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Dans l’imaginaire collectif, la banlieue présente un intrigant paradoxe : milieu de vie de la majorité démographique, elle est pourtant négligée (au mieux) ou ridiculisée (au pire) dans les discours critiques littéraires. On croit tellement tout connaître de l’espace suburbain qu’on n’en a plus rien à dire : conformisme, individualisme, surconsommation et morosité. Pourtant, à la frontière de la ville et de la campagne, du rêve et du cauchemar, la banlieue fictionnelle est un système en soi, avec ses codes littéraires et sa stéréotypie. Au coeur de cette stéréotypie, les préjugés au sujet des hommes, des femmes et des rôles qui leur sont dévolus au sein de la famille sur la base de leur genre sont couramment véhiculés. Pendant que les fictions focalisées sur de personnages masculins dénoncent les périls de la masculinité en banlieue depuis l’après-guerre, nous remarquons que les affects délétères des quartiers résidentiels sont le plus souvent reprochés au personnage féminin, la ménagère maniaque, l’épouse déprimée, la mad housewife. Ainsi, le stéréotype suburbain et le stéréotype sexuel se rencontrent : quand on réduit la banlieue au ridicule, c’est en fait la femme et l’expérience domestique que l’on évince de la pensée commune. Notre thèse vise à mettre en échec du même coup le lieu commun de la banlieue et le stéréotype de genre. Pour ce faire, nous investissons un lieu emblématique du suburbain et du féminin : la maison pavillonnaire. Fondée sur une approche phénoménologique spatiale et féministe, notre thèse est construite à l’image d’une maison de banlieue, chacun de ses chapitres étant structuré comme un espace domestique. Dans l’espace physique de la maison (house) se déploie habituellement l’espace relationnel et émotionnel de la famille (home). Pourtant, les romans de François Gravel, de Valérie Carreau, de Lise Tremblay, d’Élise Turcotte, de Fannie Loiselle, de Nicholas Dawson et de Michael Delisle mettent en scène les failles et les paradoxes de l’expérience étrangement inquiétante de la domesticité en banlieue. La banlieue fictionnelle et sa représentante cardinale, la ménagère, apparaissent ainsi comme de véritables allégories politiques : la démence des protagonistes, leur colère et leur déchéance sont les symptômes d’un foyer et d’une société tout entière inhabitables pour les femmes. Les frontières entre le public et le privé deviennent poreuses jusqu’à s’effacer. Écrire la banlieue établit d’emblée un rapport à la doxa, qu’on s’y conforme ou qu’on la critique. Les sept oeuvres que nous étudions usent des lieux communs du récit de banlieue pour ensuite les déplacer, les renverser. Le mouvement double de reconduction et de subversion devient le vecteur du récit. Notre thèse analyse les enjeux de ce mouvement : au sein d’univers romanesques rigides et conformistes, le revirement du stéréotype bouscule les idées reçues, met en échec les binarités traditionnelles et en appelle à la conception d’une meilleure maison pour les femmes. MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : banlieue, maison, chez-soi, foyer, domesticité, ménagère, stéréotypie littéraire, stéréotypes de genre, frontière, féminisme, public/privé, littérature québécoise contemporaine
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L’objectif de cet essai est d’explorer les causes de l’écart écologique entre les genres (ou eco-gender gap en anglais) en matière de consommation responsable au Québec. La consommation responsable représentant un levier essentiel pour réduire l’empreinte écologique des individus – elle pourrait en effet contribuer à diminuer les émissions de gaz à effet de serre de la population mondiale de 75 % d’ici 2050, il importe d’identifier les freins associés au genre qui peuvent nuire à l’adoption de tels comportements. Les résultats de la recherche suggèrent que certains facteurs sociaux, dont la socialisation, les valeurs, les stéréotypes et le statut socio-économique, ainsi que certaines pratiques de marketing commercial et social, peuvent avoir une influence sur la propension des femmes et des hommes à adopter des comportements de consommation responsable distincts. À la suite d’entretiens semi-dirigés conduits auprès d’expertes et d’experts dans les domaines de la psychologie et de la sociologie de l’environnement, du marketing commercial et social et auprès d’une commerçante, plusieurs facteurs sociaux et pratiques de marketing ont été identifiés comme ayant le potentiel de contribuer à l’écart écologique entre les genres dans la province. Parmi les facteurs sociaux identifiés, les valeurs de la population québécoise et la présence de stéréotypes genrés semblent jouer un rôle significatif dans l’écart écologique entre les femmes et les hommes. Parmi les différentes pratiques de marketing ayant été identifiées comme pouvant avoir une influence sur l’eco-gender gap, le produit et la proposition, ainsi que la promotion et la communication sociale, semblent être les pratiques ayant la plus grande influence. En effet, les femmes étant les premières consommatrices de produits écoresponsables, plusieurs d’entre eux seraient potentiellement conçus spécialement pour elles, ce qui pourrait avoir tendance à décourager les hommes de les consommer. De plus, en raison du discours plutôt égalitaire au Québec, les spécialistes du marketing auraient tendance à minimiser l’aspect genré de leurs campagnes. La divergence entre le discours et les pratiques pourrait donc contribuer à exacerber l’écart entre les femmes et les hommes en matière de comportement écoresponsable. Afin de réduire l’influence de ces facteurs sur l’écart écologique entre les genres au Québec, quatre recommandations ont été émises. La première invite le public professionnel multidisciplinaire concerné par les comportements de consommation responsable à approfondir la recherche sur le lien entre le genre et la consommation responsable. Il est ensuite suggéré à ce même public de reconnaître l’utilisation de pratiques genrées en marketing. La troisième recommandation suggère d’ailleurs au public professionnel visé d’utiliser ces pratiques pour déconstruire les stéréotypes de genre en marketing en adaptant leurs campagnes à un public masculin, et ce, sans tomber dans le sexisme. La dernière recommandation invite le public professionnel à encourager autant les gestes de la sphère privée que ceux de la sphère publique afin d’encourager les comportements écoresponsables chez un public plus large et d’ainsi diminuer la charge accrue des femmes pour la protection de l’environnement.
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À partir des dimensions spatiale, temporelle et musicale, ce mémoire expose les modalités de reconnaissance des improvisatrices de jazz dans les jam-sessions de Montréal. En se référant au concept de Jeu chez Mead, l'autrice montre que l'authentification des musiciennes en situation d'improvisation est le produit de la communication mise en forme par ce type d'interaction. Toutefois, le contexte des jam-sessions montréalais maintient un «entre-soi» masculin défavorable à la reconnaissance des musiciennes comme improvisatrices distinctes dans ce jeu musical. Ainsi, l'improvisation dans ces événements de jazz participe à la reconduction des inégalités de genre.
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Avec cette recherche, nous nous proposons de questionner les liens entre genre et changements climatiques dans les pays occidentaux. Partant d'un corpus de texte constitué à partir d'une recherche bibliographique conduite durant l'été 2011, et réunissant des auteures qui travaillent comment réaliser une analyse genrée des changements climatiques dans les pays occidentaux, nous avons interrogé les définitions du genre utilisées et comment ces utilisations produisaient un discours sur les liens entre le genre et les changements climatiques qui nous semblait questionnable. Au cœur de ce travail est donc la mise en lumière d'un certain discours sur les liens entre le genre et les changements climatiques, celui de la vulnérabilité. Ne nous satisfaisant pas d'une analyse féministe dont l'argument premier mis de l'avant pour justifier sa pertinence est celui de la vulnérabilité, nous avons mis au centre de nos questionnements les choix méthodologiques qui amènent à la production d'un tel discours sur les femmes et les changements climatiques. Notre contenu de recherche s'est concentré sur une exploration historique de l'articulation du genre et de l'environnement, une mise en discussion à partir des théories féministes de l'usage du genre au regard du concept de rapports sociaux de sexe, et un ancrage dans le corpus étudié qui offre un aperçu du paysage de recherche sur le genre et les changements climatiques dans les pays occidentaux. Nous nous proposons de réfléchir sur l'homogénéité des discours émergeant de cette recherche, et explorons les diverses implications de la production d'observations monolithiques sur la plus grande vulnérabilité des femmes face aux changements climatiques due à leur pauvreté et la plus grande responsabilité des hommes pour leurs habitudes de consommation et de transports émettrices de C02• Prenant d'assaut ces affirmations, nous en produisons une lecture critique ancrée dans notre compréhension du projet scientifique de production de connaissances et du projet socio-politique de la recherche féministe par la contribution à une transformation des rapports sociaux de sexe.
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Sky, un Hméga-club" en plein essor situé au coeur du village gai de Montréal, représente plusieurs tendances au sein des clubs et des villages gais de l'Amérique du Nord à la fin du XXième siècle. Ce projet aborde les opérations quotidiennes du Sky, en tenant compte de son architecture complexe, de ses pratiques de gestion, et de sa popularité à l'intérieur du village ainsi que des ramifications théoriques de cet établissement pour la communauté gaie et pour la culture des clubs de nuit en général. Au plan théorique, ce complexe récréatif présentement en expansion constitue un phénomène ni complètement opprimant, ni entièrement libérateur. Bien que le Sky offre certains des avantages d'un "méga-club" pour la communauté gaie--plus grande diversité, accessibilité, et communauté--il possède également les désavantages de ces établissements: la concentration du pouvoir économique, une moins grande présence gaie dans les rues, et la promotion de certaines identités et cultures gaies plutôt que d'autres.