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L’oeuvre romanesque de Léonora Miano est profondément marquée par le recours à l’intermédialité. Celle-ci se met en place notamment grâce à des références constantes à une culture musicale qui dépasse l’axe France-Afrique structurant les identités afropéennes des personnages et ouvre l’univers fictionnel sur l’espace atlantique en faisant appel à un patrimoine musical essentiellement américain (jazz, funk, soul, etc.). Au-delà de l’aspect structurel de cette intermédialité musicale, sa présence diégétique renforce par bien des aspects la réflexion – de l’auteure et de ses personnages – d’une part sur les questions identitaires, d’autre part sur la masculinité et la position du « garçon noir » pris en étau entre divers schémas contraignants. Le présent article étudie cette articulation entre intermédialité musicale et identités dans les deux tomes de Crépuscule du tourment.
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Cet article montre les tensions qui caractérisent le mensuel féminin africain Awa dirigé par Annette Mbaye d’Erneville (1964-1973), entre revue et magazine : celui-ci ne se caractérise pas seulement par la polyphonie caractéristique du dispositif médiatique, il se révèle contradictoire, voire agonistique. Étudiant les manières dont les fictions thématisent et allégorisent la femme et leur rapport à la modernité, l’article revient notamment sur la question du titre-personnage, jamais innocente dans un périodique, notamment à travers des comparaisons avec d’autres magazines féminins comme Marie Claire et Elle, discrètement mais régulièrement convoqués dans le magazine, ou Amina lancé en 1973 par Michel de Breteuil. La capacité transfictionnelle du magazine à s’incarner dans un personnage emblématique, Awa, régulièrement mobilisé et invoqué dans les pages du journal et en même temps la diversité des représentations ainsi figurées par les couvertures, les articles, le dessin, les photographies, les rubriques (« les cauris de Mam’Awa »), le courrier des lecteurs et même par les fictions montrent la difficulté de l’équation du féminin.
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L’intermédialité comme théorie et comme forme permet de penser le projet et l’écriture de Léonora Miano. Elle met en lumière les phénomènes de co-construction des médias et des socialités, en particulier dans les expériences afropéennes. La littérature est dès lors investie d’un pouvoir vis-à-vis du monde. Grâce aux emprunts féconds à d’autres formes artistiques (théâtre, musique, cinéma...), l’écriture romanesque s’affiche comme médium susceptible d’oeuvrer à la création du réel. La mise en scène de la construction et des dynamiques à l’oeuvre invite cependant le lecteur à participer consciemment à ces processus.
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Cultures et pays, enfance et vie d'adulte, famille perdue et communauté retrouvée. La poésie d'Elkahna Talbi rassemble cette parole vibrante qui fait de la Tunisie et du Québec un territoire immense, relié par de multiples histoires d'exils, d'amours et d'espoirs. Elkahna Talbi se promène dans les rues de Montréal, avec sous le bras, un figuier secret." Le figuier est l'écho du pays d'origine. Il est le frère que je n'ai pas eu. Il est un peu moi. "Que devient-on quand on se déplace d'une terre à une autre? Un être divisé, travaillé par la solitude, l'arrachement et le désir de conquête. On porte en soi un monde contradictoire, fait de fragilités et d'imperfections. On bouscule l'horizon, on existe dans une mosaïque de temps. Extrait du prologue :" Il y a toujours, chez l'enfant qui n'a pas le même pays de naissance que ses parents, l'instant où l'autre patrie dévoile sa fragilité et ses imperfections. C'est une sorte de désenchantement. Où l'on comprend que là-bas n'est pas mieux qu'ici. Il n'existe pas de pays refuge. Et nous serons toujours un peu l'autre où que l'on aille."
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La popularisation d'un discours nationaliste puis islamiste en Algérie, prônant le retour à une stricte identité arabo-musulmane à la suite de l'indépendance du pays en 1962, a créé un climat de tensions ayant éclaté, de 1991 à 2002, en une guerre civile à laquelle on se réfère aujourd'hui par l'expression « la décennie noire » ou « les années noires ». C'est dans un tel contexte, particulièrement néfaste pour les intellectuels, pour les artistes et pour les femmes, que Maïssa Bey est venue à l'écriture. Le roman Cette fille-là (2001) a été publié pendant cette période, tandis que Surtout ne te retourne pas le fut quelques années plus tard (2005). Les deux œuvres mettent en scène des femmes qui reviennent sur leur passé dans une prise de conscience d'abord individuelle, puis collective, et qui dévoilent ainsi une autre manière de faire l'Histoire qui prend en compte leur vécu. Cela leur permet notamment de contester certaines croyances et certains discours qui affectent directement leur subjectivité. Maïssa Bey cherche ainsi par son écriture à donner à voir une nouvelle réalité. En plus d'une approche féministe, qui nous permettra de mettre en relief les retombées des rapports sociaux de sexe sur la prise de parole, nous ferons appel aux concepts de l'Histoire, de l'agentivité et de l'autorité discursive afin de mener à bien notre analyse. Le premier nous servira à comprendre différents processus d'historicisation du passé et à saisir comment la fiction peut remettre en question l'Histoire et combler ses lacunes; le deuxième nous permettra de rendre compte de la capacité à être autonome des protagonistes et le troisième de leur habileté à manier le langage de manière à défendre un discours qui leur soit propre. Nous voulons ainsi démontrer que les deux protagonistes mettent le passé en récit afin d'écrire l'Histoire de manière à ce qu'elles n'en soient pas écartées, comme c'est le cas pour elles avec sa version officielle. Leur prise de parole leur permet ainsi de s'afficher en tant que sujet de leur propre existence et de dénoncer le regard patriarcal qui brime leur liberté tant psychique que physique. Cette analyse est la première du Québec à s'attarder aux écrits de Maïssa Bey. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Maïssa Bey, Cette fille-là, Surtout ne te retourne pas, femmes, littérature algérienne, féminisme, Histoire, agentivité, autorité discursive.