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Ferdulis Zita Odome Angone commente deux chapitres de la thèse soutenue en 2022 par Patricia Picazo Sanz et intitulée Modelos de mundo y discursos literarios saboteadores en Guinea Ecuatorial : la construcción de una identidad decolonial y sus límites [Modèles-monde et discours littéraires saboteurs en Guinée Equatoriale : la construction d’une identité décoloniale et ses limites]. Elle se concentre sur l’écriture et la réception d’un roman écrit en langue fang, pour souligner les relations entre identités subalternes et « discours saboteurs ».
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Dans Le potentiel transformateur des livres d'images pour enfants LGBTQ+, Jennifer Miller identifie une archive de plus de 150 livres d'images pour enfants en anglais qui représentent explicitement Identités, expressions et enjeux LGBTQ+. Ces archives sont ensuite analysées pour explorer l’évolution des personnages et contenus LGBTQ+ des années 1970 à nos jours. Miller décrit les tropes dominants qui émergent dans le domaine pour analyser les changements historiques dans les pratiques de représentation, qu'elle suggère parallèlement à des changements socioculturels plus larges dans la visibilité des identités LGBTQ+. De plus, Miller considère les contraintes et possibilités matérielles affectant la production, la distribution et la consommation de livres d’images pour enfants LGBTQ+ des années 1970 à nos jours. Ce travail fondateur définit le domaine des livres d'images pour enfants LGBTQ+ de manière approfondie, mais accessible. En plus de jeter les bases de recherches plus approfondies, Le potentiel transformateur des livres d'images pour enfants LGBTQ+ présente une optique de lecture, un optimisme critique, utilisé analyser le potentiel de transformation des livres d'images pour enfants LGBTQ+. De nombreux textes restent attachés à des formes familiales hétéronormatives et à des modèles de réussite racisés et classés. Cependant, en considérant ce que ces livres apportent au monde, ainsi que les aspects problématiques du monde qui y sont reproduits, Miller soutient que les livres d'images pour enfants LGBTQ+ sont un projet essentiel de création du monde et cherchent à inaugurer un monde transformé ainsi que d'importantes archives historiques qui reflètent les changements matériels et représentationnels dans les compréhensions dominantes et sous-culturelles du genre et de la sexualité.
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In Lesbian Potentiality and Feminist Media in the 1970s, Rox Samer explores how 1970s feminists took up the figure of the lesbian in broad attempts to reimagine gender and sexuality. Samer turns to feminist film, video, and science fiction literature, offering a historiographical concept called “lesbian potentiality”—a way of thinking beyond what the lesbian was, in favor of how the lesbian signified what could have come to be. Samer shows how the labor of feminist media workers and fans put lesbian potentiality into movement. They see lesbian potentiality in feminist prison documentaries that theorize the prison industrial complex’s racialized and gendered violence and give image to Black feminist love politics and freedom dreaming. Lesbian potentiality also circulates through the alternative spaces created by feminist science fiction and fantasy fanzines like The Witch and the Chameleon and Janus. It was here that author James Tiptree, Jr./Alice B. Sheldon felt free to do gender differently and inspired many others to do so in turn. Throughout, Samer embraces the perpetual reimagination of “lesbian” and the lesbian’s former futures for the sake of continued, radical world-building.
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Cet article se propose de lire L’Opoponax , Les Guérillères , Le Corps lesbien et la théorie lesbienne de Monique Wittig, qu’elle forge au tournant des années 1980, au prisme de sa stratégie d’universalisation des points de vue minoritaires. Il démontre que la pensée lesbienne de Wittig n’est pas en rupture avec sa conception du féminisme et de la littérature telle qu’elle se manifeste dans ses premières œuvres littéraires, mais dans la continuité de sa critique de l’appropriation de l’universel par des positions épistémo-logiquement dominantes dans le langage. Il analyse sa trajectoire d’écrivaine, de militante féministe/lesbienne et de théoricienne lesbienne à la lumière de la métaphore du « cheval de Troie » qu’elle emploie pour décrire le travail littéraire.
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Le présent mémoire propose une lecture écoféministe du roman La Mère des herbes de Jovette Marchessault, paru en 1980. Le premier chapitre servira d'assise théorique pour présenter les notions écoféministes. J'y fais appel à des autrices et militantes écoféministes de domaines, d'époques et de filiations variées, insistant particulièrement sur le démantèlement de systèmes de domination reposant sur des binarismes construits. Les trois suivants forment le corps de mon analyse littéraire, traitant respectivement du corps liminal, du langage revitalisé et des généalogies matrilinéaires. Je suivrai d'abord l'évolution singulière de corps se logeant en continuité directe avec leur environnement, s'établissant à la croisée des règnes (animal, minéral, végétal) et s'aventurant parfois vers une remorphologisation complète. Ce chapitre, en plus de critiquer l'anthropocentrisme, offrira l'occasion d'observer la promotion d'un savoir expérientiel corporellement situé comme riposte au primat de la rationalité. Je poursuivrai en analysant l'appel à la revitalisation du langage qu'effectue Marchessault. Tant par la forme que le fond, l'autrice fait le procès du langage patriarcal figé, violent et violant, pour promouvoir une langue vivante, arrimée à ce nouveau corps débinarisé. Surtout, la parole est réappropriée par ses personnages féminins et est reconnue chez l'autre-qu'humain. Enfin, dans le dernier chapitre, l'examen d'une généalogie mémorielle matrilinéaire permettra de mettre en valeur les relations de partage et de passation entre mères et filles, constituant le germe même du désir de résistance et de renouveau qui anime la jeune narratrice autofictionnelle. Dans ce mémoire, je considère donc l'expression artistique comme pratique contestataire et catalysatrice de changement. Les perspectives critiques écoféministes mises de l'avant encouragent à emprunter de nouvelles pistes de lecture (body that reads, trans-corporeality, etc) visant à faire ressortir les dynamiques de pouvoir et de privilège, à questionner les représentations de la nature, de l'identité et de l'altérité. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jovette Marchessault, La Mère des herbes, écoféminisme, corps, langage, généalogie, matrilinéaire, binarismes
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Through application of the contemporary term transmasculinity and the more historical stone butch, the author questions the critical tendency to perceive American writer Willa Cather only as lesbian while ignoring or undertheorizing a transgender longing at play in her fiction, short stories, and letters. While biographical evidence must not be approached as simply coterminous with literary production, as literature often exceeds or resists such alignments, Cather's letters in particular suggest a strong identification with her male fictional alliances. Analysis of her letters alongside two of her most treasured, and disparaged, novels, One of Ours (1922) and The Professor's House (1925), conveys Cather's wish for an idealized masculinity, both for herself and for Western culture, that would survive two coeval historical processes and events: the closing of the American frontier and the First World War. Through what the author calls a stone butch “armature,” she and her characters retained masculine dignity despite historical foreclosure of Cather's manly ideal, Winston Churchill's Great Man, who was for her the artistic and intellectual casualty of the period. Cather expressed the peculiar nostalgic longing present in stone butch, and in the explosion of new forms of transmasculinity in the present. This suggests that historical transgender styles don't disappear entirely, even as new categories emerge.
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Le présent mémoire propose une revalorisation de l’amitié féminine, trop souvent mise de côté dans la littérature et traditionnellement pensée au masculin. Il est question d’analyser les impacts de cette relation dans la vie des femmes en observant la façon dont elles se construisent un espace politique de complicité et de résistance. Ce travail se divise en quatre chapitres : le premier met en place les assises théoriques qui cadrent l’étude des romans et les trois chapitres suivants analysent les oeuvres Baise-moi de Virginie Despentes (1993), Les inséparables de Marie Nimier (2008) et Petite laine d’Amélie Panneton (2017). Afin de comparer ces livres, l’amitié se divise en trois espaces : l’espace textuel, chronotopique et symbolique. L’espace textuel propose d’observer l’articulation de l’amitié selon les trois modes narratifs que propose Susan Lanser (les voix auctoriale, personnelle et collective). Il s’agit de créer un langage qui puisse exprimer l’amitié à sa juste valeur. L’espace chronotopique est conçu selon le concept de chronotope qu’élabore Mikhaïl Bakhtine. Il est utilisé pour comprendre les relations de l’espace-temps de l’amitié entre femmes dans les romans et en dresser les valeurs importantes (la rencontre, les liants, la confluence des identités et les péripéties). Dans l’espace symbolique, l’amitié donne aux femmes la force de résister et de lutter contre les oppressions qu’elles vivent. La dimension politique prend tout son sens lorsqu’on attribue la fonction de résistance à l’amitié, qui constitue un environnement en quelque sorte à l’abri des forces hégémoniques et qui travaille à les contester et à les défier. Ainsi, le mémoire propose de replacer l’amitié féminine dans des espaces de résistance et de lui accorder une valeur politique afin de mieux comprendre et expliciter cette relation si fondamentale dans la vie des femmes. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amitié féminine, solidarité, résistance, sororité, narratologie féministe, chronotope, Virginie Despentes, Marie Nimier, Amélie Panneton
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Cet article montre les tensions qui caractérisent le mensuel féminin africain Awa dirigé par Annette Mbaye d’Erneville (1964-1973), entre revue et magazine : celui-ci ne se caractérise pas seulement par la polyphonie caractéristique du dispositif médiatique, il se révèle contradictoire, voire agonistique. Étudiant les manières dont les fictions thématisent et allégorisent la femme et leur rapport à la modernité, l’article revient notamment sur la question du titre-personnage, jamais innocente dans un périodique, notamment à travers des comparaisons avec d’autres magazines féminins comme Marie Claire et Elle, discrètement mais régulièrement convoqués dans le magazine, ou Amina lancé en 1973 par Michel de Breteuil. La capacité transfictionnelle du magazine à s’incarner dans un personnage emblématique, Awa, régulièrement mobilisé et invoqué dans les pages du journal et en même temps la diversité des représentations ainsi figurées par les couvertures, les articles, le dessin, les photographies, les rubriques (« les cauris de Mam’Awa »), le courrier des lecteurs et même par les fictions montrent la difficulté de l’équation du féminin.
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La théorie, un dimanche Nouvelle édition [éd. originale 1988] C’est à l’invitation de Nicole Brossard que Louky Bersianik, Louise Cotnoir, Louise Dupré, Gail Scott et France Théoret se réunissent, tous les deux mois, autour de thèmes et d’enjeux de la pensée et de l’écriture féministe. Elles publieront, ensemble, un livre composé d’essais et de fictions. Nous sommes en 1988. Les femmes de La théorie, un dimanche, chacune par le biais de son œuvre à elle, mais ici toutes ensemble, ont marqué la littérature des femmes et la pensée féministe. La théorie, un dimanche est un incontournable, un classique. Martine Delvaux / extraits de la préface
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Dans cette thèse, je propose une lecture de l'amour dans la littérature contemporaine des femmes (en France et au Québec). À partir des œuvres de Christine Angot, Nelly Arcan, Nina Bouraoui, Martine Delvaux, Camille Laurens, Catherine Mavrikakis et Tiphaine Samoyault, je m'intéresse à la manière dont l'amour donne forme à l'écriture. Une forme où l'usage du Je comme « pronom de l'intimité » (qui « n'a sa place que dans les lettres d'amour », écrit Christine Angot) infléchit une pratique de lecture amoureuse. Considérant que l'amour est « une source des graves malentendus » (Beauvoir, 1949) entre les hommes et les femmes, je choisis de fonder ma recherche sur une conception de l'amour en termes de rapport littéraire. Je me concentre sur les liens entre, d'une part, l'expérience réelle de l'amour que les textes font voir (sa force de ravissement et son impossibilité, en passant par son apprentissage et son échec) et, d'autre part, l'expérience de la littérature que font, pour elles-mêmes et entre elles, les femmes qui écrivent. Par « amour », il faut entendre, dans le cadre de cette thèse, une approche amoureuse : c'est-à-dire une façon qu'ont les narratrices de lire les signes de l'autre, tout en cherchant elles-mêmes (et en elles-mêmes), par l'acte d'écrire, ce que Christine Angot appelle un « noyau dur ». Ainsi, tenant compte de la fatalité qui circonscrit le destin des amoureuses dans la littérature, et le rôle ambigu que jouent les mots d'amour dans tout récit amoureux (« Les mots d'amour sont les mêmes, avec ou sans l'amour. », écrit Camille Laurens), au final, je pose la question de l'amour comme revendication d'une solitude à travers les actes d'écrire et de lire que mettent en scène les narratrices du corpus à l'étude. Partant en ce sens du constat que l'amour est une fiction, un rêve, un récit, un prétexte voire une disposition pour accéder au cœur de la littérature, je cherche moins à définir la vérité de l'amour comme sentiment que la vérité d'un projet littéraire dont l'amour est le sujet de prédilection. À l'histoire d'amour qui impose les questions du contexte et des circonstances, je réponds que la récurrence de certains lieux fournit, dans les œuvres à l'étude, une armature à l'écriture. Dépositaires d'images, de récits et d'une chronologie, ces lieux installent, dans les œuvres à l'étude, une double temporalité : celle d'une expérience conjuguée de l'amour et de la littérature. Ainsi, entre le souvenir concret que fait naître une histoire d'amour et l'intérêt que suscite la littérature en regard du désir de montrer ce qui est en jeu dans l'amour, je m'intéresse à l'idée d'un trajet où la littérature continue de faire signe à la littérature. Considérant que c'est sur le plan de la lecture que se crée le rapport d'amour ultime avec la littérature, je vise, par la recomposition de chacun des morceaux de cet argumentaire, à mettre en lumière une herméneutique féministe inédite de l'amour telle que me permet de l'élaborer la littérature contemporaine des femmes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : amour, femmes, lecture, écriture, je, féminisme, filiation tragique, correspondances, trajet, interprétation littéraire, littérature contemporaine des femmes
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On voit apparaître, dans les années 1980 au Québec, une nouvelle forme d'écriture féminine, qui s'inscrit en continuité avec les valeurs qui caractérisaient les années 1970 et qui tente de repenser la littérature en intégrant les acquis du féminisme. En publiant des textes de fiction à travers ses pages, le magazine d'actualité féministe La Vie en rose participe à ce mouvement d'écriture qui tente d'explorer un nouvel imaginaire social et littéraire. Le support de la revue permet de mettre en valeur plusieurs écritures et agit comme un laboratoire où la littérature peut être repensée et transformée. Il s'agit de démontrer par cette étude que le magazine La Vie en rose agit comme une plate-forme qui permet de susciter et de diffuser un projet féministe collectif, y compris dans sa dimension littéraire, et que les textes de fiction publiés dans la revue participent à la création d'un nouvel imaginaire qui intègre les revendications et les aspirations des femmes, se manifestant ainsi sous la forme d'une écriture « métaféministe » qui trace tranquillement son chemin dans le paysage culturel québécois. De ce fait, c'est par le biais d'une analyse portant sur l'entrecroisement de différentes tendances de l'écriture féminine au sein du magazine, tel que la réécriture des genres littéraires de grande consommation, la présence de la figure de l'écrivaine et de l'intertextualité, ainsi que l'utilisation par les auteures de stratégies d'écriture science-fictionnelle, que nous verrons comment La Vie en rose agit comme un laboratoire d'écriture métaféministe qui tente de repousser les frontières de l'imaginaire social et littéraire féminin. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : La Vie en rose, écriture métaféministe, magazine, nouvelle, paralittérature, figure de l'écrivaine, intertextualité, science-fiction.
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Cette analyse aborde le cas singulier de la circulation de la chanson J’attendrai dans la culture des années 1940, dont l’analyse des variantes permet de cerner les rapports mouvants d’une chanson aux genres chansonniers et musicaux, aux goûts et aux pratiques du public, ainsi qu’à leur ancrage au sein des champs culturels nationaux. Elle permet même, parfois, de sonder les modalités de l’évolution des modèles des rapports sociaux entre les sexes présents dans différentes versions. Ce sont ainsi autant les enjeux artistiques, culturels, sociaux et intimes à l’oeuvre qui guident notre analyse de ce cas de transfert culturel, que le repérage de vecteurs permettant de formuler une équation de la circulation culturelle des chansons à succès.
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Jovette Marchessault entre avec éclat sur la scène littéraire en 1975 avec la parution de son premier roman, Comme une enfant de la terre/I: le crachat solaire, qui reçoit le prix France-Québec. Malgré le succès qui suit, il n’existe à ce jour aucun livre consacré à l’oeuvre de cette auteure qui a contribué de façon si singulière à l’art, à la littérature et au théâtre québécois. Le présent ouvrage vise à combler cette lacune en présentant des études critiques qui éclairent l’essentiel de cette artiste exceptionnelle, de même qu’un ensemble de témoignages de complices du milieu artistique et littéraire, Marie-Claire Blais, Normand Chaurette, Pol Pelletier, Sylvie Nicolas et Michelle Rossignol. De plus, Jovette Marchessault nous offre ici les premières pages d’un roman en préparation, L’Aqueduc des larmes. De l’invisible au visible, c’est ainsi que Jovette Marchessault aborde le processus créateur, en s’inspirant d’un imaginaire personnel peuplé par des esprits de la nature et des personnages mythiques. L’ensemble de cet ouvrage collectif démontre à quel point elle a su réaliser son rêve de «rendre visible la culture des femmes». À notre tour, comme le dit si bien Pol Pelletier : «Il est temps de lui rendre un hommage qui vient de la profondeur de l’identité qu’elle nous a révélée».
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The Well of Loneliness is probably the most famous lesbian novel ever written, and certainly the most widely read. It contains no explicit sex scenes, yet in 1928, the year in which the novel was published, it was deemed obscene in a British court of law for its defense of sexual inversion and was forbidden for sale or import into England. Its author, Radclyffe Hall, was already well-known as a writer and West End celebrity, but the fame and notoriety of that one book has all but eclipsed a literary output of some half-dozen other novels and several volumes of poetry. In Radclyffe Hall: A Life in the Writing Richard Dellamora offers the first full look at the entire range of Hall's published and unpublished works of fiction, poetry, and autobiography and reads through them to demonstrate how she continually played with the details of her own life to help fashion her own identity as well as to bring into existence a public lesbian culture. Along the way, Dellamora revises many of the truisms about Hall that had their origins in the memoirs of her long-term partner, Una Troubridge, and that have found an afterlife in the writings of Hall's biographers. In detailing Hall's explorations of the self, Dellamora is the first seriously to consider their contexts in Freudian psychoanalysis as understood in England in the 1920s. As important, he uncovers Hall's involvement with other modes of speculative psychology, including Spiritualism, Theosophy, and an eclectic brand of Christian and Buddhist mysticism. Dellamora's Hall is a woman of complex accommodations, able to reconcile her marriage to Troubridge with her passionate affairs with other women, and her experimental approach to gender and sexuality with her conservative politics and Catholicism. She is, above all, a thinker continually inventive about the connections between selfhood and desire, a figure who has much to contribute to our own efforts to understand transgendered and transsexual existence today.
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Le conte de fées naît à une époque où l'idéal de l'homme civilisé gagne en popularité. Certains auteurs, issus pour la plupart de la société de cour, puisent des contes dans la tradition orale et en font des adaptations littéraires. Avec son inscription littéraire, le conte merveilleux devient un outil pédagogique. Son contenu est donc adapté de manière à en faire un vecteur du modèle de civilité : il faut apprendre aux enfants à se comporter conformément à cet idéal. Ceci est bon pour les deux sexes. Cependant, l'idéal de la femme civilisée est beaucoup plus prescriptif et restrictif que celui de l'homme civilisé : si l'on peut pardonner à ce dernier, ou même valoriser, son tempérament sanguin, les pulsions féminines sont tout simplement inacceptables. On s'attend de la femme qu'elle soit toujours irréprochable, autant sur le plan de son apparence que de son comportement. L'idéologie patriarcale qui va de pair avec celle de la civilité reproche à la femme toute marque d'initiative ou d'individualité. On veut qu'elle soit passive, soumise, vertueuse et prude. Ainsi, beaucoup de contes de fées s'adressent aux petites filles et leur enseignent les bons et les mauvais comportements. L'idéologie patriarcale véhiculée par le conte de fées a fait l'objet de critiques féministes, particulièrement dans les années 1970. On a reproché au conte de fées d'encourager la passivité féminine à travers une représentation stéréotypée des rôles sexuels. On a aussi condamné la représentation de la femme-objet : l'apparence physique de la femme est centrale dans le conte de fées. Si les héros connaissent le succès grâce à leurs actions, les héroïnes doivent tout à leur beauté. Ces diverses critiques ont ouvert la voie à plusieurs réécritures féministes du conte de fées. Certains écrivains et écrivaines ont créé de nouvelles histoires en empruntant la structure traditionnelle du conte de fées, d'autres ont plutôt choisi de transformer des contes déjà connus. Dans ce mémoire, nous proposons, pour commencer, un survol de l'évolution du conte de fées, de son origine orale à ses subversions littéraires contemporaines, en lien avec certaines transformations sociales. Nous étudierons, par la suite, deux réécritures de contes de fées qui, à notre avis, possèdent un caractère féministe. Il s'agit de « La femme de l'Ogre » de Pierrette Fleutiaux (1984) et de Peau d'âne de Christine Angot (2003). Ces deux récits qui vont à l'encontre du discours patriarcal propre aux contes de fées traditionnels évoquent des idéologies féministes opposées. Plusieurs éléments du texte de Fleutiaux correspondent à l'idéologie du féminisme de la femelléité tandis que le récit d'Angot évoque l'idéologie du courant féministe matérialiste. Nous verrons de quelle manière elles parviennent toutes deux, à travers des écritures du corps qui diffèrent grandement l'une de l'autre, à contrecarrer la représentation du corps féminin objet, perçu selon le regard masculin, qui est caractéristique du conte de fées traditionnel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Conte de fée, patriarcat, féminisme, subversion, réécriture.
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Au cours des deux dernières décennies, la ville de Madrid a été marquée par la fierté, le féminisme et la mondialisation, mais aussi par les vestiges du machisme nourri pendant les longues années de la dictature de Franco. Crossing through Chueca examine comment la culture littéraire lesbienne s'inscrit dans ce mélange depuis la fin du mouvement contre-culturel la movida madrileña en 1988 jusqu'à la marche sur le mariage gay en 2005. Jill Robbins parcourt les différents espaces littéraires de la ville associés à la culture queer, en particulier le quartier gay de Chueca, révélant à quel point il est le produit d’interrelations – un site sillonné par une multiplicité de sujets qui le constituent comme un espace queer à travers la négociation de leurs identités sexuelles, raciales, de genre et de classe. Robbins reconnaît Chueca comme un espace politique également, un refuge contre l'homophobie. Elle montre également comment les pratiques spatiales et littéraires de Chueca sont liées aux enjeux économiques. En examinant comment les identités sexuelles des femmes sont devenues visibles dans et à travers le phénomène Chueca, ce travail est un exemple révélateur d'études queer transnationales au sein du débat occidental plus large sur le genre et la sexualité.
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Les deux textes réédités ici pour la première fois ensemble sont sans doute les écrits les plus célèbres d’Hélène Cixous : publiés en 1975, mais inaccessibles en français depuis plusieurs décennies, Le Rire de la Méduse et Sorties ont fait le tour du monde. Traduits très vite en anglais, ensuite dans des dizaines d’autres langues, ils sont devenus des classiques de la théorie des genres (gender theory), et ont fait de leur auteur l’une des chefs de file du « New French Feminism ». Ces textes qui annoncent une nouvelle approche de la vieille question de la différence sexuelle ont eu une nombreuse descendance, surtout dans leur diaspora extra-francophone, dans tous les champs de recherches qui sont issus du féminisme et de la lutte des femmes des années 1970 : women’s studies, gender studies, queer theory. Ils figurent dans un grand nombre d’anthologies, et ils sont incontournables dans les programmes des cursus universitaires touchant aux problématiques théoriques et politiques de la sexualité et de la différence sexuelle. L’« événement » inouï que représenta et que continue à représenter ce double texte, dans de nouveaux espaces ou dans de nouvelles générations de lecteurs, provient de sa combinaison inédite et merveilleusement réussie de la réflexion philosophique, de l’écriture poétique et du manifeste politique. En France, ce texte parut à un moment où le mouvement « féministe » était en pleine effervescence. Hélène Cixous en faisait déjà partie, autant par ses écrits antérieurs que par son activité politique surtout au sein de l’Université. On sait qu’après avoir fondé en 1968 la structure enseignante de l’Université de Paris-VIII, elle y avait créé en 1974 le premier Doctorat en Études féminines d’Europe. Cependant, Le Rire de la Méduse parlait une autre langue et adoptait des positions bien plus révolutionnaires que les textes féministes qui le précédèrent, l’entourèrent ou même le suivirent. Son inclusion dans un numéro de la revue L’Arc élaboré par Catherine Clément et consacré à Simone de Beauvoir rend un son presque ironique, étant donné la distance qui sépare l’écriture et les positions d’Hélène Cixous de l’auteur objet de cet hommage. Le Rire de la Méduse prend bien sûr la défense des « femmes » à un moment où, comme Cixous elle-même l’a maintes fois rappelé, il fallait se prononcer haut et fort contre les structures patriarcales qui les opprimaient – bien que, dès le début, le texte nous prévienne contre l’existence d’une « femme générale, une femme type ». Ici, Hélène Cixous déconstruit deux « mythes » qui ont défini la féminité de façon négative tout au long de l’histoire. Le premier est celui qui qualifie la femme de « continent noir », laissant entendre qu’elle doit être pénétrée, colonisée, pour être connue et cartographiée, pour apprivoiser sa différence comme celle de tous les autres sujets hors norme. Freud va jusqu’à affirmer que la femme et sa sexualité sont une « énigme ». Le Rire de la Méduse déclare que « Le “Continent noir” n’est ni noir ni blanc ni inexplorable ». Il s’attaque ensuite au second faux mythe, celui de la femme fatale représentée par la figure mythologique de Méduse : « Il suffit qu’on regarde la méduse en face pour la voir : et elle n’est pas mortelle. Elle est belle et elle rit ». Le Rire de la Méduse parle à la première personne du pluriel et s’adresse aux « femmes », mais cela ne signifie pas que son discours exclut les « hommes ». En fait, et c’est l’originalité majeure du texte, sous ces dénominations Cixous ne se réfère pas aux deux sexes dans un sens biologique : elle souligne que les différences sexuelles, toujours au pluriel puisqu’elles sont multiples – il ne s’agit surtout pas simplement d’une opposition binaire –, traversent tous les individus, dans un mouvement perpétuel. La libération, autant pour les « hommes » que pour les « femmes », ne peut donc venir que de la déconstruction des structures phallogocentriques. Et cela ne peut se faire que grâce à l’écriture, qui est dite « féminine », c’est-à-dire inappropriable, expatriée, quand « elle se sauve » comme le dit Hélène Cixous, quand elle échappe à ces structures prépondérantes dans la pensée et la culture, que l’auteur s’appelle Jean (Genet) ou Marguerite (Duras). Le Rire de la Méduse nous invite puissamment à lirécrire – selon le beau néologisme créé plus tard par Cixous – « pour se forger l’arme antilogos », libérant ainsi notre pensée de même que notre corps (« Texte, mon corps » est une de ses belles phrases). Marta Segarra
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Pendant les années 1930, Mary Travers travaille à l’écriture de chansons folkloriques abordant la délicate question du labeur des plus pauvres en période de crise. Elle se dépeint comme une femme au service de la collectivité, elle évoque les hommes forcés au chômage pendant la crise économique et, dans un esprit traditionaliste, elle célèbre le labeur de l’agriculteur, qui, dans ses mots, devient le personnage mythique de « l’ancien temps » idéalisé. Comment se positionne-t-elle dans ses chansons traditionnelles par rapport à une réalité du travail de plus en plus industrialisée ? Comment juge-t-elle l’entrée des femmes sur le marché du travail ? Quelle est son opinion quant aux mesures de l’État alors que les emplois sont rares et que la pauvreté est criante ? Se considère-t-elle comme une femme de carrière, elle qui lance les premiers disques à succès de l’histoire de la chanson québécoise ? Soulevant quelques tabous et en renforçant d’autres, notamment à propos du travail des femmes, elle donne des chansons à l’image du discours social ambiant de son époque, mais se distingue elle-même par son propre métier de chansonnière et la façon dont elle en parle. La situation économique au Québec modifie la perception générale du travail et les textes de Mary Travers répercutent ce débat de façon originale, donnant accès au point de vue d’une femme travailleuse, issue des petits milieux où le travail est un moyen de survie, mais aussi une source de fierté. L’analyse sociocritique des chansons esquisse du même coup le portrait du discours social sur le travail pendant la crise.