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Ce mémoire ouvre une réflexion sur les possibles que réserve l'effacement de la frontière entre imaginaire et réalité, soit en étudiant l'autofiction comme une stratégie de revendications féministes. Le travail prend racine dans l’étude de deux corpus d’oeuvres réalisés par les artistes Suzanne Valotaire et Helena Martin Franco, au sein desquels elles font appel à un dépassement du genre par un devenir-monstresse; créatures incarnées par leurs alter ego, respectivement Dragone rouge (1985-1991) et Une femme éléphant (2010 - ). Par le biais d’une méthodologie qualitative (incluant des entretiens avec les artistes) et d’une réflexion sur la portée du sensible au sein de la recherche, ce projet cherche à comprendre quel est le potentiel de revendications féministes et queers accordé à l’alter ego sous forme monstrueuse. Ce dédoublement, dépassant les limites de l'humain, favorise une navigation identitaire menant à une exploration de diverses manières d’exister et d’être en relation au monde. Pour étudier ces corpus multidisciplinaires qui se déploient principalement par la performance, mais dont l’apport de la vidéo, du dessin et de l’archive est aussi significatif, je m’intéresse à la place du corps en création et à la notion de subjectivité incorporée. Mon projet tâche ainsi de montrer le potentiel de subversion et de résistance face aux normes contraignantes qui se logent dans les connaissances somatiques. Puisant dans la pensée d’auteur·rice·s d’horizons pluriels qui réfléchissent entre autres la performance, la danse, la littérature ou la philosophie du corps, je souhaite montrer la portée des imaginaires qui mobilisent des fictions indécises où l’hybridation et la métamorphose façonnent une monstruosité réclamée. Faisant aussi place à une réflexion sur l’écriture féministe, ce travail se veut plurivoque, intuitif et orienté vers des futurs possibles à réactiver ou à découvrir. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Suzanne Valotaire, Helena Martin Franco, féminismes et pensée queer, monstruosité, alter ego, autofiction
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Dans ce projet, j’ai visé à (1) recenser les stratégies visuelles employées dans les campagnes de sensibilisation à la violence conjugale produites au Québec et à (2) établir les liens que ces stratégies entretiennent avec l'engagement féministe pris par le Gouvernement dans son Plan d'action gouvernemental en matière de violence conjugale de 1995. Dans un premier temps, à travers une étude visuelle multidisciplinaire, ancrée entre autres dans la rhétorique de l’image de Barthes (1964), mais aussi dans les théories du langage cinématographique (Edgar-Hunt, Rawle et Marland, 2011) et de l’art hypermédiatique (Lalonde, 2012), j’ai été amenée à constater la récurrence de stratégies visuelles visant à susciter des émotions fortes, comme la surprise, le choc, la colère ou la peur. Dans un deuxième temps, tout comme plusieurs auteur.trices de ma revue de littérature (West, 2013, Neal, 2015, Gabler, 2016, Goehring et al., 2017, Magaraggia et Cherubini, 2017, Wolf, 2018), j’ai remis en question la pertinence de ces stratégies dans le cadre d’une approche féministe de la violence conjugale. Pour ce faire, je me suis appuyée sur mon cadre théorique : les principes d’intervention féministes en violence conjugale. Il s’est dès lors avéré que beaucoup des images recensées contredisaient ces principes. Elles tendaient à retirer de l’agentivité aux victimes, à les revictimiser ou même à les culpabiliser. Je postule que cet état des lieux peut s’expliquer par le contexte sociopolitique et économique québécois des trente dernières années, contexte où les perspectives féministes n’ont jamais cessé d’être remises en question (Dupuis-Déri et Blais, 2015, Dupuis-Déri et Lamoureux, 2015) et où le néolibéralisme a mené à l’individualisation des problématiques sociales – entre autres (Flynn et al., 2018). Bien que ma recherche comporte ses limites, notamment car mon corpus exclut les nombreuses initiatives locales qui ont été créées, elle offre les bases d’un questionnement pertinent sur l’éthique de la fabrique des images de sensibilisation à la violence conjugale. Dans un travail ultérieur, la recherche pourrait comparer les initiatives gouvernementales aux initiatives locales, ou les initiatives du Gouvernement québécois aux initiatives d’autres gouvernements, comme celui d’Australie (campagne Respect). Il serait aussi pertinent de se questionner sur la place de ces images de sensibilisation dans un paysage médiatique et visuel où le sexisme ordinaire et les propos réactionnaires pullulent encore, malgré les avancées des dernières décennies (Cordelier et al., 2015, Lacasse et Charron, 2017). _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : image publicitaire; campagnes de sensibilisation; violence conjugale; images de la violence conjugale; lecture féministe de la violence conjugale; critique féministe de l’image; féminismes au Québec; antiféminismes au Québec.