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Longtemps dénigrée par une certaine élite et plus ou moins ignorée des ouvrages sur la chanson, Mary Travers Bolduc (1894-1941) est aujourd’hui considérée comme étant la première autrice-compositrice-interprète, ainsi que la toute première vedette de la chanson populaire québécoise. À une époque où les femmes bénéficient de peu ou pas d’autonomie, sa carrière semble à la fois une anomalie et un exploit. Cependant, l’image de la femme indépendante qui gère sa carrière et organise ses tournées apparaît en contradiction avec les chansons où elle reste fidèle aux valeurs traditionnelles de sa génération et de son public quant au rôle de la femme dans la société. Réécouter les chansons de Mme Bolduc et parcourir les archives permettent de mieux comprendre qui était celle que l’on surnommait « La Bolduc », — à la fois femme, épouse et mère, ainsi qu’artiste autodidacte et « reine de la chanson comique », à mi-chemin entre le folklore et la chanson populaire —, et aident à la compréhension de ce pourquoi sa réception critique a été aussi longtemps mitigée. On peut également mieux mesurer la valeur de son oeuvre en lien avec la société dans laquelle elle a évolué, ainsi qu’émettre le constat que la condescendance de certains à son égard au cours de sa carrière, tout comme le silence qui a suivi son décès, relèvent de préjugés ; non pas parce qu’elle était une femme, mais à cause de la classe sociale à laquelle elle appartenait et dont elle a été le miroir. Ce n’était pas tant le propos de ses chansons qui dérangeait mais bien son niveau langue, le ton parfois grivois et le style de sa musique, ce qui a pourtant garanti son succès auprès des spectateurs. Sa réhabilitation au cours des années 1960, dans le contexte d’une revalorisation du folklore et de l’âge d’or de la chanson joualisante, s’explique par l’évolution de l’horizon d’attente et du goût du public.
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Sur l'écran, sous les feux de la rampe, la souffrance est divine pour la foule. La même souffrance dans la rue et dans les chambres closes, cela s'appelle du déshonneur. [...] Il y a quelque chose de plus fort que le courage, la tendresse, le dévouement, le sacrifice; il y a plus fort que toi, l'Amour, et toi, la Mort ; plus fort que tout, plus fort que vous tous, il y a la Vie.
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Dans son quatrième roman, Mrs Dalloway (1925), l'écrivaine anglaise Virginia Woolf aborde le sujet des classes moyennes anglaises au lendemain de la guerre de 1914-18. Elle a noté dans son journal qu'elle voulait « donner la vie et la mort, la santé mentale et la folie ; Je veux critiquer le système social, & le montrer à l'œuvre, à son plus intense'. La forme, ainsi que le contenu du roman est essentiellement "moderne". La technique pionnière du "flux de conscience" de Woolf reflétait son désir de montrer la nature multiforme de la conscience et de capturer l'impact du monde moderne en évolution rapide sur la psyché. Un récit onirique transporte le lecteur à travers une ville surpeuplée et dans l'esprit de différents individus isolés : nous nous concentrons particulièrement sur Mme Clarissa Dalloway, une dame de la société d'âge moyen et Septimus Warren Smith, un jeune soldat démobilisé en état de choc. Comme dans Ulysses (1922) de James Joyce , l'action se limite principalement à une journée ; dans ce cas en juin 1923. Le roman commence par la phrase "Mme Dalloway a dit qu'elle achèterait les fleurs elle-même" alors qu'elle passe la journée à préparer une fête, et se termine par la fête qui se déroule le soir, alors qu'elle apprend au passage le suicide de Septimus. Néanmoins, le livre nous sort de tout cadre temporel strict en incorporant des moments de réminiscence d'un certain nombre de personnages. Du passé de Septimus, nous apprenons que sa classe sociale l'a empêché d'aller à l'université ; il était « l'un de ces hommes semi-éduqués et autodidactes dont toute l'éducation est apprise dans des livres empruntés aux bibliothèques publiques », et son désir d'être poète l'a finalement conduit à s'enrôler dans l'armée, comme pour défendre un shakespearien idéalisé. Angleterre. Le traitement par Woolf des soins psychiatriques qu'il reçoit - Septimus se tue lorsqu'il apprend qu'il est interné dans un sanatorium - semble s'appuyer sur sa propre expérience de la maladie mentale. Les regrets plus doux de la classe supérieure et le sentiment d'isolement de Mme Dalloway fournissent une sorte de contre-rythme. Sa fille, Elizabeth, est inévitablement le symbole de la jeune femme de Clarissa, et elle se souvient des chemins amoureux et de la vie qu'elle n'a pas empruntés par son ancien prétendant Peter Walsh et par Sally Seton, qu'elle a embrassé une fois, mais qu'elle a maintenant épousé. un homme d'affaires provincial. Le roman est devenu l'une des œuvres les plus célèbres de Woolf et l'un des textes déterminants du modernisme littéraire.
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Femmes de la Rive gauche étudie les contributions à la vie du Paris littéraire entre 1900 et 1940 de grandes Américaines et Anglaises, telles que Djuna Barnes, Natalie Barney, Sylvia Beach, Caresse Crosby, Nancy Cunard, Hilda Doolittle, Janet Flanner, Anaïs Nin, Jean Rhys, Gertrude Stein, Edith Wharton… Écrivain.e.s, éditeurices, libraires, journalistes, tenant salon au cœur du Paris culturel, elles ont nourri de leur énergie créatrice originale le grand mouvement de la modernité. Cet essai, qui considère à la fois l’histoire littéraire et la littérature, écrit la face cachée du tissu culturel, explore la richesse d’une écriture que le modernisme a tenté de nier…. « Au lieu d’intersection de la vie et de l’art, au croisement de la mémoire et de l’histoire, à la confluence du mythe et de la biographie… j’ai retrouvé les traces de celles qui ont nourri de leur force et de leur intelligence le grand mouvement culturel moderniste. » S. B.