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Le présent article porte sur les personnages lesbiens de quatre « morceaux choisis » du théâtre de la grande période féministe québécoise (1976-1985) : les deux « Marcelle » dans La nef des sorcières, « Les vaches de nuit » dans Triptyque lesbien et La lumière blanche. L’influence de ces personnages est analysée à la lumière de deux idéologies lesbiennes distinctes, toutes deux tributaires des écrits féministes de l’époque et centrées sur les problèmes de la maternité et du genre sexuel. Après une présentation de ces deux courants théoriques, cette étude des personnages souligne aussi les innovations théâtrales qu’ils incarnent en distinguant deux courants esthétiques majeurs : « l’esthétique du combat » (Pelletier) et celle de l’intimité féminine (Marchessault), qui, malgré leur dissemblance, fusionnent souvent de façon originale en enrichissant ainsi le théâtre au féminin de cette période.
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La création au Théâtre du Nouveau Monde de La nef des sorcières, pièce composée de sept textes d’auteures différentes, est reconnue comme un moment capital dans l’émergence du théâtre féministe militant au cours des années 1970 et 1980. En ce qui concerne la réception de ce spectacle et du texte publié, l’attention du public et de la critique se dirigeait surtout vers la thématique féministe véhiculée par la pièce et le commentaire qui s’y faisait sur le fonctionnement du patriarcat dans la vie privée des femmes. Cependant, l’objectif des auteures et des comédiennes dépassait largement le simple commentaire social. Ce n’était pas leur intention de réduire la scène théâtrale à une simple tribune politique. Luce Guilbeault, qui initia le projet et s’y engagea comme metteure en scène, auteure et comédienne, voulait avec les autres, en plus de susciter des discussions, ébranler les fondements sexistes du théâtre, élargir l’espace de l’imaginaire collectif, transformer la symbolique masculiniste de la culture québécoise, et élargir l’horizon d’attente de l’auditoire. Quand son Actrice en folie subit un trou de mémoire et enlève son costume dès son entrée en scène, c’est une ouverture remarquable au spectacle expérimental et à l’invention d’une nouvelle théâtralité au féminin qui se fait jour. C’est alors que commence la remise en cause radicale des pratiques, des codes, des règles et des conventions du jeu, des langages et de la forme canoniques du théâtre qui permettent depuis des millénaires l’esthétisation par le théâtre des idéologies et des fantasmes dominants sexistes.