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Le présent mémoire propose une lecture écoféministe du roman La Mère des herbes de Jovette Marchessault, paru en 1980. Le premier chapitre servira d'assise théorique pour présenter les notions écoféministes. J'y fais appel à des autrices et militantes écoféministes de domaines, d'époques et de filiations variées, insistant particulièrement sur le démantèlement de systèmes de domination reposant sur des binarismes construits. Les trois suivants forment le corps de mon analyse littéraire, traitant respectivement du corps liminal, du langage revitalisé et des généalogies matrilinéaires. Je suivrai d'abord l'évolution singulière de corps se logeant en continuité directe avec leur environnement, s'établissant à la croisée des règnes (animal, minéral, végétal) et s'aventurant parfois vers une remorphologisation complète. Ce chapitre, en plus de critiquer l'anthropocentrisme, offrira l'occasion d'observer la promotion d'un savoir expérientiel corporellement situé comme riposte au primat de la rationalité. Je poursuivrai en analysant l'appel à la revitalisation du langage qu'effectue Marchessault. Tant par la forme que le fond, l'autrice fait le procès du langage patriarcal figé, violent et violant, pour promouvoir une langue vivante, arrimée à ce nouveau corps débinarisé. Surtout, la parole est réappropriée par ses personnages féminins et est reconnue chez l'autre-qu'humain. Enfin, dans le dernier chapitre, l'examen d'une généalogie mémorielle matrilinéaire permettra de mettre en valeur les relations de partage et de passation entre mères et filles, constituant le germe même du désir de résistance et de renouveau qui anime la jeune narratrice autofictionnelle. Dans ce mémoire, je considère donc l'expression artistique comme pratique contestataire et catalysatrice de changement. Les perspectives critiques écoféministes mises de l'avant encouragent à emprunter de nouvelles pistes de lecture (body that reads, trans-corporeality, etc) visant à faire ressortir les dynamiques de pouvoir et de privilège, à questionner les représentations de la nature, de l'identité et de l'altérité. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jovette Marchessault, La Mère des herbes, écoféminisme, corps, langage, généalogie, matrilinéaire, binarismes
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La perception sociale du cinéma d’animation et l’institutionnalisation du discours cinématographique ont longtemps engendré la marginalisation du cinéma image par image. La sacralisation des discours théoriques et historiques se sont majoritairement concentrés sur les grands canons américains, produisant ainsi une identité culturelle partiale et partielle du cinéma d’animation. Au Québec, les années 1970 représentent une période forte pour la libération des femmes. Dans le continuum des arts féministes, le cinéma des animatrices est engagé politiquement avec les revendications socioéconomiques de son époque, tout en contestant l’iconographie traditionnellement associée à la sphère féminine. Puisque le cinéma image par image présente un langage cinématographique particulier, cette thèse propose de réfléchir sur le cinéma d’animation lorsqu’il s’entrecroise avec la pensée féministe institutionnelle. Analyser et réhabiliter le discours féministe des animatrices et des modèles féminins forts de la discipline permet de rendre compte de leurs réalités. Cette thèse est un regard historique alternatif et critique montrant une pratique peu connue, sous-documentée et qui tend à sombrer dans l’oubli : les films d’animation féministes des animatrices de l’Office national du film du Canada et les conditions de création dans lesquelles œuvrèrent les animatrices. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Cinéma d’animation, féminismes, animatrices, Office national du film du Canada, conditions de création et analyse des discours cinématographiques institutionnels.
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Cette thèse a comme origine la question suivante : comment la laïcité est-elle devenue un enjeu majeur pour les féministes au Québec? Alors que les débats publics sur la laïcité se sont succédé durant la dernière décennie, ils ont été l'occasion de reformuler les frontières identitaires de l'appartenance nationale. La problématique de cette recherche peut être formulée en deux temps. D'une part, comment les féministes « blanches » francophones au Québec se sont représenté « la religion » et « la laïcité », des années 1960 aux années 1990, et quels ont été les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires de leur féminisme? D'autre part, comment les féministes dans leur diversité se représentent actuellement « la religion » et « la laïcité » et quels sont les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires de leur féminisme? Pour y répondre, la thèse est divisée en trois parties. La première partie est introductive. À travers une revue de la littérature scientifique pertinente, elle revient sur différentes conceptions sociologiques et philosophiques des religions et de la laïcité, parcourt l'historiographie québécoise sur la laïcisation et la laïcité au Québec et balise le nouveau champ de recherche féministe sur l'articulation entre féminismes et laïcités. Elle explicite ensuite le cadre théorique choisi, soit celui du féminisme poststructuraliste et du féminisme antiraciste, ainsi que les outils théoriques qui seront mobilisés dans l'analyse : intersectionnalité, racisme, nationalisme, mythe d'une société postraciale, islamophobie et blanchité. Elle présente trois grands récits modernes, déconstruits par les féministes poststructuralistes et antiracistes : un récit séculariste opposant des religions dépassées à la modernité progressiste, un récit féministe « blanc » opposant des religions patriarcales à la laïcité égalitaire et un récit nationaliste racontant l'avènement d'une nation moderne, laïque et égalitaire au Québec. Enfin, cette partie se clôt avec l'approche méthodologique structurant la recherche. Il s'agit d'une approche généalogique des problématisations, c'est-à-dire une histoire contextualisée de la construction comme problème de « la religion » et de « la laïcité », entre continuités et discontinuités. Il s'agit aussi d'une analyse critique du discours, considérant les représentations discursives comme un domaine du pouvoir. Critique, cette recherche ne vise ni à repérer le meilleur féminisme, ni à fonder un programme féministe laïque, mais à mettre en évidence les effets politiques des représentations féministes se posant comme discours de vérité. Dans cette perspective, la recherche ne vise pas la neutralité axiologique et reconnaît que la chercheure est située au sein des rapports de pouvoir analysés. La seconde partie analyse les représentations de « la religion » et de « la laïcité » par les féministes « blanches » francophones au Québec, des années 1960 aux années 1990, ainsi que les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires de leur féminisme. Quatre chapitres portent chacun sur une des quatre décennies parcourues. Ils reviennent sur un certain nombre d'événements féministes aujourd'hui régulièrement remémorés comme « nos » luttes féministes contre la religion : la Commission royale d'enquête sur l'enseignement (1961-1966); la loi sur la capacité juridique de la femme mariée (1964); les luttes pour le droit à l'avortement (1969-1988); la visite du pape Jean-Paul II au Québec (1984); la première affaire du foulard à l'école (1994); les consultations sur la déconfessionnalisation scolaire (1999). La pluralité des féminismes et des contextes analysés permet de briser la binarité opposant religions et féminismes, ainsi que l'association entre féminismes et laïcités. Cela ne signifie pas pour autant que l'opposition entre les couples religion/patriarcat et féminisme/laïcité n'est pas reprise par les féministes elles-mêmes durant ces quatre décennies. La recherche met en outre en évidence la production d'un « nous-Québécoises » aux frontières ethniques. La troisième partie analyse les représentations de « la religion » et de « la laïcité » et les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires des féministes dans leur diversité, au cours des débats qui ont scandé la dernière décennie, soit lors des consultations publiques de la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles (2007), du projet de loi 94 (2010) et du projet de loi 60 (2013). Je distingue trois grandes tendances féministes : féministe moniste, féministe antiraciste et féministe intermédiaire. Quatre chapitres reviennent sur quatre aspects de ces débats laïques : la construction du contexte actuel comme contexte de crise et ses contestations; la construction des signes religieux comme problème féministe et ses contestations; la construction des religions, des intégrismes et de la laïcité comme problème féministe et ses contestations; les représentations du racisme, de l'intégration et du féminisme. Cette troisième partie permet d'avancer que les débats actuels sur la laïcité sont structurés racialement et que les représentations de « la religion » et de « la laïcité » sont indissociables de la (re)production et de la contestation des frontières de l'appartenance nationale. La thèse se conclut en soulignant notamment deux apports majeurs de cette recherche. D'une part, l'histoire des problématisations de « la religion » et de « la laïcité » ainsi réalisée permet d'avancer que les débats féministes actuels sur la laïcité ne s'inscrivent pas d'abord au sein de l'histoire des critiques féministes de la religion mais bien plutôt de l'histoire de la (re)production et de la contestation des frontières de l'identité nationale et de l'identité féministe. D'autre part, la recherche permet de montrer que ces deux histoires ne sont pas pour autant complètement distinctes, car les représentations de « la religion » sont aussi situées et traversées par des rapports de pouvoir.
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Ce mémoire cherche à rendre compte de l'agentivité des femmes dans le développement des pratiques documentaires au Québec de 1970 à 1985, période durant laquelle l'émergence de collectifs photographiques et de pratiques documentaires s'intensifie. Il cherche plus précisément à retracer et à analyser l'implication entrecroisée de treize femmes photographes au sein du milieu photographique et du mouvement des femmes au Québec durant ces mêmes années, afin d'étudier de quelle manière la photographie documentaire constitua un outil d'expression critique pour représenter la réalité sociale et politique des femmes, ainsi que leurs actions au sein du milieu féministe. Cette recherche démontre de plus de quelle façon les codes traditionnels associés à la photographie documentaire se sont vus remis en doute à travers cette production photographique. En priorisant une méthodologie basée sur la transmission orale des photographes rencontré.e.s ainsi que sur un important travail en archives, cette étude cherche à pallier une marginalisation des pratiques documentaires de femmes qui s'inscrit, plus largement, dans une désaffection pour le genre documentaire au tournant des années 1980. Ce mémoire pose ainsi un regard critique sur la situation des femmes photographes durant cette période, en lien avec le contexte artistique dans lequel elles ont évolué, ainsi qu'à travers le mouvement des femmes et les différents groupes sociaux dont plusieurs photographes ont fait partie. Cette lecture entrecroisée contribue finalement à une réécriture féministe et critique de l'histoire photographique québécoise par sa démonstration de l'importante contribution des femmes au milieu photographique québécois, ainsi que par la mise de l'avant de corpus photographiques peu connus. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Femmes, photographie, documentaire, Québec, féminisme, Louise Abbott, Claire Beaugrand-Champagne, Marik Boudreau, Stephanie Colvey, Judith Lermer Crawley, Louise de Grosbois, Anne de Guise, Suzanne Girard, Clara Gutsche, Jennifer Harper, Charlotte Rosshandler, Louise Turner, Jerri Zbiral
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Notre étude se penche sur les réactions de deux chanteurs québécois face au mouvement des femmes. Aussi, nous étudions les transformations discursives qu’a subies la chanson québécoise masculine en recherchant les traces du discours féministe dans les paroles des chansons des années soixante-dix à aujourd’hui. Deux figures marquantes de la chanson québécoise, faisant l’objet d’un chapitre chacun, sont analysées Jean-Pierre ferland et Jim Corcoran. À l’aide de l’analyse de discours telle que développée par Marc Angenot et des études comparatistes musico-littéraires proposées par Steven Paul Scher et qui rendent justice à la particularité de la chanson constituée d’un texte, d’une musique et d’une interprétation, nous cherchons à comprendre l’interaction entre la société et la chanson. L’écho du féminisme est audible dans les chansons des auteurs-compositeurs-interprètes et se manifeste, chez Ferland, par son incompréhension des désirs de cette femme métamorphosée par les revendications féministes et, chez Corcoran, par sa volonté de rejoindre la femme émancipée en relançant le dialogue. Ces différences quant à la perception de la femme et de la féminité s’expliquent en grande partie par un effet générationnel. Appartenant à des générations d’hommes qui ont vécu l’essor du féminisme pour l’un et l’apogée du féminisme pour l’autre, les deux chanteurs réagissent différemment au débat sur la différence des sexes et au mouvement des femmes.