Votre recherche
Résultats 114 ressources
-
''Mon Opoponax, c'est peut-être, c'est même à peu près sûrement le premier livre moderne qui ait été fait sur l'enfance. Mon Opoponax, c'est l'exécution capitale de quatre-vingt-dix pour cent des livres qui ont été faits sur l'enfance. C'est la fin d'une certaine littérature et j'en remercie le ciel. C'est un livre à la fois admirable et très important parce qu'il est régi par une règle de fer, jamais enfreinte ou presque jamais, celle de n'utiliser qu'un matériau descriptif pur, et qu'un outil, le langage objectif pur. Ce dernier prend ici tout son sens. Il est celui-là même - mais porté au plain-chant par l'auteur - dont l'enfance se sert pour déblayer et dénombrer son univers. Ce qui revient à dire que mon Opoponax est un chef-d'oeuvre d'écriture parce qu'il est écrit dans la langue exacte de l'Opoponax. Marguerite Duras (extrait de la postface).''-
-
En mars 1927, Virginia Woolf en train de corriger les épreuves de La Promenade au phare, dans l’épuisement où la laisse l’achèvement de chacun de ses grands romans, note dans son journal l’idée d’un nouveau livre : elle pense à un « temps télescopé comme une sorte de chenal lumineux à travers lequel mon héroïne devrait avoir la liberté de se mouvoir à volonté ». Elle ajoute que la veine satirique y sera dominante : ce sera un roman à la Daniel Defoe, où elle se moquera de son propre lyrisme. Ce sera Orlando, la biographie imaginaire d’un personnage dont nombre de traits sont empruntés à Vita Sackville-West (à laquelle elle est liée depuis plus d’un an) et qui, alternativement homme et femme, traverse plusieurs siècles de l’histoire de l’Angleterre et qui souhaite obtenir la gloire, non par ses actes, mais par ses écrits. Le livre connaîtra un succès sans précédent. L’écrivain et biographe Peter Ackroyd décrit parfaitement les raisons de ce succès : « L’un des grands thèmes du roman réside dans la transsexualité d’Orlando. Depuis les Métamorphoses d’Ovide, il y a toujours eu un courant, dans la littérature occidentale, fasciné par ce type singulier de transformation qui représente le pur plaisir de l’invention, et du changement, comme si l’acte d’écrire lui-même était une forme de libération. Il y a là une vérité pro- fonde : “dans tout être humain a lieu une sorte de vacillation d’un sexe à l’autre”, écrit Woolf. Mais, pour l’écrivain, un tel changement est aussi une source profonde d’énergie. C’est pourquoi Orlando est un tour de force d’une incroyable vivacité intellectuelle, où la gaieté et une inventivité fantasque donnent à voir ce qu’elle en a dit elle-même : ce sont bien là les “vacances d’un écrivain”. On sent comment s’allège, à mesure qu’elle écrit, la pression qu’exerçaient sur elle ses pensées. Les phrases semblent presque amoureuses de leur propre audace ; elles déferlent et, dans leur artifice, créent de toutes pièces un monde qui fait penser à une tapisserie splendide dans laquelle évoluent les personnages. »
-
À partir de 10 cas exemplaires (comprenant des recherches partenariales et participatives), ce Livre Blanc "propose des pistes d’amélioration des politiques publiques. Il vise à définir l’hori zon d’actions pour les acteurs concernés : le législateur, l’exécutif, les acteurs de la société civile, les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et les collectivités » (p. 12)
-
Qu’est-ce que le féminisme au juste ? Ce dictionnaire apporte une réponse large (la contestation de l’inégalité entre les sexes), plurielle (les mouvements de femmes, les philosophies ou idéologies qui les nourrissent) et contextualisée. Il n’y a pas de définition universelle et diachronique du féminisme, forme de résistance à un contexte oppressif spécifique. La diversité des vies de militant.e.s, des moyens d’action et d’expression, des revendications et objectifs montre au contraire combien le féminisme prend les couleurs du temps et des lieux qu’il investit. Mais il est aussi, en retour, une force de transformation culturelle sociale et politique de tout premier plan. Issu de recherches universitaires récentes, ce dictionnaire est à la fois biographique et thématique. Il rend compte, avec méthode et pédagogie, de toute la richesse du mouvement féministe en France. Il pourra accompagner les découvertes et les approfondissements pour tous les publics, à l’université, dans les médias, dans les mouvements militants. En effet, le féminisme reste un mouvement peu connu ; il est pourtant à l’œuvre dans l’une des plus profondes transformations sociétales des deux derniers siècles : le recul de la domination masculine, les progrès de l’égalité des sexes et des libertés, la mise en question de la différenciation hiérarchisée (le genre). Autant de luttes toujours d’actualité, même si le féminisme d’aujourd’hui se différencie des premières mobilisations collectives pour les droits civils et politiques.
-
Avec Homo Inc.orporated, Sam Bourcier poursuit la réflexion menée dans la trilogie des Queer Zones. Mariage, procréation, travail, patrie, les gais et les lesbiennes ont basculé dans la sphère de la reproduction et de la production. Que reste-t-il du sujet politique LGBT lorsqu'il est défini par le droit et le management de la diversité ? Pas grand-chose. Raison pour laquelle les queers et les transféministes se mobilisent pour un agenda de redistribution économique et de justice sociale plus large que la simple demande d'égalité et d'intégration. Homo Inc.orporated propose une critique radicale de l'homonationalisme et des politiques de l'égalité des droits. C'est aussi une boîte à outils pour lutter contre le néolibéralisme, avec une réflexion et de nouveaux moyens d'action sur les politiques du savoir à l'université, le genre comme travail, la grève du genre sans oublier le gender fucking !
-
Cet article entend rendre compte de différents discours émanant de femmes noires engagées à différentes époques des années 1910 à 2016. Afin de ne pas tomber dans l’écueil (fréquent lorsque l’on travaille sur des objets numériques) du « tout nouveau », et de ne pas se laisser aller à appréhender les discours des féministes noires contemporaines comme totalement coupés d’un passé - trop vite considéré comme sans résonance de nos jours -, nous avons choisi d’analyser les modalités discursives et sémiotiques des prises de parole des femmes noires sur Internet à la lumière des discours de groupes constitués dans le passé. Nous nous sommes en particulier penchées sur les discours en ligne émanant du collectif afro-féministe Mwasi.
-
Chercheuse indépendante en trans et queer studies, militante queer marxiste, dans cet article Lou Hanna tente d’établir un lien entre la transition de genre et le travail. En partant d’une analyse marxiste de l’expropriation de nos corps et de nos vies par le capitalisme néolibéral, il s’agit de tracer une continuité entre performance de genre et travail du genre. Cet article propose ainsi une conception des transidentités en rupture avec un discours hégémonique libéral qui tend à dépolitiser les acquis des luttes issus de l’activisme trans, de plus en plus axé sur une politique des droits au détriment d’une réelle politique révolutionnaire.
-
Cet article montre dans quelques œuvres d'inspiration autobiographique de Nina Bouraoui comment la subjectivité de la protagoniste est construite par différents discours identitaires dans le cadre franco-algérien et comment elle est déconstruite ou reconstruite par l'écriture. L'expérience corporelle de la protagoniste porte l'empreinte de l'héritage familial qui est le microcosme de l'héritage culturel marqué par la violence de l'Histoire franco-algérienne. En outre, l'emprise de la normalisation des genres pèse lourd sur la subjectivité de la protagoniste, ce qui résulte dans des sentiments d'auto-culpabilisation. L'entre-deux, c'est-à-dire entre deux pays et deux genres, est pourtant l'espace à la fois douloureux et créatif qui donne la force d'écrire et de s'écrire, et de venir à bout du sentiment de culpabilité, ce qui est analysé à l'aide de la lecture par Judith Butler du mythe d'Antigone et de la performativité de la confession.
-
S’il ne fait aucun doute que les activistes féministes queer ont pu reprendre à leur compte le slogan « mon corps est un champ de bataille », elles et ils n’en ont pas pour autant négligé d’investir le langage, ce champ de bataille symbolique. Intervenir sur la langue, se réapproprier les discours de haine en les détournant, sont alors autant de stratégies contre-discursives participant activement au processus de subjectivation. Les enjeux de langage deviennent ainsi un terrain propice pour appréhender le monde, élaborer un espace commun, intelligible et safe, et se constituer en tant que sujet. Ils participent pleinement à l’élaboration politique, identitaire et culturelle de la mouvance ou praxis féministe queer en France. Cette analyse cherche à examiner les dynamiques de traduction au cœur des créations langagières des activistes féministes queer, notamment celles qui relèvent des questions d’autodéfinition. Bien plus qu’une simple formalité de transcription langagière, la traduction soulève des enjeux politiques et culturels déterminants. À partir d’une lecture contextualisée et au plus près des usages, il s’agit ici de souligner l’ambivalence et la complexité de tout processus de traduction, oscillant entre circulation et déformation, réappropriation et reconfiguration.
-
The fight for the female vote was not solely a British, or a ‘white’ concern, writes historian Sumita Mukherjee.
-
Dans les années 1960-1970, l'État français encourage l'avortement et la contraception dans les départements d'outre-mer alors même qu'il les interdit et les criminalise en France métropolitaine. Comment expliquer de telles disparités? Partant du cas emblématique de La Réunion où, en juin 1970, des milliers d'avortements et de stérilisations sans consentement pratiqués par des médecins blancs sont rendus publics, Françoise Vergés retrace la politique de gestion du ventre des femmes, stigmatisées en raison de la couleur de leur peau. Dès 1945, invoquant la «surpopulation» de ses anciennes colonies, l'État français prône la régulation des naissances et l'organisation de l'émigration; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l'espace de la République, provoquant un repli progressif sur l'Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient. Françoise Vergés s'interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s'appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l'autrice entend faire la lumière sur l'histoire mutilée de ces femmes, héritée d'un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd'hui.
-
C’est depuis les années 1990 que les plateformes numériques sont saisies par les milieux militants, notamment féministes, comme outil et lieu de recrutement, mais aussi comme mode d’action. L’impact du web sur le mouvement féministe questionne : révélerait-il une nouvelle forme de militantisme et de nouvelles pratiques ? S’appuyant sur une recherche exploratoire qui étudie des blogs et des groupes Facebook, cet article cherche à saisir certaines caractéristiques des féminismes virtuels. Après avoir décrit les modes d’entrée actuels dans le mouvement, l’autrice s’intéresse aux actions virtuelles comme performances, aux objectifs et aux idéaux qui les fondent, ainsi qu’au sens de l’engagement sur le web. Elle analyse ainsi le potentiel militant d’Internet, un militantisme qui, en définitive, s’inscrit plus dans la continuité du mouvement féministe des années 1970 que dans une rupture technologique.
-
La polyamorie féministe est une nouvelle utopie collective pour celles qui rêvent d’un monde égalitaire, féministe et multiple. Dans ce monde idéal, nous, les femmes, nous ne serions pas divisées e…
-
Cette étude sexologique sur la construction sexuelle identitaire se déroule à l'Île de La Réunion, qui présente des spécificités en tant que territoire postcolonial francophone, avec des formes résurgentes d'oppression structurelles dans l'organisation sociétale, ainsi qu'une forte prégnance des pratiques religieuses. De ce fait, les construits sociaux délimitent les interactions sociales au sein d'une population dont le métissage, visible de prime abord, laisse penser que La Réunion serait l'archétype de tolérance dans une société rêvée. L'étude vise à comprendre comment les personnes qui se définissent comme homosexuel-le-s ou bisexuel-le-s peuvent construire leur identité sexuelle dans ce contexte insulaire ultrapériphérique. De type qualitatif, l'étude s'appuie sur un échantillonnage non probabiliste, composé de douze participant-e-s recrutés en boule de neige, donnant lieu à une collecte de données à partir d'entrevue individuelles semi-dirigées. Les récits recueillis indiquent que les personnes adoptent comme stratégie identitaire, au moment où elles découvrent leur attirance sexuelle pour l'autre de même sexe, le déni de soi en gardant le secret absolu sur ce qu'elles éprouvent, et ce, même si elle ont ressenti du plaisir lors de cette découverte. La détermination de soi se fait au travers d'un long cheminement, avant de passer à l'affirmation de soi. La construction identitaire sexuelle des personnes homosexuelles ou bisexuelles est jalonnée de réactions homophobes provenant de leurs familles, de leurs ami.e.s et de leur environnement en réponse à l'expression de leur identité sexuelle. Les stratégies adoptées, tout au long de leur construction identitaire, ont pour fonction de gérer les tensions qui découlent des attentes et des attributions identitaires en conflit avec leurs ressentis, leurs désirs, ainsi que le besoin de reconnaissance sociale de leur identité sexuelle. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Construction identitaire sexuelle, coming out, homosexualité, bisexualité, hétérosexualité, stratégies identitaires, La Réunion.
-
Le présent recueil rassemble des entretiens que Michèle Causse (1936-2010), écrivain, essayiste et traductrice française, a accordés à Françoise Armengaud, Dominique Bourque, Gloria Escomel, Catherine Gonnard, Françoise Leclerc – Framboise, Nadine Ltaif, Francine Pelletier et Lise Weil. Ils ont été menés au Québec et en France. Ce recueil comporte également un texte de présentation de Suzette Robichon et une postface de Katy Barasc.
-
Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s'enchaînerait bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, Kimiâ a toujours essayé de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l'étourdissant diaporama de l'histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l'adolescence, l'ivresse du rock, le sourire voyou d'une bassiste blonde ... Une fresque flamboyante sur la mémoire et l'identité ; un grand roman sur l'Iran d'hier et la France d'aujourd'hui.
-
"Arts visuel" est l'un des soixante-six textes thématiques de cette encyclopédie explorent les reconfigurations en cours des études de genre. Trois axes transversaux organisent cette enquête collective: le corps, la sexualité, les rapports sociaux. Les inégalités liées au genre sont de plus en plus envisagées en relation avec celles liées à la classe sociale, la couleur de peau, l'apparence physique, la santé ou encore l'âge. Cette approche multidimensionnelle des rapports sociaux a transformé radicalement les manières de penser la domination au sein des recherches sur le genre. En analysant les concepts, les enquêtes empiriques et les débats caractéristiques de ces transformations saillantes, les contributrices et contributeurs de cet ouvrage dessinent une cartographie critique des études de genre en ce début de XXIe siècle.
-
Le présent mémoire en recherche-création interroge la question de la génération symbolique féministe et lesbienne au moyen de l'écriture dramatique, à partir d'ouvrages de l'auteure québécoise Jovette Marchessault et de l'écrivaine française Violette Leduc. Il s'agit de développer un discours féministe et lesbien dans un texte dramatique, de démontrer en quoi le théâtre représente un lieu d'historicisation et de mémoire pour la création féministe et d'explorer des procédés intertextuels, notamment l'usage spécifique de la citation (Compagnon, 1979) comme fil conducteur de la génération symbolique. Le premier chapitre pose les bases théoriques de la génération symbolique, concept philosophique développé par Françoise Collin, et approfondit diverses théories de l'intertextualité générale et de l'intertextualité féministe. La mise en relation de l'intertextualité féministe, de la citation et de la génération symbolique sert ensuite de point d'ancrage à l'analyse de trois textes dramatiques de Jovette Marchessault. Le poème dramatique lieu(x) possible(s) figure au deuxième chapitre et constitue le volet création de ce mémoire. Il est construit sous la forme d'un triptyque inspiré de citations tirées des œuvres de Violette Leduc et de Jovette Marchessault et c'est à partir des thèmes du désir, de l'acte d'écriture et de la mémoire féministe que j'aborde la génération symbolique. lieu(x) possible(s) propose trois récits indépendants; d'abord, celui d'une écrivaine en quête de l'héritage féministe de Jovette Marchessault et de Violette Leduc; ensuite, celui de la rencontre entre deux amoureuses, où est approfondie la question politique du désir et des identités lesbiennes; enfin, celui de l'union, dans la troisième partie, de voix féministes de divers horizons au cœur d'une conversation à la fois engagée et intemporelle. Le dernier chapitre retrace d'abord les principales étapes du processus de création, notamment à la lumière des réflexions sur la poïétique de René Passeron (1996). Il présente ensuite une étude des trois sections de lieu(x) possible(s) à partir des catégories d'analyse dramatique de la voix, du récit et des formes du discours (Pruner, 2009; Pavis, 1996; Sarrazac et al, 2010). Cette analyse, combinée à une réflexion féministe sur la représentativité, le rapport à l'histoire féministe ainsi que l'intentionnalité féministe derrière le discours au théâtre (Keyssar, 1996; Plana, 2012; Wittig, 2013), permet de comprendre de quelles façons la génération symbolique de lieu(x) possible(s) s'est construite.