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Gloria Evangelina Anzaldua (1942-2004) est une théoricienne féministe chicana, l'éditrice d'un ouvrage, This Bridge Called My Back, qui a marqué la littérature féministe dès sa parution, en 1981. Elle y dénonce avec force la marginalisation des femmes et des féministes « de couleur » au sein des théorisations féministes et confronte les féministes « blanches » à leur propre racisme. Elle y appelle aussi à construire un mouvement sur la base de la solidarité, plutôt que sur celle de l'unité. Anzaldua élabore cette idée dans ses théorisations, en proposant une conception originale de la subjectivité et des différences. La figure métaphorique qui illustre sa conception de la subjectivité - la mestiza - a largement été recensée dans la littérature féministe poststructuraliste, en étant toutefois amputée d'une dimension qui lui est centrale : celle de la spiritualité. Cette dimension, majeure dans l'œuvre d'Anzaldua, sous-tend l'idée d'interconnexion des sujets; elle souligne l'existence de relations entre elles qui inspirent leur affiliation et commandent leur regroupement en coalitions hétérogènes. La théoricienne chicana insiste, dans ses théorisations des différences, sur l'idée que les coalitions ne s'érigent pas malgré ces différences, mais plutôt, au travers de celles-ci. L'intérêt d'Anzaldua pour la subjectivité s'inscrit dans le cadre des débats sur la représentativité des théorisations des féministes « blanches » des expériences des féministes « de couleur ». La théoricienne chicana conçoit une subjectivité multiple, par opposition à la conception fragmentée de celle-ci que développent plusieurs féministes poststructuralistes. Cette subjectivité multiple permet de reconnaître différentes formes de violence épistémologique qui affectent les sujets et génèrent de l'exclusion. Elle rend également possible la création d'une force de lutte politique engagée contre l'exclusion des sujets. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminisme « de couleur », féminisme poststructuraliste, subjectivité, mestiza, nepantla, interconnexion, El Mundo Zurdo, violence épistémologique.
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Uma Narayan tente de clarifier le contenu de la notion féministe de "privilège épistemique des opprimé-es". Elle soutient que le privilege épistémique des "initié-es" opprimé-es concernant leur oppression suscite des problèmes de dialogue et de politique de coalition avec les "non-initié-es" qui eux, ne subissant pas cette oppression, n'arrivent pas à se réconcilier au privilege épistémique des initié-es. Elle analyse concrètement comment les non-initié-es peuvent par inadvertance blesser les initié-es, et elle propose des moyens permettant de minimiser ces problèmes.