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Plutôt que de réduire le féminisme à des revendications faites à l’État, au patron, au chef ou à papa, pour plus de lois, plus de “sécurité”, à n’être que le porte-drapeau ou le cache-misère du capitalisme, de tel ou tel gouvernement nationaliste, ces histoires des féminismes présents rappellent et font résonner ensemble nos vies féministes. Ce livre fonctionne comme un abécédaire, un manuel, une boîte à outils, un dictionnaire amoureux, dans lequel échanger des idées, affûter des armes, écouter des voix, partager des expériences et des pratiques, vibrer pour des luttes présentes. Il s’adresse à tous·tes : il contient à la fois des ressources et foisonne de références utiles, de notions, mais il est fabriqué par des plumes et des voix, des points de vue situés sur des retours d’expériences collectives, des itinéraires politiques et intimes, des réflexions et des rétrospections sur des parcours, des engagements, des révoltes et des espoirs. En pluralisant les styles, en se situant à la fois du côté de la théorie et de la pratique, de la création, des écritures au “nous” et au “je”, il témoigne de la force d’une approche féministe de l’histoire intellectuelle et politique. Il est dédié à toutes les résistantes anonymes au quotidien des violences les plus crasses, à celles qui embrasent les tribunaux, cassent des genoux et brisent les vitrines, à celles qui inventent mille tactiques imperceptibles pour survivre et se mettre à l’abri, à la mémoire de celles dont les noms recouvrent les murs de nos villes la nuit, à la puissance des collectifs qui se font, à ceux qui se sont défaits, qui se sont (re)constitués ailleurs ou autrement, à ce qui nous lie.
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Le présent volume porte sur les philosophies féministes de ces cinquante dernières années, dont la richesse et l'engagement en font l'un des champs les plus novatrices de la recherche philosophique actuelle : le féminisme marxiste, le féminisme « post-moderne » et la théorie queer, l'épistémologie, l'éthique féministes, l'histoire et la philosophie féministes des sciences, le black feminism et l'intersectionnalité. L'ensemble de ces pensées constitue un vaste corpus riche d'outils critiques pour réfléchir à de nouveaux frais sur de nombreux enjeux de la philosophie mais aussi pour éclairer les débats contemporains sur le genre et la sexualité, la matérialité des rapports de pouvoir comme leur articulation et leur représentation dans la modernité, les violences sexuelles et le sexisme.
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FéminÉtudes est une revue étudiante, féministe et multidisciplinaire. La revue est née en 1995 de l’initiative d’étudiantes féministes dans l’intérêt de partager leurs recherches et de créer un groupe affinitaire. La revue est dirigée par des collectifs de rédaction bénévoles et autogérés, et soutenue par l’Institut de Recherches en Études Féministes (IREF) de l’Université du Québec à Montréal. Au fil des ans, FéminÉtudes a réussi à se bâtir une réputation et une légitimité dans le champ de la recherche en études féministes, tout en offrant une tribune au travaux et aux réflexions de dizaines d’étudiant.e.s. Au-delà de la recherche, c’est également pour l’avancement des luttes féministes que FéminÉtudes souhaite continuer à grandir.
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Tout à la fois voyage, enquête, cheminement personnel, réflexion politique sur l’articulation des luttes contemporaines, ce livre de Cy Lecerf Maulpoix, journaliste engagé dans les luttes LGBTQI et pour la justice climatique, nous entraîne dans les jardins anglais de l’artiste Derek Jarman, de l’écrivain socialiste Edward Carpenter, du Bloomsbury Group, sur les traces des Radical Faeries de l’Arizona à San Francisco jusqu’aux zones de cruising des lisières des grandes villes. Parce qu’il met au jour des généalogies oubliées, ce texte permet de reconnaître la dette de l’écologie politique à ces précurseurEUSEs déviantEs. À l’heure où chacunE est concernéE par les enjeux écologiques planétaires, ce livre nécessaire propose de nouvelles pistes militantes et trace une ligne de crête sur laquelle construire, à partir de perspectives minoritaires, un mouvement réellement inclusif.
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Les pratiques drag king (PDK) émergent en contexte étatsunien entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, à partir de l’enchevêtrement entre subcultures sexuelles, subcultures de genre et techniques performatives expérimentales. Elles se diffusent par la suite en Italie à la fin des années 1990. Traditionnellement historicisées et problématisées par des théoricien.ne.s et des activistes anglophones (Halberstam, 1998a ; Volcano et Halberstam, 1999 ; Torr et Bottoms, 2010), les PDK ont généralement été comprises comme des performances de femmes (hétérosexuelles, lesbiennes ou queers, supposément cisgenres) s’habillant en hommes pour dénaturaliser la masculinité par son imitation (Torr et Bottoms, 2010). Néanmoins, cette conceptualisation est limitée par des présomptions anglonormatives étasuniennes (Baldo, Borghi et Fiorilli, 2014 ; Baril, 2017) et cisnormatives (Baril, 2016). Elle occulte également les spécificités des PDK dans divers contextes nationaux et elle efface spécifiquement les sujets trans. Afin de pallier à ces limites, cette thèse analyse les contributions théoriques et heuristiques des voix trans, non binaires et non cisgenres italiennes pour conceptualiser les PDK actuelles à partir de quinze entrevues semi-dirigées, conduites en Italie dans le cadre d’une ethnographie de type « affinitaire ». Traité selon une analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2016), le matériau offre trois macro-rubriques : les critiques de la reproduction de masculinités toxiques et de biais hétérocisnormatifs et homonormatifs en milieu d’ateliers DK, la reconnaissance du DK comme espace de subjectivation et enfin la mise en lumière des tensions entre DK et postures trans. Ces macro-rubriques ont été discutées en puisant dans un cadre théorique et conceptuel qui repose sur les études trans, les études féministes, les études sur les masculinités et sur des perspectives issues des productions subculturelles queers, trans et des mouvements sociaux. Premièrement, les entrevues montrent que l’on peut, dans les ateliers DK, recentrer et reproduire des masculinités hégémoniques et créer des dynamiques homosociales oppressives en délégitimant à la fois les masculinités subalternes et les désirs des participant.e.s de s’identifier avec celles-ci. Elles ont également souligné la nécessité de dépasser l’idée que le DK aurait une base biologique (le sexe féminin assigné à la naissance). Cette vision ne respecte pas l’autodétermination des participant.e.s, occulte leurs trajectoires de vie et les raisons qui les poussent à expérimenter. Deuxièmement, les témoignages démontrent que les PDK sont une pratique de subjectivation pour explorer un potentiel genre désiré ou construire et affirmer son propre genre. Elles sont donc une cyber-technologie des corps et des genres trans, non binaires et non cisgenres selon un principe de soutenabilité par rapport au genre. Elles représentent un contexte où re/trouver une masculinité « soutenable » ainsi qu’éthique et solidaire avec d’autres sujets marginalisés et d’autres luttes de justice sociale. De plus, les PDK peuvent être des catalyseurs de futurs queers, au sens d’espaces d’articulation de masculinités trans queers et pédées. Troisièmement, la recherche a créé un espace d’expression pour aborder la question de la transnormativité en Italie. Non seulement cette normativité influence la perception de soi des participant.e.s, mais elle repose sur une « comptabilisation des privilèges » qui est utilisée pour produire des hiérarchies de légitimité au sein des réseaux trans. De fait, le terrain a permis de détecter un « privilège de subjectivation » possédé par les personnes qui se conforment au protocole de transition officiel. Enfin, les témoignages ont relevé le double standard faisant en sorte que les genres cis soient jugés différemment par rapport aux genres trans au sein des PDK. Les personnes trans sont soumises à une surveillance supplémentaire qui les pousse à devoir démontrer un sentiment de cohérence et de persistance dans l’identification avec leur genre d’élection. Les contributions théoriques et heuristiques des voix trans, non binaires et non cisgenres italiennes pour approcher et conceptualiser les PDK actuelles sont très riches et permettent de renouveler non seulement les études sur le DK, les études trans, sur les masculinités, de genre et transféministes mais éventuellement les PDK elles-mêmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : pratiques drag king, théories drag king, Italie, masculinités, transitude, études trans, sociologie du genre, transféminisme, technologies de genre, transnormativité, ethnographie affinitaire.
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Poétesse guerrière, Audre Lorde (1934-1992) s’auto-définit comme « Noire, lesbienne, féministe, mère, amante, poète ». Cet essai synthétise l’intervention politique féministe noire de l’écrivaine comme une pensée des différences et esquisse les contours de son héritage militant radical et lesbien. Promoteurs avant l’heure de la notion d’intersectionnalité, ses discours mobilisateurs exhortent à l’action. Lorde interroge le racisme des féministes blanches, pousse les femmes à forger leurs propres concepts, à dialoguer pour comprendre leurs différences. Elle réhabilite les émotions (la colère, la peur) et la force de l’érotisme. Mobilisatrice des féministes afro-allemandes, Lorde s’est engagée contre l’apartheid. De nombreuses organisations se placent résolument dans son sillage. On note son influence chez les poétesses noires américaines contemporaines, comme Claudia Rankine, alors que son apport théorique majeur, entre pensée radicale et théorie queer, réside dans l’affirmation de soi (empowerment), concept développé par Patricia Hill Collins, et le renforcement des coalitions.