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Cet article vise à analyser un symbole qui distingue les femmes afro-descendantes : leur chevelure crépue. Ces dix dernières années, denombreuses afro-féministes (aux États-Unis, en France, dans la Caraïbe et ailleurs) ont repris possession de leurs cheveux comme partie essentielle de leur héritage et ont choisi de garder leur état naturel, souvent surnommé « nappy » (contraction de l’anglais « natural » et « happy »). Dans notre analyse, nous comparerons les approches de l’écrivaine Léonora Miano et celles de l’activiste Rokhaya Diallo telles qu’elles apparaissent dans leurs oeuvres respectives, à savoir le roman Blues pour Élise et la nouvelle « Corpus Christi » pour la première et le roman graphique Pari(s) d’amies ! pour la seconde. Dans leurs oeuvres, Léonora Miano et Rokhaya Diallo souhaitent déconstruire les discours et les représentations négatives des cheveux et du physique des afro-descendantes, en revendiquant l’amour de soi. Bien que certains personnages résistent à l’idée du cheveu naturel, nous verrons que cette réappropriation constitue un acte performatif.
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This essay explores Ann Bannon's lesbian pulp series "The Beebo Brinker Chronicles" through the lens of trans studies, placing her eponymous hero in conversation with the inversion rhetoric of sexological discourse and the transgender pulp novels that circulated alongside Bannon's texts in the 1950s and 1960s. Despite the prominence of Beebo's masculine identification, and the fact that Bannon draws heavily from Radclyffe Hall's <i>The Well of Loneliness</i> — now widely read as a transgender text — Beebo has yet to be read as a character that resonates within both the trans and the lesbian literary canons. Revisioning Beebo as a transmasculine character transforms our understanding of an unfolding trans-gender literary tradition, offering a bridge between Hall's Stephen Gordon and later twentieth-century articulations of transmasculine identity and embodiment. Further, the essay suggests that Bannon's series provides a vital intervention in the "case study" framing that dominated both transgender pulp novels and <i>The Well</i> by offering a vision of trans experience that, presented in the romance genre, exists outside medical authority. If we broaden the context for studying Beebo to include other contemporary trans literary genealogies, Bannon's work becomes integral to understanding the pulp genre's treatment of transgender themes and the reach of transgender plots and possibilities at midcentury.
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Ce MED Brief présente quelques résultats préliminaires d'une évaluation récemment lancée des mesures politiques existantes concernant les questions d'autonomisation des femmes dans la région sud de la Méditerranée. Afin d'expliquer la persistance de nombreux écarts de genre, j'examine les raisons de l'inefficacité des politiques nationales en matière d'égalité des genres, en comparant les effets recherchés des mesures légales mises en place avec l'état des lieux en matière de genre dans les différents pays du la région. La lutte contre les préjugés inconscients et l'inefficacité des politiques passe par l'augmentation de la portée des réussites féminines, le mentorat, la promotion de la collaboration entre les parties prenantes et l'intégration de l'autonomisation des femmes dans les partenariats public-privé.
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L’oeuvre romanesque de Léonora Miano est profondément marquée par le recours à l’intermédialité. Celle-ci se met en place notamment grâce à des références constantes à une culture musicale qui dépasse l’axe France-Afrique structurant les identités afropéennes des personnages et ouvre l’univers fictionnel sur l’espace atlantique en faisant appel à un patrimoine musical essentiellement américain (jazz, funk, soul, etc.). Au-delà de l’aspect structurel de cette intermédialité musicale, sa présence diégétique renforce par bien des aspects la réflexion – de l’auteure et de ses personnages – d’une part sur les questions identitaires, d’autre part sur la masculinité et la position du « garçon noir » pris en étau entre divers schémas contraignants. Le présent article étudie cette articulation entre intermédialité musicale et identités dans les deux tomes de Crépuscule du tourment.
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Dans Crépuscule du tourment 1 de Léonora Miano, que ce soit dans le « Nord » ou sur le « Continent » subsaharien, l’Afropéenne Ixora lutte pour imposer sa triple marginalité : femme, noire, homosexuelle. Dans la démarche migratoire qu’elle accomplit pour offrir un avenir déracialisé à son fils, Ixora finit par trouver l’amour saphique sous le soleil homophobe des tropiques. L’article analyse la complexité de ce personnage à travers l’approche intersectionnelle de Clenora Hudson-Weems. Élaboré pour circonscrire les facteurs d’oppression de la femme noire, l’africana womanism dénonce successivement le racisme, le classisme et le sexisme. Si le parcours d’Ixora rejoint en partie la théorie de C. Hudson-Weems, il permet aussi de la dépasser et de proposer une image plus libre de la femme noire contemporaine.
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Corporate social responsibility (CSR) has generally been recognized as corporate pro-social behavior aimed at remediating social issues external to organizations, while political CSR has acknowledged the political nature of such activity beyond social aims. Despite the growth of this literature, there is still little attention given to gender as the starting point for a con- versation on CSR, ethics, and the Global South. Deploying critical insights from feminist work in postcolonial traditions, I outline how MNCs replicate gendered neocolonialist discourses and perpetuate exploitative material dependences between Global North/South through CSR activities. Specifically, I address issues of neocolonial relations, subaltern agency, and ethics in the context of gendered global division of labor through the exemplar of Rana Plaza and its aftermath. In all, I offer new directions for CSR scholarship by attending to the intersections of gender, ethics, and responsibility as they relate to corporate actions in the Global South.
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Cet article montre les tensions qui caractérisent le mensuel féminin africain Awa dirigé par Annette Mbaye d’Erneville (1964-1973), entre revue et magazine : celui-ci ne se caractérise pas seulement par la polyphonie caractéristique du dispositif médiatique, il se révèle contradictoire, voire agonistique. Étudiant les manières dont les fictions thématisent et allégorisent la femme et leur rapport à la modernité, l’article revient notamment sur la question du titre-personnage, jamais innocente dans un périodique, notamment à travers des comparaisons avec d’autres magazines féminins comme Marie Claire et Elle, discrètement mais régulièrement convoqués dans le magazine, ou Amina lancé en 1973 par Michel de Breteuil. La capacité transfictionnelle du magazine à s’incarner dans un personnage emblématique, Awa, régulièrement mobilisé et invoqué dans les pages du journal et en même temps la diversité des représentations ainsi figurées par les couvertures, les articles, le dessin, les photographies, les rubriques (« les cauris de Mam’Awa »), le courrier des lecteurs et même par les fictions montrent la difficulté de l’équation du féminin.
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Cet article propose une étude comparée entre les derniers romans de Léonora Miano (Crépuscule du Tourment, deux tomes) et ceux de Virginie Despentes (Vernon Subutex, trois tomes), oeuvres qui se rejoignent dans le « dérangement » des normes, tant sociales que littéraires – notamment romanesques – qu’elles instaurent. La représentation de la masculinité dans ces oeuvres en est un exemple, d’autant plus qu’elle croise tour à tour la question de la classe et celle de la race. Il s’agira de montrer comment, en puisant dans les marges, tant esthétiques que culturelles, ces fictions proposent des alternatives à ces formes de conditions multiples et comment elles instituent finalement des espaces d’émancipation pour les personnages, leurs auteures et plus globalement pour les instances de réception.
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L’intermédialité comme théorie et comme forme permet de penser le projet et l’écriture de Léonora Miano. Elle met en lumière les phénomènes de co-construction des médias et des socialités, en particulier dans les expériences afropéennes. La littérature est dès lors investie d’un pouvoir vis-à-vis du monde. Grâce aux emprunts féconds à d’autres formes artistiques (théâtre, musique, cinéma...), l’écriture romanesque s’affiche comme médium susceptible d’oeuvrer à la création du réel. La mise en scène de la construction et des dynamiques à l’oeuvre invite cependant le lecteur à participer consciemment à ces processus.
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Les deux romans Blues pour Élise de Léonora Miano et Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie mettent en scène des personnages qui déjouent les représentations monolithiques et/ou stéréotypées, à la fois des femmes noires et des rôles traditionnels de genre. Pour ce faire, les écrivaines privilégient un genre hybride qui brouille les frontières entre le littéraire et la culture populaire et où se côtoient librement le roman d’amour, la partition de blues, le blog, la nouvelle et la série télévisée. Cet article se propose d’étudier comment les écrivaines critiquent les modèles dominants en matière d’identité et défient le système traditionnel de catégorisation des genres (littéraires et sexuels).
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En dépit de nombreuses recherches et d’un nombre considérable de publications qui traitent de la complexité de la question du voile musulman et de sa versatilité, en Occident, le discours public et les interventions étatiques qui ont visé à l’interdire continuent pour une large part d’associer le port du voile aux représentations remontant à l’époque coloniale qui en faisaient un outil d’oppression et d’asservissement. Le sous-texte qui accompagne ce phénomène est que la visibilité corporelle des femmes dans les modes occidentales « modernes » constitue une étape nécessaire de l’émancipation des femmes des liens du patriarcat, afin qu’elles puissent affirmer leur agentivité. D’une manière quelque peu similaire, les islamistes politiques, qu’ils occupent des fonctions officielles ou qu’ils soient des acteurs non étatiques, tiennent à l’idée que le voile est un instrument essentiel de la préservation de la culture et de l’identité musulmanes, et que sa seule présence représente une contestation de l’impérialisme culturel. Considérant que les interventions étatiques, tant en contextes musulmans qu’occidentaux, ont rouvert les débats entourant l’habillement des femmes musulmanes, cet article, en passant en revue un certain nombre de discours et de publications, cherche à approfondir deux questions essentielles : 1) la perception du public occidental, qui associe le port du voile à l’oppression et qui méconnaît, et par conséquent nie, l’agentivité des musulmanes ; et 2) le rôle que joue le vêtement, en tant qu’institution politique en contextes nationalistes musulmans et non musulmans, dans l’inclusion ou l’exclusion des membres du corps civique. En examinant certaines modes alternatives qui se développent en Iran, en Turquie, en Europe et en Amérique du Nord, cet article souligne les diverses façons par lesquelles les femmes ont utilisé et remodelé le voile et les styles vestimentaires musulmans pour gagner du terrain et étendre leur sphère de pouvoir tout en résistant aux institutions patriarcales au sein des espaces musulmans ou laïcs, voire en les subvertissant. De fait, au moyen de la mode et du vêtement, les femmes élargissent leur rôle public tout en élaborant de nouvelles formes de féminité. Ce faisant, elles affirment leur agentivité, tout ayant accès à de nouvelles opportunités. Cet article suggère que le souci de réglementer l’habillement des femmes et les codes vestimentaires, à la fois en contextes musulmans et laïcs, provient du désir de présenter une démocratie unifiée plutôt que pluraliste, et une identité nationale qui se traduit souvent par des pratiques d’exclusion.
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« Almost 20 years after Māori scholar Linda Tuhiwai Smith’s call to decolonize research (Smith, 1999), significant progress has been made into drafting ethics principles to guide research with Indigenous people (e.g., CIHR et al., 2014). However, transforming principles into actual practices is easier said than done. It is increasingly recognizedthat “knowing the key guiding principles for research with Indigenous peoples is not always enough and [principles need to be]translated into day-to-day research practices”(Morton Ninomiya and Pollock, 2017, p. 29). This themed issue presents studies on various topics conducted in different geographical and cultural settings and suggesting concrete ways to decolonize research. The call for papers was issued following the 3rd Seminar on the ethics of research with Aboriginal people held at the Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue in late 2014. Two previous editions of the seminar (in 2009 and 2011) had invitedparticipants2to share experiences of good and bad research practices, summarized in Asselin and Basile (2012). The 3rd seminar took a step further in focusing on concrete ways to decolonize research.In what follows, we discuss research decolonization and summarize the key messages from the keynote speakers of the 3rd seminar, some of which have contributed papers to this themed issue. Additional contributions widened the geographical scope considered (Canada, Mexico, Peru) in addition to providingmore examples of concrete ways to decolonize research. » [Extrait original p. 643-644|
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Cette étude explore les perceptions et les expériences d'un petit groupe de parents lesbiens vivant dans une région rurale d'Australie, qui ont discuté des décisions qu'ils ont prises pour fonder leur famille, de leurs attentes et de leur compréhension de leurs rôles et relations et de leurs concepts de famille et de parentalité. L'étude explore également la manière dont ces familles de parents lesbiens ont négocié les cadres juridiques complexes dans lesquels elles existent.
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Cet article soutient que la médiatisation des hashtags #metoo et #Balancetonporc, par laquelle le public a pu découvrir la vigueur des mobilisations féministes en ligne, est une manifestation de l’émergence récente d’une Quatrième Vague féministe. Pour cela, l’étude adopte une définition empirique du terme de vague, qui permet d’attester de son existence en fonction de trois critères mesurables dont deux sont testés et validés. Le premier critère requiert d’observer une hausse de l’intérêt public pour les thèmes liés au féminisme ou aux rapports de genre, et il se vérifie tant au niveau des intérêts de recherche des internautes qu’au niveau des sujets discutés à l’Assemblée Nationale. Le second critère exige d’attester d’une reconfiguration des idées et/ou pratiques militantes. Sur ce point, le rôle de la démocratisation des réseaux sociaux, de la restructuration du marché cognitif qu’ils opèrent et du régime de visibilité panoptique qui les caractérise est examiné.
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La théorie queer soutient que les discours hétéronormatifs dominants sont productifs de sexualités. Comment alors l’hétéronormativité produit-elle des lesbiennes ? Nous théorisons la femme et le butch comme des projets d’incarnation sexuelle.les réponses processuelles et relationnelles à l’hétéronormativité patriarcale sont sans cesse textuellement enfilées tout au long de nos vies. En nous appuyant sur des féminismes radicaux mis à jour avec Foucault et Dorothy Smith, nous proposons des récits autoethnographiques de nos incarnations sexuelles de butch et de femme, en soutenant non pas que les expériences de viol, mais la menace constante de viol dans la vie quotidienne peuvent produire un désir et une incarnation lesbienne. En fin de compte, nous comprenons l'incarnation sexuelle comme non basée sur un fondement ontologique fixe, mais toujours dans les actions relationnelles et quotidiennes des personnes et, par conséquent, malléable dans le contexte social, le moment discursif et les intersections individuelles de la vie d'une personne dans les relations de pouvoir (genre, race, classe sociale, religiosité, nationalité, etc.).
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La figure de la lesbienne a hanté la littérature érotique et pornographique bien avant que l'homosexualité ne soit « inventée » (Foucault) par la médecine psychiatrique dans le troisième quart du XIXe siècle. Cet article traite de la représentation de la « lesbienne » dans la littérature portugaise. littérature de siècle. Ces lesbiennes, créées par et destinées à un public masculin, sont le résultat et le produit d'un « esprit droit » (Wittig) qui fantasme les relations entre femmes tout en effaçant la réalité : la possibilité d'un véritable amour entre femmes. Néanmoins, au tournant du siècle, certaines d'entre elles sortiront du placard, plus ou moins forcées, donnant un « visage » à la lesbienne portugaise invisible
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Cet article présente une démarche partenariale institutionnalisée qui a cours au Service aux collectivités de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) depuis près de quarante ans, où s’est rapidement développé un volet féministe. À l’heure où la recherche partenariale, sous toutes ses formes, gagne en popularité dans le monde universitaire, l’approche du Service valorise une conception du partenariat dans laquelle la production des connaissances scientifiques est partagée avec des groupes de femmes riches de savoirs, porteurs de besoins collectifs et de changement social. L’article met en perspective le contexte à l’origine de l’approche et ses liens avec l’analyse féministe. Il présente les dimensions clés du cadre institutionnel mis en place pour soutenir les partenariats entre professeur·e·s et groupes sociaux et leur intérêt pour les initiatives féministes. Un projet visant à accentuer la prévention des agressions à caractère sexuel en contexte scolaire sert ensuite d’illustration concrète de l’approche. Puis la réflexion dégage des enjeux et des éléments de conflictualité inhérents à une pratique partenariale féministe qui bouscule les rôles et les pouvoirs traditionnels en recherche.