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Ce texte interroge la part esthétique de la création géographique et présente des corpus et des outils théoriques et conceptuels pour travailler cette question d’épistémologie disciplinaire. Dans une première partie, il s’attache à une généalogie de l’évolution de la prise en compte du phénomène de l’émotion dans la recherche – de problème en fait significatif, puis en moyen de la connaissance géographique – à travers les réflexions conduites, notamment par la géographie féministe et qualitative anglophone, sur la méthodologie disciplinaire du terrain. Sur ce fondement, il présente les trois régimes esthétiques de savoir spatial attachés aux standards méthodologiques successivement adoptés par la discipline – régimes scopique du terrain masculiniste, linguistique et haptique du terrain féministe et qualitatif. Dans une seconde partie critique, en revenant sur le modèle du care privilégié par les géographies féministes et qualitatives pour reconstruire la politique de la méthode sur des bases relationnelles (ou intersubjectives), il traite des limites politiques rencontrées par ces géographies pour fonder pleinement un autre régime de scientificité disciplinaire à partir de l’émotion. A contrario, il montre comment la psychanalyse du care (ou psychanalyse transitionnelle) prise au sérieux, non seulement pour ses trouvailles méthodologiques et conceptuelles mais pour sa théorie relationnelle de l’identité-subjective, peut devenir l’outil d’élaboration d’une épistémologie qualitative basée sur l’émotion.
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Critique des approches psychanalytiques en études féministes et de l'hystérie (Kristeva, Irigaray, Chodorow, Dinnerstein, Mitchell, Lacan, Freud) Voir le compte-rendu: Williams, C. L. (1992). [Review of From Mastery to Analysis: Theories of Gender in Psychoanalytic Feminism., by P. Elliot]. Contemporary Sociology, 21(5), 728–729. https://doi.org/10.2307/2075599
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Comment parler de l’autre côté, se demanda Alice. Car, en fait de merveilles, elle avait découvert qu’elle était plus d’une, et qu’une seule langue ne pouvait signifier ce qui avait lieu entre elles. Il fallait pourtant essayer de se faire entendre. Alors, s’appliquant, elle reprit : Que dire d’une sexualité féminine autre ? Autre que celle prescrite dans et par l’économie du pouvoir phallique. Autre que celle encore et toujours décrite – et normalisée – par la psychanalyse. Comment inventer, ou retrouver, son langage ? Comment interpréter le fonctionnement social à partir de l’exploitation des corps sexués des femmes ? Que peut être, dès lors, leur action par rapport au politique? Doivent-elles ou non intervenir dans les institutions ? Par quel biais échapper à la culture patriarcale ? Quelles questions poser à son discours ? À ses théories ? À ses sciences ? Comment les énoncer pour qu’elles ne soient pas, à nouveau, soumises à la censure ou au refoulement ? Mais aussi : comment déjà parler femme ? En retraversant le discours dominant. En interrogeant la maîtrise des hommes. En parlant aux femmes, entre femmes. Questions – parmi d’autres – qui s’interrogent et se répondent dans plusieurs langues, sur plusieurs tons, à plusieurs voix. Déconcertant l’uniformité d’un discours, la monotonie d’un genre, l’autocratie d’un sexe. Innombrables les désirs des femmes, et jamais réductibles à l’un ni à son multiple. Le jour était déjà levé depuis longtemps. Une histoire n’en finissait pas d’imposer son ordre. De l’obliger à s’exposer dans une clarté un peu froide. Dans l’attente d’un autre matin, elle repassa derrière le miroir, et elle se retrouva entre elles toute(s). Luce Irigaray