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Résumé Cet article retrace les jalons historiques ayant mené à l’institutionnalisation de l’homoparenté au Québec et met en lumière la synergie entre les revendications d’associations gaies et lesbiennes et les interventions étatiques de l’appareil gouvernemental. La décriminalisation de l’homosexualité au Canada en 1969, puis l’ajout de l’orientation sexuelle comme motif illicite de discrimination dans la Charte québécoise des droits et libertés en 1977 ont posé les bases juridiques sur lesquelles s’est ancrée la reconnaissance des couples de même sexe et des familles homoparentales aux tournants du nouveau millénaire. Les stratégies de mobilisation déployées par les groupes militants se sont alors inscrites dans les filières institutionnelles de l’action publique, à la rencontre des interventions progressistes de l’État québécois. L’analyse rétrospective de cette lutte offre une meilleure compréhension de la transformation des représentations familiales contemporaines et des débats actuels en matière de filiation.
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Le présent ouvrage est le fruit du travail d’une cinquantaine d’auteurs, professeurs et autres professionnels, associés aux diverses composantes de l’Université du Québec, réseau qui célèbre en 2018 son 50e anniversaire. Le fil conducteur de ce collectif est le développement de l’enseignement et de la recherche dans les constituantes de l’Université au cours des cinquante dernières années. Fille de la Révolution tranquille et de l’État-providence, l’Université du Québec s’est donné une mission axée sur l’accessibilité sociale et géographique. Elle propose une gouvernance plus collégiale par rapport à celle de l’institution universitaire classique et un rapport à la connaissance différent qui se traduit aussi bien dans l’enseignement que dans la recherche. L’Université du Québec est une création institutionnelle, mais c’est surtout une communauté qui s’est construite peu à peu, une construction collective. Le réseau est aujourd’hui formé de six universités constituantes, d’une université affiliée, de deux écoles universitaires et d’un institut de recherche regroupant lui-même quatre centres. En 2016-2017, l’Université du Québec regroupait tout près de 7 000 employés : 2 800 professeurs, 1 300 professionnels, près de 1 200 employés de bureau, plus de 1 000 techniciens, 350 cadres de direction et près de 300 employés des métiers et services, en plus de compter quelque 4 200 chargés de cours. En 2016, elle a délivré plus de 26 000 diplômes aux trois cycles d’études supérieures et a géré plus de 185 millions en fonds de recherche.
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Suivant un minutieux choix d'extraits d'entrevues, de spectacles et de photos, puisés à même un colossal et riche fonds d'archives, Pauline Julien, intime et politique nous entraîne dans le sillage de cette femme résolument libre et engagée, figure emblématique de la chanson et d'une époque charnière de l'histoire du Québec.
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À la fin des années 1970, les partisanes états-uniennes de la pédagogie féministe ont mis fortement l’accent sur l’importance de l’expérience dans le processus d’apprentissage, rejoignant en cela une tradition réformatrice de l’éducation portée, entre autres, par Jean-Jacques Rousseau, John Dewey et Paulo Freire. Les féministes libérales considéraient l’éducation comme un moyen pour que les femmes, en tant qu’individus, acquièrent des compétences intellectuelles et le pouvoir de se mobiliser en faveur de l’égalité des droits. Faisant écho à la pensée de Rosa Luxemburg et de Myles Horton, les féministes radicales, pour leur part, placèrent la pédagogie féministe dans le contexte d’une lutte contre l’oppression plus révolutionnaire et collective. Les féministes radicales et socialistes qui délivraient des cours dans l’enseignement supérieur se sont inspirées d’un processus de conscientisation [consciousness-raising] combinant expérience, théorie, action et prise en considération du ressenti. Elles se retrouvèrent alors confrontées au problème de la théorisation et de la pratique de la pédagogie féministe dans un contexte d’institutions hiérarchiques et compétitives. Tout comme le mouvement féministe en général, elles ont dû trouver un moyen pour traiter les différences entre les étudiant·e·s au regard de leurs expériences, de leurs ressentis et de leurs idées au sujet du genre.
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Pauline Julien et Gérald Godin ont entretenu une correspondance amoureuse s’étendant sur plus de trente ans, soit de 1962 à 1993. Quelques-unes de leurs lettres ont fait l’objet d’une publication, La Renarde et le mal peigné (Leméac Éditeur, 2009), grâce à Pascale Galipeau, fille du comédien Jacques Galipeau et de Pauline Julien. Mais c’est avant tout le corpus inédit de plus de 400 lettres non reprises, découvertes dans les fonds d’archives à BAnQ, qui feront l’objet de nos recherches. Outre sa « fonction documentaire » (Jaubert, 2010a : 74), cette correspondance permet de voir la mise en scène par laquelle s’élabore la construction du moi de Julien et de Godin. Au fil de leur échange épistolaire, chacun joue sur l’impression qu’il tente de produire sur l’autre, de manipuler la mise en scène du moi qui régule leur interaction amoureuse. Dans l’ensemble des lettres, cette présentation de soi relève d’une complexion plus vaste que celle qui se dégage des choix éditoriaux effectués dans La Renarde et le mal peigné, restreinte à la relation amoureuse. Permettant d’éclairer la relation personnelle entre Julien et Godin, ainsi que leurs trajectoires artistiques respectives, cette correspondance constitue le lieu d’une négociation entre leurs postures publiques (poète journaliste puis ministre et chanteuse engagée) et intimes (homme de lettres au foyer et femme de profession). De fait, même si leurs échanges restent intimes, il y a là une présentation de soi qui se confronte à la nécessité de négocier avec la médiatisation de leur figure publique, celle-ci influençant leur part de contrôle sur la figure intime qu’ils tentent de dessiner dans leur correspondance. Des textes de Ruth Amossy (La présentation de soi. Ethos et identité verbale et Images de soi dans le discours : la construction de l’ethos), d’Anna Jaubert (« L’éthos de l’épistolier au miroir de l’autre ») et d’Arlette Farge (Le goût de l’archive), constitueront les bases théoriques de notre étude.
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Les femmes sont le pivot des solidarités familiales, c’est un fait solidement documenté. Malgré cette évidence empirique, les solidarités familiales n’occupent qu’une place fort discrète dans l’univers théorique des rapports sociaux de sexe, contrairement par exemple au travail domestique ou, plus récemment, au travail du care. Les auteures s’interrogent ici sur cet état de fait. Elles proposent ensuite une lecture des solidarités familiales avec, pour ancrage, le paradigme fondateur que constitua la refonte du concept de travail par les courants féministes matérialistes. Adoptant une perspective historique et macrosociologique, cet article est l’occasion de prendre du recul face à un certain nombre de résultats issus d’une vaste enquête que les auteures avaient menée en 2004 sur les transformations des solidarités familiales au Québec au long du XXe siècle. La profondeur historique de cette enquête fait en sorte que ces données, bien que recueillies en 2004, restent pertinentes pour leur propos, à savoir jeter un éclairage sur les logiques reliant les évolutions concomitantes des solidarités familiales, du travail des femmes et des politiques publiques au Québec durant ce siècle crucial de son histoire.
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En 1978, Monique Wittig clôt sa conférence sur « La Pensée straight » par ces mots : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » L'onde de choc provoquée par cet énoncé n'en finit pas de se faire ressentir, aujourd'hui encore, dans la théorie féministe et au-delà. En analysant l'aspect fondateur de la « naturalité » supposée de l'hétérosexualité au sein de nos structures de pensées, que ce soit par exemple dans l'anthropologie structurale ou la psychanalyse, Monique Wittig met au jour le fait que l'hétérosexualité n'est ni naturelle, ni un donné : l'hétérosexualité est un régime politique. Il importe donc, pour instaurer la lutte des « classes », de dépasser les catégories « hommes »/« femmes », catégories normatives et aliénantes. Dans ces conditions, le fait d'être lesbienne, c'est-à-dire hors-la-loi de la structure hétérosexuelle, aussi bien sociale que conceptuelle, est comme une brèche, une fissure permettant enfin de penser ce qui est "toujours déjà là"