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La comparaison du droit français et suisse concernant le don et l’autoconservation d’ovocytes met en lumière des enjeux en termes de protection de l’intégrité physique, de parenté et de liberté reproductive. Au contraire de la Suisse, la France encadre le don d’ovocytes, mais n’autorise pas l’autoconservation ovocytaire. Pourtant, ces techniques ne remettent pas en cause les normes procréatives et familiales quant au bon âge de la maternité et à la conjugalité hétérosexuelle : les ovocytes - donnés ou conservés - ne peuvent être utilisés que dans le cadre légal d’une procréation médicalement assistée (PMA). L’article examine en détail le projet de loi de bioéthique qui, en France, prévoit d’ouvrir l’autoconservation ovocytaire, mais qui exclut, au sein des couples lesbiens nouvellement éligibles à la PMA, qu’une femme puisse recevoir les ovocytes de sa partenaire. L’auteure met ainsi en avant le fait que le contrôle des corps et de la sexualité des femmes perdure sous des formes renouvelées.
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La “crise de la pilule” de 2012-2013 a contribué à remettre en cause la prédominance de la pilule contraceptive en France, sans pour autant que l’imputation aux femmes de leur responsabilité en matière de contrôle des naissances ne soit remise en cause. Cet article s’intéresse aux mécanismes de domination, en particulier médicaux et de genre, qui fondent et maintiennent les différentes dimensions ordinaires et invisibilisées du travail qui découle de cette responsabilité. Il s’agit d’abord de montrer comment, du fait de la médicalisation de la contraception, la responsabilité du contrôle des naissances est progressivement devenue féminine et comment, dans le même temps, le travail lié à cette responsabilité est demeuré caché. Cette invisibilisation du travail féminin passe par la naturalisation de la contrainte que représente l’observance contraceptive, et en particulier de la charge mentale afférente. C’est aussi de la contradiction entre une injonction au choix et un panel limité de méthodes effectivement disponibles pour les femmes que naît la nécessité d’une autre forme de travail contraceptif : un travail cognitif. Enfin, l’utilisation d’une méthode de contrôle de la fécondité implique, en particulier s’il s’agit d’une méthode hormonale, de faire face à des effets secondaires minorés voire niés. Là encore, c’est une forme de travail invisible – un travail sur soi – que cet article vise à dévoiler.
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L’invention de la ménopause au xixe siècle puis celle de l’andropause dans la seconde moitié du xxe siècle ont eu pour effet d’accroître la surveillance des médecins sur les corps féminins et masculins vieillissants et, plus spécialement, sur la sexualité de cette période de la vie. Or, si ce coup d’état médical a si bien réussi, c’est qu’il a tout autant bénéficié du soutien très actif des femmes que de l’incapacité des hommes à lui résister. C’est aussi qu’il s’inscrivait dans le prolongement de très anciennes pratiques sociales qu’il légitimait. Et qu’on ne s’y trompe pas. Loin de se desserrer, l’étau s’est définitivement refermé. En effet, les hommes, qui ont longtemps tenté d’échapper maladroitement à cette surveillance, ont, aujourd’hui, fini par s’y soumettre, acceptant, de fait, tout le discours silencieux sur les défaillances de leur puissance virile qu’elle suppose.
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Cet article examine les modèles courants d’intelligibilité de l’interaction tactique entre les acteurs des mouvements sociaux et montre leur insuffisance pour rendre compte de l’invention tactique dont a dû faire preuve le mouvement des femmes en Irlande. Une analyse des efforts déployés par les féministes irlandaises pour l’extension du droit à l’avortement met en question l’idée que les innovations tactiques ne répondraient qu’aux contre-mouvements ou à la répression de l’État. L’expression « tir ami » fait référence au processus par lequel des groupes qui ne sont pas en opposition avec un mouvement, mais qui n’en font pas non plus partie, constituent une menace pour les finalités de ce mouvement. L’observation de la campagne féministe, de ses meetings et de l’ensemble de sa mise en scène politique donne des aperçus significatifs sur les effets des tirs amis et, spécifiquement, sur le rôle des hommes dans les mouvements de femmes.
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Parmi les personnes qui ont réellement fait avancer les choses et apporté des changements dans la vie de beaucoup de femmes, il y a Rina Nissim qui a oeuvré depuis son engagement au sein du MLF de Genève au début des années 1970 pour que les femmes se réapproprient leur corps et leur santé. Ce numéro de « Nouvelles Questions féministes » sur la santé consacre une bonne partie de ses pages à une discussion avec Rina Nissim. Cette militante du groupe « avortement » et self-help » du MLF genevois raconte comment elle est passée de l'école d'infirmière à une vie de militantisme et de voyages, avec la naturopathie pour bagage. Publiant des ouvrages sur la santé des femmes ayant eu un succès important tel que « Mamamélis », cette pionnière en Suisse ouvre le « dispensaire des femmes »fonctionnant sur un mode autogéré, suite à un voyage aux États-Unis, avec d'autres femmes infirmières psychologues et médecins. Les femmes vont alors trouver une alternative aux rapports de pouvoirs classiques des relations médecin-patient et aux médicaments traditionnels, dans un mouvement de prise de conscience et d'action sur leur propre corps. L'engagement international de Rina, en Amérique Central et en Inde principalement où elle s'installe cinq ans et coordonne différents projets, aura permis a de nombreuses femmes de se découvrir elles-mêmes et les autres, de se débarrasser de la honte et se rendre compte que la maladie est souvent liée à un positionnement social.
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L’objectif de cet article est de montrer que la réduction de la santé des femmes à leurs capacités procréatrices structure les représentations médicales à leur égard mais aussi leurs expériences de santé, et qu’elle constitue une véritable impasse pour la construction d’un cadre d’intelligibilité qui prenne en compte l’ensemble de leurs expériences. Je l’illustre à travers les catégories médicales et sociales de l’alcoolisme féminin et le rapport des femmes au cancer du sein. Enfin, je propose des pistes autour de l’intérêt porté aux trajectoires des femmes de manière à rendre visibles dans le champ de la santé les effets structurels de leur place dans la division sexuée du travail et des activités sociales.
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Si l’on possède peu de témoignages sur la manière dont les femmes du XIXe siècle ont vécu le vieillissement, les discours des médecins sur cette question abondent. La ménopause est décrite par eux comme une période particulièrement dangereuse qui, à l’instar de la puberté, bouleverse toute l’économie de la femme. Au nombre des maladies qui sont susceptibles de l’assaillir lorsque s’interrompt le mécanisme régulateur que représentait la menstruation s’ajoute la blessure narcissique que provoque la perte de sa féminité et l’entrée dans l’âge de décrépitude. Plus encore, la femme perdant avec la faculté d’engendrer sa vocation sociale (la maternité), cette période, souvent qualifiée d’âge critique ou d’âge dangereux, s’annonce comme une véritable mort sociale. Privée de sa capacité de séduction, fragilisée par la révolution physiologique qui s’opère en elle, la femme, encouragée à se retirer d’un monde où elle ne peut plus briller, est plus que jamais assignée à la sphère privée.
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Avortement et contraception, citoyenneté, division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe, domination, famille, féminité-masculinité-virilité, harcèlement sexuel, histoire (sexuation de l'), maternité, migration, mixité, mondialisation, mouvements féministes, parité , patriarcat (théories du), précarisation sociale, prostitution, sexualité, transmissions intergénérationnelles, syndicats, travail domestique, violences.dictionnaire est de changer la façon commune de penser " : l'ambition de Diderot est reprise avec force par les auteurs de ce parcours historique etcritique duféminisme . Cette volonté éditoriale s'exprime dans le choix typologique des entrées : des concepts nouveaux issus de la théorisation féministe, des champs d'intervention des luttes féministes, des notions transversales d'économie et de sociologie du travail.Dictionnaire théorique et politique, pluriel et engagé, cet ouvrage se veut aussi un texte de conviction et d'explication.
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L'occasion d'un banal examen dans un cabinet médical replonge la narratrice plus de trente ans en arrière, en janvier 1964, au moment de son avortement clandestin.
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La procréation médicalement assistée, puis la perspective d’application humaine du clonage reproductif, ont suscité de nombreuses inquiétudes quant à l’essence même de l’humanité, à laquelle elles semblent porter atteinte, voire qu’elles menacent d’un coup fatal ; ces pratiques restent pourtant minoritaires, et dans le cas du clonage, encore hypothétique. Mais l’important ici n’est pas tant la réalité concrète des faits que les représentations mises en œuvre, et ce qui est craint est surtout l’atteinte à l’idée que l’humanité se fait d’elle-même et de son identité, comme espèce sexuée, généalogique, et mortelle. Sans prendre parti sur le bien-fondé de ces appréhensions, on tâche d’en établir la cartographie schématique, et d’analyser ce qui, dans la différence des sexes et dans le temps vectorisé, est ressenti à la fois comme fondamental eu égard au « propre de l’homme », et fondamentalement fragilisé par l’irruption de la biomédecine dans la procréation.
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Depuis la seconde guerre mondiale, treize nouveaux contraceptifs féminins ont été émis au point alors que les contraceptifs masculins sont à peu près inchangés depuis quatre cents ans. La responsabilité contraceptive, avec les risques qui en découlent pour la santé, est donc attribuée principalement aux femmes. Cet article se propose d’analyser le rôle de différents acteurs dans la réécriture éventuelle des rapports de genre autour de la contraception. Nous nous concentrerons sur le cas des nouvelles techniques contraceptives, surtout masculines, et la manière dont leurs utilisateurs sont définis. Alors que la plupart des travaux en sociologie des techniques insistent sur le rôle de l’innovation dans cette définition de l’utilisateur, nous montrerons qu’aux côtés des scientifiques, les féministes et les journalistes ont joué un rôle important dans la configuration des utilisateurs potentiels de ces techniques contraceptives : ils ont construit une grande variété de représentations de la masculinité et des utilisateurs hommes. Ces représentations sont utilisées soit pour montrer qu’il n’y a pas d’obstacle culturel à l’acceptabilité de ces techniques, soit à l’inverse, pour en dénoncer le caractère utopique.
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L’analyse des relations entre acteurs des nouvelles techniques de reproduction a souvent conduit à privilégier la description des stratégies de ceux qui sont désignés comme dominants : les inventeurs, les médecins, les hommes. A l’inverse, on s’intéressera ici à l’expérience des femmes en faisant l’hypothèse qu’il existe des différenciations dans la démarche de procréation médicalement assistée à l’image de la complexité des rapports sociaux de sexe. Effectivement, l’analyse des parcours de femmes, à partir des dossiers médicaux d’un service hospitalier spécialisé, révèle des lignes de conduite spécifiques : sont ainsi mises à jour des stratégies différentes selon la situation professionnelle, le niveau de qualification, la position vis-à-vis de l’hôpital. Avec la médicalisation croissante de notre société, le « devoir de procréation » se jouerait donc sur une scène où interviennent conjointement les rapports sociaux de sexe, la position vis-à-vis du travail, le lien avec l’institution médicale.
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A travers le témoignage de 29 personnes dont 7 enfants et adolescents, une incursion dans le paysage des familles "homoparentales". Bousculant le cadre traditionnel de la famille, ces structures posent, par leur démarche même, des questions sur des sujets aussi essentiels que la filiation, l'adoption, la procréation médicalement assistée, allant bien au-delà de l'homosexualité.
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La question de l'avortement, réexaminée par des chercheures féministes. La première partie s'attaque aux pratiques contraceptives des femmes de la Nouvelle-France; on y aborde également un sujet tabou : l'avortement répété. Dans la deuxième partie de l'ouvrage, les auteures analysent la situation qui prévaut dans les pays de l'ex-bloc soviétique et montrent comment l'avortement peut servir d'arme politique contre les femmes. Enfin, la troisième partie porte sur l'idéologie autant des mouvements "pro-vie" que de ceux qui militent en faveur du droit à l'avortement.
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Arraisonner quelqu'un, c’est en vieux français tenter de le persuader, argumenter pour lui faire entendre raison. En termes de marine et de police sanitaire, arraisonner un navire, c'est l'interpeller, interrompre sa route pour le contrôler. Ainsi, c'est de la double face, matérielle et mentale, du contrôle et de la manipulation des femmes que traite ce livre collectif. Par l'analyse de sociétés très diverses, anciennes et modernes, comme par la critique des discours scientifiques, les auteurs — ethnologues, sociologues, linguistes – éclairent avec rigueur et imagination théoriques deux domaines encore peu explorés de la problématique des sexes : 1) L’élaboration sociale (politique) de la sexualité et la manipulation des mécanismes de la reproduction — dont l'exposé dément les explications naturalistes ; 2) Les conditions socio-sexuées de la connaissance, les effets sur la conscience de l’oppression matérielle subie et exercée — dont l'analyse exclut toute explication idéaliste. Si les deux sexes sont socialement construits, ce n'est pas de façon symétrique. Objets de raisonnements réducteurs et réduites dans leur corps et dans leur raison, soumises à persuasion ou raisonnées de force, inspectées, contrôlées dans leur tête et dans leur ventre tel un navire sa cargaison, son état sanitaire, son port d'attache : ainsi sont-elles créées « femmes » dans de multiples sociétés. Ainsi s'exerce l'arraisonnement des femmes.
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Première femme diplômée psychiatre de France, le Docteur Madeleine Pelletier (1874-1939) s’est fortement engagée toute sa vie pour les idées féministes. Elle est l'une des premières féministes à aborder la notion de genre et à en faire l'une des causes de l'inégalité des sexes. Pour elle, le féminisme doit apparaître pour les femmes comme une évidence, une priorité avant tout autre combat. La liberté des femmes passe selon elle par une éducation sexuelle complète, une liberté sexuelle égale à celle des hommes, et par le droit de disposer de son corps (Elle est l’une des premières femmes à écrire sur le droit à l’avortement). En raison de ses écrits et de ses positions radicales, cette combattante féministe d’avant-garde fut soupçonnée d’avoir pratiqué un avortement et se verra condamnée pour crime en 1939. Elle fut alors internée d’office dans un asile psychiatrique où elle mourra rapidement.Ses écrits féministes restent d’actualité dans notre société où l’égalité des sexes reste toujours à construire et le droit à l’avortement souvent remis en question.
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