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À travers l’analyse de l’essai A Small Place et des romans The Autobiography of My Mother et See Now Then, le présent mémoire interroge la manière dont le bonheur oriente l’oeuvre de l’autrice Jamaica Kincaid. Ce mémoire repose sur la prémisse suivante : la notion de bonheur est le produit d’une narration; elle n’est pas une chose en soi, mais se construit, plutôt, par l’entremise d’un récit. En ce sens, le récit du bonheur a une fonction de contrôle social puisqu’il sert à établir une marche à suivre pour l’atteindre et à distinguer les personnes heureuses de celles qui sont malheureuses. L’objectif du mémoire est de relever comment, dans l’oeuvre de Kincaid, le produit de cette narration, qui sera nommé « récit hégémonique du bonheur », est constitué par le white gaze qui réifie les personnes racisées et historiquement colonisées. À l’aide des théories du Black feminism et du point de vue situé, nous verrons comment Kincaid fait un usage politique du malheur et investit la narration du point de vue situé des femmes noires pour venir déstabiliser, déconstruire et tourner au ridicule le white gaze. Ainsi, elle oppose au discours dominant des discours contrehégémoniques qui permettent de penser les portées esthétiques et politiques du malheur. Chacune des narratrices à l’étude est associée à une figure rabat-joie développée par la philosophe Sara Ahmed — la killjoy postcoloniale, la willful subject et la melancholic migrant —, incarnations qui font contrepoids au point de vue blanc et masculin. Pour débuter, un chapitre théorique effectue un bref historique de la notion de bonheur en Occident et détaille les approches théoriques et concepts qui seront au centre de l’analyse (point de vue situé, white gaze, figures rabat-joie) Les trois chapitres subséquents sont respectivement dédiés à l’analyse d’une oeuvre à l’étude et de la figure qui lui est associée. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jamaica Kincaid, bonheur, rabat-joie, blanchité, hégémonie, A Small Place, The Autobiography of My Mother, See Now Then, killjoy, willful subject, melancholic migrant, Black feminism, point de vue situé, subjectivité
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Je m’intéresse, dans cette thèse, à la manière dont la nudité féminine participe d'une expérience hégémonique de l'image. Mon postulat est que la nudité féminine occupe dans les productions culturelles contemporaines une place privilégiée, une fonction bien spécifique : elle se présente comme le support d’un désir épistémologique masculin, phallique, blanc, et assure la promotion et le maintien de relations de pouvoir sexistes et racistes. Figure d’aliénation, ruse de la sexualité, elle offre paradoxalement la promesse de la vérité, fait miroiter le fantasme, le secret de la libération par le sexe. La nudité féminine est une image cadrée de telle sorte qu'elle met en jeu le ≪ savoir du sexe ≫, plus précisément le désir de connaître la vérité du sexe de la femme. Admettant ainsi l’usage détourné de la nudité féminine, attendu qu'elle sert d'instrument à une pensée et des pratiques dominantes, cette thèse problématise sa fonction épistémologique et son rôle dans la construction identitaire et ontologique des femmes. En ce sens, cette thèse pose les questions suivantes : Comment opère la domination de l’image? À quel ordre de savoir la nudité féminine profite-t-elle? Quelle pensée cette image permet ou interdit-elle? De quels récits nous détourne-t-elle? Et en quoi concerne-t-elle les femmes? Envisageant la nudité féminine comme une ≪ mise en scène ≫, cette thèse avance en interrogeant, dans un premier temps, la récurrence de cette scène à travers une sélection d’œuvres littéraires et visuelles, et les paramètres qui font de la femme dénudée une image fascinante et une expérience esthétique hégémonique. En accord avec une méthodologie féministe, élaborée depuis les pensées de Catherine Malabou, Rosi Braidotti, Avital Ronell, Judith Butler, Francoise Collin, Anne Dufourmantelle, Zadie Smith et Martine Delvaux, je procède à une lecture critique des travaux de philosophie et de théorie esthétique qui se réclament d’une neutralité quant à la question sexuelle au nom d’un idéal universaliste ou humaniste. Je cherche, dans un second temps, à mettre de l'avant des mises en scène qui répondent d’une exigence à féminiser l’image, à faire entrer en compte la sexualité et le désir des femmes dans l’expérience esthétique. Ainsi, je repère à travers les analyses des œuvres de Marguerite Duras, David Lynch, Kathy Acker, Deana Lawson et Jamaica Kincaid diverses mises en scène et configurations de cadres donnant forme à un espace ou la matérialité de la sexualité féminine peut se penser. Car enfin, l'impératif de sexualiser la pensée et le désir, et d'envisager la pensée comme désir (du) féminin, détermine le trajet de cette thèse. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Nudité, femmes, corps, désir, sexe, image, épistémologie, ontologie, littérature contemporaine des femmes, cinéma, philosophie, féminisme.
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"Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s'observent et s'écoutent. Ils s'échangent des idées, des armes, de l'argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d'une chorégraphie mortifère. Le boys club n'est pas une institution du passé. Il est bien vivant, tentaculaire : État, Église, armée, université, fraternités, firmes... et la liste s'allonge. À la manière d'une chasse à l'image, c'est dans les représentations au cinéma et à la télévision que Martine Delvaux le traque. Véritable plongée en eaux noires, ce livre nous invite à considérer l'entre-soi des hommes comme un phénomène régressif. Un dispositif à profaner, déconstruire, refuser, parce que nos vies comptent"--Page 4 de la couverture.
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Activiste féministe lesbienne radicale depuis les années 1970, Dorothy Allison a connu le succès avec ses romans (L’Histoire de Bone, Retour à Cayro). En 1994, elle publie Peau, un recueil d’essais. Elle y parle de son enfance, d’inceste, de lesbophobie. Elle raconte son engagement féministe, sa sexualité, les « Sex Wars » des années 1980. Elle partage ses réflexions sur la littérature : comment écrire l’extrême misère sociale, comment écrire sur le sexe ? Un livre tout à la fois intime, décapant et profondément politique, réédité avec sept textes inédits en français.
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Je me propose donc, en faisant usage de toutes les libertés et licences de la romancière, de vous raconter l'histoire des deux jours qui ont précédé ma venue ici – comment, courbée sous le poids du sujet dont vous aviez chargé mes épaules, je l'ai soupesé, je l'ai mis à l'épreuve de ma vie quotidienne. Virginia Woolf Publié pour la première fois en 1929, Un lieu à soi est composé d'une série de conférences consacrée au thème des femmes et de la fiction que Virginia Woolf donna à l'université pour femmes de Cambridge en 1928. La romancière explique dès les premières lignes comment ce sujet a fait naître une tout autre question, celle qui donne son titre à l'essai : « Une femme doit avoir de l'argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction. » Avec humour et ironie, et une saisissante honnêteté intellectuelle, Virginia Woolf propose de retracer les quelques jours qui ont précédé cette conférence. À la manière d'un roman, elle déroule ainsi le fil de sa pensée et le cheminement qui l'a conduite vers cette réflexion sur le lieu et l'argent. Ce chef-d'œuvre de la littérature féministe prend un éclairage différent sous la plume de Marie Darrieussecq. Cette nouvelle traduction remet en perspective la question essentielle des femmes et de l'écriture, et de leur place au sein de la littérature contemporaine
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Des corps féminins en rangées, qui se meuvent en synchronie. Ils ne se distinguent que par le détail d’un vêtement, d’une courbe, d’une teinte de cheveux. Les filles en série créent l’illusion de la perfection. Ce sont des filles-machines, filles-marchandises, filles-ornements. Toutes reproduites mécaniquement par l’usine ordinaire de la misogynie. Les filles sont des filles parce qu’elles sont en série. Mais la figure des filles en série est double: à la fois serial girls et serial killers de l’identité qu’on cherche à leur imposer. Entre aliénation et contestation, les filles en série résistent à leur chosification, cassent le party, libèrent la poupée et se mettent à courir. Cet essai percutant, paru pour la première fois en 2013, se déploie comme une chaîne qui se fait et se défait, depuis les Cariatides jusqu’aux Pussy Riot. Dans cette édition revue et augmentée, Martine Delvaux s’attaque à la blancheur des filles en série et analyse de nouvelles formes de résistance investies par les ballerines, les survivantes d’agressions et Beyoncé.
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Les deux textes réédités ici pour la première fois ensemble sont sans doute les écrits les plus célèbres d’Hélène Cixous : publiés en 1975, mais inaccessibles en français depuis plusieurs décennies, Le Rire de la Méduse et Sorties ont fait le tour du monde. Traduits très vite en anglais, ensuite dans des dizaines d’autres langues, ils sont devenus des classiques de la théorie des genres (gender theory), et ont fait de leur auteur l’une des chefs de file du « New French Feminism ». Ces textes qui annoncent une nouvelle approche de la vieille question de la différence sexuelle ont eu une nombreuse descendance, surtout dans leur diaspora extra-francophone, dans tous les champs de recherches qui sont issus du féminisme et de la lutte des femmes des années 1970 : women’s studies, gender studies, queer theory. Ils figurent dans un grand nombre d’anthologies, et ils sont incontournables dans les programmes des cursus universitaires touchant aux problématiques théoriques et politiques de la sexualité et de la différence sexuelle. L’« événement » inouï que représenta et que continue à représenter ce double texte, dans de nouveaux espaces ou dans de nouvelles générations de lecteurs, provient de sa combinaison inédite et merveilleusement réussie de la réflexion philosophique, de l’écriture poétique et du manifeste politique. En France, ce texte parut à un moment où le mouvement « féministe » était en pleine effervescence. Hélène Cixous en faisait déjà partie, autant par ses écrits antérieurs que par son activité politique surtout au sein de l’Université. On sait qu’après avoir fondé en 1968 la structure enseignante de l’Université de Paris-VIII, elle y avait créé en 1974 le premier Doctorat en Études féminines d’Europe. Cependant, Le Rire de la Méduse parlait une autre langue et adoptait des positions bien plus révolutionnaires que les textes féministes qui le précédèrent, l’entourèrent ou même le suivirent. Son inclusion dans un numéro de la revue L’Arc élaboré par Catherine Clément et consacré à Simone de Beauvoir rend un son presque ironique, étant donné la distance qui sépare l’écriture et les positions d’Hélène Cixous de l’auteur objet de cet hommage. Le Rire de la Méduse prend bien sûr la défense des « femmes » à un moment où, comme Cixous elle-même l’a maintes fois rappelé, il fallait se prononcer haut et fort contre les structures patriarcales qui les opprimaient – bien que, dès le début, le texte nous prévienne contre l’existence d’une « femme générale, une femme type ». Ici, Hélène Cixous déconstruit deux « mythes » qui ont défini la féminité de façon négative tout au long de l’histoire. Le premier est celui qui qualifie la femme de « continent noir », laissant entendre qu’elle doit être pénétrée, colonisée, pour être connue et cartographiée, pour apprivoiser sa différence comme celle de tous les autres sujets hors norme. Freud va jusqu’à affirmer que la femme et sa sexualité sont une « énigme ». Le Rire de la Méduse déclare que « Le “Continent noir” n’est ni noir ni blanc ni inexplorable ». Il s’attaque ensuite au second faux mythe, celui de la femme fatale représentée par la figure mythologique de Méduse : « Il suffit qu’on regarde la méduse en face pour la voir : et elle n’est pas mortelle. Elle est belle et elle rit ». Le Rire de la Méduse parle à la première personne du pluriel et s’adresse aux « femmes », mais cela ne signifie pas que son discours exclut les « hommes ». En fait, et c’est l’originalité majeure du texte, sous ces dénominations Cixous ne se réfère pas aux deux sexes dans un sens biologique : elle souligne que les différences sexuelles, toujours au pluriel puisqu’elles sont multiples – il ne s’agit surtout pas simplement d’une opposition binaire –, traversent tous les individus, dans un mouvement perpétuel. La libération, autant pour les « hommes » que pour les « femmes », ne peut donc venir que de la déconstruction des structures phallogocentriques. Et cela ne peut se faire que grâce à l’écriture, qui est dite « féminine », c’est-à-dire inappropriable, expatriée, quand « elle se sauve » comme le dit Hélène Cixous, quand elle échappe à ces structures prépondérantes dans la pensée et la culture, que l’auteur s’appelle Jean (Genet) ou Marguerite (Duras). Le Rire de la Méduse nous invite puissamment à lirécrire – selon le beau néologisme créé plus tard par Cixous – « pour se forger l’arme antilogos », libérant ainsi notre pensée de même que notre corps (« Texte, mon corps » est une de ses belles phrases). Marta Segarra
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J'écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n'ont pas envie d'être protecteurs, ceux qui voudraient l'être mais ne savent pas s'y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l'idéal de la femme blanche séduisante qu'on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu'il n'existe pas. V.D.
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Entre l’écriture rassemble sept textes qui, sur une dizaine d’années, de 1975 à 1984, ont posé la question de l’« écriture féminine » : réflexion sur un des points les plus controversés des nouveaux féminismes. Tout en poursuivant une critique aiguë et gaie de l’écriture au masculin, et en donnant parallèlement une œuvre de fiction abondante, Hélène Cixous explore, depuis La Venue à l’écriture, l’espace où s’affirme de la différence. Écrire n’est jamais neutre, le geste, le texte sont sexués : « J’écris-femme. Quelle différence ? » C’est la question que tous ces textes relance, d’une langue à l’autre, d’un sexe à l’autre, de l’art de peindre à l’art d’écrire. La venue à l’écriture.