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« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ». Cette recherche part du postulat que l'identité des mangeurs peut se lire à travers ce qu'ils ingèrent, comment ils l'ingèrent et pourquoi ils l'ingèrent. En d'autres termes, les alimentations permettent aux hommes et aux femmes du Moyen-Âge d'afficher leur appartenance à un groupe social, voire à un genre, à travers des éléments de distinction. L’étude de ces derniers dans le cadre de l’alimentation permettant alors, dans un mouvement inverse, de révéler les systèmes hiérarchiques qui prévalent à cette époque. Cette analyse vise donc à aiguiser notre regard sur les sociétés médiévales du XIIe au XIVe siècle à travers les alimentations de l'Occident chrétien et de l'Andalousie musulmane au prisme du genre. Il s'agit ainsi de s'inscrire dans le sillage des historiens du genre et de l'alimentation en questionnant le genre des aliments, l'identité des mangeurs et plus généralement les rapports de sociaux de sexe qui s'articulent autour du fait alimentaire. De ces interrogations découle la problématique suivante : dans quelle mesure le fait alimentaire constitue-t-il un vecteur de différenciation des sexes à l'époque médiévale en Occident chrétien et en Andalousie musulmane? Plusieurs sources ont été défrichées pour mener à bien cette analyse. Pour le volet diététique, les traités de Hildegarde (XIIe siècle) et de Ibn Halsun (XIIIe) ont fait l’objet d’une analyse lexicométrique, articulée pour l’essentiel autour de la notion de genre et qui a permis de mettre en lumière la prévalence de la théorie des humeurs dans les représentations de genre des savants médiévaux musulmans et chrétiens. À cette analyse discursive, s’est ajoutée une étude des pratiques qui entourent les boissons et les aliments et les cadres socio-culturels de leur consommation. Des sources juridiques et littéraires, autant que des documents iconographiques ont constitué un levier de connaissance substantiel qui a permis d’évaluer, dans une perspective intersectionnelle, la prégnance des critères sociaux de classe sur la commensalité féminine en Europe chrétienne comme en Andalousie musulmane. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Moyen-âge; femmes; genre; alimentation; Occident; islam; christianisme
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Lorsque parut en 1977 l’article de Joan Kelly Gadol, « Did women have a Renaissance ? », on commençait à parler de gender. Dans sa formulation, qui appelait évidemment une réponse négative, c’était bien une question « renversante » : elle soumettait à interrogation une notion rarement mise en doute, la Renaissance, et introduisait comme critère possible de sa pertinence, le Féminin. Cet article a profondément marqué les générations suivantes d’historiens, spécialistes de l’histoire des femmes et du genre, suscitant de profondes remises en question, des controverses et une multitude de textes reprenant ce questionnement des fondamentaux de nos disciplines. Trois historiennes, deux médiévistes et une moderniste tentent ici, plus de trente ans après, une relecture faisant le point sur les apports et les remises en question de ce texte fondateur.