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Découvrez l'histoire inspirante des sœurs Nardal, figures emblématiques de la négritude et du féminisme noir, et leur impact durable sur la culture et la littérature.
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Cet article se penche sur la place des arts et de la culture au sein du féminisme de la fin des années 1960 jusqu’au milieu des années 1980 au Québec. Il met en lumière le fait que les arts et la culture occupent des espaces à l’intérieur des mouvements politiques qui ne sont pas statiques. Au cours de la première partie de cette période, les mouvements féministes/mouvements des femmes avaient créé un nombre incalculable d’instruments culturels qu’ils ont mis au service des luttes politiques contre l’oppression et l’exploitation des femmes. À l’époque, les militantes féministes avaient la conscience que les arts et la culture constituaient des aires d’expression radicale et rebelle ; des lieux où il était possible de contester la contrainte à l’hétérosexualité, la morale des institutions religieuses ; des espaces où se discutaient les idées marxistes, anticapitalistes ou anticoloniales. Le présent article réserve une attention spéciale à la production littéraire et dramatique de Jovette Marchessault.
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Mères et filles sont tour à tour araignées ou insectes piégés, souvent les deux en même temps. Leur corps-à-corps est une lutte, mais également une danse. Elles s’enlacent et se repoussent, sont en miroir et en décalage, entretiennent entre elles les soupçons et les malentendus sans toutefois se perdre de vue. Plusieurs des lectures présentées ici avancent d’ailleurs tout en nuance, préférant saisir ce qui, dans les relations maternelles, ne se réduit pas à des rôles assignés ni ne se simplifie à des tropes. Elles honorent les figures insaisissables que sont les mères et les filles, et invitent à prendre les choses en sens inverse, pour évoquer Chantal Chawaf qui trouve ancrage dans le texte de Maude Pilon.
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Le présent cahier de données identifie les principales mesures (politiques, comités, services, outils) en matière d’égalité femmes -hommes et de développement inclusif au sein des universités du Québec et des autres régions francophones du Canada depuis les années 1960. Il souligne l’existence de deux générations de mesures, dont une première de 1960 à 2000 et une deuxième depuis 2000. À partir des années 2000, les politiques d’égalité femmes-hommes prennent un caractère plus générique. De plus, elles sont labellisées « équité, diversité et inclusion » à la suite de la publication du programme des Chaires de recherche du Canada (CRC) en matière d’équité, de diversité et d’inclusion du gouvernement canadien en 2017. Le cahier de données montre qu’il existe des périodes de convergence importantes sur le plan des mesures adoptées par les universités, en raison de l’adoption de politiques gouvernementales favorables à l’égalité femmes-hommes et au développement inclusif. En conclusion il soulève un certain nombre de questions à approfondir pour de futures recherches et plaidoyers.
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"En 1990, Julie Delporte n'a encore jamais vu de butch, mais sa tante préférée chasse et fume le cigare. Presque vingt ans plus tard, elle publie un livre sur Tove Jansson dans lequel elle raconte avec joie que cette artiste finlandaise est la première femme à qui elle s'identifie, seulement elle était lesbienne et pas Julie. À 35 ans, après avoir surligné de toutes les couleurs son exemplaire de La pensée straight de Monique Wittig, Julie Delporte arrête de porter des robes et prend son avenir en main. Dans ce roman graphique qui fait suite à Moi aussi je voulais l'emporter, l'autrice retrace l'histoire de sa sexualité. Une histoire marquée par la violence malheureusement trop banale des agressions, comme par celle des clichés et des injonctions liés à une culture de la performance et de l'hétéronormativité."--
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Ce mémoire s’intéresse au développement d’une conscience internationaliste au sein des mouvements féministes canadiens durant la décennie 1960, ainsi qu’aux différents réseaux de solidarité construits dans l’espoir de mettre en pratique ces idéaux. À travers l’étude des principales conférences féminines internationales organisées au Canada durant la période, nous cherchons à comprendre comment et pourquoi les féministes canadiennes ont construit des coalitions féministes par-delà les frontières culturelles, politiques ou géographiques. Cette démarche permet d’identifier trois grandes phases du développement de l’internationalisme féministe. Au début des années 1960, l’idéal internationaliste se construit autour de la thématique de l’amitié. Cette politique s’incarne dans le déploiement d’un contingent international de femmes chargées de faire la promotion d’un « esprit de paix » auprès des États masculins et belliqueux ; on espère que les femmes puissent oeuvrer à titre de médiatrices pour éviter l’éclatement d’un conflit nucléaire. Au milieu de la décennie, le projet est reformulé dans les termes de la solidarité. L’internationalisme féministe se donne pour mission de soutenir les luttes pour la libération des peuples colonisés et prend la forme d’un mouvement social de femmes anti-impérialistes. Finalement, au tournant des années 1970, de nouveaux projets internationalistes sont formulés autour du thème de la sororité. Évoquant la recherche d’un lien qui permettrait d’unir les femmes dans un mouvement de résistance et d’émancipation efficace, les discours sur la sororité globale reflètent les tiraillements d’un mouvement mué par l’urgence d’articuler les différentes subjectivités des femmes pour organiser une opposition massive à l’impérialisme américain. L’étude de ces trois phases permet de dresser le portrait d’un mouvement féministe hautement préoccupé par les enjeux géopolitiques propres à la décennie 1960 : ses structures et ses discours s’adaptent, tout au long de la période, pour faire face aux problèmes urgents que posent la Guerre froide, la décolonisation et la guerre du Vietnam. Notre démarche propose également de repenser le rôle des conflits dans la construction des solidarités féministes : l’enjeu des nombreux axes de divisions entre femmes est au coeur des préoccupations du mouvement. Nous soutenons que c’est justement pour répondre aux défis d’un monde profondément divisé que l’idée d’une solidarité féministe émerge comme moyen de construire des coalitions efficaces à même la différence. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : féminisme, pacifisme, histoire transnationale, amitiés internationales, solidarité, sororité, Guerre froide, décolonisation, Guerre du Vietnam, Voix des femmes (VDF), Voice of Women (VOW), Mouvement de libération des femmes, Women’s Liberation Movement
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Si les écrits de Québécoises deboutte! (QD!) sont reconnus à juste titre pour la formulation d’un nouveau féminisme et donc d’un nouveau sujet politique, peu d’analyses portent sur la construction des solidarités et sur les processus d’altérisation mis en avant dans ces textes. Cet article propose un regard critique et nuancé sur le « nous » et le « elles » déployés dans les pages de QD! Comment les solidarités internationales et locales sont-elles pensées? Quelles femmes sont identifiées comme des alliées, des ennemies ou quelque chose entre les deux? Les réponses à ces questions permettent d’esquisser certaines des trames complexes de l’identité politique renouvelée par les écrits de QD! Utilisant les conceptualisations de bell hooks sur la sororité et la solidarité ainsi que la notion de colonisation discursive élaborée par Chandra T. Mohanty, l’article examine les manières dont les écrits militants de QD! ont habilement évité certains des écueils décriés par ces autrices. De concert avec elles, il trace les limites des solidarités locales énoncées à travers les écrits. Il met en valeur certains héritages décoloniaux précurseurs ainsi que leurs legs conflictuels
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« Par quel étrange paradoxe le contrat social, censé instituer la liberté et l'égalité civiles, a-t-il maintenu les femmes dans un état de subordination ? Pourquoi, dans le nouvel ordre social, celles-ci n'ont-elles pas accédé, en même temps que les hommes, à la condition d'« individus » émancipés ? Les théories du contrat social, héritées de Locke et de Rousseau, et renouvelées depuis Rawls, ne peuvent ignorer les enjeux de justice que soulève le genre. Carole Pateman montre, dans cet ouvrage désormais classique, que le passage de l'ordre ancien du statut à une société moderne du contrat ne marque en rien la fin du patriarcat. La philosophe met ainsi au jour l'envers refoulé du contrat social : le « contrat sexuel », qui, via le partage entre sphère privée et sphère publique, fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes. Il s'agit là moins d'exploitation que de subordination, comme le démontre l'autrice en analysant le contrat de mariage, mais aussi l'ensemble des contrats touchant à la propriété de la personne, de la prostitution à la maternité de substitution, jusqu'à l'esclavage et au salariat. Ainsi s'engage, à partir du féminisme, une critique de la philosophie politique libérale dans son principe même : pour Carole Pateman, un ordre social libre ne peut en aucun cas être de type contractuel. »-- Quatrième de couverture.
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Le Pérou et le Guatemala ont vécu des conflits internes violents. Lors de ces conflits, les femmes, autochtones, paysannes ou pauvres, ont été des cibles privilégiées de la violence notamment sexuelle et reproductive. Cette thèse a pour but d’analyser les processus de politisation des violences sexuelles et reproductives (VSR) mis en place par les actions collectives des femmes dans ces deux pays après les conflits armés. Requalifier les VSR comme un enjeu politique nécessite de nouvelles constructions de sens pour les groupes de femmes/féministes. Pour saisir la complexité de ce processus, je propose un cadre d’analyse original. Je m'appuie sur l'approche des mouvements sociaux par les cadres et sur l'intersectionnalité. Les analyses en termes de cadrage centrent leur regard sur la redéfinition de ce qui constitue une injustice, sur l’agencement d’actions et sur la composition de nouvelles identités collectives. L’intersectionnalité féministe permet de penser la complexité des cadres ainsi que les imbrications des rapports de pouvoir qui les structurent. Cette thèse cherche donc à répondre à la question de recherche suivante : à travers quels cadrages les actions collectives des femmes au Pérou et au Guatemala politisent-elles les violences sexuelles et reproductives et comment les rapports de pouvoir s’imbriquent-ils pour structurer cette politisation ? Pour répondre à cette question, le travail de terrain s'est organisé autour de trois modalités : des récits de pratiques militantes avec des actrices clés du mouvement des femmes (30), de l’observation ainsi qu’une analyse documentaire. Grâce au cadre théorique mobilisé et au travail de terrain, cette recherche identifie et analyse deux thèmes principaux par pays sur lesquels s’appuient les groupes de femmes/féministes. En premier lieu, au Guatemala, le cadre de l’arme de guerre s’articule autour de la judiciarisation des violences sexuelles et sur l’idée de leur utilisation stratégique pendant le conflit armé. Le rôle des juristes féministes, des organisations de droits humains et des mobilisations transnationales est alors essentiel. D’autre part, les VSR sont politisées à travers la notion de corps-territoire et des propositions épistémopolitiques des groupes de femmes autochtones. Ce deuxième cadre met l’accent sur les continuités coloniales des violences sur les femmes et leurs territoires. Au Pérou, la question des stérilisations contraintes se politise davantage sous le prisme des violences de genre et sur leur continuum. Cette question s’inscrit à l’agenda de mobilisations contre les féminicides et contre le régime Fujimoriste portées par une nouvelle génération de militantes féministes. La performativité théâtrale dans l’espace public constitue une des stratégies principales de ces actions. Parallèlement, les stérilisations contraintes sont également politisées comme un déni de citoyenneté envers les femmes pauvres et autochtones péruviennes avec la formulation de demandes pour avoir un accès effectif à leurs droits. Ces demandes sont portées par des organisations de victimes, constituées depuis les années 2000. Tant sur le plan empirique, théorique que méthodologique, cette thèse offre une meilleure compréhension des enjeux reliés à l'analyse des actions collectives des femmes/féministes en Amérique latine. Elle propose une contribution théorique originale pour comprendre les processus de politisation depuis l’intersectionnalité féministe. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : violences sexuelles et reproductives, conflit armé, mouvement de femmes/féministes, politisation, Amérique latine, intersectionnalité
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En 1981, les filles joueuses de la Ligue Nationale d'improvisation (LNI) ont rédigé un texte qui exposait leurs doléances concernant leur expérience d'improvisatrices : manque d'écoute de la part des joueurs masculins, difficulté à imposer leur présence et leur humour, etc. Pour savoir si ce manifeste avait changé les choses, Emmanuelle Walsh-Viau et Lucie Joubert ont procédé à l'analyse de plusieurs impros qui ont suivi cette réunion ; elles mettent en évidence le bien fondé des plaintes des joueuses mais aussi leurs techniques et leurs astuces pour déjouer la mainmise masculine sur la patinoire.
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Dans ce projet, j’ai visé à (1) recenser les stratégies visuelles employées dans les campagnes de sensibilisation à la violence conjugale produites au Québec et à (2) établir les liens que ces stratégies entretiennent avec l'engagement féministe pris par le Gouvernement dans son Plan d'action gouvernemental en matière de violence conjugale de 1995. Dans un premier temps, à travers une étude visuelle multidisciplinaire, ancrée entre autres dans la rhétorique de l’image de Barthes (1964), mais aussi dans les théories du langage cinématographique (Edgar-Hunt, Rawle et Marland, 2011) et de l’art hypermédiatique (Lalonde, 2012), j’ai été amenée à constater la récurrence de stratégies visuelles visant à susciter des émotions fortes, comme la surprise, le choc, la colère ou la peur. Dans un deuxième temps, tout comme plusieurs auteur.trices de ma revue de littérature (West, 2013, Neal, 2015, Gabler, 2016, Goehring et al., 2017, Magaraggia et Cherubini, 2017, Wolf, 2018), j’ai remis en question la pertinence de ces stratégies dans le cadre d’une approche féministe de la violence conjugale. Pour ce faire, je me suis appuyée sur mon cadre théorique : les principes d’intervention féministes en violence conjugale. Il s’est dès lors avéré que beaucoup des images recensées contredisaient ces principes. Elles tendaient à retirer de l’agentivité aux victimes, à les revictimiser ou même à les culpabiliser. Je postule que cet état des lieux peut s’expliquer par le contexte sociopolitique et économique québécois des trente dernières années, contexte où les perspectives féministes n’ont jamais cessé d’être remises en question (Dupuis-Déri et Blais, 2015, Dupuis-Déri et Lamoureux, 2015) et où le néolibéralisme a mené à l’individualisation des problématiques sociales – entre autres (Flynn et al., 2018). Bien que ma recherche comporte ses limites, notamment car mon corpus exclut les nombreuses initiatives locales qui ont été créées, elle offre les bases d’un questionnement pertinent sur l’éthique de la fabrique des images de sensibilisation à la violence conjugale. Dans un travail ultérieur, la recherche pourrait comparer les initiatives gouvernementales aux initiatives locales, ou les initiatives du Gouvernement québécois aux initiatives d’autres gouvernements, comme celui d’Australie (campagne Respect). Il serait aussi pertinent de se questionner sur la place de ces images de sensibilisation dans un paysage médiatique et visuel où le sexisme ordinaire et les propos réactionnaires pullulent encore, malgré les avancées des dernières décennies (Cordelier et al., 2015, Lacasse et Charron, 2017). _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : image publicitaire; campagnes de sensibilisation; violence conjugale; images de la violence conjugale; lecture féministe de la violence conjugale; critique féministe de l’image; féminismes au Québec; antiféminismes au Québec.
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La cryopréservation consiste à préserver les propriétés biologiques des cellules par le froid : appliquée aux gamètes, elle permet de pouvoir les utiliser après décongélation pour faire des enfants plus tard. Cet article se penche sur les biais de genre à l’œuvre dans les savoirs experts de la cryopréservation du sperme et des ovocytes. Ce ne sont donc pas les questions que cette technique pose à la société qui sont examinées, mais, à l’inverse, comment le sens commun s’invite dans la production scientifique par l’intermédiaire de métaphores genrées. L’auteure analyse, dans la littérature médicale, l’attribution de traits genrés aux gamètes mâles et femelles, de même que les effets délétères de ces métaphores sur les raisonnements scientifiques.
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Dans le débat public sur la gestation pour autrui (GPA), parler de « travail » pour qualifier ce que font les femmes porteuses est largement perçu comme une façon de cautionner les formes de marchandisation et d’exploitation du corps des femmes à l’œuvre dans les circuits mondialisés de la bioéconomie. Contre cette interprétation qui accompagne la condamnation morale de cette pratique reproductive, en particulier dans sa version « commerciale », l’article développe une défense féministe de la conceptualisation de la GPA comme travail, appuyée sur les études ethnographiques menées auprès des femmes porteuses indiennes et nourrie théoriquement à la fois par le marxisme, par l’éthique du care et par la notion d’intersectionnalité. In fine, l’objectif est de mettre en lumière la fécondité de cette conceptualisation non seulement pour la pleine reconnaissance des femmes porteuses, mais aussi pour le diagnostic critique des divisions du travail qui structurent la société capitaliste.
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Le présent mémoire propose une lecture écoféministe du roman La Mère des herbes de Jovette Marchessault, paru en 1980. Le premier chapitre servira d'assise théorique pour présenter les notions écoféministes. J'y fais appel à des autrices et militantes écoféministes de domaines, d'époques et de filiations variées, insistant particulièrement sur le démantèlement de systèmes de domination reposant sur des binarismes construits. Les trois suivants forment le corps de mon analyse littéraire, traitant respectivement du corps liminal, du langage revitalisé et des généalogies matrilinéaires. Je suivrai d'abord l'évolution singulière de corps se logeant en continuité directe avec leur environnement, s'établissant à la croisée des règnes (animal, minéral, végétal) et s'aventurant parfois vers une remorphologisation complète. Ce chapitre, en plus de critiquer l'anthropocentrisme, offrira l'occasion d'observer la promotion d'un savoir expérientiel corporellement situé comme riposte au primat de la rationalité. Je poursuivrai en analysant l'appel à la revitalisation du langage qu'effectue Marchessault. Tant par la forme que le fond, l'autrice fait le procès du langage patriarcal figé, violent et violant, pour promouvoir une langue vivante, arrimée à ce nouveau corps débinarisé. Surtout, la parole est réappropriée par ses personnages féminins et est reconnue chez l'autre-qu'humain. Enfin, dans le dernier chapitre, l'examen d'une généalogie mémorielle matrilinéaire permettra de mettre en valeur les relations de partage et de passation entre mères et filles, constituant le germe même du désir de résistance et de renouveau qui anime la jeune narratrice autofictionnelle. Dans ce mémoire, je considère donc l'expression artistique comme pratique contestataire et catalysatrice de changement. Les perspectives critiques écoféministes mises de l'avant encouragent à emprunter de nouvelles pistes de lecture (body that reads, trans-corporeality, etc) visant à faire ressortir les dynamiques de pouvoir et de privilège, à questionner les représentations de la nature, de l'identité et de l'altérité. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jovette Marchessault, La Mère des herbes, écoféminisme, corps, langage, généalogie, matrilinéaire, binarismes
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Des années 1920 à 1950, le jazz, l’afrodescendance et la créativité de genre représentent trois pièces d’une même unité. Dans les clubs de Detroit, de Cleveland, de Québec, de New York et de Montréal, une myriade d’artistes de personnification féminine afrodescendantes présentent leurs numéros chaque soir devant une audience enthousiaste[1]. Dick Montgomery est l’une des personnes qui, entre 1935 et 1956, participe à ce vibrant mélange de jazz, de drag et d’art[2]. Boxeuse·eur, chanteuse·eur d’opérette, danseur·euse et artiste de personnification féminine, Montgomery grandit vraisemblablement à Des Moines en Iowa au début du XXe siècle[3]. Dès 1935, elle[4] rejoint le circuit transnational du spectacle de variétés noir et sillonne les États-Unis et le Canada pour présenter ses populaires performances, dans lesquelles elle interprète avec humour une femme cisgenre issue de la classe ouvrière[5]. Par sa praxis artistique, Montgomery traverse tant les frontières nationales, raciales que genrées. Afin de rendre compte de son parcours, sa trajectoire professionnelle sera explorée en deux volets. Dans un premier temps, sa carrière à Broadway en tant que comédien·ne interprétant des rôles masculins sera survolée, jetant ainsi un éclairage sur la complexité de la négociation des racismes et des antiracismes sur scène. Dans un second temps, ses performances en tant qu’artiste de personnification féminine seront analysées avec une attention particulière aux manières dont elles se déploient à Washington, à Montréal et à New York.
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Longtemps dénigrée par une certaine élite et plus ou moins ignorée des ouvrages sur la chanson, Mary Travers Bolduc (1894-1941) est aujourd’hui considérée comme étant la première autrice-compositrice-interprète, ainsi que la toute première vedette de la chanson populaire québécoise. À une époque où les femmes bénéficient de peu ou pas d’autonomie, sa carrière semble à la fois une anomalie et un exploit. Cependant, l’image de la femme indépendante qui gère sa carrière et organise ses tournées apparaît en contradiction avec les chansons où elle reste fidèle aux valeurs traditionnelles de sa génération et de son public quant au rôle de la femme dans la société. Réécouter les chansons de Mme Bolduc et parcourir les archives permettent de mieux comprendre qui était celle que l’on surnommait « La Bolduc », — à la fois femme, épouse et mère, ainsi qu’artiste autodidacte et « reine de la chanson comique », à mi-chemin entre le folklore et la chanson populaire —, et aident à la compréhension de ce pourquoi sa réception critique a été aussi longtemps mitigée. On peut également mieux mesurer la valeur de son oeuvre en lien avec la société dans laquelle elle a évolué, ainsi qu’émettre le constat que la condescendance de certains à son égard au cours de sa carrière, tout comme le silence qui a suivi son décès, relèvent de préjugés ; non pas parce qu’elle était une femme, mais à cause de la classe sociale à laquelle elle appartenait et dont elle a été le miroir. Ce n’était pas tant le propos de ses chansons qui dérangeait mais bien son niveau langue, le ton parfois grivois et le style de sa musique, ce qui a pourtant garanti son succès auprès des spectateurs. Sa réhabilitation au cours des années 1960, dans le contexte d’une revalorisation du folklore et de l’âge d’or de la chanson joualisante, s’explique par l’évolution de l’horizon d’attente et du goût du public.
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En 1991, la revue Circuit consacre son numéro double du volume 2 au compositeur Claude Vivier (1948-1983), dont la majeure partie est constituée de ses écrits, remontant jusqu’à son adolescence. Mais alors que l’artiste s’identifiait ouvertement comme homosexuel, le thème est pratiquement absent des catégories d’écrits sélectionnés. Cet article se penche d’abord sur les choix éditoriaux qui ont présidé à l’édition de ses écrits, puis sur leurs conséquences sur la perception du personnage Claude Vivier et de son style musical, en souhaitant attirer l’attention sur d’autres prises de parole publiques et privées du compositeur, dans lesquelles ces aspects sont mis de l’avant, notamment sa correspondance et ses esquisses, disponibles en archives. En offrant des liens avec les queer studies et le traitement de l’homosexualité de Tchaïkovski, la personnalité et le style de Vivier seront éclairés d’un éventail plus large de ses propos.
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La perception sociale du cinéma d’animation et l’institutionnalisation du discours cinématographique ont longtemps engendré la marginalisation du cinéma image par image. La sacralisation des discours théoriques et historiques se sont majoritairement concentrés sur les grands canons américains, produisant ainsi une identité culturelle partiale et partielle du cinéma d’animation. Au Québec, les années 1970 représentent une période forte pour la libération des femmes. Dans le continuum des arts féministes, le cinéma des animatrices est engagé politiquement avec les revendications socioéconomiques de son époque, tout en contestant l’iconographie traditionnellement associée à la sphère féminine. Puisque le cinéma image par image présente un langage cinématographique particulier, cette thèse propose de réfléchir sur le cinéma d’animation lorsqu’il s’entrecroise avec la pensée féministe institutionnelle. Analyser et réhabiliter le discours féministe des animatrices et des modèles féminins forts de la discipline permet de rendre compte de leurs réalités. Cette thèse est un regard historique alternatif et critique montrant une pratique peu connue, sous-documentée et qui tend à sombrer dans l’oubli : les films d’animation féministes des animatrices de l’Office national du film du Canada et les conditions de création dans lesquelles œuvrèrent les animatrices. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Cinéma d’animation, féminismes, animatrices, Office national du film du Canada, conditions de création et analyse des discours cinématographiques institutionnels.