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Non seulement les horaires de travail « non standards » propres aux marchés d’alimentation et aux restaurants posent d’énormes défis à la conciliation travail-famille (CTF), mais ils influent sur la santé physique et mentale des personnes employées. Cette étude qualitative vise la compréhension des pratiques, des difficultés et des stratégies de CTF présentes dans ces deux milieux de travail. Quarante-deux entretiens semi-dirigés ont été menés auprès de travailleuses, de gestionnaires et de représentantes et représentants syndicaux. Une analyse thématique nous a permis de saisir la complexité de l’articulation entre les aspects formels et informels des pratiques de conciliation, ainsi que les différents facteurs qui contribuent à l’invisibilité des enjeux auxquels doivent faire face les travailleuses de ces milieux. Plus particulièrement, l’inégalité entre les postes occupés par les femmes et par les hommes a émergé des données, notamment la précarité importante vécue par les caissières. L’ampleur des difficultés de conciliation rapportées et la faible ouverture des milieux de travail aux enjeux de CTF pourraient expliquer la résignation des travailleuses et l’impression partagée par tous les acteurs que les conditions de ces milieux ne peuvent être changées.
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Depuis les récits retraçant ses premières heures, la scène rap montréalaise apparaît particulièrement investie par des acteurs d’origine haïtienne : un fait notamment palpable à travers les textes de rap, qui présentent fréquemment des occurrences en créole haïtien. Prenant acte de cette caractéristique du rap montréalais, nous proposons une réflexion sur les enjeux de la visibilité des migrants et descendants de migrants haïtiens au sein de l’espace public québécois, à travers une focalisation sur les pratiques et expériences de rappeuses montréalaises d’origine haïtienne. Dans cette contribution, qui vise à entrevoir les processus de majoration et de minoration à l’oeuvre dans le contexte montréalais et québécois, nous envisagerons notamment la manière dont les vecteurs de différenciation impliquant ce qui relève du linguistique, de la « québéquicité » ou des rapports sociaux de sexe s’actualisent et se reproduisent dans le cadre de la médiatisation des productions artistiques.
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De nos jours, il n'y a pas plus de prise de position favorable à la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle qu'il y a de prise de position publique pour l'esclavage. Il est également très difficile de trouver des partisanes déclarées de l'inégalité… Ce n'est pourtant pas le cas de la prostitution. Certaines personnes sont pour la prostitution. Plus nombreuses sont celles qui considèrent politiquement correct de la tolérer. La plupart présument que, même si elle n'est pas réellement souhaitable, la prostitution est nécessaire, inévitable et sans dommage. Est-ce que la décriminalisation du proxénétisme et la légalisation des maisons closes assureront une plus grande sécurité physique aux personnes prostituées ? Contrairement à la Cour suprême du Canada, la juriste de réputation mondiale, Catharine A. Mac- Kinnon, répond négativement à cette question. Elle soutient que « loin de rendre la vie des prostituées plus sûre, la décriminalisation totale de la prostitution peut même la rendre encore plus dangereuse ». Pour cela, elle s'appuie sur les expériences des pays qui ont légalisé la prostitution et le proxénétisme et sur celles des pays, de plus en plus nombreux, qui décriminalisent les personnes prostituées et pénalisent les clients-prostitueurs ; la stigmatisation liée à l'activité Prostitutionnelle se retourne désormais contre ceux qui en profitent : les prostitueurs et les proxénètes.
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Dans la société palestinienne, avoir un garçon dans sa descendance est un enjeu social majeur, qui dans un contexte de réduction de la fécondité, peut conduire à vouloir choisir le sexe de son enfant. Aujourd’hui, des techniques de sélection sexuelle prénatales performantes sont disponibles et ne font l’objet d’aucune couverture légale. Cet article propose d’analyser les attitudes des Palestiniennes vis-à-vis de la sélection sexuelle, lieu d’une régulation informelle au croisement du religieux, de la pression sociale et des positions personnelles des médecins. Elle crée aussi de nouveaux enjeux dans l’espace israélo-palestinien ; la réglementation et l’accès à ces pratiques sont très différents entre Israël et la Palestine.
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L’économie est l’une des dernières sciences humaines et sociales à avoir intégré le genre. Cet article interroge la résistance de la science économique au genre et montre comment celui‑ci fut finalement introduit, à travers trois moments clés de cette histoire : le débat sur la valeur du travail domestique ; la critique féministe en épistémologie et histoire de la pensée économique ; la construction d’une économie néoclassique du genre à partir des travaux de Gary Becker. Grâce à l’importante production qui en a résulté, l’économie a certes pu rattraper son retard, mais elle a absorbé le genre sans avoir été ébranlée dans ses fondements. L’économie du genre s’est moulée dans les divisions de la science économique.
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Cet article propose d’analyser la « relation de service » comme un rapport de reconnaissance. Il prend pour exemple la relation d’accompagnement des réfugiés vers le travail. Ce type de relation de service s’avère particulièrement heuristique en raison de l’omniprésence des enjeux de reconnaissance qu’il comporte. Nous proposons dans un premier temps une réflexion sur la manière dont le paradigme de la reconnaissance d’Axel Honneth peut être mobilisé dans une analyse de la relation d’accompagnement pour rendre compte de la formation d’attentes de reconnaissance spécifiques aux réfugiés et aux acteurs de l’accompagnement. Nous examinons dans un deuxième temps différentes formes de désajustement entre attentes et effets de reconnaissance dans la relation d’accompagnement et le « drame social du travail » qui s’y noue ainsi. Nous terminons par une analyse des réactions des réfugiés aux différentes formes de déni de reconnaissance que la relation d’accompagnement peut produire.
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Le projet neuroGenderings rappelle un programme interdisciplinaire intitulé « Neurosciences Critiques » (Critical Neuroscience). La possibilité de développer des « Neurosciences Critiques » féministes et queer est toutefois limitée par la manière problématique dont les pratiques critiques sont conçues au sein de ce programme. Les tenant-e-s des « Neurosciences Critiques » nous proposent de travailler et de débattre par-delà les disciplines en faisant comme si les neuroscientifiques venaient de Mars et les chercheur-e-s en sciences sociales de Vénus, tout en assignant aux second-e-s le rôle traditionnellement féminin d’apaiser les conflits. Le présent article appelle les chercheur-e-s en études sociales des neurosciences à clarifier le cadre que nous souhaitons donner à nos pratiques critiques (une critique de quoi et pour qui ?) et le genre de pratiques que nous souhaitons promouvoir au nom de l’interdisciplinarité. Le défi consiste à articuler une perspective critique résistante au « pouvoir absorbant » des neurosciences, « Neurosciences Critiques » comprises. Au lieu de nous focaliser sur un prétendu problème de communication, je propose de déplacer notre attention vers l’étude des conflits et des controverses (mais aussi des controverses manquées, de l’absence de controverses, etc.). Je discute de l’intérêt de changer de focale à travers deux exemples : la notion guère controversée de plasticité cérébrale et la question controversée de savoir quel est l’organe le plus déterminant (le cerveau ou les organes génitaux ?) dans la formation de l’identité de genre chez les personnes intersexuées. Il est certes bienvenu de « socialiser » les neurosciences grâce aux apports des études genre (gender studies) et des études sociales des sciences, mais arriver à mettre en évidence, dans un même geste, les dimensions conflictuelles de la vie sociale serait mieux encore.
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Rendant compte des travaux récents dans le champ de l’étude sociales des sciences (Social Studies of Knowledge), de la critique féministe des sciences et des cultural studies, cet article revient sur leurs apports et sur la façon dont ils lisent l’histoire des transformations biomédicales (très) contemporaines, notamment dans les domaines de la reproduction et de la sexualité. Les SSK, en particulier, proposent une lecture complexe et riche des relations humains/techniques et de la façon dont les relations sociales et de genre s’y trouvent engagées. S’interrogeant sur la coïncidence de certaines de ces approches (participant du « tournant descriptif » dans les sciences sociales) avec des transformations économiques et sociales plus vastes (la reconfiguration de soi via les biotechnologies comme promesse individuelle en contexte néolibéral), l’article propose de mettre en évidence ce qu’un renouveau de l’approche historienne pourrait apporter en propre : redonner à voir l’épaisseur des contextes scientifiques et sociaux de production de certaines technologies, dire l’historicité des enjeux sociaux et de genre, produire de nouveaux récits attentifs aux enjeux normatifs, politiques et économiques.
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Les études montrent avec constance que les mères d'enfants ayant un trouble du spectre de l'autisme (TSA) présentent des niveaux particulièrement élevés de détresse. Cette étude vise à identifier les déterminants sociaux de la santé pouvant contribuer au développement des symptômes dépressifs de ces mères. Les analyses statistiques effectuées sur un échantillon de convenance de 112 mères de jeunes enfants ayant un TSA conduisent vers un modèle composé de 5 variables permettant conjointement d'expliquer 41 % de la symptomatologie dépressive des mères. Les implications de ces résultats sur les services offerts aux familles d'enfants ayant un TSA seront plus amplement discutées.
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Les recherches féministes sur le travail social sont plus que jamais nécessaires, car l’idéologie de la responsabilité individuelle imprègne fortement les politiques de l’Etat social et les missions du travail social. Cette idéologie nie les inégalités liées aux rapports de domination entre hommes et femmes, entre citoyen·ne·s et étranger·e·s, ou entre riches et pauvres. Ce numéro montre que certaines interventions du travail social reproduisent ces inégalités, mais que d’autres contestent davantage les normes sociales dominantes et favorisent ainsi l’émancipation des personnes ciblées par l’action sociale.
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Qui est l’«ennemi principal»? Pour la féministe matérialiste qu’est Christine Delphy, il ne s’identifie ni à l’Homme – avec une majuscule –, ni aux hommes en général. Ce n’est en effet ni une essence ni un groupe naturel: c’est un système. Or ce n’est pas non plus, ou plutôt pas principalement, pour cette théoricienne qui s’inspire de Marx mais dans un parfait esprit d’hétérodoxie, le système capitaliste. L’ennemi principal, c’est ce qu’elle a choisi d’appeler le patriarcat : à savoir un système autonome d’exploitation et de domination. Christine Delphy a entrepris d’en constituer la théorie, très exactement l’économie politique du patriarcat. «L’ennemi principal», c’est aussi le titre de l’article de Christine Delphy qui, publié en 1970, la première année du Mouvement de libération des femmes, marque le début d’une révolution dans la réflexion féministe. Elle introduisait l’idée alors totalement nouvelle du patriarcat défini comme structure sociale hiérarchique et inégalitaire, en refusant toute explication de la subordination des femmes en termes idéalistes – que ce soit sur des bases biologiques, naturalistes ou essentialistes, ou bien encore fondées sur l’idéologie ou le «discours».
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"Ce livre vise à introduire de nouvelles façons de concevoir, de théoriser et d'intervenir sur le social en ce xxie siècle. Il y est non seulement question des fondements du travail social, mais aussi des politiques sociales, des méthodes d'intervention et des enjeux contemporains de la profession. En revisitant d'une manière créative les postulats de base du travail social, les auteurs proposent des lectures inédites des problèmes sociaux, un regard plus nuancé sur les populations marginalisées, un renouvellement des politiques sociales comme levier de citoyenneté ainsi que des pistes d'intervention plus respectueuses des individus, des groupes, des familles et des communautés."-- Site de l'éditeur.
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L'article se concentre sur la santé au travail et la gestion des risques professionnels dans le secteur de l'aide à domicile. Il commence par souligner les difficultés liées à la prise en compte de ces problèmes, à la fois parce que la main-d'œuvre en question est très féminisée et se situe donc en dehors du système salarial classique, et parce que le travail implique un « travail féminin » largement invisible, qui tend à masquer ses risques. Pourtant, la question de la santé au travail soulève de nombreux problèmes sociaux, non seulement pour les employés du secteur, mais également pour les employeurs et les agences de protection sociale. L'article vise ensuite à identifier les leviers de changement sur le terrain, en soulignant les limites des outils de protection sociale classiques et en démontrant comment l'identification des risques psychosociaux pourrait contribuer à mieux faire connaître le domaine et à améliorer les conditions de travail
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Comment résister à l'injustice ? Peut-on vaincre le " capitalisme émotionnel " ? Une éthique du care globale est-elle possible à l'heure des migrations transnationales ? Réunies pour la première fois, trois féministes et pionnières de la théorie et de l'éthique du care, la psychologue Carol Gilligan, la sociologue Arlie Hochschild et la politiste Joan Tronto, apportent leurs éléments de réponse avec, en ligne de mire, une injonction : encourager chacun à prendre ses responsabilités pour agir contre l'indifférence des privilégiés. Un événement intellectuel.
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Le rapport de recherche recueille les différentes perceptions des jeunes filles au moment de leur choix de carrière, évalue les variables les plus influentes sur l’intérêt qu’elles portent à l’égard des métiers de la construction et sur lesquelles il faut agir si on veut accroître leur présence dans cette industrie.
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The NASW Code of Ethics identifies social justice as one of six foundational values of the social work profession. Indigenous communities have long questioned the authenticity of this commitment and rightly so, given the historical activities of social work and social workers. Still, the commitment persists as an inspiration for an imperfect, yet determined, profession. This article presents a theoretical discussion of questions pertinent for social justice in social work practice in Native American communities: Whose definition of social justice should prevail in work with and in Indigenous communities? What can a revisioning of social justice mean to the development of Native communities and for Native youths in particular? What methods or processes of social work are most appropriate for this social justice work? This article presents a case for the practice of youth participatory action research as one method to work for social justice in Native communitie
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This paper explores the dichotomies and gendered invisibilities underpinning the concept of the knowledge economy and society through a closer examination of two emblematic and contrasting figures working in Information and Communication Technology and domestic/care work as bearers of different configurations of knowledge and skills in the contemporary circuits of globalisation. Such knowledge can be broken down into different types—such as embrained, encoded, embodied and encultured—which are valued differentially and with consequences for gendered labour markets. These gendered differences are reflected in current immigration policies which privilege migrants in scientific and information technology sectors and discount those engaged in care work, associated with embodied knowledge and skills. The impact of these differences has been reinforced during a period of economic recession when immigration has become increasingly restricted, even amongst the skilled.
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L'article traite du cas de 1978 de sept femmes jamaïcaines qui devaient être expulsées du Canada et des questions soulevées par le cas concernant la valeur du travail des femmes et les politiques d'immigration discriminatoires. Plus précisément, l'article évalue le West Indian Domestic Scheme, un accord entre le Canada et certains pays anglophones des Caraïbes pour envoyer des femmes antillaises au Canada afin de remédier à la pénurie de main-d'œuvre domestique. Il fait valoir que les termes de l'accord ont facilité l'expulsion des travailleurs domestiques sans tenir compte de la façon dont le processus de migration avait modifié leurs relations sociales et personnelles avec leurs enfants, leurs familles et leurs ménages, à la fois « ici » et « là-bas », d'une manière qui leur a rendu difficile le retour à la maison. Ce faisant, l'article aborde les complexités transnationales des femmes s des vies qui restent en contradiction avec les politiques d'immigration et d'emploi. L'objectif de l'article est d'élucider pourquoi les femmes, dans leur rôle de mères, ont décidé de contester les ordres de quitter le Canada et d'éclairer les façons dont les femmes racisées trouvent les moyens de négocier des espaces intermédiaires qui leur permettent de survivre.