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Ecrire Amantes, pour Nicole Brossard, c'est, nous semble-t-il, tenter de prouver que l'approche du délire est compatible avec l'esprit (cf. p. 13). Dans cette optique, la fiction pratiquée ne peut-être qu'"excès de réalisme". L'oeuvre, comme l'indique l'autrice, ne fait pas de confidences et cependant quelque chose est confié à la compagne-lectrice privilégiée, qui représente le lecteur, sans cesser d'exister. Un lecteur masculin, implicitement exclu, peut-il rendre justice à un tel ouvrage : "entre femmes, la mémoire revient comme une conscience". Il est en tous cas frappé par la façon dont l'abstraction ("excès de réalisme"?) y exerce son pouvoir ("toute vision est en soi mathématique de l'espace"), même si l'autrice multiplie les ancrages dans le réel (banalisé) d'un temps employé, et fait appel à un implicite émotif très fort ("l'expérience infligée au corps des femmes incite à la réalité"). Entre l'essai et le poème, ce texte manifeste une ligne de pensée ferme, l'allusion étant au service exclusif de la thèse. Mais la passion ("de l'intime au politique"), figure centrale de ce livre, fait plus souvent figure de rhétorique, que d'"opéra du dedans." Il s'agit de la poésie de Nicole Brossard, qui s'est imposée comme théoricienne et écrivaine féministe lesbienne et comme figure de proue des écrivain.e.s postmodernistes québécois.e.s. Son travail brouille les frontières entre fiction et théorie, subvertissant les fictions que le discours patriarcal a tissées sur la vie des femmes en travaillant avec les « réalités » de la vie des femmes qui se situent en dehors des codes de la fiction.
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Second volet d'une trilogie romanesque intitulée Comme une enfant de la terre. Le premier volet (Le crachat solaire) a obtenu le Prix France-Québec 1976. Imprécations et transgressions. Un roman "autobiographique et épique", violent, incantatoire, poétique, révolté. L'héroïne est une petite Québécoise élevée dans une culture de violence (mâle et chrétienne) et d'intimidation, qui raconte ses expériences et ses intuitions, les instants de bonheur passés avec sa grand-mère autochtone, pianiste et guérisseuse, etc.
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Voici "l'autre psychanalyse", la part féminine, celle que Freud n'a pas pu écrire. En face d'Oedipe, il y a Jocaste, sa mère, qui règne sur son fils en l'absence de Laïos, le père tué. Et Jocaste règne toujours, non seulement sur son fils, mais sur sa fille, en l'absence du père qui abandonne avec joie les soins et l'éducation du jeune enfant à sa femme. Soins et éducation qui sont ainsi monosexués alors que les enfants sont de deux sexes. Pour Christiane Olivier, femme et psychanalyste, c'est l'ombre de la mère, ressentie si différemment par le petit garçon et la petite fille, qui explique et nourrit l'antagonisme séculaire entre l'homme et la femme. Dans un style clair et accessible à tous, elle dresse le procès non pas de la maternité, mais du maternage, procès qui peut aussi se lire comme un mode d'emploi de la vie du couple. Elle démontre, avec humour, que la fameuse "envie du pénis" dont souffriraient les femmes pourrait bien n'être que la projection d'une "envie du sein" ou "envie de l'utérus" dont souffriraient les hommes, et que nos hommes politiques ayant parfois résolu leur Oedipe n'ont presque jamais résolu "leur Jocaste".
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Ce roman pourrait être dédié aux gens qui ont encore "le courage de créer des traditions". L'auteure, comme l'écrit Madeleine Ouellette-Michalska, "articule la quête d'une liberté individuelle sur celle, plus vaste, d'un avenir collectif", en tentant une incursion dans la mythologie. Dans une antique demeure des bords du Richelieu, l'héroïne conjugue ses amours au féminin, et s'accepte Québécoise, c'est-à-dire divisée, avec "un oeil qui regrette l'Europe et l'autre qui convoite l'Amérique". Une oeuvre nationaliste et féministe. SDM.
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D'Eschyle à Kissinger, de Marx à Barrès, l'Occident a tenu un discours sur l'Orient. Mais, puisque «l'Orient» n'existe pas, d'où vient ce discours et comment expliquer son étonnante stabilité à travers les âges et les idéologies? «L'Orient» est une création de l'Occident, son double, son contraire, l'incarnation de ses craintes et de son sentiment de supériorité tout à la fois, la chair d'un corps dont il ne voudrait être que l'esprit. À étudier l'orientalisme, présent en politique et en littérature, dans les récits de voyage et dans la science, on apprend donc peu de choses sur l'Orient, et beaucoup sur l'Occident. Le portrait que nous prétendons faire de l'Autre est, en réalité, tantôt une caricature, tantôt un complément de notre propre image. L'idéologie orientaliste s'est échappée depuis longtemps déjà du cabinet des savants pour précéder Napoléon dans sa conquête de l'Égypte ou suivre la guerre du Liban. C'est de ce discours qu'on trouvera ici la magistrale archéologie, augmentée de la préface que l'auteur rédigea en 2003 pour le vingt-cinquième anniversaire de la publication originale de l'ouvrage.
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Analyse de l'idéologie hétérosexuelle entreprise d'un point de vue lesbien et centrée sur les constructions intellectuelles des sciences humaines. An analysis of heterosexual ideology from a lesbian point of view, focusing upon the intellectual constructs of the social sciences.