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L’histoire des relations entre biologie et politique féministe est tendue et contradictoire. Cela paraît d’autant plus flagrant aujourd’hui à l’âge d’or des neurosciences qui ramènent les arguments de supériorité masculine, le caractère inéluctable des différences de genre et la prédominance de l’hétérosexualité à une affaire de cerveau. Dans cet article, nous analysons les points d’intersection propres aux sciences du cerveau et du féminisme. Ces deux champs de recherche entretiennent selon nous des rapports conflictuels mais parfois aussi productifs, y compris dans leurs rapports à l’activisme politique. Ces rapports peuvent être caractérisés en référence à trois directions de recherche principales : des « déstabilisations », des « reconstructions » et des « recontextualisations ». En guise de conclusion, nous terminons par quelques réflexions sur les conditions sociologiques de l’engagement dans une économie politique des neurosciences.[1][1]Traduit de l’anglais par Marc Gagnepain. Pour une brève présentation de l’article et du dossier thématique dans lequel il s’inscrit, nous renvoyons le/la lecteur/trice à l’article introductif de Bovet, Kraus, Panese, Pidoux et Stücklin, « Les neurosciences à l’épreuve de la clinique et des sciences sociales. Regards croisés ».
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Le projet neuroGenderings rappelle un programme interdisciplinaire intitulé « Neurosciences Critiques » (Critical Neuroscience). La possibilité de développer des « Neurosciences Critiques » féministes et queer est toutefois limitée par la manière problématique dont les pratiques critiques sont conçues au sein de ce programme. Les tenant-e-s des « Neurosciences Critiques » nous proposent de travailler et de débattre par-delà les disciplines en faisant comme si les neuroscientifiques venaient de Mars et les chercheur-e-s en sciences sociales de Vénus, tout en assignant aux second-e-s le rôle traditionnellement féminin d’apaiser les conflits. Le présent article appelle les chercheur-e-s en études sociales des neurosciences à clarifier le cadre que nous souhaitons donner à nos pratiques critiques (une critique de quoi et pour qui ?) et le genre de pratiques que nous souhaitons promouvoir au nom de l’interdisciplinarité. Le défi consiste à articuler une perspective critique résistante au « pouvoir absorbant » des neurosciences, « Neurosciences Critiques » comprises. Au lieu de nous focaliser sur un prétendu problème de communication, je propose de déplacer notre attention vers l’étude des conflits et des controverses (mais aussi des controverses manquées, de l’absence de controverses, etc.). Je discute de l’intérêt de changer de focale à travers deux exemples : la notion guère controversée de plasticité cérébrale et la question controversée de savoir quel est l’organe le plus déterminant (le cerveau ou les organes génitaux ?) dans la formation de l’identité de genre chez les personnes intersexuées. Il est certes bienvenu de « socialiser » les neurosciences grâce aux apports des études genre (gender studies) et des études sociales des sciences, mais arriver à mettre en évidence, dans un même geste, les dimensions conflictuelles de la vie sociale serait mieux encore.
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Cet article rappelle dans quelles circonstances une histoire de la sexualité construite à partir de sources médicales a émergé en France dans les années 1970. Il insiste surtout sur les pionnier-e-s de cette histoire pour les périodes moderne et contemporaine et les sources qu’ils et elles ont utilisées. Enfin il met en avant le renouvellement récent de ce champ grâce à une histoire « par en bas ».
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Rendant compte des travaux récents dans le champ de l’étude sociales des sciences (Social Studies of Knowledge), de la critique féministe des sciences et des cultural studies, cet article revient sur leurs apports et sur la façon dont ils lisent l’histoire des transformations biomédicales (très) contemporaines, notamment dans les domaines de la reproduction et de la sexualité. Les SSK, en particulier, proposent une lecture complexe et riche des relations humains/techniques et de la façon dont les relations sociales et de genre s’y trouvent engagées. S’interrogeant sur la coïncidence de certaines de ces approches (participant du « tournant descriptif » dans les sciences sociales) avec des transformations économiques et sociales plus vastes (la reconfiguration de soi via les biotechnologies comme promesse individuelle en contexte néolibéral), l’article propose de mettre en évidence ce qu’un renouveau de l’approche historienne pourrait apporter en propre : redonner à voir l’épaisseur des contextes scientifiques et sociaux de production de certaines technologies, dire l’historicité des enjeux sociaux et de genre, produire de nouveaux récits attentifs aux enjeux normatifs, politiques et économiques.
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Dans les sociétés préindustrielles, l’exercice du pouvoir au sein de la famille est étroitement lié aux contingences juridiques et aux normes patriarcales. La connaissance du rôle joué par les femmes dans les activités économiques de la famille, en particulier les femmes mariées, échappe le plus souvent aux historiens. L’étude des procuratrices à Québec, capitale de la Nouvelle-France au xviiie siècle, permet de mieux comprendre le fonctionnement du couple dans un contexte colonial marqué par l’absentéisme masculin. L’analyse des actes de procurations octroyés aux femmes, combinée à une étude prosopographique de nature sociodémographique, révèle les enjeux et les circonstances de ce transfert circonstanciel de pouvoir. Cette voie montre qu’il est possible de contourner partiellement le silence entourant les activités des épouses pour éclairer la délicate question de la complémentarité et de la confiance au sein du couple.
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Le cancer est perçu aujourd’hui comme une maladie qui affecte à peu près autant d’hommes que de femmes. C’est cependant une conception relativement récente. Jusqu’au milieu du xxe siècle, le cancer était considéré comme une pathologie principalement féminine, les tumeurs malignes produisant des symptômes typiques faciles à détecter. Au xxe siècle, les cancers féminins – du sein et de l’utérus – sont les principales cibles des campagnes publiques pour la détection précoce des tumeurs malignes. Depuis les années 1950, le développement de méthodes efficaces de diagnostic et l’augmentation des cancers du poumon, plus fréquents chez les hommes, met fin à l’image du cancer comme une pathologie féminine. Dans les discours publics et les medias, les cancers des organes reproducteurs féminins continuent cependant d’être plus visibles que ceux des organes reproducteurs masculins, et les femmes à risques sont plus souvent sujettes à une chirurgie de prévention mutilante.
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L’invention de la ménopause au xixe siècle puis celle de l’andropause dans la seconde moitié du xxe siècle ont eu pour effet d’accroître la surveillance des médecins sur les corps féminins et masculins vieillissants et, plus spécialement, sur la sexualité de cette période de la vie. Or, si ce coup d’état médical a si bien réussi, c’est qu’il a tout autant bénéficié du soutien très actif des femmes que de l’incapacité des hommes à lui résister. C’est aussi qu’il s’inscrivait dans le prolongement de très anciennes pratiques sociales qu’il légitimait. Et qu’on ne s’y trompe pas. Loin de se desserrer, l’étau s’est définitivement refermé. En effet, les hommes, qui ont longtemps tenté d’échapper maladroitement à cette surveillance, ont, aujourd’hui, fini par s’y soumettre, acceptant, de fait, tout le discours silencieux sur les défaillances de leur puissance virile qu’elle suppose.
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Les hormones sexuelles sont des objets hybrides et complexes à la frontière du sexe et du genre. Dès lors qu’elles sont synthétisées sous forme pharmaceutique, elles peuvent attribuer des caractéristiques sexuelles au corps de manière partiellement exogène à celui-ci. Il s’en suit que l’utilisation clinique qui en est faite est socialement réglementée. À travers une analyse de divers contextes d’utilisation des hormones observés à Bahia, au Brésil, cet article montre que le dualisme sexuel est le produit de pratiques de régulation biomédicales qui visent à encadrer la circulation des hormones. Le sens du terme local « hormônio » n’est pas pleinement recoupé par celui d’hormone, qu’il excède. L’emploi commun qui est fait au Brésil du singulier procure au terme « hormônio » une qualité fluide et homogène. Dans ce contexte, les hormones sont comprises comme une sorte de substance qui peut circuler entre les corps. Cette conceptualisation des hormones comme une substance a des implications pour le statut ontologique des corps et révèle la relative plasticité de la relation sexe/genre.
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Maria Nengeh Mensah, professeure à l'École de travail social de l'UQAM et coauteure de l’ouvrage «Luttes XXX : Inspirations du mouvement des travailleuses du sexe», explique les revendications de ces travailleuses qui prolongent le sens des luttes pour les droits des femmes.
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Le mythe de l’androgyne, en proposant un récit des origines traitant de la distinction sexuée et de l’orientation sexuelle, se trouve l’objet de multiples réécritures dans la littérature féminine italienne contemporaine. De Sibilla Aleramo au début du XXe siècle, à Goliarda Sapienza en plein néo-féminisme et jusqu’à la littérature lesbienne récente, la figure de l’andro-gyne devient le support d’un discours sur le corps féminin et sur le genre, mais aussi sur la création artistique.
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The concept of intersectionality refers to the constructionist approach, which considers gender, class and race as categories of social inequality that cannot be added together but that intersect and construct each other. Social categories construct the social identities that affect what motivates people and how they operate. The question is how multiple identities come together in the context of crime? The paper reports the findings of a qualitative study that explored the concept of intersectionality when analysing crime. The study analysed the court files of Antillean women and girls living in the Netherlands and tried to find an explanation for their crime patterns in their struggle with their identity.
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Au détour d’une trajectoire personnelle et d’un travail de recherche sur Simone de Beauvoir conduit depuis plusieurs années, l’auteure relit le chapitre « La lesbienne » du Deuxième sexe, en mettant en évidence les aspects les plus détonants de l’œuvre, mais aussi ses faiblesses. Cette lecture permet de revenir sur la réception de l’œuvre et sur les résistances constructionnistes aux théories et aux arguments mobilisés par Beauvoir. D’une façon plus générale, c’est également l’occasion d’interroger les approches contemporaines, et queer notamment, des « classiques » de la littérature lesbienne et de (re)découvrir la « force » de Beauvoir et de ses œuvres.
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Lesbian, gay, bisexual, and transgender (LGBT) characters do exist in children’s and young adult literature, yet there is a lack of classroom exposure to such literature. Educational organizations have realized the need for dispelling prejudices about LGBT people by including such texts in the classroom as well as discussions regarding LGBT themes and characters in the books. Yet the practice of simply including diverse texts without discussing LGBT issues could cause greater marginalization for students because the silence regarding LGBT issues and characters encourages the practice of heteronormativity. This inquiry examined a range of children’s and adolescent books that could be used in classroom discussions to develop insight about LGBT themes and characters in order to understand if the texts were saturated with LGBT themes and characters to the point that teachers and students could not avoid the LGBT factors while reading.
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The article explores two intertwined ideas: that the United States is a settler colonial nation-state and that settler colonialism has been and continues to be a gendered process. The article engages Native feminist theories to excavate the deep connections between settler colonialism and heteropatriarchy, highlighting five central challenges that Native feminist theories pose to gender and women's studies. From problematizing settler colonialism and its intersections to questioning academic participation in Indigenous dispossession, responding to these challenges requires a significant departure from how gender and women's studies is regularly understood and taught. Too often, the consideration of Indigenous peoples remains rooted in understanding colonialism as an historical point in time away from which our society has progressed. Centering settler colonialism within gender and women's studies instead exposes the still-existing structure of settler colonialism and its powerful effects on Indigenous peoples and settlers. Taking as its audience practitioners of both "whitestream" and other feminisms and writing in conversation with a long history of Native feminist theorizing, the article offers critical suggestions for the meaningful engagement of Native feminisms. Overall, it aims to persuade readers that attending to the links between heteropatriarchy and settler colonialism is intellectually and politically imperative for all peoples living within settler colonial contexts.
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"Attention, livre important pour toutes celles et ceux qui questionnent l'incapacité des politiques et des experts à répondre aux défis de notre époque troublée. Et qui s'interrogent sur la façon dont les citoyen(ne)s peuvent construire des alternatives. Ce questionnement est en effet à l'origine, dans les États-Unis d'après-guerre, du concept d'empowerment, désignant le " pouvoir d'agir " des individus et des collectifs. Ce concept a connu depuis un succès planétaire dans le monde anglophone. Mais il n'a percé que plus récemment dans les autres espaces culturels, dans les milieux du travail social comme dans la littérature du management. D'où l'utilité de ce livre très pédagogique, qui synthétise la foisonnante littérature anglophone sur la notion d'empowerment. Il retrace sa genèse, l'histoire de ses multiples variantes - conservatrices ou progressistes - et celle des pratiques sociales qu'elles ont nourries. Des mouvements féministes du Nord et du Sud jusqu'aux programmes de la Banque mondiale et de l'ONU, la notion est utilisée aussi bien dans une perspective radicale d'émancipation que pour conforter les visions néolibérales ou social-libérales. Défendant résolument sa version émancipatrice, les auteures en expliquent les limites, mais aussi son importance pour éclairer les débats contemporains sur la démocratie."--Page 4 de la couverture.
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Butch Queens Up in Pumps examine la culture Ballroom, dans laquelle les individus LGBT des centres-villes s'habillent, dansent et voguent pour concourir pour des prix et des trophées. Les participants sont affiliés à une maison, une structure familiale alternative généralement nommée d'après les créateurs de haute couture et apportant son soutien à cette communauté diversifiée. La riche ethnographie de performance à la première personne de Marlon M. Bailey sur la scène Ballroom de Détroit examine Ballroom comme une formation culturelle queer qui bouleverse les notions dominantes de genre, de sexualité, de parenté et de communauté.
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Le 21 octobre 2010, l'ex-colonel David Russell Williams, alors colonel des Forces aériennes et commandant de la base militaire de Trenton en Ontario (la plus importante base aérienne canadienne), a été reconnu coupable du meurtre de deux femmes, assassinées à leur domicile respectif, d'agressions sexuelles et de 82 accusations de vols et entrées par effraction dans les villes de Tweed, Belleville, Orleans. David Russell Williams représente un cas emblématique de masculinité hégémonique militaire. Cette recherche s'intéresse ainsi au mécanisme de construction de la masculinité hégémonique militaire et utilise les événements liés à l'ex-colonel nous servent de porte d'entrée pour explorer les violences perpétrées contre les femmes par les agents de l'État canadien. Cette recherche remémore, en premier lieu, différents cas de violence contre les femmes perpétrés par des militaires afin de dresser un portrait général, mais non exhaustif, de la problématique. Ce mémoire s'attarde dans un second temps à la perception des médias par rapport aux événements et, par le fait même, à la perception que le public en a eu. Nous procédons à une analyse des médias, précisément des quotidiens La Presse, Le Devoir, The Globe and Mail, et The Belleville Intelligencer. Les événements ont largement marqué l'année médiatique. Bien que David Russell Williams soit reconnu comme un des pires meurtriers de l'histoire du Canada, nous avançons que-la couverture médiatique, notamment par la mise en scène des événements, a participé à maintenir le tueur sériel à caractère sexuel comme un modèle de masculinité hégémonique militaire et à occulter les violences contre les femmes et la misogynie sous-jacente aux crimes. L'occultation se fait à travers quatre tactiques (personnification, psychologisation, séparation d' une même personne, évitement). À travers cette analyse, nous émettons l'hypothèse que les médias sont restés sourds à la socialisation militaire et ont ainsi été la voix des institutions étatiques. Finalement, cette recherche propose une réflexion féministe des événements. Basé sur les écrits féministes matérialistes, ce mémoire permet de voir les fondements de l'identité masculine militaire, les effets de la violence sur les femmes en termes de contrôle et les impacts sur les rapports sociaux de sexe. Nous défendons l'idée selon laquelle Williams a retenu l'attention médiatique, non pas parce qu'il a volé, violé puis tué des femmes, mais bien parce qu'il a transgressé les normes de la masculinité hégémonique militaire en se travestissant. Mots-clés : Masculinité; masculinité hégémonique militaire; David Russell Williams; violences; Forces canadiennes.
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Cette analyse aborde le cas singulier de la circulation de la chanson J’attendrai dans la culture des années 1940, dont l’analyse des variantes permet de cerner les rapports mouvants d’une chanson aux genres chansonniers et musicaux, aux goûts et aux pratiques du public, ainsi qu’à leur ancrage au sein des champs culturels nationaux. Elle permet même, parfois, de sonder les modalités de l’évolution des modèles des rapports sociaux entre les sexes présents dans différentes versions. Ce sont ainsi autant les enjeux artistiques, culturels, sociaux et intimes à l’oeuvre qui guident notre analyse de ce cas de transfert culturel, que le repérage de vecteurs permettant de formuler une équation de la circulation culturelle des chansons à succès.
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L'auteure sonde les origines de son homosexualité à travers une quête tragi-comique autour de sa relation à sa mère, de la difficulté d'être enfant et de se bâtir une vie amoureuse harmonieuse. Elle met en scène les figures icôniques de Virginia Woolf, du psychanalyste Donald Winnicott et du docteur Seuss.