les signes inscrits (transcrits) sur et dans leur corps malade. J'y oppose deux postures, soit le face-à-face médical et le corps-à-corps amoureux, afin de mettre en lumière une approche qui puisse toucher et lire différemment ce corps souffrant. Finalement, le troisième chapitre s'attarde à ce qui, dans l'écriture des récits, se risque au cri comme symptôme d'un langage qui déborde. Le cri pointe à et vers autrui en contournant, tout en l'aiguisant, l'écart entre celle qui l'émet et celle qui l'accueille. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : hétérotopie, autopathographie, ligne de fuite, phénoménologie, patiente, médecin, corps malade, cancer, féminisme, femmes, queer, lesbiennes.
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Pendant des millénaires, tout paraissait simple : aux hommes la création, aux femmes la procréation ; aux hommes l'esprit et aux femmes le corps. L'émancipation féminine a bousculé cette distribution des rôles et mis à mal des métaphores séculaires : la muse féminine, l'œuvre d'art comme amante ou comme " enfant " de l'artiste. Mais trouver un nouveau modus vivendi n'est pas facile pour autant. Mettant à profit une certaine et curieuse forme de clairvoyance liée, dans son esprit, aux métamorphoses de son corps de femme enceinte, Nancy Huston s'est penchée sur les histoires souvent douloureuses de Sand et Musset, Virginia et Leonard Woolf, Scott et Zelda Fitzgerald, Sartre et Beauvoir. Le récit de ses recherches sur les couples d'écrivains et le journal de sa propre grossesse se croisent, se répondent et se complètent pour évoquer les mystères de l'amour, de l'inspiration, du couple et de la création.