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L’article problématise la circulation de l’« identité homosexuelle » dans l’entre-deux de l’Occident et de l’Afrique. À partir de l’exemple camerounais, il montre comment des « tensions postcoloniales » parasitent le débat autour de l’homosexualité en se cristallisant notamment sur l’affrontement symbolique entre ordres moraux opposés. Au-delà des identifications sexuelles, l’analyse aborde aussi la situation des individus qui tentent par la migration d’échapper au régime de contrainte camerounais et se retrouvent dans la posture de « réfugié (homo)sexuel » en France, sans que pour autant la question de leur « identité » sexuelle soit « résolue ».
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The Well of Loneliness is probably the most famous lesbian novel ever written, and certainly the most widely read. It contains no explicit sex scenes, yet in 1928, the year in which the novel was published, it was deemed obscene in a British court of law for its defense of sexual inversion and was forbidden for sale or import into England. Its author, Radclyffe Hall, was already well-known as a writer and West End celebrity, but the fame and notoriety of that one book has all but eclipsed a literary output of some half-dozen other novels and several volumes of poetry. In Radclyffe Hall: A Life in the Writing Richard Dellamora offers the first full look at the entire range of Hall's published and unpublished works of fiction, poetry, and autobiography and reads through them to demonstrate how she continually played with the details of her own life to help fashion her own identity as well as to bring into existence a public lesbian culture. Along the way, Dellamora revises many of the truisms about Hall that had their origins in the memoirs of her long-term partner, Una Troubridge, and that have found an afterlife in the writings of Hall's biographers. In detailing Hall's explorations of the self, Dellamora is the first seriously to consider their contexts in Freudian psychoanalysis as understood in England in the 1920s. As important, he uncovers Hall's involvement with other modes of speculative psychology, including Spiritualism, Theosophy, and an eclectic brand of Christian and Buddhist mysticism. Dellamora's Hall is a woman of complex accommodations, able to reconcile her marriage to Troubridge with her passionate affairs with other women, and her experimental approach to gender and sexuality with her conservative politics and Catholicism. She is, above all, a thinker continually inventive about the connections between selfhood and desire, a figure who has much to contribute to our own efforts to understand transgendered and transsexual existence today.
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Le conte de fées naît à une époque où l'idéal de l'homme civilisé gagne en popularité. Certains auteurs, issus pour la plupart de la société de cour, puisent des contes dans la tradition orale et en font des adaptations littéraires. Avec son inscription littéraire, le conte merveilleux devient un outil pédagogique. Son contenu est donc adapté de manière à en faire un vecteur du modèle de civilité : il faut apprendre aux enfants à se comporter conformément à cet idéal. Ceci est bon pour les deux sexes. Cependant, l'idéal de la femme civilisée est beaucoup plus prescriptif et restrictif que celui de l'homme civilisé : si l'on peut pardonner à ce dernier, ou même valoriser, son tempérament sanguin, les pulsions féminines sont tout simplement inacceptables. On s'attend de la femme qu'elle soit toujours irréprochable, autant sur le plan de son apparence que de son comportement. L'idéologie patriarcale qui va de pair avec celle de la civilité reproche à la femme toute marque d'initiative ou d'individualité. On veut qu'elle soit passive, soumise, vertueuse et prude. Ainsi, beaucoup de contes de fées s'adressent aux petites filles et leur enseignent les bons et les mauvais comportements. L'idéologie patriarcale véhiculée par le conte de fées a fait l'objet de critiques féministes, particulièrement dans les années 1970. On a reproché au conte de fées d'encourager la passivité féminine à travers une représentation stéréotypée des rôles sexuels. On a aussi condamné la représentation de la femme-objet : l'apparence physique de la femme est centrale dans le conte de fées. Si les héros connaissent le succès grâce à leurs actions, les héroïnes doivent tout à leur beauté. Ces diverses critiques ont ouvert la voie à plusieurs réécritures féministes du conte de fées. Certains écrivains et écrivaines ont créé de nouvelles histoires en empruntant la structure traditionnelle du conte de fées, d'autres ont plutôt choisi de transformer des contes déjà connus. Dans ce mémoire, nous proposons, pour commencer, un survol de l'évolution du conte de fées, de son origine orale à ses subversions littéraires contemporaines, en lien avec certaines transformations sociales. Nous étudierons, par la suite, deux réécritures de contes de fées qui, à notre avis, possèdent un caractère féministe. Il s'agit de « La femme de l'Ogre » de Pierrette Fleutiaux (1984) et de Peau d'âne de Christine Angot (2003). Ces deux récits qui vont à l'encontre du discours patriarcal propre aux contes de fées traditionnels évoquent des idéologies féministes opposées. Plusieurs éléments du texte de Fleutiaux correspondent à l'idéologie du féminisme de la femelléité tandis que le récit d'Angot évoque l'idéologie du courant féministe matérialiste. Nous verrons de quelle manière elles parviennent toutes deux, à travers des écritures du corps qui diffèrent grandement l'une de l'autre, à contrecarrer la représentation du corps féminin objet, perçu selon le regard masculin, qui est caractéristique du conte de fées traditionnel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Conte de fée, patriarcat, féminisme, subversion, réécriture.
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Cette anthologie, la première du genre en langue française, retrace l'histoire complexe de quarante années de théories féministes anglo-américaines en histoire de l'art, à partir d'exemples détaillés et emblématiques. Les premiers écrits abordent l'histoire des pionnières de cette théorisation féministe, avec des écrits de Lucy Lippard, une analyse rétrospective des caractéristiques du mouvement californien des années 1970 ou des réceptions polémiques de The Dinner Party. Une seconde partie est consacrée à des textes qui s'attachent à une relecture de l'histoire de l'art des siècles passés, que ce soit le point de vue de Griselda Pollock, des « vieilles maîtresses » à une théorisation des espaces de la féminité, ou des approches plus marxistes du travail des artistes. Le troisième volet regroupe de nouvelles perspectives : l'analyse des masculinités à l'époque moderne et dans les performances des années 1960-1970, puis une approche des problématiques spécifiques aux artistes de couleurs, notamment afro-américaines. Enfin, deux études permettent de faire le point sur le développement postféministe en art et les questions queer. Cette sélection, issue d'un vaste répertoire, permet d'aborder les différentes conceptions théoriques des études féministes, de genre et queer en art qui se sont succédées et répondues des années 1970 aux années 2000.
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En 1982, le professeur René Küss plaide à la télévision pour un protocole appelant à distinguer entre « vrais » et « faux » trans’ : de « vrais trans’ » ne causent aucun trouble dans le genre : on leur accorde une aide exceptionnelle (l’opération) par laquelle - hommes devenus femmes ou femmes devenues hommes - ils rentrent dans l’ordre du genre et de l’identité. Telle est l’une des premières expressions de ce que nous proposons d’appeler le « bouclier thérapeutique ». Les trois décennies qui suivent voient s’affronter les affirmations transidentaires et l’idéologie dominante des « traitants ». Appareil de légitimation d’un ordre ancien, le « bouclier thérapeutique » ne serait-il plus aujourd’hui pour ses partisans que le dernier vestige d’une ère marquée par l’effritement d’un deuxième bouclier, juridique celui-ci, garantissant que la libre disposition de l’état civil reste une exception ? Sur ces questions qui interrogent profondément les représentations que nos sociétés se font d’elles-mêmes, peut-être le temps est-il venu d’ouvrir la route tracée par la recherche en sciences sociales et humaines aux nouveaux paradigmes amorcés par les Études de Genre.
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Résumé Cet article analyse les usages de savoir-faire genrés dans la création contemporaine autochtone canadienne. Ils sont considérés dans leur caractère doublement situé, culturel et sexué. Comment analyser les usages des savoir-faire dits « féminins » (couture, broderie) dans les œuvres de plasticiennes contemporaines ? La réflexion s’appuie sur l’étude des trajectoires biographiques et des œuvres de trois artistes canadiennes autochtones. Une double stigmatisation de ces artistes, marquée de stéréotypes ethniques et genrés, est repérée dans les conditions d’exposition de leurs œuvres en tant qu’autochtones (musées d’ethnologie) et en tant que femmes (musées locaux, statut non professionnel des créatrices). Leurs démarches pourront être qualifiées de postcoloniales, interrogeant les frontières normatives entre arts « majeurs » et arts « mineurs », ainsi que la place des arts « premiers » et des femmes créatrices dans l’histoire de l’art
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Much documentation gathered on Native American women's activities originated in the journals of European male missionaries and explorers. These first visitors observed Native societies through the eyes of their own culture, a culture in which male activities were the only happenings of note. 1 This bias led to indirect and distorted descriptions of Native American women's activities and beliefs. 2 Scholars who study Native American women today have made significant inroads into their histories; however, many interpretations remain incorrect and undeveloped. Devon Mihesuah states, "Because many authors write from a patriarchal or white feminist perspective, the value of Indian women is vastly underrated." 3 Gretchen Bataille and Kathleen Sands address this shortcoming, saying, "The portrayal of American Indian women in North America over the last four centuries offers an uneven body of documentary evidence about the lives of Native women as individuals and members of their group." This study's purpose is to increase the visibility of Native American women in leadership roles by recording the voices and histories of nine Native American women leaders. It focuses on the experiences, perceptions, and beliefs of the women interviewed, giving a voice to nine of today's Native American female leaders, nine Ogimah Ikwe (leader women).
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Les perspectives féministes connaissent depuis une trentaine d'années un développement considérable dans le champ académique anglo-saxon. Si les analyses en termes de genre sont désormais connues du public français, l'idée de care - mot habituellement traduit par soin, attention, sollicitude - n'a pas trouvé un accueil aussi évident, sans doute en raison de sa dimension provocatrice. En réintégrant dans le champ des activités sociales significatives des pans entiers de l'activité humaine négligés par la théorie sociale et morale, ces approches ébranlent la partition entre des registres habituellement disjoints. Les questions triviales posées par le care - qui s'occupe de quoi, comment ? - font appel à une anthropologie différente comprenant dans un même mouvement la vulnérabilité, la sensibilité, la dépendance. Elles mettent en cause l'universalité de la conception libérale de la justice, installée en position dominante dans le champ de la réflexion politique et morale, et transforment la nature même du questionnement moral. L'irruption récente du Care dans le débat public rendait nécessaire une réédition de l'ouvrage de 2006, qui présentait les principaux textes de référence sur la question. Il y manquait cependant une contribution de la principale théoricienne du care, Carol Gilligan, dont l'œuvre fondamentale, In a Different Voice (1982), était à l'arrière-plan de toutes les réflexions de l'ouvrage. Cette lacune est comblée dans la nouvelle édition.
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Depuis la fin des années 1960, le mouvement féministe a été à l'origine d'innovations, à la fois théoriques et pratiques, qui figurent parmi les plus intéressantes de l'art contemporain. Par ailleurs, certains succès politiques du mouvement féministe ont été obtenus grâce aux artistes, qui ont proposé de nouvelles manières d'envisager les domaines privé et public, l'objet de l'art et son sujet. En soulignant la différence des sexes, le courant féministe a aussi attiré l'attention sur le rôle de l'âge, de la classe sociale, de la race et de la sexualité dans la création artistique et dans sa réception. À la fois critiques et actrices du monde de l'art, les artistes féministes ont donné un nouvel élan à l'art considéré comme démarche à la fois politique et esthétique. Cet ouvrage, conçu par Helena Reckitt, présente les expériences, les idées et les démarches actuelles d'artistes majeures, et met en évidence le lien existant entre les différentes générations d'artistes. L'essai de Peggy Phelan, théoricienne de l'art et de la performance, jette un regard original sur les interprétations classiques de l'art des femmes et propose de nouvelles clés pour comprendre les rapports mouvants entre idées et idéaux du féminisme et pratiques artistiques.
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Au cours des deux dernières décennies, la ville de Madrid a été marquée par la fierté, le féminisme et la mondialisation, mais aussi par les vestiges du machisme nourri pendant les longues années de la dictature de Franco. Crossing through Chueca examine comment la culture littéraire lesbienne s'inscrit dans ce mélange depuis la fin du mouvement contre-culturel la movida madrileña en 1988 jusqu'à la marche sur le mariage gay en 2005. Jill Robbins parcourt les différents espaces littéraires de la ville associés à la culture queer, en particulier le quartier gay de Chueca, révélant à quel point il est le produit d’interrelations – un site sillonné par une multiplicité de sujets qui le constituent comme un espace queer à travers la négociation de leurs identités sexuelles, raciales, de genre et de classe. Robbins reconnaît Chueca comme un espace politique également, un refuge contre l'homophobie. Elle montre également comment les pratiques spatiales et littéraires de Chueca sont liées aux enjeux économiques. En examinant comment les identités sexuelles des femmes sont devenues visibles dans et à travers le phénomène Chueca, ce travail est un exemple révélateur d'études queer transnationales au sein du débat occidental plus large sur le genre et la sexualité.
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This article reflects on the intellectual and political circumstances of the publication of Gayle Rubin's 1984 essay “Thinking Sex: Notes for a Radical Theory of the Politics of Sexuality.” In particular, the article considers the context of the feminist “sex wars” of the late 1970s and early 1980s, offering a detailed account of several of the period's key events, publications, and debates. The article also reflects on the relation between this moment in the history of feminism and the history of GLBT and queer scholarship over the past several decades.