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La “crise de la pilule” de 2012-2013 a contribué à remettre en cause la prédominance de la pilule contraceptive en France, sans pour autant que l’imputation aux femmes de leur responsabilité en matière de contrôle des naissances ne soit remise en cause. Cet article s’intéresse aux mécanismes de domination, en particulier médicaux et de genre, qui fondent et maintiennent les différentes dimensions ordinaires et invisibilisées du travail qui découle de cette responsabilité. Il s’agit d’abord de montrer comment, du fait de la médicalisation de la contraception, la responsabilité du contrôle des naissances est progressivement devenue féminine et comment, dans le même temps, le travail lié à cette responsabilité est demeuré caché. Cette invisibilisation du travail féminin passe par la naturalisation de la contrainte que représente l’observance contraceptive, et en particulier de la charge mentale afférente. C’est aussi de la contradiction entre une injonction au choix et un panel limité de méthodes effectivement disponibles pour les femmes que naît la nécessité d’une autre forme de travail contraceptif : un travail cognitif. Enfin, l’utilisation d’une méthode de contrôle de la fécondité implique, en particulier s’il s’agit d’une méthode hormonale, de faire face à des effets secondaires minorés voire niés. Là encore, c’est une forme de travail invisible – un travail sur soi – que cet article vise à dévoiler.
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"Who is "the girl"? Look to movies, TV shows, magazines, and ads and the message is both clear and not: she is a sexed-up sidekick, a princess waiting to be saved, a morally infallible angel with no opinions of her own. She's whatever the hero needs her to be in order to become himself. She's an abstraction, an ideal, a standard, a mercurial phantom. In You Play the Girl, Chocano blends formative personal stories with insightful and emotionally powerful analysis. Moving from Bugs Bunny to Playboy Bunnies, Flashdance to Frozen, the progressive '70s through the backlash '80s, the glib '90s, and the pornified aughts--and at stops in between--she explains how growing up in the shadow of "the girl" taught her to think about herself and the world and what it means to raise a daughter in the face of these contorted reflections. In the tradition of Roxane Gay, Rebecca Solnit, and Susan Sontag, Chocano brilliantly shows that our identities are more fluid than we think, and certainly more complex than anything we see on any kind of screen."--Page 4 of cover.
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Cet article retrace le contexte historique de l'activisme queer et de l'activisme noir à partir des mouvements sociaux des années 1960 et 1970 aux États-Unis afin de montrer le fossé profond entre la noirceur et la queerness qui prend toute sa force dans une nation soi-disant daltonienne qui a plus d'une fois revendiqué que « le gay est le nouveau noir ». Ce n'est pas seulement une analogie dangereuse qui manque de fondement profond, cela conduit également à un discours qui trace une frontière claire entre deux communautés et mouvements distincts - l'un noir, l'autre queer. L'activisme récent de #BlackLivesMatter a contesté l'analogie entre la noirceur et l'homosexualité en centralisant les deux dans leur critique de la violence sanctionnée par l'État contre les Noirs. L'analyse du documentaire de Nneka Onourah The Same Differencefournit un aperçu supplémentaire de la gamme complexe de pouvoirs qui affectent les expériences vécues à l'intersection de l'homosexualité, de la noirceur et du genre. Le documentaire génère des points de départ à travers lesquels la queerness trouve sa validité en tant qu'outil de pensée critique, moyen de résistance active et base d'action communautaire. En plaçant le documentaire dans son contexte, cet article reconstruit un paradigme pour la politique queer radicale dans le champ de force des notions traditionnelles de masculinité et de féminité noires et de queerness comme déstabilisateur des deux, ramenant la queerness dans une position marginale à partir de laquelle elle peut critiquer l'état.
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À l'heure où se développent en France les premiers cursus d'études culturelles inspirés des cultural studies anglophones et où les politiques de l'identité et des représentations suscitent un intérêt croissant, la publication de ce recueil de quatorze essais classiques du sociologue britannique Stuart Hall constitue un détour nécessaire par les origines multiples et complexes de ce champ de réflexion. Intellectuel de renom international, Stuart Hall nous livre ici une généalogie critique des cultural studies, de leurs fondements théoriques marxistes et gramsciens à leur redéfinition des notions de "culture" et de "populaire", en passant par leur résistance aux disciplines classiques. Mettant en relief les préoccupations théoriques et politiques majeures des études culturelles, il interroge le concept d'" identité " et ses déclinaisons (ethnicité, race, classe, genre, sexualité) et développe une théorie qui situe la culture au cœur même du processus de construction identitaire. Qu'il analyse la formation des cultures diasporiques, les politiques noires britanniques, les situations postcoloniales ou le concept de " multiculturalisme ", Hall éclaire d'une lumière singulière nombre d'enjeux centraux de la scène politique internationale contemporaine.
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Cette thèse a comme origine la question suivante : comment la laïcité est-elle devenue un enjeu majeur pour les féministes au Québec? Alors que les débats publics sur la laïcité se sont succédé durant la dernière décennie, ils ont été l'occasion de reformuler les frontières identitaires de l'appartenance nationale. La problématique de cette recherche peut être formulée en deux temps. D'une part, comment les féministes « blanches » francophones au Québec se sont représenté « la religion » et « la laïcité », des années 1960 aux années 1990, et quels ont été les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires de leur féminisme? D'autre part, comment les féministes dans leur diversité se représentent actuellement « la religion » et « la laïcité » et quels sont les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires de leur féminisme? Pour y répondre, la thèse est divisée en trois parties. La première partie est introductive. À travers une revue de la littérature scientifique pertinente, elle revient sur différentes conceptions sociologiques et philosophiques des religions et de la laïcité, parcourt l'historiographie québécoise sur la laïcisation et la laïcité au Québec et balise le nouveau champ de recherche féministe sur l'articulation entre féminismes et laïcités. Elle explicite ensuite le cadre théorique choisi, soit celui du féminisme poststructuraliste et du féminisme antiraciste, ainsi que les outils théoriques qui seront mobilisés dans l'analyse : intersectionnalité, racisme, nationalisme, mythe d'une société postraciale, islamophobie et blanchité. Elle présente trois grands récits modernes, déconstruits par les féministes poststructuralistes et antiracistes : un récit séculariste opposant des religions dépassées à la modernité progressiste, un récit féministe « blanc » opposant des religions patriarcales à la laïcité égalitaire et un récit nationaliste racontant l'avènement d'une nation moderne, laïque et égalitaire au Québec. Enfin, cette partie se clôt avec l'approche méthodologique structurant la recherche. Il s'agit d'une approche généalogique des problématisations, c'est-à-dire une histoire contextualisée de la construction comme problème de « la religion » et de « la laïcité », entre continuités et discontinuités. Il s'agit aussi d'une analyse critique du discours, considérant les représentations discursives comme un domaine du pouvoir. Critique, cette recherche ne vise ni à repérer le meilleur féminisme, ni à fonder un programme féministe laïque, mais à mettre en évidence les effets politiques des représentations féministes se posant comme discours de vérité. Dans cette perspective, la recherche ne vise pas la neutralité axiologique et reconnaît que la chercheure est située au sein des rapports de pouvoir analysés. La seconde partie analyse les représentations de « la religion » et de « la laïcité » par les féministes « blanches » francophones au Québec, des années 1960 aux années 1990, ainsi que les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires de leur féminisme. Quatre chapitres portent chacun sur une des quatre décennies parcourues. Ils reviennent sur un certain nombre d'événements féministes aujourd'hui régulièrement remémorés comme « nos » luttes féministes contre la religion : la Commission royale d'enquête sur l'enseignement (1961-1966); la loi sur la capacité juridique de la femme mariée (1964); les luttes pour le droit à l'avortement (1969-1988); la visite du pape Jean-Paul II au Québec (1984); la première affaire du foulard à l'école (1994); les consultations sur la déconfessionnalisation scolaire (1999). La pluralité des féminismes et des contextes analysés permet de briser la binarité opposant religions et féminismes, ainsi que l'association entre féminismes et laïcités. Cela ne signifie pas pour autant que l'opposition entre les couples religion/patriarcat et féminisme/laïcité n'est pas reprise par les féministes elles-mêmes durant ces quatre décennies. La recherche met en outre en évidence la production d'un « nous-Québécoises » aux frontières ethniques. La troisième partie analyse les représentations de « la religion » et de « la laïcité » et les effets de ces représentations sur les (re)définitions des frontières identitaires des féministes dans leur diversité, au cours des débats qui ont scandé la dernière décennie, soit lors des consultations publiques de la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles (2007), du projet de loi 94 (2010) et du projet de loi 60 (2013). Je distingue trois grandes tendances féministes : féministe moniste, féministe antiraciste et féministe intermédiaire. Quatre chapitres reviennent sur quatre aspects de ces débats laïques : la construction du contexte actuel comme contexte de crise et ses contestations; la construction des signes religieux comme problème féministe et ses contestations; la construction des religions, des intégrismes et de la laïcité comme problème féministe et ses contestations; les représentations du racisme, de l'intégration et du féminisme. Cette troisième partie permet d'avancer que les débats actuels sur la laïcité sont structurés racialement et que les représentations de « la religion » et de « la laïcité » sont indissociables de la (re)production et de la contestation des frontières de l'appartenance nationale. La thèse se conclut en soulignant notamment deux apports majeurs de cette recherche. D'une part, l'histoire des problématisations de « la religion » et de « la laïcité » ainsi réalisée permet d'avancer que les débats féministes actuels sur la laïcité ne s'inscrivent pas d'abord au sein de l'histoire des critiques féministes de la religion mais bien plutôt de l'histoire de la (re)production et de la contestation des frontières de l'identité nationale et de l'identité féministe. D'autre part, la recherche permet de montrer que ces deux histoires ne sont pas pour autant complètement distinctes, car les représentations de « la religion » sont aussi situées et traversées par des rapports de pouvoir.
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Ce texte désire mesurer la place du féminisme dans l’expérience missionnaire des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie au Pérou et au Brésil entre 1960 et 1985. Pour plusieurs religieuses, l’idée de ministères traditionnels ou inédits dans de nouveaux champs apostoliques leur a permis d’élargir le sens de leur vocation. La question des femmes prendra, avec l’aggiornamento conciliaire, un nouvel élan. À travers un patient travail de fond, les SNJM se sont inculturées dans leurs différents milieux d’insertion en intégrant une vision d’avenir des femmes. Cette étude permet donc de revoir la nature même des fonctions missionnaires des religieuses et bouscule la vision genrée de l’apostolat. This text wishes to measure the role of feminism in the missionary experience of the Sisters of the Holy Names of Jesus and Mary in Peru and Brazil between 1960 and 1985. For several nuns, the idea of traditional or new apostolic works in the South American Field allowed them to expand the meaning of their vocation. The issue of women will take, with the Conciliar aggiornamento, a new impetus. Through a patient groundwork, SNJM are inculturated in their different backgrounds of insertion by integrating a vision of the future of women. This study makes it possible to review the nature of the missionary religious functions and hustles the vision of gender of the apostolate and empowerment of religious women.
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En 1940, deux femmes élégantes prennent le thé dans le lobby du Ritz-Carlton. Ne vous fiez pas aux apparences: leur rencontre annonce un grand chambardement dans l’univers de la musique classique. La mécène Madge Bowen et la violoniste Ethel Stark fondent à Montréal ce qui deviendra le premier orchestre symphonique canadien composé uniquement de femmes. Bafouant les conventions, elles rassemblent des musiciennes de tous les horizons: Noires, Blanches, francophones, anglophones, juives, catholiques, protestantes, bourgeoises ou ménagères. Elles se procurent des instruments, organisent des répétitions dans des sous-sols non chauffés et apprennent à jouer d’instruments auparavant réservés aux hommes. Sept mois plus tard, avec Maestra Stark à la barre, la Symphonie féminine de Montréal donne son premier concert public sur le mont Royal. En 1947, elles se produiront même au Carnegie Hall de New York. De sa création jusqu’à sa dissolution en 1965, Ethel Stark et cet orchestre inclusif ont non seulement formé plusieurs générations de musiciennes, mais ont révolutionné le monde de la musique classique. Au terme d’une impressionnante recherche d’archives et d’entretiens avec les musiciennes, Maria Noriega Rachwal reconstitue ici cette aventure dans un style vivant et sensible, faisant enfin honneur à ces pionnières oubliées.
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"Dès les années 1970, le mouvement féministe québécois s'est largement mobilisé pour obtenir la reconnaissance sociale et économique du travail ménager. Toutefois, à partir des années 1980, cette lutte a été écartée du mouvement des femmes. Combat abandonné, mais non gagné, son fardeau continue de peser aujourd'hui sur les femmes. Si la conciliation travail-famille, la charge mentale ou la répartition des tâches dans le couple sont des thématiques présentes dans l'espace public, ce sont encore largement les femmes qui en assument la responsabilité. Ce livre propose une analyse historique des discours féministes sur le travail ménager et des débats entourant sa reconnaissance, à travers trois avenues : la socialisation, le salaire au travail ménager et les réformes gouvernementales. Rendre visible un travail qui ne l'est pas et réinscrire au sein des luttes féministes les enjeux liés à la reproduction sociale, tel est le but de cet ouvrage documenté et rigoureux."
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Dans les années 1960-1970, l'État français encourage l'avortement et la contraception dans les départements d'outre-mer alors même qu'il les interdit et les criminalise en France métropolitaine. Comment expliquer de telles disparités? Partant du cas emblématique de La Réunion où, en juin 1970, des milliers d'avortements et de stérilisations sans consentement pratiqués par des médecins blancs sont rendus publics, Françoise Vergés retrace la politique de gestion du ventre des femmes, stigmatisées en raison de la couleur de leur peau. Dès 1945, invoquant la «surpopulation» de ses anciennes colonies, l'État français prône la régulation des naissances et l'organisation de l'émigration; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l'espace de la République, provoquant un repli progressif sur l'Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient. Françoise Vergés s'interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s'appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l'autrice entend faire la lumière sur l'histoire mutilée de ces femmes, héritée d'un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd'hui.