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REVENUE est une thèse sur le récit de voyage au féminin soutenue par un récit de voyage au féminin. Il y a donc deux récits de voyage au féminin : celui, vécu en 2018, relaté au fil des pages et celui, publié au Québec entre 2003 et 2018, réfléchi et approfondi en parallèle. Le premier est singulier. Le deuxième est pluriel, car un corpus de vingt-huit ouvrages le constitue dans le cadre de ce travail doctoral. La ligne directrice de cette œuvre, c’est l’expérience personnelle d’une écrivaine-voyageuse. Une expérience d’observation et d’analyse, littéraire et féministe. Une expérience écrite et dessinée de recherche-création. Le voyage est vrai et le féminin, affirmé. Le vivant devance tout le reste. Chaque mot, chaque geste, chaque trait est incarné. C’est bourré d’affect. Et l’écoféminisme y est découvert, embrassé, pleinement célébré. Il y a du silence et des iles à la tonne pour que se déploient paroles et mobilités. Enfin il y a des points. Beaucoup, beaucoup de points. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : récit de voyage au féminin, recherche-création, thèse graphique, écoféminisme.
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En octobre 2017, #MeToo se propageait sur les réseaux sociaux, et le monde ne serait plus jamais comme avant. Si l’on sait que ce mouvement marquera l’histoire, on peine encore à en mesurer toutes les conséquences, tant il est en évolution permanente et ouvre des fronts de lutte multiples. Cinq ans plus tard, ce collectif dirigé par Rose Lamy réunit neuf femmes et autrices. Elles sont journalistes, militantes, musiciennes, étudiantes, philosophes, chercheuses ou essayistes, d’origine et d’âge différents, et portent un regard singulier sur cette révolution féministe. Le mouvement a-t-il réellement commencé en 2017 ? Y a-t-il eu une « vague » en France ? A-t-il profit à toutes les femmes ? Que veulent les victimes de violences sexistes ? Quelles forces s’organisent contre #MeToo ? À l’heure où le conservatisme reprend ses droits partout dans le monde, menaçant des acquis qu’on ne pensait plus avoir à défendre comme l’avortement, où le soupçon de mensonge ne cesse de peser sur les victimes, elles livrent chacune un point de vue documenté, urgent et passionné, au-delà du hashtag.
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Dans l’imaginaire collectif, la banlieue présente un intrigant paradoxe : milieu de vie de la majorité démographique, elle est pourtant négligée (au mieux) ou ridiculisée (au pire) dans les discours critiques littéraires. On croit tellement tout connaître de l’espace suburbain qu’on n’en a plus rien à dire : conformisme, individualisme, surconsommation et morosité. Pourtant, à la frontière de la ville et de la campagne, du rêve et du cauchemar, la banlieue fictionnelle est un système en soi, avec ses codes littéraires et sa stéréotypie. Au coeur de cette stéréotypie, les préjugés au sujet des hommes, des femmes et des rôles qui leur sont dévolus au sein de la famille sur la base de leur genre sont couramment véhiculés. Pendant que les fictions focalisées sur de personnages masculins dénoncent les périls de la masculinité en banlieue depuis l’après-guerre, nous remarquons que les affects délétères des quartiers résidentiels sont le plus souvent reprochés au personnage féminin, la ménagère maniaque, l’épouse déprimée, la mad housewife. Ainsi, le stéréotype suburbain et le stéréotype sexuel se rencontrent : quand on réduit la banlieue au ridicule, c’est en fait la femme et l’expérience domestique que l’on évince de la pensée commune. Notre thèse vise à mettre en échec du même coup le lieu commun de la banlieue et le stéréotype de genre. Pour ce faire, nous investissons un lieu emblématique du suburbain et du féminin : la maison pavillonnaire. Fondée sur une approche phénoménologique spatiale et féministe, notre thèse est construite à l’image d’une maison de banlieue, chacun de ses chapitres étant structuré comme un espace domestique. Dans l’espace physique de la maison (house) se déploie habituellement l’espace relationnel et émotionnel de la famille (home). Pourtant, les romans de François Gravel, de Valérie Carreau, de Lise Tremblay, d’Élise Turcotte, de Fannie Loiselle, de Nicholas Dawson et de Michael Delisle mettent en scène les failles et les paradoxes de l’expérience étrangement inquiétante de la domesticité en banlieue. La banlieue fictionnelle et sa représentante cardinale, la ménagère, apparaissent ainsi comme de véritables allégories politiques : la démence des protagonistes, leur colère et leur déchéance sont les symptômes d’un foyer et d’une société tout entière inhabitables pour les femmes. Les frontières entre le public et le privé deviennent poreuses jusqu’à s’effacer. Écrire la banlieue établit d’emblée un rapport à la doxa, qu’on s’y conforme ou qu’on la critique. Les sept oeuvres que nous étudions usent des lieux communs du récit de banlieue pour ensuite les déplacer, les renverser. Le mouvement double de reconduction et de subversion devient le vecteur du récit. Notre thèse analyse les enjeux de ce mouvement : au sein d’univers romanesques rigides et conformistes, le revirement du stéréotype bouscule les idées reçues, met en échec les binarités traditionnelles et en appelle à la conception d’une meilleure maison pour les femmes. MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : banlieue, maison, chez-soi, foyer, domesticité, ménagère, stéréotypie littéraire, stéréotypes de genre, frontière, féminisme, public/privé, littérature québécoise contemporaine
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Mères et filles sont tour à tour araignées ou insectes piégés, souvent les deux en même temps. Leur corps-à-corps est une lutte, mais également une danse. Elles s’enlacent et se repoussent, sont en miroir et en décalage, entretiennent entre elles les soupçons et les malentendus sans toutefois se perdre de vue. Plusieurs des lectures présentées ici avancent d’ailleurs tout en nuance, préférant saisir ce qui, dans les relations maternelles, ne se réduit pas à des rôles assignés ni ne se simplifie à des tropes. Elles honorent les figures insaisissables que sont les mères et les filles, et invitent à prendre les choses en sens inverse, pour évoquer Chantal Chawaf qui trouve ancrage dans le texte de Maude Pilon.
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"En 1990, Julie Delporte n'a encore jamais vu de butch, mais sa tante préférée chasse et fume le cigare. Presque vingt ans plus tard, elle publie un livre sur Tove Jansson dans lequel elle raconte avec joie que cette artiste finlandaise est la première femme à qui elle s'identifie, seulement elle était lesbienne et pas Julie. À 35 ans, après avoir surligné de toutes les couleurs son exemplaire de La pensée straight de Monique Wittig, Julie Delporte arrête de porter des robes et prend son avenir en main. Dans ce roman graphique qui fait suite à Moi aussi je voulais l'emporter, l'autrice retrace l'histoire de sa sexualité. Une histoire marquée par la violence malheureusement trop banale des agressions, comme par celle des clichés et des injonctions liés à une culture de la performance et de l'hétéronormativité."--
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Ce mémoire s’intéresse à la reproduction de la violence dans une perspective à la fois littéraire, sociologique et intersectionnelle. Son objectif est d’analyser les mécanismes de l’exclusion et de la honte comme vecteurs de la dominance dans les œuvres auto(socio)biographiques En finir avec Eddy Bellegueule (2014), Histoire de la violence (2016) et Qui a tué mon père (2018) d’Édouard Louis. Ces textes, lorsqu’analysés dans leur ordre de parution chronologique, donnent à voir le surgissement de la violence non pas comme une donnée naturelle et objective, mais comme le résultat d’une conception culturelle structurante sur laquelle on peut agir : la domination sociale. Aussi bien sur le plan narratif que thématique et formel, le projet littéraire d’Édouard Louis vise à déconstruire le principe de hiérarchisation qui persiste entre les communautés marginalisées, en plus de questionner la (re)production de la violence au sein même de la littérature canonique qui, par définition, ne peut se constituer comme telle qu’en excluant des voix, des identités et des réalités. Ce faisant, l’écrivain appelle à une compréhension des différentes oppressions, à la fois comme distinctes et transversales, ainsi qu’à la révolte des dominé·es face aux agent·es qui perpétuent les structures de pouvoir, qu’elles soient politiques, judiciaires ou culturelles. Ma démonstration se décline en trois chapitres : le premier sert à définir deux concepts de Pierre Bourdieu, qui sont l’habitus de classe et la loi de conservation de la violence. En les arrimant aux travaux de Michel Foucault sur les disciplines et la construction de la norme comme principe d’exclusion, ainsi qu’aux réflexions de Didier Eribon sur l’injure et les verdicts sociaux, je propose que les corps des personnages louisiens sont le lieu premier de l’inscription de la violence. Prenant appui sur l’analyse intersectionnelle, j’observe le croisement entre le corps masculin prolétaire, le corps cisféminin, le corps queer et le corps racisé, puis entre ceux-ci et les lieux où ils sont familiers ou étrangers, exclus ou prisonniers. Dans le deuxième chapitre, à partir d’une compréhension de la dépossession et de la honte comme composantes de la subjectivité minorisée, et en m’inspirant de la pensée développée par Sara Ahmed sur l’idéologie du bonheur, ainsi que par Arlie Russell Hochschild sur le travail émotionnel, je déploie le concept inédit de « fausse agentivité » selon une lecture féministe des représentations féminines dans les récits à l’étude. Le troisième chapitre, avec l’aide des notions bourdieusiennes de mystification, de domination culturelle, de vérité objective et de pratiques oppositionnelles, telles que repensées par Geoffroy de Lagasnerie, s’attarde aux stratégies formelles et énonciatrices mobilisées dans l’écriture d’Édouard Louis comme geste d’extériorisation de la honte, cette colère rentrée. Je m’intéresse au report de cette honte sur les responsables de la violence sociale, et à la transformation de la colère, toujours individuelle, en mouvement collectif : la révolte. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : classes sociales, reproduction de la violence, honte, exclusion, sociologie de la domination, hiérarchie, fausse agentivité, intersectionnalité.
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« '"Cette histoire n’est pas facile à raconter pour moi, mais je dois dénoncer la situation que vivent les femmes à la prison Leclerc afin que l’on prenne conscience des problèmes de droits humains qui ont cours dans cet établissement carcéral de Laval." C’est sur ces mots que s’ouvre le témoignage bouleversant de Louise Henry, incarcérée pendant 11 mois dans cet ancien pénitencier fédéral pour hommes à sécurité maximale où ont été transférées en 2016 les détenues de la Maison Tanguay. Le récit de son expérience derrière les barreaux et de celles de ses codétenues est aussi troublant qu’accablant: fouilles à nu excessives, recours abusif à l’isolement, violence verbale et psychologique, annulation subite de visites, accès limité à l’infirmerie, malpropreté extrême, problèmes d’eau potable, de chauffage et de plomberie, gestion inappropriée de la pandémie de COVID-19... Les conditions de détention à la prison Leclerc sont déplorables et inadaptées aux besoins des femmes. Il est temps que le gouvernement provincial ferme cet établissement, qualifié depuis des années de «véritable honte pour le Québec» par les militant.e.s des droits de la personne.Comme société, n’avons-nous pas plutôt la responsabilité de soutenir et d’aider ces femmes souvent issues de groupes défavorisés, marginalisés et racisés? Comment punir les crimes mineurs de manière à favoriser la réhabilitation des détenues? Quel est le bien-fondé de recourir à la judiciarisation et à l’emprisonnement pour répondre à des problèmes sociaux? Une chose est sûre: personne ne ressortira indemne de ce témoignage poignant et courageux. »--Quatrième de couverture.
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Dans le sillage de l’ouvrage dirigé par Octobre et Patureau (Octobre et Patureau 2018), cet article engage à une réflexion sur le traitement de la question du genre dans les dispositifs numériques de médiation produits par des organismes de diffusion et de production musicale. Les études en sociologie du travail artistique (Coulangeon et Ravet 2003 ; Buscatto 2007 ; Bousquet et al. 2018) ne cessent de montrer que l’ensemble des mondes de la musique, aussi bien classiques que jazz ou pop, est traversé par une double ségrégation genrée horizontale (répartition sexuée selon le type d’emploi) et verticale (moindre accès aux postes à responsabilités). On pourrait imaginer que les producteurs de dispositifs numériques de médiation de la musique, portant des valeurs de vivre-ensemble, d’inclusion sociale et d’agentivité (Perez-Roux et Montandon 2014 ; Carrel 2017), et conscients des effets normatifs et prescriptif des supports éducationnels (Octobre 2014), viennent questionner ces frontières. Le « dénombrement » et l’analyse de « cas » tirés du dépouillement systématique d’une centaine dispositifs numériques consultables en ligne et produits par des organismes de production et de diffusion musicale permettront de montrer que tel n’est pas le cas.
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Dans ce texte est proposée une « lecture du genre » (Boisclair 2002) des oeuvres de Philémon Cimon (L’été, Les femmes comme des montagnes), Pierre Lapointe (Pierre Lapointe, Sentiments humains) et Ariane Moffatt (Aquanaute, Le coeur dans la tête, Tous les sens). L’étude des chansons contenues sur ces albums prend pour point de départ une interrogation des subjectivités genrées de ces trois artistes, entre personne réelle et persona, et montre que ces dernières façonnent leurs compositions. La sollicitation du concept de sexe/genre ouvre dès lors la porte à l’exploration des représentations des identités sexuelles et de genre dans ces chansons, où les identités des artistes se trouvent mises en abîme. En s’intéressant à l’énonciation et au discours (en particulier, au discours amoureux) contenu dans le texte des chansons sélectionnées, il est possible de rendre compte de la reproduction des injonctions à l’hétérosexualité et des poncifs qui cloisonnent le genre, ainsi que des glissements et brouillages qui autorisent des resignifications du genre. Ainsi, chez Cimon, on observe la reconduite du point de vue masculin où la valeur du féminin réside dans sa capacité à émerveiller le sujet et à susciter son désir. À l’opposé, les textes de Lapointe et Moffatt dépeignent des personnages et des récits queer, bien que leur identité queer n’ait pas été revendiquée à l’heure de la parution de leurs oeuvres.
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Qu’est-ce qu’elle faisait dehors à cette heure ? Avait-elle bu ? Que portait-elle ? Il ne peut pas l’avoir violée, je m’en porte garant, c’est mon ami. C’était une autre époque. Il faut séparer l’homme de l’artiste. C’est un drame, un crime passionnel, le geste fou d’un amoureux éconduit. Pourquoi n’a-t-elle pas porté plainte avant ? C’était un dérapage, une maladresse, un geste déplacé. Il ne pensait pas à mal, c’est quelqu’un de bien. On ne peut plus rien dire. Les féministes sont des folles hystériques. « Depuis trois ans, je collecte et décortique des centaines d’exemples d’un discours sexiste dans la presse, à la télévision ou à la radio. Ce sexisme ne dit jamais son nom, mais c’est bien lui qui conduit les rédactions à taire ou à reléguer les violences sexuelles en périphérie des journaux. Lui qui se loge dans le choix d’un mot ou d’une virgule, participant à la culpabilisation des victimes et à la déresponsabilisation des accusés. Comment lutter contre le sexisme quand il est perpétué et amplifié par les médias ? Il est temps d’explorer les fondements de ce discours, pour en défaire les mécanismes et nous en libérer. »
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Ce mémoire ouvre une réflexion sur les possibles que réserve l'effacement de la frontière entre imaginaire et réalité, soit en étudiant l'autofiction comme une stratégie de revendications féministes. Le travail prend racine dans l’étude de deux corpus d’oeuvres réalisés par les artistes Suzanne Valotaire et Helena Martin Franco, au sein desquels elles font appel à un dépassement du genre par un devenir-monstresse; créatures incarnées par leurs alter ego, respectivement Dragone rouge (1985-1991) et Une femme éléphant (2010 - ). Par le biais d’une méthodologie qualitative (incluant des entretiens avec les artistes) et d’une réflexion sur la portée du sensible au sein de la recherche, ce projet cherche à comprendre quel est le potentiel de revendications féministes et queers accordé à l’alter ego sous forme monstrueuse. Ce dédoublement, dépassant les limites de l'humain, favorise une navigation identitaire menant à une exploration de diverses manières d’exister et d’être en relation au monde. Pour étudier ces corpus multidisciplinaires qui se déploient principalement par la performance, mais dont l’apport de la vidéo, du dessin et de l’archive est aussi significatif, je m’intéresse à la place du corps en création et à la notion de subjectivité incorporée. Mon projet tâche ainsi de montrer le potentiel de subversion et de résistance face aux normes contraignantes qui se logent dans les connaissances somatiques. Puisant dans la pensée d’auteur·rice·s d’horizons pluriels qui réfléchissent entre autres la performance, la danse, la littérature ou la philosophie du corps, je souhaite montrer la portée des imaginaires qui mobilisent des fictions indécises où l’hybridation et la métamorphose façonnent une monstruosité réclamée. Faisant aussi place à une réflexion sur l’écriture féministe, ce travail se veut plurivoque, intuitif et orienté vers des futurs possibles à réactiver ou à découvrir. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Suzanne Valotaire, Helena Martin Franco, féminismes et pensée queer, monstruosité, alter ego, autofiction
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Muzion a été parmi les tout premiers groupes de rap québécois à faire résonner une parole locale distinctive. Il le faisait dans un français mâtiné d’anglais et de créole haïtien, multipliant les registres et faisant des emprunts à encore d’autres langues. Cet article se penche sur les chansons du premier album du groupe, Mentalité moune morne, à partir de son hétérolinguisme et des questions d’appartenance que celui-ci soulève. Il examine la manière dont Muzion entrelace les langues, mais aussi les interpellations, défaisant l’association entre langue et identité. Le groupe s’adresse ainsi à la fois à une communauté immigrante locale (d’abord haïtienne, mais également pluriethnique et racisée) qu’il québécise, et à une communauté québécoise élargie qu’il pluralise. Le rap permet en outre à ses membres de faire entendre leurs voix individuelles distinctes, notamment grâce à des usages différenciés de la palette plurilingue du groupe. Ce faisant, ce sont les notions même d’appartenance et de communauté que Muzion se trouve à refaçonner, à l’encontre de toute forme d’homogénéisation, de figement ou de stéréotype.
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Ce mémoire a pour but d'examiner l'éventuel impact qu'a eu la quatrième vague du féminisme sur la situation des femmes dans le champ littéraire. Dans sa première partie de contextualisation, il trace les contours d'une histoire littéraire au féminin marquée par l'invisibilisation, l'exclusion et la marginalisation. Dans sa seconde partie, il fait état d'une série de transformations ayant récemment agité le monde de l'édition depuis la déferlante #MeToo, la plus notable étant l'essor inédit pris par l'édition d'ouvrages de non-fiction féministes, une pratique qui témoigne tantôt de l'engagement profond d'une série de nouvelles maisons d'édition indépendantes, tantôt de la pratique du "feminism washing" par les grandes maisons généralistes. La troisième et ultime partie vise à répondre à la question suivante : les inégalités de genre, de quelque nature qu'elles soient, affectent-elles autant le champ littéraire depuis #MeToo? Y seront abordées les questions du plafond de verre, des inégalités salariales, du capital symbolique accordé aux autrices et du harcèlement sexuel au sein du milieu littéraire.
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«Dysphoria mundi est un texte mutant, qui hybride essai, philosophie, opéra, poésie et autofiction, afin de rendre compte de la transition planétaire en cours. Ce livre apprend au regard à distinguer ce que la propagande nihiliste mainstream cherche à dissimuler : les déplacements irréversibles qui s'opèrent dans les sphères sociales, politiques, sexuelles. Il n'est pas question d'un passé mythique ni d'un avenir messianique, mais d'un présent révolutionnaire. Le XIXe siècle était hystérique ; le XXe, schizophrène ; notre époque est dysphorique. Anxiété généralisée, troubles post-traumatiques, syndrome de dépendance, dysphorie de genre, destruction légitimée de l'écosystème... Voici l'hypothèse que propose ce livre : généraliser la notion de dysphorie afin de la comprendre non pas comme une maladie mentale, mais comme une dissidence politique. L'auteur organise une archive implacable de la fabrication/destruction nécropolitique de la subjectivité dans la modernité, et dessine une cartographie des pratiques d'émancipation susceptibles de transformer l'avenir. On dit souvent qu'il nous est devenu plus facile d'imaginer la fin du monde que de penser la fin du capitalisme. Preciado persiste à observer les preuves de pratiques alternatives à cette impasse : de nouveaux modes de vie jusqu'alors disqualifiés comme improductifs et anormaux se présentent désormais comme la seule issue.»--Page 4 de la couverture.
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Si le rap accède de nos jours à une certaine légitimité culturelle, le travail des rappeuses reste encore largement dans l’ombre. Ce sont les voix masculines qui se sont imposées dans le milieu du rap québécois, comme en témoigne l’intérêt que leur manifestent les maisons de disques (labels) et les stations de radio commerciales. Cet article propose une analyse des textes de deux rappeuses, MCM et Donzelle, afin d’observer comment elles construisent leur autorité lyrique, c’est-à-dire la crédibilité de leur prise de parole, la validité idéologique de leurs propos et la valeur esthétique de leur chant. Trois stratégies sont mises en place. Les rappeuses intègrent d’abord à leur rap un point de vue sexiste afin de reproduire le contexte social et discursif dans lequel elles oeuvrent. Ensuite, elles proposent une autre représentation des femmes afin de répondre à l’imaginaire sexiste dont s’est parfois nourrie la parole rap. Enfin, MCM et Donzelle créent leur propre esthétique, jouant pour ce faire avec les codes du trash, prégnant dans leur art
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En mars 2019, Stéphanie Vallet a publié un article dans La Presse portant sur la sous-représentativité des artistes féminines dans le palmarès Billboard « Canadian Hot 100 ». Les résultats de son étude démontrent une forte décroissance de la présence des femmes dans l’industrie musicale canadienne — un écosystème dans lequel les ondes radio continuent de jouer un rôle important quant à la découvrabilité et à la professionalisation des artistes. Cependant, au-delà des questions de genre abordées par Vallet, les enjeux liés à la représentativité des artistes issu·es de la diversité ethnoculturelle et linguistique à la radio doivent également être soulevés. Les théories de « social remembering » (Misztal 2003 ; Strong 2011) offrent un cadre critique pour se pencher sur les « Big Data » compilées par des industries où les femmes et les artistes racisé·es semblent systématiquement désavantagé·es. Dans le but d’entamer le portrait de la représentativité sur les ondes de la radio commerciale au Québec, cet article aborde la représentativité des artistes minorisé·es sur les ondes de CKOI-FM (96.9) de Montréal. CKOI-FM a été choisie non seulement parce qu’il s’agit d’une station francophone « top 40 » (diffusant tous les genres musicaux), mais aussi parce qu’entre 2015 et 2017 elle utilisait le slogan « Changeons le monde un hit à la fois » (Girard 2017) — un message à fortes résonances avec les slogans militants visant la justice sociale. Ce projet offre donc l’occasion d’investiguer la validité des déclarations faites par une radio qui se vante de « changer le monde ». En adoptant une approche féministe intersectionnelle à l’analyse des données appelée « data feminism » (d’après D’Ignazio et Klein 2020), cette étude évaluera les différents taux de représentativité à CKOI-FM parmi les 100 chansons les plus jouées chaque année entre 2010 et 2020 afin de considérer le rôle que jouent les ondes radio dans la formation de la culture musicale populaire au Québec et, par extension, de la mémoire sociale.
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Dans ce projet, j’ai visé à (1) recenser les stratégies visuelles employées dans les campagnes de sensibilisation à la violence conjugale produites au Québec et à (2) établir les liens que ces stratégies entretiennent avec l'engagement féministe pris par le Gouvernement dans son Plan d'action gouvernemental en matière de violence conjugale de 1995. Dans un premier temps, à travers une étude visuelle multidisciplinaire, ancrée entre autres dans la rhétorique de l’image de Barthes (1964), mais aussi dans les théories du langage cinématographique (Edgar-Hunt, Rawle et Marland, 2011) et de l’art hypermédiatique (Lalonde, 2012), j’ai été amenée à constater la récurrence de stratégies visuelles visant à susciter des émotions fortes, comme la surprise, le choc, la colère ou la peur. Dans un deuxième temps, tout comme plusieurs auteur.trices de ma revue de littérature (West, 2013, Neal, 2015, Gabler, 2016, Goehring et al., 2017, Magaraggia et Cherubini, 2017, Wolf, 2018), j’ai remis en question la pertinence de ces stratégies dans le cadre d’une approche féministe de la violence conjugale. Pour ce faire, je me suis appuyée sur mon cadre théorique : les principes d’intervention féministes en violence conjugale. Il s’est dès lors avéré que beaucoup des images recensées contredisaient ces principes. Elles tendaient à retirer de l’agentivité aux victimes, à les revictimiser ou même à les culpabiliser. Je postule que cet état des lieux peut s’expliquer par le contexte sociopolitique et économique québécois des trente dernières années, contexte où les perspectives féministes n’ont jamais cessé d’être remises en question (Dupuis-Déri et Blais, 2015, Dupuis-Déri et Lamoureux, 2015) et où le néolibéralisme a mené à l’individualisation des problématiques sociales – entre autres (Flynn et al., 2018). Bien que ma recherche comporte ses limites, notamment car mon corpus exclut les nombreuses initiatives locales qui ont été créées, elle offre les bases d’un questionnement pertinent sur l’éthique de la fabrique des images de sensibilisation à la violence conjugale. Dans un travail ultérieur, la recherche pourrait comparer les initiatives gouvernementales aux initiatives locales, ou les initiatives du Gouvernement québécois aux initiatives d’autres gouvernements, comme celui d’Australie (campagne Respect). Il serait aussi pertinent de se questionner sur la place de ces images de sensibilisation dans un paysage médiatique et visuel où le sexisme ordinaire et les propos réactionnaires pullulent encore, malgré les avancées des dernières décennies (Cordelier et al., 2015, Lacasse et Charron, 2017). _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : image publicitaire; campagnes de sensibilisation; violence conjugale; images de la violence conjugale; lecture féministe de la violence conjugale; critique féministe de l’image; féminismes au Québec; antiféminismes au Québec.
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La danse swing a connu un renouveau mondial dans les années 1990. Depuis, des communautés dynamiques ont vu le jour à travers le Canada, dont l’une des plus grandes et des plus établies se situe à Montréal. Lors du renouveau du swing, une proportion importante des danseur·euses était blanche, ce qui a incité les chercheur·euses à se concentrer principalement sur les questions de race et d’appropriation culturelle (Usner 2001 ; Wade 2011 ; Hancock 2013 ; Sékiné 2017). Conséquemment, les attentes genrées qui ont cours dans la communauté demeurent sous-étudiées. Les rôles dans la scène de swing (rôles de danse de lead ou follow, chanteur·euse instrumentiste, band leader, DJ) se voient attribuer des connotations genrées. Dans quelle mesure ces attentes genrées et binaires sont-elles maintenues et quels impacts ont-elles sur les musicien·nes, les DJs et les danseur·euses ? De quelle agentivité les participant·es disposent-iels indivuellement pour naviguer à travers ces rôles genrés ? Pour répondre à ces interrogations, j’utilise l’adaptation de Tracey McMullen (2016) du cadre des « scènes de contrainte » élaboré par Judith Butler (2016, 21). J’établis les scènes de contraintes au sein de la communauté de la danse swing de Montréal pour enquêter sur la façon dont les danseur·euses, les musicien·nes et les DJs réifient, remettent en question ou subvertissent ces attentes genrées. J’approfondis aussi des aspects parallèles aux enjeux de genre, tels que les cadres de construction de « l’authenticité », et les espaces de danse queer. Je réponds à ces questions en documentant les expériences de six répondant·es et en situant leur travail en dialogue avec les recherches existantes sur le genre de même que sur la danse et la musique swing, pour finalement mettre en lumière les manières nuancées dont les danseur·euses, musicien·nes et DJs à Montréal réclament de l’espace pour iels-mêmes et ré-imaginent leur communauté.
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Musiques sourdes? Face à cette expression, plusieurs se représentent les efforts pour donner aux personnes sourdes un « accès » à la musique, considérée ici dans sa forme entendante normative (p. ex. une piste sonore musicale). Traduction de chansons vocales en langues des signes diverses, transformation de pistes sonores en expérience vibratoire, rythmes musicaux traduits par des haut-parleurs visuels, etc. Les initiatives d’accessibilité sont multiples, mais la plupart du temps unidirectionnelles : elles visent à rendre la musique entendante accessible aux personnes sourdes, réputées vivre dans un « monde de silence ». Nos mains qui vibrent vise à déconstruire le concept d’accessibilité : et si c’étaient les personnes entendantes qui avaient accès aux musiques signées?