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Dans l’imaginaire collectif, la banlieue présente un intrigant paradoxe : milieu de vie de la majorité démographique, elle est pourtant négligée (au mieux) ou ridiculisée (au pire) dans les discours critiques littéraires. On croit tellement tout connaître de l’espace suburbain qu’on n’en a plus rien à dire : conformisme, individualisme, surconsommation et morosité. Pourtant, à la frontière de la ville et de la campagne, du rêve et du cauchemar, la banlieue fictionnelle est un système en soi, avec ses codes littéraires et sa stéréotypie. Au coeur de cette stéréotypie, les préjugés au sujet des hommes, des femmes et des rôles qui leur sont dévolus au sein de la famille sur la base de leur genre sont couramment véhiculés. Pendant que les fictions focalisées sur de personnages masculins dénoncent les périls de la masculinité en banlieue depuis l’après-guerre, nous remarquons que les affects délétères des quartiers résidentiels sont le plus souvent reprochés au personnage féminin, la ménagère maniaque, l’épouse déprimée, la mad housewife. Ainsi, le stéréotype suburbain et le stéréotype sexuel se rencontrent : quand on réduit la banlieue au ridicule, c’est en fait la femme et l’expérience domestique que l’on évince de la pensée commune. Notre thèse vise à mettre en échec du même coup le lieu commun de la banlieue et le stéréotype de genre. Pour ce faire, nous investissons un lieu emblématique du suburbain et du féminin : la maison pavillonnaire. Fondée sur une approche phénoménologique spatiale et féministe, notre thèse est construite à l’image d’une maison de banlieue, chacun de ses chapitres étant structuré comme un espace domestique. Dans l’espace physique de la maison (house) se déploie habituellement l’espace relationnel et émotionnel de la famille (home). Pourtant, les romans de François Gravel, de Valérie Carreau, de Lise Tremblay, d’Élise Turcotte, de Fannie Loiselle, de Nicholas Dawson et de Michael Delisle mettent en scène les failles et les paradoxes de l’expérience étrangement inquiétante de la domesticité en banlieue. La banlieue fictionnelle et sa représentante cardinale, la ménagère, apparaissent ainsi comme de véritables allégories politiques : la démence des protagonistes, leur colère et leur déchéance sont les symptômes d’un foyer et d’une société tout entière inhabitables pour les femmes. Les frontières entre le public et le privé deviennent poreuses jusqu’à s’effacer. Écrire la banlieue établit d’emblée un rapport à la doxa, qu’on s’y conforme ou qu’on la critique. Les sept oeuvres que nous étudions usent des lieux communs du récit de banlieue pour ensuite les déplacer, les renverser. Le mouvement double de reconduction et de subversion devient le vecteur du récit. Notre thèse analyse les enjeux de ce mouvement : au sein d’univers romanesques rigides et conformistes, le revirement du stéréotype bouscule les idées reçues, met en échec les binarités traditionnelles et en appelle à la conception d’une meilleure maison pour les femmes. MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : banlieue, maison, chez-soi, foyer, domesticité, ménagère, stéréotypie littéraire, stéréotypes de genre, frontière, féminisme, public/privé, littérature québécoise contemporaine
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Mères et filles sont tour à tour araignées ou insectes piégés, souvent les deux en même temps. Leur corps-à-corps est une lutte, mais également une danse. Elles s’enlacent et se repoussent, sont en miroir et en décalage, entretiennent entre elles les soupçons et les malentendus sans toutefois se perdre de vue. Plusieurs des lectures présentées ici avancent d’ailleurs tout en nuance, préférant saisir ce qui, dans les relations maternelles, ne se réduit pas à des rôles assignés ni ne se simplifie à des tropes. Elles honorent les figures insaisissables que sont les mères et les filles, et invitent à prendre les choses en sens inverse, pour évoquer Chantal Chawaf qui trouve ancrage dans le texte de Maude Pilon.
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"En 1990, Julie Delporte n'a encore jamais vu de butch, mais sa tante préférée chasse et fume le cigare. Presque vingt ans plus tard, elle publie un livre sur Tove Jansson dans lequel elle raconte avec joie que cette artiste finlandaise est la première femme à qui elle s'identifie, seulement elle était lesbienne et pas Julie. À 35 ans, après avoir surligné de toutes les couleurs son exemplaire de La pensée straight de Monique Wittig, Julie Delporte arrête de porter des robes et prend son avenir en main. Dans ce roman graphique qui fait suite à Moi aussi je voulais l'emporter, l'autrice retrace l'histoire de sa sexualité. Une histoire marquée par la violence malheureusement trop banale des agressions, comme par celle des clichés et des injonctions liés à une culture de la performance et de l'hétéronormativité."--
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Ce mémoire ouvre une réflexion sur les possibles que réserve l'effacement de la frontière entre imaginaire et réalité, soit en étudiant l'autofiction comme une stratégie de revendications féministes. Le travail prend racine dans l’étude de deux corpus d’oeuvres réalisés par les artistes Suzanne Valotaire et Helena Martin Franco, au sein desquels elles font appel à un dépassement du genre par un devenir-monstresse; créatures incarnées par leurs alter ego, respectivement Dragone rouge (1985-1991) et Une femme éléphant (2010 - ). Par le biais d’une méthodologie qualitative (incluant des entretiens avec les artistes) et d’une réflexion sur la portée du sensible au sein de la recherche, ce projet cherche à comprendre quel est le potentiel de revendications féministes et queers accordé à l’alter ego sous forme monstrueuse. Ce dédoublement, dépassant les limites de l'humain, favorise une navigation identitaire menant à une exploration de diverses manières d’exister et d’être en relation au monde. Pour étudier ces corpus multidisciplinaires qui se déploient principalement par la performance, mais dont l’apport de la vidéo, du dessin et de l’archive est aussi significatif, je m’intéresse à la place du corps en création et à la notion de subjectivité incorporée. Mon projet tâche ainsi de montrer le potentiel de subversion et de résistance face aux normes contraignantes qui se logent dans les connaissances somatiques. Puisant dans la pensée d’auteur·rice·s d’horizons pluriels qui réfléchissent entre autres la performance, la danse, la littérature ou la philosophie du corps, je souhaite montrer la portée des imaginaires qui mobilisent des fictions indécises où l’hybridation et la métamorphose façonnent une monstruosité réclamée. Faisant aussi place à une réflexion sur l’écriture féministe, ce travail se veut plurivoque, intuitif et orienté vers des futurs possibles à réactiver ou à découvrir. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Suzanne Valotaire, Helena Martin Franco, féminismes et pensée queer, monstruosité, alter ego, autofiction
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Dans Le potentiel transformateur des livres d'images pour enfants LGBTQ+, Jennifer Miller identifie une archive de plus de 150 livres d'images pour enfants en anglais qui représentent explicitement Identités, expressions et enjeux LGBTQ+. Ces archives sont ensuite analysées pour explorer l’évolution des personnages et contenus LGBTQ+ des années 1970 à nos jours. Miller décrit les tropes dominants qui émergent dans le domaine pour analyser les changements historiques dans les pratiques de représentation, qu'elle suggère parallèlement à des changements socioculturels plus larges dans la visibilité des identités LGBTQ+. De plus, Miller considère les contraintes et possibilités matérielles affectant la production, la distribution et la consommation de livres d’images pour enfants LGBTQ+ des années 1970 à nos jours. Ce travail fondateur définit le domaine des livres d'images pour enfants LGBTQ+ de manière approfondie, mais accessible. En plus de jeter les bases de recherches plus approfondies, Le potentiel transformateur des livres d'images pour enfants LGBTQ+ présente une optique de lecture, un optimisme critique, utilisé analyser le potentiel de transformation des livres d'images pour enfants LGBTQ+. De nombreux textes restent attachés à des formes familiales hétéronormatives et à des modèles de réussite racisés et classés. Cependant, en considérant ce que ces livres apportent au monde, ainsi que les aspects problématiques du monde qui y sont reproduits, Miller soutient que les livres d'images pour enfants LGBTQ+ sont un projet essentiel de création du monde et cherchent à inaugurer un monde transformé ainsi que d'importantes archives historiques qui reflètent les changements matériels et représentationnels dans les compréhensions dominantes et sous-culturelles du genre et de la sexualité.
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Dans ce projet, j’ai visé à (1) recenser les stratégies visuelles employées dans les campagnes de sensibilisation à la violence conjugale produites au Québec et à (2) établir les liens que ces stratégies entretiennent avec l'engagement féministe pris par le Gouvernement dans son Plan d'action gouvernemental en matière de violence conjugale de 1995. Dans un premier temps, à travers une étude visuelle multidisciplinaire, ancrée entre autres dans la rhétorique de l’image de Barthes (1964), mais aussi dans les théories du langage cinématographique (Edgar-Hunt, Rawle et Marland, 2011) et de l’art hypermédiatique (Lalonde, 2012), j’ai été amenée à constater la récurrence de stratégies visuelles visant à susciter des émotions fortes, comme la surprise, le choc, la colère ou la peur. Dans un deuxième temps, tout comme plusieurs auteur.trices de ma revue de littérature (West, 2013, Neal, 2015, Gabler, 2016, Goehring et al., 2017, Magaraggia et Cherubini, 2017, Wolf, 2018), j’ai remis en question la pertinence de ces stratégies dans le cadre d’une approche féministe de la violence conjugale. Pour ce faire, je me suis appuyée sur mon cadre théorique : les principes d’intervention féministes en violence conjugale. Il s’est dès lors avéré que beaucoup des images recensées contredisaient ces principes. Elles tendaient à retirer de l’agentivité aux victimes, à les revictimiser ou même à les culpabiliser. Je postule que cet état des lieux peut s’expliquer par le contexte sociopolitique et économique québécois des trente dernières années, contexte où les perspectives féministes n’ont jamais cessé d’être remises en question (Dupuis-Déri et Blais, 2015, Dupuis-Déri et Lamoureux, 2015) et où le néolibéralisme a mené à l’individualisation des problématiques sociales – entre autres (Flynn et al., 2018). Bien que ma recherche comporte ses limites, notamment car mon corpus exclut les nombreuses initiatives locales qui ont été créées, elle offre les bases d’un questionnement pertinent sur l’éthique de la fabrique des images de sensibilisation à la violence conjugale. Dans un travail ultérieur, la recherche pourrait comparer les initiatives gouvernementales aux initiatives locales, ou les initiatives du Gouvernement québécois aux initiatives d’autres gouvernements, comme celui d’Australie (campagne Respect). Il serait aussi pertinent de se questionner sur la place de ces images de sensibilisation dans un paysage médiatique et visuel où le sexisme ordinaire et les propos réactionnaires pullulent encore, malgré les avancées des dernières décennies (Cordelier et al., 2015, Lacasse et Charron, 2017). _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : image publicitaire; campagnes de sensibilisation; violence conjugale; images de la violence conjugale; lecture féministe de la violence conjugale; critique féministe de l’image; féminismes au Québec; antiféminismes au Québec.
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En 1991, la revue Circuit consacre son numéro double du volume 2 au compositeur Claude Vivier (1948-1983), dont la majeure partie est constituée de ses écrits, remontant jusqu’à son adolescence. Mais alors que l’artiste s’identifiait ouvertement comme homosexuel, le thème est pratiquement absent des catégories d’écrits sélectionnés. Cet article se penche d’abord sur les choix éditoriaux qui ont présidé à l’édition de ses écrits, puis sur leurs conséquences sur la perception du personnage Claude Vivier et de son style musical, en souhaitant attirer l’attention sur d’autres prises de parole publiques et privées du compositeur, dans lesquelles ces aspects sont mis de l’avant, notamment sa correspondance et ses esquisses, disponibles en archives. En offrant des liens avec les queer studies et le traitement de l’homosexualité de Tchaïkovski, la personnalité et le style de Vivier seront éclairés d’un éventail plus large de ses propos.
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Les liens entre art contemporain, histoire coloniale, postcolonialisme et mouvements décoloniaux sont anciens et multiples. Des artistes, en Occident et ailleurs, depuis plusieurs décennies déjà, revisitent opportunément des concepts que les études postcoloniales ont approfondis ou inventés - agency (agentivité), mimicry (mimétisme/simulacre) ou essentialisme stratégique -, en autant d'outils utiles à démêler la complexité des relations coloniales et, au-delà, de toutes les relations de domination. Des auteurs, relevant de ces champs d'études conservant aujourd'hui toute leur actualité politique, théorique et polémique, disent en retour tout l'intérêt qu'ils portent à la création contemporaine. Associant vingt historiens de l'art et chercheurs en littérature, philosophie, droit ou psychanalyse, Postcolonial/Décolonial. La preuve par l'art réunit des textes portant sur des productions artistiques (Betye Saar, Fred Wilson, Sarkis, Lidwien van de Ven, Voluspa Jarpa, Iris Kensmil, Jean Renoir et bien d'autres), des propositions institutionnelles (Centro de Arte y Comunicación de Buenos Aires, Biennale de Venise ou Van Abbemuseum d'Eindhoven), l'historiographie de l'histoire de l'art ou celle du droit. Une place particulière est réservée aux singularités artistiques, théoriques et juridiques en Amérique latine, lieu d'émergence des théories décoloniales--Page 4 de la couverture.
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Des études récentes consacrées à la culture de la musique de danse électronique (EDMC) du xxie siècle soulignent l’importance de l’agentivité créative des femmes en tant que productrices et DJs, ainsi que la place de l’EDM dans la formation de l’identité des femmes (Farrugia 2012 ; Hutton 2006 ; Rodgers 2010). Avant le xxie siècle cependant, les possibilités pour les femmes dans les club cultures et les économies nocturnes étaient plus circonscrites ; les femmes assumaient plus fréquemment des rôles en dehors des domaines les plus rentables et créatifs de ces économies culturelles. Malgré leur exclusion, les femmes ont été des participantes actives dans les club cultures de Montréal depuis les années 1950. Sans prétendre à l’exhaustivité, cet article propose une étude historique de diverses manières dont les femmes ont participé à la vie nocturne de Montréal des années 1950 aux années 1990 dans le cadre des scènes de musique EDM et de danse sociale, des discothèques et des raves. S’inspirant d’un projet ethnographique et archivistique plus général sur les club cultures LGBTQ de Montréal, cet article porte sur les expériences historiques des femmes dans les club cultures entre les années 1950 et 1990. Des thèmes tels que le militantisme pour le droit à la nuit, les stratégies de territorialisation et d’autodétermination, le rôle de l’État, la participation musicale, la création et la technologie sont explorés en relation avec divers espaces de loisirs de la ville. Ces espaces comprennent le quartier Red Light, les premières discothèques gérées par des lesbiennes, « l’âge d’or » des établissements féministes et lesbiens dans les années 1980, et leur déclin avec l’émergence de la culture queer dans les années 1990.
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Guerrilla Girls: The Art of Behaving Badly is the first book to catalog the entire career of the Guerrilla Girls from 1985 to present. The Guerrilla girls are a collective of political feminist artists who expose discrimination and corruption in art, film, politics, and pop culture all around the world. This book explores all their provocative street campaigns, unforgettable media appearances, and large-scale exhibitions. Captions by the Guerrilla Girls themselves contextualize the visuals. Explores their well-researched, intersectional takedown of the patriarchy In 1985, a group of masked feminist avengers'known as the Guerrilla Girls'papered downtown Manhattan with posters calling out the Museum of Modern Art for its lack of representation of female artists. They quickly became a global phenomenon, and the fearless activists have produced hundreds of posters, stickers, and billboards ever since. More than a monograph, this book is a call to arms. This career-spanning volume is published to coincide with their 35th anniversary. Perfect for artists, art lovers, feminists, fans of the Guerrilla Girls, students, and activists You'll love this book if you love books like Wall and Piece by Banksy, Why We March: Signs of Protest and Hope by Artisan, and Graffiti Women: Street Art from Five Continents by Nicholas Ganz.
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Le présent mémoire propose une revalorisation de l’amitié féminine, trop souvent mise de côté dans la littérature et traditionnellement pensée au masculin. Il est question d’analyser les impacts de cette relation dans la vie des femmes en observant la façon dont elles se construisent un espace politique de complicité et de résistance. Ce travail se divise en quatre chapitres : le premier met en place les assises théoriques qui cadrent l’étude des romans et les trois chapitres suivants analysent les oeuvres Baise-moi de Virginie Despentes (1993), Les inséparables de Marie Nimier (2008) et Petite laine d’Amélie Panneton (2017). Afin de comparer ces livres, l’amitié se divise en trois espaces : l’espace textuel, chronotopique et symbolique. L’espace textuel propose d’observer l’articulation de l’amitié selon les trois modes narratifs que propose Susan Lanser (les voix auctoriale, personnelle et collective). Il s’agit de créer un langage qui puisse exprimer l’amitié à sa juste valeur. L’espace chronotopique est conçu selon le concept de chronotope qu’élabore Mikhaïl Bakhtine. Il est utilisé pour comprendre les relations de l’espace-temps de l’amitié entre femmes dans les romans et en dresser les valeurs importantes (la rencontre, les liants, la confluence des identités et les péripéties). Dans l’espace symbolique, l’amitié donne aux femmes la force de résister et de lutter contre les oppressions qu’elles vivent. La dimension politique prend tout son sens lorsqu’on attribue la fonction de résistance à l’amitié, qui constitue un environnement en quelque sorte à l’abri des forces hégémoniques et qui travaille à les contester et à les défier. Ainsi, le mémoire propose de replacer l’amitié féminine dans des espaces de résistance et de lui accorder une valeur politique afin de mieux comprendre et expliciter cette relation si fondamentale dans la vie des femmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amitié féminine, solidarité, résistance, sororité, narratologie féministe, chronotope, Virginie Despentes, Marie Nimier, Amélie Panneton
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Depuis les années 70, il y a une volonté d’effectuer un rattrapage pour redonner aux musiciennes une visibilité et une reconnaissance au sein de l’histoire musicale. Si la musique des femmes est aujourd’hui un élément incontournable de théorisation, de débats et de revendications féministes pour faire évoluer la réflexion sur cette question, il est surprenant que leurs oeuvres soient encore peu jouées dans les concerts de musique contemporaine au Québec, que l’on tienne compte de la quantité de pièces ou de leurs modalités de diffusion. Considérant l’importance de l’environnement socioculturel qui teinte les perceptions sur les capacités créatrices des femmes, l’auteure propose une analyse des concerts produits de 1966 à 2006 par la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), les Événements du neuf (E9), l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) et le Nouvel Ensemble moderne (NEM) en vue de délimiter la participation des compositrices et de mettre en évidence les pratiques de ces organismes relativement à la présence des femmes en concert. Offrant une contribution originale aux études féministes en musique, l’auteure explique le rôle des organismes de musique contemporaine dans la production de concerts thématiques, l’offre de commande d’oeuvre et l’organisation de concours, et discute également des limites de l’intégration des femmes.
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« À douze ans, Roxane Gay est victime d'un viol collectif orchestré par celui qu'elle croit être son petit ami. Elle y perd son enfance et son innocence, et grandit en taisant ce drame à son entourage. Pour survivre, elle se met à manger, tout le temps. Elle fait de la nourriture son refuge, et de la graisse, une forteresse qu'elle érige pour se protéger du désir des hommes. Elle devient obèse. Dans cet ouvrage introspectif, elle nous raconte l'histoire de son corps, de sa faim, de sa détresse, de sa volonté de disparaître, intimement et paradoxalement liée à son furieux désir d'être vue, comprise et aimée. Elle y décrit l'incessant combat qu'elle doit mener, l'un des plus douloureux qui soit, tant physiquement que psychologiquement. Parce qu'être obèse est socialement inacceptable. Par son témoignage résolument touchant, Roxane Gay partage avec nous une leçon de vie fondamentale : nous devrions tous faire preuve de bienveillance envers la réalité du corps des autres et nous réconcilier avec le nôtre. »--Quatrième de couverture.
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Dix ans après la parution de La renarde et le mal peigné,quatre cents nouvelles lettres échangées entre Gérald Godin (1938-1994) et Pauline Julien (1929-1998) ont été découvertes dans leurs fonds d’archives respectifs. Soixante-dix d’entre elles ont été choisies par Emmanuelle Germain et Jonathan Livernois, dans cette édition qui vient compléter le portrait forgé en 2009. On y retrouvera les débuts de la relation entre le journaliste et la chanteuse, les longues tournées en Europe de Pauline Julien, la maladie de Godin, puis celle, en filigrane, de Julien. De nouveaux aspects apparaîtront également : l’érotisme de plusieurs de leurs échanges ; les rapports d’amitié ; les aléas d’une vie familiale où un jeune homme de vingt-cinq ans doit s’occuper de deux adolescents, alors que Julien doit concilier sa vie professionnelle et sa vie de mère ; l’épuisement des dernières années, tandis que les tournées européennes sont de plus en plus difficiles pour Julien. Les lettres réunies ici permettront également aux lectrices et aux lecteurs de revivre de grands moments de l’histoire québécoise, vue à la hauteur de ses acteurs : le « Vive le Québec libre ! » lancé par Pauline Julien à Niamey, en 1969, interrompant le ministre fédéral Gérard Pelletier ; la crise d’Octobre et l’emprisonnement sur lequel on ne reviendra guère ; la campagne électorale de 1976, l’enthousiasme et la victoire, inattendue ; l’engagement du député puis ministre Gérald Godin. Ce n’est donc pas un hasard si ce petit livre est sous-titré « Fragments de correspondance amoureuse et politique ». La suture des deux univers, de l’intime et du public, de l’amour et du politique, y est plus claire que jamais.
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Pauline Julien et Gérald Godin ont entretenu une correspondance amoureuse s’étendant sur plus de trente ans, soit de 1962 à 1993. Quelques-unes de leurs lettres ont fait l’objet d’une publication, La Renarde et le mal peigné (Leméac Éditeur, 2009), grâce à Pascale Galipeau, fille du comédien Jacques Galipeau et de Pauline Julien. Mais c’est avant tout le corpus inédit de plus de 400 lettres non reprises, découvertes dans les fonds d’archives à BAnQ, qui feront l’objet de nos recherches. Outre sa « fonction documentaire » (Jaubert, 2010a : 74), cette correspondance permet de voir la mise en scène par laquelle s’élabore la construction du moi de Julien et de Godin. Au fil de leur échange épistolaire, chacun joue sur l’impression qu’il tente de produire sur l’autre, de manipuler la mise en scène du moi qui régule leur interaction amoureuse. Dans l’ensemble des lettres, cette présentation de soi relève d’une complexion plus vaste que celle qui se dégage des choix éditoriaux effectués dans La Renarde et le mal peigné, restreinte à la relation amoureuse. Permettant d’éclairer la relation personnelle entre Julien et Godin, ainsi que leurs trajectoires artistiques respectives, cette correspondance constitue le lieu d’une négociation entre leurs postures publiques (poète journaliste puis ministre et chanteuse engagée) et intimes (homme de lettres au foyer et femme de profession). De fait, même si leurs échanges restent intimes, il y a là une présentation de soi qui se confronte à la nécessité de négocier avec la médiatisation de leur figure publique, celle-ci influençant leur part de contrôle sur la figure intime qu’ils tentent de dessiner dans leur correspondance. Des textes de Ruth Amossy (La présentation de soi. Ethos et identité verbale et Images de soi dans le discours : la construction de l’ethos), d’Anna Jaubert (« L’éthos de l’épistolier au miroir de l’autre ») et d’Arlette Farge (Le goût de l’archive), constitueront les bases théoriques de notre étude.
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Dans cette thèse, je propose une lecture de l'amour dans la littérature contemporaine des femmes (en France et au Québec). À partir des œuvres de Christine Angot, Nelly Arcan, Nina Bouraoui, Martine Delvaux, Camille Laurens, Catherine Mavrikakis et Tiphaine Samoyault, je m'intéresse à la manière dont l'amour donne forme à l'écriture. Une forme où l'usage du Je comme « pronom de l'intimité » (qui « n'a sa place que dans les lettres d'amour », écrit Christine Angot) infléchit une pratique de lecture amoureuse. Considérant que l'amour est « une source des graves malentendus » (Beauvoir, 1949) entre les hommes et les femmes, je choisis de fonder ma recherche sur une conception de l'amour en termes de rapport littéraire. Je me concentre sur les liens entre, d'une part, l'expérience réelle de l'amour que les textes font voir (sa force de ravissement et son impossibilité, en passant par son apprentissage et son échec) et, d'autre part, l'expérience de la littérature que font, pour elles-mêmes et entre elles, les femmes qui écrivent. Par « amour », il faut entendre, dans le cadre de cette thèse, une approche amoureuse : c'est-à-dire une façon qu'ont les narratrices de lire les signes de l'autre, tout en cherchant elles-mêmes (et en elles-mêmes), par l'acte d'écrire, ce que Christine Angot appelle un « noyau dur ». Ainsi, tenant compte de la fatalité qui circonscrit le destin des amoureuses dans la littérature, et le rôle ambigu que jouent les mots d'amour dans tout récit amoureux (« Les mots d'amour sont les mêmes, avec ou sans l'amour. », écrit Camille Laurens), au final, je pose la question de l'amour comme revendication d'une solitude à travers les actes d'écrire et de lire que mettent en scène les narratrices du corpus à l'étude. Partant en ce sens du constat que l'amour est une fiction, un rêve, un récit, un prétexte voire une disposition pour accéder au cœur de la littérature, je cherche moins à définir la vérité de l'amour comme sentiment que la vérité d'un projet littéraire dont l'amour est le sujet de prédilection. À l'histoire d'amour qui impose les questions du contexte et des circonstances, je réponds que la récurrence de certains lieux fournit, dans les œuvres à l'étude, une armature à l'écriture. Dépositaires d'images, de récits et d'une chronologie, ces lieux installent, dans les œuvres à l'étude, une double temporalité : celle d'une expérience conjuguée de l'amour et de la littérature. Ainsi, entre le souvenir concret que fait naître une histoire d'amour et l'intérêt que suscite la littérature en regard du désir de montrer ce qui est en jeu dans l'amour, je m'intéresse à l'idée d'un trajet où la littérature continue de faire signe à la littérature. Considérant que c'est sur le plan de la lecture que se crée le rapport d'amour ultime avec la littérature, je vise, par la recomposition de chacun des morceaux de cet argumentaire, à mettre en lumière une herméneutique féministe inédite de l'amour telle que me permet de l'élaborer la littérature contemporaine des femmes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amour, femmes, lecture, écriture, je, féminisme, filiation tragique, correspondances, trajet, interprétation littéraire, littérature contemporaine des femmes
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Compositrice extrêmement prolifique, la compositrice québécoise Linda Bouchard (née en 1957) est particulièrement active sur la scène musicale aux États-Unis ou elle effectue de longs séjours depuis 1989. Possédant un catalogue d’oeuvres riche et varié, sa musique fait autant appel à l’orchestre symphonique qu’à des instrumentations plus intimistes et aussi au multimédia et à l’improvisation. Cette entrevue aborde principalement les thèmes de l’exil et de l’identité, du point de vue spécifique de la compositrice à la lumière de son parcours, et permet de revivre en condensé sa trajectoire, offrant par ramification plusieurs échos de questionnements brûlant d’actualité sur la place du créateur de musique dans notre société.
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En 1975, Laura Mulvey publie Plaisir visuel et cinéma narratif, texte polémique qui met en lumière la manière dont la forme filmique serait structurée par l’inconscient de la société patriarcale. C’est l’essai fondateur des études féministes sur le cinéma. Rédigés entre 1975 et 2011, les textes choisis dans ce volume sont marqués par la redécouverte féministe de la psychanalyse et les transformations induites par le développement des technologies numériques. Qu’elle s’attache à des genres ou à des auteurs incontournables (le western, le mélodrame, Ophüls, Hitchcock, Godard), qu’elle incarne l’avènement d’un « spectateur pensif », qu’elle analyse les paradoxes de l’esthétique hollywoodienne ou la compilation de films de propagande coloniale, Laura Mulvey fait preuve d’une cinéphilie active et engagée.