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La présente recherche propose d'envisager la relation entre la performance et les théories féministes et queer telle qu'elle a pu se mettre en place à partir des années 1970 au Canada, alors que la performance comme médium se redéfinit suivant l'avènement des technologies médiatiques, et selon sa relation au public et au langage comme médiation. Les pratiques de Colin Campbell, de Tanya Mars ainsi que de Shawna Dempsey et Lorri Millan seront considérées comme un continuum qui s'échelonne dans le temps, de façon non linéaire et non chronologique. Leur engagement, tantôt avec le féminisme, tantôt avec le queer, s'imbrique à leur pratique, aussi informée par l'art vidéo, le théâtral et l'art conceptuel. Trois aspects communs à leur travail seront cernés par cette recherche, en correspondance avec le contexte au Canada qui a su favoriser une approche transdisciplinaire de la performance : l'utilisation de la vidéo; la personnification et l'usage de costumes; et enfin l'intégration de procédés narratifs et imaginaires. Ce faisant, il est possible d'envisager la performance comme une pratique qui trouve son efficacité sur les dynamiques des relations sociales, en cela qu'elle permet de mettre en place un processus de transformation. En considérant une approche queer de l'histoire de la performance, cette recherche tente de redonner une place centrale aux affects et à la perception comme moteur de création, alors que la performance peut être envisagée selon les espaces qu'elle permet de produire et de générer. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Art performance, Canada, féminisme, queer, art vidéo, transdisciplinarité dans l'art, Colin Campbell, Tanya Mars, Shawna Dempsey, Lorri Millan.
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À travers l’analyse de la bande dessinée Deer Woman créée en 2015 par Elizabeth LaPensée (Anishinaabe, Canada), notre article a pour objectif principal d’interroger la notion de « super-héroïne » à l’aune de représentations autochtones engagées. Il s’agit de voir en quoi cette revitalisation du mythe traditionnel de la Femme Cerf (Deer Woman) interroge l’identité en termes de sexe et de genre, la culture et la place des femmes autochtones, en prenant une position radicale face au problème sociétal des féminicides en Amérique du Nord. Nous postulons que la figure de Deer Woman peut aussi être vue aujourd’hui comme une allégorie mettant en garde contre la domination masculine sur les femmes et sur toutes autres formes de vie. Tout d’abord, nous étudierons les caractéristiques formelles de Deer Woman et les mythes fondateurs autochtones qui en sont à l’origine. Nous montrerons ensuite en quoi cette super-héroïne dont les pouvoirs apparaissent après qu’elle a été sexuellement agressée, tend à dénoncer et lutter contre les féminicides touchant les femmes autochtones. Enfin, nous nous demanderons comment cette bande dessinée pourrait laisser entrevoir l’émergence d’une super-héroïne autochtone éco-féministe.
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Le présent mémoire porte sur la cyclicité de la relation mère-fille, la subjectivité de la fille et celle de la mère ainsi que sur l'écriture du deuil de la mère par la fille. Le premier chapitre explique les notions théoriques des thèmes cités précédemment; le deuxième et le troisième présentent respectivement l'analyse de deux textes d'écrivaines québécoises. Les deux récits retenus pour l'étude dans le mémoire proposé sont racontés par des auteures qui tentent de faire le deuil de leur mère, à l'aide de l'écriture, en commémorant la vie avec cette dernière. Je concentre ainsi ma réflexion sur La femme de ma vie de Francine Noël, paru en 2005, et L'album multicolore de Louise Dupré, publié en 2014. Ces textes autobiographiques portent sur le thème du deuil de la mère, exploré par deux femmes qui ont accédé à la vie adulte à la même époque, celle de la Révolution tranquille, de la pilule anticonceptionnelle, de la libération des femmes et de l'accès à l'instruction mixte des filles. Les récits sont donc écrits par deux écrivaines d'une même génération qui dévoilent leur enfance et les conflits avec leur mère tout en mettant en œuvre un travail de deuil. Francine Noël emploie une structure mémorielle plutôt linéaire. Elle commence son récit par son enfance avec sa mère et le termine par le décès de cette dernière. Louise Dupré raconte le départ de sa mère à l'hôpital et sa mort, puis nous révèle sa vie avec elle par bribes. Noël et Dupré reconduisent la relation de la vie avec leur mère dans leur texte pour essayer de se guérir des conflits non résolus qu'elles ont eus avec elle. La cyclicité des comportements dans la relation entre la mère et la fille a une incidence sur l'écriture de la fille, où les formules répétitives sont utilisées à profusion. Dans le cadre de ma recherche, j'ai pu analyser le travail d'écriture du deuil de la mère dans deux récits. Cette étude a permis de comprendre, à l'aide de la cyclicité de la relation mère-fille, le deuil de la mère à travers l'écriture. La fille quitte la mère pour faire sa vie, puis la mère quitte la fille par son décès. La fille revient alors à sa mère par l'écriture. Le décès de la mère renvoie à un mouvement cyclique de l'univers. L'écriture autobiographique suppose de transformer le passé, la mémoire et de réinventer le présent. Ces deux récits permettent aux écrivaines d'exprimer le processus du deuil de leur mère dans un mouvement cyclique : vie, mort et vie. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Francine Noël, Louise Dupré, Cycle, Maternité, Relation mère-fille, Conflits mère-fille, Subjectivité, Deuil de la mère, Écriture du deuil.
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En tant que phénomène social, l’adolescence est une « invention » du XIXe siècle. L’intérêt qu’on lui voue à cette époque tient pour beaucoup à la méfiance et à la crainte qu’inspirent les adolescents et adolescentes. Ainsi Émile Durkheim n’hésite-t-il pas à affirmer dans Le suicide (1897) que « l’adolescent a le goût du viol et du sang ». Une telle véhémence apparaît difficilement compréhensible aujourd’hui. Pourtant, les représentations contemporaines de l’adolescence demeurent ambivalentes. Fondamentalement, les adolescents sont en quête de sens. À ce titre, ils remettent en question ce qui, au sein d’une société, fait lien : les processus de transmission. Les contributions réunies dans cet ouvrage s’intéressent précisément aux enjeux et aux formes de la transmission dans des fictions contemporaines destinées à la jeunesse. Qu’est-ce qui circule et s’échange entre les personnages (valeurs, normes comportemen-tales, histoire familiale, mémoire d’une communauté, etc.) ? Quel est le statut des personnages engagés dans ces relations (parents, autres adultes, pairs) ? Quel type de relations de transmission sont représentées : des parents vers les adolescents, des adolescents vers les parents ou encore entre adolescents ? Par ailleurs, qu’ils évoluent dans un cadre réaliste ou fantastique, les personnages adolescents incarnent des modèles d’action et de pensée. Quelles sont, à cet égard, les stratégies narratives mises en œuvre pour assurer l’« appropriation » par les jeunes des personnages et des normes qu’ils représentent ? Avec des textes de Sylvain Brehm, Catherine Côté, Marie Demers-Marcil, Mathieu Freyheit, Camylle Gauthier-Trépanier, Maude Lafleur, André-Philippe Lapointe, Jean-François Lebel, Monique Noël-Gaudreault, Mélanie Roy, Philippe St-Germain, Camille Zimmermann.
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Dans sa biomythographie de 1982 Zami : A New Spelling of My Name , Audre Lorde explore comment l'alphabétisation peut être un outil hégémonique d'oppression, ainsi que comment elle peut être transformée en un outil qui favorise son développement en tant qu'artiste lesbienne noire. S'appuyant à la fois sur les leçons du système éducatif américain et sur l'héritage linguistique des femmes africaines de la diaspora, Lorde crée son propre monde discursif, marqué par l'hybridité, la multiplicité, la subversion ludique et la création communautaire. Elle redéfinit l'alphabétisation comme un processus dialogique et récursif de consommation et de création de récits au sein d'une communauté centrée sur les femmes.
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Depuis les années 70, il y a une volonté d’effectuer un rattrapage pour redonner aux musiciennes une visibilité et une reconnaissance au sein de l’histoire musicale. Si la musique des femmes est aujourd’hui un élément incontournable de théorisation, de débats et de revendications féministes pour faire évoluer la réflexion sur cette question, il est surprenant que leurs oeuvres soient encore peu jouées dans les concerts de musique contemporaine au Québec, que l’on tienne compte de la quantité de pièces ou de leurs modalités de diffusion. Considérant l’importance de l’environnement socioculturel qui teinte les perceptions sur les capacités créatrices des femmes, l’auteure propose une analyse des concerts produits de 1966 à 2006 par la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), les Événements du neuf (E9), l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) et le Nouvel Ensemble moderne (NEM) en vue de délimiter la participation des compositrices et de mettre en évidence les pratiques de ces organismes relativement à la présence des femmes en concert. Offrant une contribution originale aux études féministes en musique, l’auteure explique le rôle des organismes de musique contemporaine dans la production de concerts thématiques, l’offre de commande d’oeuvre et l’organisation de concours, et discute également des limites de l’intégration des femmes.
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Les filles sont bien traitées, rue Sub Rosa. Elles n’ont jamais faim, jamais froid, jamais mal. Elles sont entre de bonnes mains, des mains qui leur tendent tout ce dont elles ont besoin… à une condition. Il faut accepter de combler les désirs des hommes de la ville venus faire un tour dans ce lieu surnaturel, caché, où leurs fantasmes deviennent réalité – pourvu, bien sûr, qu’ils aient un peu d’argent sur eux. Petite a tout pour se tailler une place de choix parmi les Splendides de Sub Rosa. Mais parviendra-t-elle à oublier sa vie d’avant et à exploiter son don au service de sa nouvelle maison?
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"Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s'observent et s'écoutent. Ils s'échangent des idées, des armes, de l'argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d'une chorégraphie mortifère. Le boys club n'est pas une institution du passé. Il est bien vivant, tentaculaire : État, Église, armée, université, fraternités, firmes... et la liste s'allonge. À la manière d'une chasse à l'image, c'est dans les représentations au cinéma et à la télévision que Martine Delvaux le traque. Véritable plongée en eaux noires, ce livre nous invite à considérer l'entre-soi des hommes comme un phénomène régressif. Un dispositif à profaner, déconstruire, refuser, parce que nos vies comptent"--Page 4 de la couverture.
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Joseph Zobel, auteur antillais connu notamment pour son roman La Rue Cases-Nègres (1950), a vécu au Sénégal et collaboré à la revue Awa en y publiant des nouvelles et des poèmes. Sa présence fréquente dans différentes sections permet de dresser son portrait au fil des numéros. Le présent article vise à analyser ce portrait de l’auteur en prenant appui sur son inscription dans un réseau médiatique et littéraire, ainsi que sur les variations observables entre la parution des nouvelles dans Awa et en recueil. La place des illustrations, la présence de l’auteur dans les différentes rubriques du périodique (courrier des lecteurs, critique littéraire, prix) et les modalités de parution de ses textes concourent en effet à situer Joseph Zobel au sein de la géographie littéraire des années 1960.
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Certains membres de la scène des musiques nouvelles souhaitent en décentrer ses racines eurocentriques et en critiquer ses tendances colonialistes. Avant même de discuter des stratégies qui pourraient constituer un cadre décolonisateur, il est utile d’identifier comment la colonialité se reflète dans cette scène. L’auteur, lui-même membre actif de celle-ci, partage des pistes de réflexion portant sur l’homogénéité culturelle du milieu, les questions d’accès, l’héritage de la musique classique, le concept de l’excellence européenne, la présomption d’universalité, la coexistence de statuts de légitimité et de marginalité, la relation ambigüe avec l’appropriation culturelle et les fondements de l’attribution du mérite.
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The aim of this dissertation is to produce a multimodal critical discourse analysis of Grimes' video We Appreciate Power. This will serve to explore issues of ideology, identity and multilingualism in both the music video and the YouTube polylogues generated in the same web page. In this work I suggest that Grimes adopts a poststructuralist view that inherits Haraway's cyborg concept (1991) in this piece of multimedia. I claim that Grimes wanted to show the conflictive moral boundaries that the idea of the cyborg and trans-humanism casts upon Western civilization, such as the loss of free will but also the transgression of problematic dichotomies. The fact that the comment section of the video is available to use might signal that Grimes wanted to raise awareness about trans-humanism. By doing virtual ethnography research, examples of discussion about the relationship between the video and the studied polylogues will be examined regarding the notions of the cyborg and multilingualism. Keywords: cyborg, multimodal critical discourse analysis, polylogue, virtual ethnography, YouTube.
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Ce mémoire réévalue la production canadienne et écossaise de l'aquarelliste et caricaturiste écossaise Katherine Jane Ellice (1812-1864). Adoptant une perspective transnationale, cette étude offre un portrait de la pratique artistique, humoristique et des réseaux sociaux d'Ellice. Cette dernière est issue de la culture politique de l'aristocratie britannique du XIXe siècle qui voyage au gré du calendrier parlementaire de la capitale anglaise aux maisons secondaires, au sein desquelles la politique a cours de manière plus informelle dans des cercles où les femmes ont une forte influence. C'est d'ailleurs un voyagement d'ordre politique qui mène Ellice au Bas-Canada en 1838 alors qu'elle accompagne son mari Edward Ellice Junior (1810-1880) qui occupe la fonction de secrétaire privé de Lord Durham (1792-1840) envoyé au Haut-Canada et au Bas-Canada en tant que gouverneur général afin d'établir un rapport sur la crise politique qui s'y déroule. Voyageant de Québec à Beauharnais, où se trouve la seigneurie de son beau-père, Ellice se rend aussi aux États-Unis et au Haut-Canada. Ce mémoire s'appuie sur des documents originaux d'Ellice conservés dans des archives nationales (Bibliothèque et Archives Canada, National Library of Scotland), notamment son journal de voyage, ainsi que des dessins et des aquarelles qu'elle peignait et échangeait avec des membres de son entourage. La contribution d'Ellice à l'histoire de l'art est expliquée à travers l'analyse détaillée de sa production artistique, accordant une attention particulière à l'une des aquarelles qu'elle a peinte durant sa détention au presbytère de Beauharnais en novembre 1838 lorsqu'elle fut retenue prisonnière par un groupe de patriotes pendant près d'une semaine. Cette analyse propose de nouvelles interprétations et contribue à démontrer que des femmes ont pris des armes durant les rébellions patriotes. Cette étude aborde pour la première fois la production caricaturale d'Ellice et sa participation au sein de réseaux d'échanges d'images humoristiques. Finalement, ce mémoire examine le rôle politique joué par Ellice des années 1840 à 1860 alors qu'elle vivait avec son mari et son beau-père à Glenquoich, au nord de l'Écosse, dans une résidence accueillant chaque année des centaines de personnes. Ellice assumait alors une responsabilité politique qui contribua également à la position unique qu'elle occupa dans la circulation de la culture visuelle de son époque. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Katherine Jane Ellice, aquarelliste, album, caricature, humour, Bas-Canada, Écosse, XIXe siècle, rébellions patriotes de 1837-1838
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Dans le champ littéraire, la traduction est depuis toujours partout présente, mais régulièrement invisibilisée. Or, les œuvres traduites sont, lors de leur annexion à la langue-culture d'accueil, appelées à s'insérer dans ce nouveau champ littéraire, ce qui signifie fréquemment - et c'est notamment le cas dans la littérature française - que leur propos et leur forme doivent changer pour répondre à un nouvel horizon d'attente. Phénomène culturel complexe, la traduction littéraire relève de plusieurs facteurs, du climat politique à la normativité linguistique, en passant par l'état du champ littéraire d'accueil et les états d'âme des différents sujets impliqués, toutes ces forces se conjuguant pour tirer l' œuvre vers une lecture ou l'autre. L'exemple des romans de Jane Austen est parlant : autrice des plus respectées en Grande Bretagne, où son style unique l'a hissée au panthéon des écrivains, elle est souvent classée en France parmi les auteurs de romans à l'eau de rose. Ce sont les modalités sociohisroriques et littéraires de cette chute positionnelle qui constitueront le cœur de la présente thèse. Cette translation, qui fait passer Austen du sérieux au banal, n'est certainement pas sans rapport avec l'engagement protoféministe de l'autrice : en effet, à travers tous ses romans, elle met à mal le système patriarcal en dénonçant - subtilement et avec ironie - les conséquences, pour les femmes, de la mécanique du mariage et de la transmission patrimoniale des biens. Les traces de cette prise de position auront-elles disparu dans les traductions françaises? Je m'intéresserai donc, dans la présente recherche, à l'inscription textuelle de cette traversée parfois ratée de la Manche. Par exemple, le style de l'autrice, foisonnant d'ironie et d'humour, a souvent été gommé au profit d'une prose plus classique ou encore plus romantique, en accord avec la conception française de l'art romanesque au féminin. Or, c'est précisément cette posture ambigüe qui permet à Austen de critiquer la société qui l'entoure et les contraintes qu'elle impose aux femmes. Par l'analyse textuelle de différentes versions françaises de trois de ses romans, soit Northanger Abbey (tl 818 [1803]), Pride and Prejudice (1813) et Persuasion (tl818), qui jalonnent les deux derniers siècles, je montrerai comment ces œuvres ont été soumises, au fil du temps, à différents systèmes normalisateurs visant leur annexion. Cette étude diachronique me permettra d'observer directement les mécanismes de la traduction et de la retraduction, parfois théorisés, mais pas assez souvent soumis à l'épreuve de l'analyse textuelle. Grâce aux éléments théoriques et contextuels rassemblés dans la présente recherche, je serai à même d'expliquer les intentions derrière les différents choix effectués par les traducteurs. Je pourrai ainsi contribuer à faire entendre, à travers le voile qui sépare les langues, la voix unique d'Austen. Ainsi accumulés, les résultats de ces trois études traductologiques constituent en soi une histoire récente de la traduction romanesque, puisque mon corpus, qui s'étend de 1821 à 2016, soit près de deux siècles, suit de près l'essor du roman en Europe et peut donc témoigner de l'évolution des pratiques traductives durant cette période, de la crise éditoriale de 1830 à l'essor du livre qu'a connu la France à partir de 1945. Ce type d'analyse, menée sous le mode diachronique plutôt que synchronique, est inédit pour l'œuvre d'Austen, et très rare dans le domaine général de la traductologie, où les études par corpus sont le plus souvent menées sous le mode assisté par ordinateur plutôt qu'en se penchant, comme je l'ai fait ici, sur des extraits sélectionnés pour leur idiosyncrasie. Cette recherche montrera que la traduction n'est pas qu'un principe idéologique ou un objet théorique, mais aussi une pratique tout à fait réelle, qui s'accomplit à travers une chaine de lecteurs menant à l'expression - ou plutôt à la réexpression - commune du texte original. Bien différente d'une simple reproduction, la (re)traduction est une (ré)interprétation qui fixe fugacement, avec plus ou moins de profondeur, le sens de cet original. Chaque événement traductif est une réactivation, une relecture de l'œuvre source qui, à la fois, répond de et participe à l'horizon d'attente des lecteurs. De même, chaque réimpression d'une traduction déjà parue est tout de même une réactualisation de l'œuvre, étant donné l'invisibilité chronique du traducteur. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : TRADUCTION LITTÉRAIRE ; VOIX AUCTORIALE ; RETRADUCTION ; JANE AUSTEN ; LECTURE ; FÉMINISME
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Le présent mémoire s'intéresse aux liens entre le genre et la voix dans le récit Boys, boys, boys de Joy Sorman. L'objectif est d'analyser le déplacement qu'effectue la protagoniste du genre féminin au genre viril et les répercussions de ce changement sur la voix narrative. Alors que le genre a souvent été pensé en relation avec le corps sexué, il est davantage lié à la parole, dans ce récit, d'où son originalité : il défait la correspondance entre sexe et genre sans passer par la modification du corps (déguisements, travestissements et opérations chirurgicales n'y sont pas mis en scène). Il s'agit donc de voir comment l'usage que fait la narratrice de la parole en général, et du discours viril en particulier, participe à la fois d'un rejet de la féminité socialement imposée, de la recherche d'une nouvelle identité de genre et d'une tentative de questionner la binarité masculin/féminin. Notre travail s'appuie principalement sur une approche féministe et narratologique du texte littéraire en plus de recourir aux théories de l'agentivité et de la masculinité. Dans un premier chapitre, nous convoquons des théoriciens de ces quatre sous-champs différents afin de rendre compte des concepts et des pratiques qui s'entrecroisent dans le récit. Fortes de cette base théorique, nous étudions, dans le deuxième chapitre, l'articulation du genre et de la voix dans le récit Boys, boys, boys. Nous démontrons que le genre se manifeste à la fois comme un discours autoritaire qui hiérarchise les individus entre eux et comme un choix émancipateur à la base d'une parole autonome. Enfin, le troisième chapitre porte sur le discours viril tenu par les garçons et par la protagoniste. En nous basant sur la définition de la virilité donnée dans le récit, nous constatons que le discours viril fait l'objet d'un paradoxe : prononcé par les garçons, il est basé sur l'idée de la dénégation du féminin alors qu'il est associé à l'idée d'apprentissage lorsqu'il est employé par la protagoniste. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Bakhtine, Boys, boys, boys, discours, féminité, genre, Joy Sorman, Judith Butler, narratologie, virilité.
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« À douze ans, Roxane Gay est victime d'un viol collectif orchestré par celui qu'elle croit être son petit ami. Elle y perd son enfance et son innocence, et grandit en taisant ce drame à son entourage. Pour survivre, elle se met à manger, tout le temps. Elle fait de la nourriture son refuge, et de la graisse, une forteresse qu'elle érige pour se protéger du désir des hommes. Elle devient obèse. Dans cet ouvrage introspectif, elle nous raconte l'histoire de son corps, de sa faim, de sa détresse, de sa volonté de disparaître, intimement et paradoxalement liée à son furieux désir d'être vue, comprise et aimée. Elle y décrit l'incessant combat qu'elle doit mener, l'un des plus douloureux qui soit, tant physiquement que psychologiquement. Parce qu'être obèse est socialement inacceptable. Par son témoignage résolument touchant, Roxane Gay partage avec nous une leçon de vie fondamentale : nous devrions tous faire preuve de bienveillance envers la réalité du corps des autres et nous réconcilier avec le nôtre. »--Quatrième de couverture.
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Ce mémoire propose de lire le Journal de Marie Uguay (2005) à la lumière des théories féministes sur l'amour et le care ainsi que de l'éthique du care, issue des sciences humaines, nouvellement appliquée à la littérature. L'analyse se divise en deux chapitres. D'une part, il s'agit d'observer ce que le Journal dévoile des rapports amoureux de la diariste et comment ceux-ci sont aliénants pour Uguay. Ce premier temps de l'analyse littéraire nécessite d'emprunter des théories féministes de sociologie sur l'amour et le care (A. Jónasdóttir et A. Ferguson, 2014), des théories critiques sur l'amour et la féminité (de Beauvoir, 1949; bell hooks, 2001, 2002) ainsi que sur l'aliénation des femmes (Bartky, 1990). Un tel cadre théorique permet de comprendre la réflexion de la diariste quant à l'expérience « aliénante » qu'elle fait de l'amour (la dépense d'énergie inutile, la folie, l'apprentissage de l'amour, la dépendance affective, etc.). Dans le deuxième chapitre, une autre lecture du Journal de Marie Uguay est présentée : une vision philosophique ressort de l'écriture de la diariste. Pour constater cette seconde dimension du care dans le Journal, les théories mobilisées vont du côté de la philosophie, tout en restant dans une perspective féministe. C'est donc à l'éthique du care que je fais appel ici, en me référant à des auteures telles Pascale Molinier, Sandra Laugier, Patricia Paperman (Qu'est-ce que le care?, 2009); Fabienne Brugère (L'éthique du care, 2011) et des théoriciennes qui ont déjà entamé le croisement entre l'éthique du care et la littérature : Amelia DeFalco (Imagining Care : Responsibility, Dependency, and Canadian Literature, 2016), Marjolaine Deschênes (« Les ressources du récit chez Carol Gilligan et Paul Ricoeur : peut-on penser une littérature care? », 2015) ainsi que Maïté Snauwaert et Dominique Hétu (« Poétiques et imaginaires du care », 2018). Grâce à l'éthique du care, une lecture attentive, en liant le fond et la forme du texte, me permet de voir la vulnérabilité et l'intersubjectivité, vécues par la diariste dans l'amour et dans la maladie, en tant qu'éléments de l'éthique du care qui composent la texture (Molinier, Laugier et Paperman, 2009) du Journal. De cette manière, ces motifs discursifs reflètent l'intériorité de cette auteure qui interroge les difficultés d'être une femme, une poétesse et une malade, mais qui accorde à l'amour un pouvoir transformateur par lequel elle tente de se déprendre de son aliénation. Le Journal tire sa force de cette double posture de l'amour, constituée dans l'ambivalence : tantôt l'amour aliène, tantôt il est synonyme d'émancipation et de création. Ainsi, ce mémoire propose de rattacher la vision de l'amour de Marie Uguay à une philosophie de vie et à une volonté créatrice, car malgré l'aliénation qui l'accable, Uguay donne à l'amour un autre sens, duquel une portée similaire à l'éthique du care se dégage. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Marie Uguay, littérature québécoise, journal intime, études féministes, éthique du care, amour, aliénation, ambivalence, vulnérabilité, intersubjectivité, écriture des femmes.
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Ce projet de recherche-création explore les avenues narratives d'une pensée de contrôle du corps par le sonore. Le travail de création réfléchira les mécanismes, les sentiments, les contraintes conscientes ou inconscientes de personnages face à l'environnement sonore urbain. Ces mécanismes, qu'ils soient intériorisés ou non par les personnages, permettront de penser le dispositif sonore, au sens de Foucault puis interprété par Agamben. Le dispositif crée, entre l'être sur lequel il agit et l'ensemble des dits et non-dits qu'il contient, un « processus de subjectivation », ou de « désubjectivation »: il se fait contrôle, s'organise en rapports de force. La partie création met en scène des personnages qui sont habités par des idéaux d'une libération du corps par la musique, que cette libération − ou son échec − soit spatiale, temporelle, sociale ou psychique. Ce travail se consacrera également à une analyse du recueil de Joséphine Bacon Un thé dans la toundra/ Nipishapui nete mushuat (2013) et du recueil L'Outre-vie (1979) de Marie Uguay. Ces autrices créent une dimension sonore et vocale évidente dans leurs poèmes, une sensibilité, voire une sursensibilité à l'ouïe − notamment par le teueikan (tambour) chez Bacon et par les « racines sonores » pour Uguay. Le son devient un vecteur qui permet de penser la subjectivité dans des possibles spatiaux et temporels simultanés que le corps paraît empêcher. R. Murray Schafer nomme « schizophonie » la séparation de la source d'émission du son par sa reproduction, par la multiplication des enregistrements. Ce rapport différé à la musique produite à distance du corps des musiciens − s'il s'agit de musique instrumentale − joue un rôle dans ce réseau de rapports de force, dans ce dispositif qui nous intéresse. Les sources sonores se sont aujourd'hui multipliées et apparaissent, par l'enregistrement, souvent déplacées et séparées de leur contexte de production original. Comment penser ces effets de décontextualisation? Le travail de création s'intéressera aux modalités et aux effets d'une voix énonciative travaillée par ces diverses représentations d'un corps qui entend, récepteur de réalités différées, d'une pensée du corps disséminé. Pour parler non pas seulement d'écoute, mais plutôt de ce que qui l'excède, de ce vers quoi tend l'écriture poétique: possibilité de l'écoute de l'autre, ou de l'écoute de ce qui est autre.