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Dans la littérature sur la danse exotique de la première moitié du xxe siècle, la danseuse noire apparaît soit comme la victime d’une industrie du divertissement capitalisant sur les mises en scène érotisantes, exotisantes et primitivisantes de son corps, soit comme la parodie subversive du stéréotype dit « primitif-exotique » incarné sur scène. Pour paraphraser bell hooks, le plaisir corporel, voire charnel, lié à la danse est avant tout abordé en tant que réalité à laquelle il faut résister, qui doit être masquée ou transcendée, ce qui force ainsi un processus de distanciation entre le travail artistique de la danseuse et le capital érotique de son corps. Dans cet article, l’auteure s’appuie sur une collection d’entretiens réalisés dans le contexte du travail de recherche ayant mené à la production cinématographique Show Girls: Celebrating Montreal’s Legendary Black Jazz Scene (1999) avec des danseuses qui travaillaient dans l’industrie du spectacle durant l’« âge d’or » du jazz montréalais (1925-1955). Les récits que révèlent ces entretiens permettent d’aller au-delà des questions de représentation dans la littérature sur la danse exotique pour poser un regard sur l’agentivité artistique de ces femmes qui résistent à la désarticulation entre leur travail artistique et le capital érotique de leurs corps.
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Cette dissertation se penche sur les interactions entre le jazz, l'identité, la nation et la modernité durant le soi-disant âge d'or du jazz à Montréal (1925-1955). À la croisée de la musicologie, des études de la condition féminine (études féministes noires et méthodes de recherche féministes en particulier), des études des médias et des études culturelles, je propose une réécriture critique de l'histoire du jazz montréalais, attentive au rôle que les femmes racisées et ethnicisées ont joué dans le développement de la scène jazz, et plus largement dans la formation des identités, des plaisirs, et des sons de la modernité québécoise. Le statut particulier de Montréal comme ville-spectacle en fait un riche laboratoire pour étudier les relations de collaboration créative entre les artistes (musiciens.ennes, chanteurs.euses, danseurs.euses) actifs sur le circuit du spectacle de variété noir du début du XXe siècle. Cette recherche met également en lumière la relation discursive qu'entretiennent le jazz et le vice dans l'entre-deux-guerres québécois, en particulier quant à l'incarnation sexuée et racisée de la moralité. Finalement, cette dissertation présente la première écoute critique ainsi que les premières notes biographiques détaillées d'artistes féminines de jazz montréalaises telles que les pianistes Vera Guilaroff et Ilene Bourne, des ensembles féminins comme les Sœurs Spencer et le Montreal Melody Girls Orchestra, des danseuses et chanteuses de variété noires telles que Tina Baines Brereton, Bernice Jordan Whims, Mary Brown, Natalie Ramirez, et Marie-Claire Germain, ainsi que l'enseignante de piano Daisy Peterson Sweeney et les enseignantes de danse Ethel Bruneau et Olga Spencer Foderingham.
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Cet article porte sur les rôles que les femmes ont joué dans le développement d’une scène jazz à Montréal. Les archives témoignent de l’importance des pianistes Vera Guilaroff et Ilene Bourne, de l’enseignante de piano Daisy Peterson Sweeney, des enseignantes de danse Olga Spencer Foderingham et Ethel Bruneau, ainsi que des danseuses de variétés dans le développement de la plus grande scène jazz du Canada au cours de la première moitié du xxe siècle. Cet article contextualise la présence des femmes dans ces espaces performantiels précis (le piano, l’enseignement, la danse) et explore les processus historiographiques liés à leur exclusion des récits historiques.
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En 1940, deux femmes élégantes prennent le thé dans le lobby du Ritz-Carlton. Ne vous fiez pas aux apparences: leur rencontre annonce un grand chambardement dans l’univers de la musique classique. La mécène Madge Bowen et la violoniste Ethel Stark fondent à Montréal ce qui deviendra le premier orchestre symphonique canadien composé uniquement de femmes. Bafouant les conventions, elles rassemblent des musiciennes de tous les horizons: Noires, Blanches, francophones, anglophones, juives, catholiques, protestantes, bourgeoises ou ménagères. Elles se procurent des instruments, organisent des répétitions dans des sous-sols non chauffés et apprennent à jouer d’instruments auparavant réservés aux hommes. Sept mois plus tard, avec Maestra Stark à la barre, la Symphonie féminine de Montréal donne son premier concert public sur le mont Royal. En 1947, elles se produiront même au Carnegie Hall de New York. De sa création jusqu’à sa dissolution en 1965, Ethel Stark et cet orchestre inclusif ont non seulement formé plusieurs générations de musiciennes, mais ont révolutionné le monde de la musique classique. Au terme d’une impressionnante recherche d’archives et d’entretiens avec les musiciennes, Maria Noriega Rachwal reconstitue ici cette aventure dans un style vivant et sensible, faisant enfin honneur à ces pionnières oubliées.
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Cette analyse aborde le cas singulier de la circulation de la chanson J’attendrai dans la culture des années 1940, dont l’analyse des variantes permet de cerner les rapports mouvants d’une chanson aux genres chansonniers et musicaux, aux goûts et aux pratiques du public, ainsi qu’à leur ancrage au sein des champs culturels nationaux. Elle permet même, parfois, de sonder les modalités de l’évolution des modèles des rapports sociaux entre les sexes présents dans différentes versions. Ce sont ainsi autant les enjeux artistiques, culturels, sociaux et intimes à l’oeuvre qui guident notre analyse de ce cas de transfert culturel, que le repérage de vecteurs permettant de formuler une équation de la circulation culturelle des chansons à succès.
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Extrait de la couverture : "Le féminisme apparaît aujourd'hui comme un événement majeur, facteur d'une révolution sociale et culturelle sans précédent du XXe siècle. Pour la première fois dans l'histoire de l'Occident, les femmes se sont émancipées de la tutelle familiale et de leur incapacité juridique, ont acquis une indépendance économique, intellectuelle et sexuelle, et se sont imposées sur la scène publique et politique. Et pourtant, en ce début du XXIe siècle, le mouvement de libération des femmes semble à un tournant. En effet, il a pris une ampleur mondiale, fait partie intégrante des grands débats de société et resurgit là où on l'attendait le moins, notamment parmi les jeunes femmes de banlieue. ... Synthèse unique d'un siècle de combats des femmes, cet ouvrage n'a pas pour but d'entrer dans la polémique mais de l'éclairer par la précision du regard historique. Il offre au public le fruit de recherches internationales encore méconnues qui, depuis trente ans, ont défriché un nouveau champ de savoir. La pluralité des combats féministes y est retracée sans complaisance : de la lutte pour le droit de vote aux combats pour la dépénalisation de l'avortement et la libération sexuelle, en passant par le droit à l'éducation et au travail."
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Perte et reconquête du droit de vote des femmes. La structuration du mouvement pour le suffrage féminin au Québec. Les réactions contre le suffrage féminin. Les suffragettes persistent. L'année historique pour les Québécoises.
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Dans ce second volume, Simone de Beauvoir entreprend " d'étudier avec soin le destin traditionnel de la femme ", c'est à dire de " situer " la femme. " Comment la femme fait-elle l'apprentissage de sa condition, comment l'éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire. " D'abord sa formation : dans l'enfance, dans l'adolescence, dans l'initiation sexuelle, tout semble disposé, agencé, pour creuser davantage le fossé naturel qui la sépare de l'homme, pour transformer des différences en inégalité, et cette inégalité en infériorité. Ensuite sa situation : Simone de Beauvoir décrit la femme dans le mariage, avec ses prémisses, ses traditions, ses conséquences ; dans la maternité ; dans la prostitution, dans la société ; dans le vieillissement et la vieillesse. Enfin elle envisage les problèmes qui se posent aux femmes qui " héritant d'un lourd passé, s'efforcent de forger un avenir nouveau "
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«Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la «réalité féminine» s'est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l'Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu'il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s'évader de la sphère qui leur a été jusqu'à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain». Simone de Beauvoir.