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La notion d’ « empowerment » occupe aujourd’hui une place de choix dans le discours en vogue des institutions internationales sur la « participation des pauvres » au développement. L’article retrace l’histoire du mot dans le champ du développement international : ses origines et ses sources d’influence, son émergence dans les théories des féministes du Sud et des activistes radicaux dans les années 1980, puis son institutionnalisation progressive dans le vocable politique des organismes internationaux de développement. L’article montre comment avec sa cooptation, l’empowerment passe d’un processus de conscientisation et de mobilisation politique venant de la base et visant la transformation radicale des structures de pouvoir inégalitaires, à un concept vague et faussement consensuel, qui assimile le pouvoir aux choix individuels et économiques, dépolitise le pouvoir collectif, et est instrumentalisé pour légitimer les politiques et les programmes de développement top-down existants.
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Annie Ernaux s'efforce ici de retrouver les différents visages et la vie de sa mère, morte le 7 avril 1986, au terme d'une maladie qui avait détruit sa mémoire et son intégrité intellectuelle et physique. Elle, si active, si ouverte au monde. Quête de l'existence d'une femme, ouvrière, puis commerçante anxieuse de «tenir son rang» et d'apprendre. Mise au jour, aussi, de l'évolution et de l'ambivalence des sentiments d'une fille pour sa mère : amour, haine, tendresse, culpabilité, et, pour finir, attachement viscéral à la vieille femme diminuée.
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La création au Théâtre du Nouveau Monde de La nef des sorcières, pièce composée de sept textes d’auteures différentes, est reconnue comme un moment capital dans l’émergence du théâtre féministe militant au cours des années 1970 et 1980. En ce qui concerne la réception de ce spectacle et du texte publié, l’attention du public et de la critique se dirigeait surtout vers la thématique féministe véhiculée par la pièce et le commentaire qui s’y faisait sur le fonctionnement du patriarcat dans la vie privée des femmes. Cependant, l’objectif des auteures et des comédiennes dépassait largement le simple commentaire social. Ce n’était pas leur intention de réduire la scène théâtrale à une simple tribune politique. Luce Guilbeault, qui initia le projet et s’y engagea comme metteure en scène, auteure et comédienne, voulait avec les autres, en plus de susciter des discussions, ébranler les fondements sexistes du théâtre, élargir l’espace de l’imaginaire collectif, transformer la symbolique masculiniste de la culture québécoise, et élargir l’horizon d’attente de l’auditoire. Quand son Actrice en folie subit un trou de mémoire et enlève son costume dès son entrée en scène, c’est une ouverture remarquable au spectacle expérimental et à l’invention d’une nouvelle théâtralité au féminin qui se fait jour. C’est alors que commence la remise en cause radicale des pratiques, des codes, des règles et des conventions du jeu, des langages et de la forme canoniques du théâtre qui permettent depuis des millénaires l’esthétisation par le théâtre des idéologies et des fantasmes dominants sexistes.
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La plus célèbre théoricienne américaine du féminisme analyse à travers des travaux scientifiques qui vont de l'étude des primates à la recherche médicale en passant par la création des cyborgs, l'influence des présupposés culturels, et l'enracinement genré des sciences.
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Le titre de cet article est tiré de la réplique de Christine Delphy à ses critiques marxistes, formulée à une époque où les inégalités sociales étaient la préoccupation centrale de la théorie féministe. Depuis, nous avons été témoins de ce qu’on appelle le « tournant culturel », qui a eu pour effet la marginalisation des perspectives centrées sur les structures sociales ainsi que sur les relations et les pratiques sociales. Cependant, toutes les féministes n’ont pas emboîté le pas, et récemment, des indices sont apparus d’une reviviscence du féminisme matérialiste. En évaluant les effets de ces changements théoriques et en affirmant la persistante pertinence du féminisme matérialiste, je me concentre ici sur l’analyse du genre et de la sexualité. À ce propos, je soutiens qu’une approche matérialiste sociologiquement informée offre davantage de ressources au féminisme que les perspectives postmodernes et queer plus orientées vers le point de vue culturel.
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L’auteure tente de cerner les attitudes « masculines » et « féminines » de la création musicale des cinquante dernières années afin de faire ressortir la contribution de deux compositrices québécoises, Micheline Coulombe Saint-Marcoux et Marcelle Deschênes, au développement de la musique électroacoustique au Québec. Par une mise en contexte historique, l’auteure situe dans un premier temps le milieu dans lequel elles ont vécu leur enfance, leur adolescence, et leur formation musicale à Montréal et à Paris ; puis la manière dont elles ont traversé le discours dominant des années 1970, pour finalement aborder leur rôle de pionnières. Parce qu’elles voulaient sortir des sentiers battus, elles ont compris que les nouveaux outils technologiques pourraient leur servir à exprimer musicalement une nouvelle sensibilité artistique. En ce sens, elles furent les « sherpas » du milieu électroacoustique au Québec.