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Dans L'Usage de la vie, Christine Angot soulève le fait que la littérature française est aujourd'hui accusée de nombrilisme. Selon nombre de critiques littéraires, les écrivains actuels ne s'intéresseraient qu'à eux-mêmes et à leur propre histoire, comme en fait preuve la place importante qu'occupe l'autofiction dans la production contemporaine. Alors que, d'une part, nous avons l'impression que la littérature n'aborde plus de front les questions sociopolitiques et les évacue, il apparaît que, d'autre part, l'engagement social se joue maintenant à un autre niveau. En effet, plusieurs théoriciens poststructuralistes issus de diverses disciplines des sciences sociales sont d'avis que nous assistons à un déplacement du pouvoir, qui passe des hautes sphères de décision à l'individu. Ce dernier est non seulement soumis aux normes et aux règles qui régissent la société, mais participe à leur diffusion et, conséquemment, à leur transformation. À cet égard, Christine Angot, une des auteures actuelles le plus souvent accusée de narcissisme, se défend pourtant d'écrire des livres qui ne parlent que d'elle. Au contraire, le contenu autobiographique permet l'expression d'une pensée politique qui passe par une réflexion sur ce qu'est l'identité. Ce mémoire s'intéressera à l'oeuvre de cette écrivaine française, et plus particulièrement au roman L'Inceste paru en 1999 et qui l'a propulsée à l'avant-scène du monde littéraire. De façon générale, ses ouvrages, narrés à la première personne, mettent en scène un personnage éponyme qui, selon toute apparence, livre un récit personnel de son expérience incestueuse thème qui revient au fil de ses publications. Cependant, si l'auteure s'attache à inclure des portions de sa vraie vie dans son univers fictif, c'est bien pour provoquer une réflexion chez le lecteur sur la nature du texte littéraire et sur la coïncidence à soi. Nous démontrerons ainsi de quelle manière le sujet Angot parvient à remettre en cause le concept même d'identité sur lequel repose la structure sociale. Ce questionnement prendra forme autour de la figure de l'inceste qui permettra de mieux comprendre la portée politique de l'oeuvre de Christine Angot. Dans cette perspective, l'inceste cessera donc de référer uniquement à l'expérience que l'auteure a vécue adolescente, mais renverra de plus en plus à une figure qui permet de questionner la notion de sujet cartésien. En somme, ce mémoire se penchera sur les implications politiques qu'entraîne une telle conception du sujet dans L'Inceste, et aux différents processus de déplacements et de resignifications que met en scène Angot; bref, le potentiel subversif du projet angotien sera au coeur de cette analyse. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Christine Angot, Inceste, Identité, Politique, Subversion.
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Ce mémoire analyse les représentations de l'amour dans trois textes autobiographiques d'Annie Ernaux: « Fragments autour de Philippe V. », L'occupation et L'Usage de la photo. L'amour est ici considéré comme une problématique féministe, dans la mesure où, comme le montre un préambule théorique, le modèle romantique impliquant notamment l'idéal de la fusion, cette abolition de soi dans l'autre, est une construction historique et politique qui tend à nuire aux femmes. Malgré la possibilité pour celles-ci de choisir leur partenaire ou de rompre, ce modèle demeure encore très influent aujourd'hui. Néanmoins, l'emprunt à différentes théories sociologiques permet d'envisager la mise en couple à la fois comme un processus contraignant et comme un espace d'évolution dans la définition de soi, puisqu'il est possible de prendre conscience des schèmes préconstruits et de s'en distancier. La principale hypothèse défendue est celle d'une trajectoire en trois états du sujet féminin, qui jouirait d'abord dans le premier texte d'une autonomie apparente lors de la séduction et des débuts du couple, puis qui se révélerait profondément hétéronome dans sa relation amoureuse et même après la fin de celle-ci dans L'occupation, pour ensuite tenter, avec L'Usage de la photo, de bâtir un nouveau rapport à l'amour qui serait plus équilibré et ne reposerait pas sur une dissymétrie des rôles amoureux. Dans ce demier texte qui comprend plusieurs photographies, la déconstruction imaginaire du genre sexuel contribue au dépassement du modèle conjugal, puisque celui-ci implique des rôles spécifiques pour chacun des sexes. L'analyse montre que les trois textes sont marqués, à des degrés variables, par des allers-retours entre les normes relatives au modèle traditionnel dans lequel la narratrice a été socialisée et une distanciation critique par rapport à ce modèle. Cette distanciation opère surtout au moment de l'écriture, caractérisée par son aspect antisentimental, parfois presque documentaire, qui favorise la conscientisation. L'écriture d'Ernaux sera également étudiée en lien avec celle de ses amants impliqués dans chacun des textes de notre corpus. « Fragments autour de Philippe V. » et L'occupation ont chacun provoqué des réponses dé Philippe Vilain, lequel s'efforce de défendre une autre image de lui et de la relation amoureuse, de même qu'une conception plus traditionnelle de l'amour hétérosexuel en général. Ces réactions rendent encore plus perceptibles la dimension féministe des textes d'Ernaux et la présence implicite d'une lutte des sexes derrière le mythe de l'amour. L'Usage de la photo, quant à lui, a été coécrit avec Marc Marie, dont l'écriture paraît au contraire s'harmoniser avec celle d'Ernaux. Néanmoins, il ne s'agit pas de fusion, puisque les auteurs signent chacun des sections respectives et développent ainsi une écriture autobiographique en parallèle qui est le lieu d'une introspection. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Annie Ernaux, Amour, Couple hétérosexuel, Féminisme, Modèle romantique, Rapport de pouvoir, Philippe Vilain.
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Cette recherche propose une analyse de la presse féminine québécoise dans une perspective intergénérationnelle en s'attardant aux contenus et aux discours de la presse pour adolescentes, pour femmes adultes et pour femmes âgées. Les magazines Filles Clin d'oeil, ELLE Québec et Bel Âge sont étudiés dans une approche féministe pour découvrir, dans les textes et les images, la construction des genres sexués et le rapport au corps féminin selon la génération visée. D'après notre hypothèse de recherche, deux représentations féminines contradictoires seraient véhiculées par la presse féminine, une transmettant une image traditionnelle de la femme-objet et une autre transmettant une image plus actuelle de la femme-sujet. En effet, ces deux types de représentations sont présents dans les magazines du corpus, et, en plus d'être contradictoires, ils sont complémentaires pour créer l'image que nous appelons la femme bicéphale. L'approche quantitative, avec l'analyse de discours, nous aura permis de dresser un portrait global du corpus, montrant les orientations promotionnelle de la presse pour adolescentes, publicitaire de la presse pour femmes adultes et rédactionnelle de la presse pour femmes âgées. Le visage traditionnel de la féminité est surtout présent dans les produits publicisés, dans la décontextualisation des figurantes et dans leur passivité sur les images, alors que le visage émancipatoire est présent dans les contenus rédactionnels, dans le registre public des plans photographiques et dans l'énonciation visuelle des figurantes. L'approche qualitative avec l'analyse de discours permet la comparaison des représentations traditionnelles et libérées de la femme dans les unités textuelles et picturales des magazines. À cet effet, c'est la presse pour adolescentes qui présente le plus de représentations émancipatoires dans ses textes et ses images, incitant les lectrices à avoir une carrière et à bannir les conventions sociales. Le magazine pour femmes adultes reféminise les représentations de femmes libérées, les ramenant à leurs rôles maternels ou séducteurs, essentialisant les qualités dites féminines. Quant à la libération dans les magazines pour femmes âgées, elle est déplacée vers des préoccupations de santé et de mieux-vivre. Si certains discours ou contenus peuvent sembler émancipatoires, ils sont surtout présentés dans une perspective individualisante et dépolitisée, ne remettant pas en cause les structures sociales: la féminité est soumise aux impératifs patriarco-capitaliste. L'objet à consommer sera souvent la clé de la libération, peu importe la génération visée. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Presse féminine, Intergénérationnel, Études féministes, Patriarcat, Analyse de discours, Analyse de contenu, Femme libérée.
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Garçon manqué (2000), premier récit autobiographique de Nina Bouraoui, raconte l'enfance d'une narratrice partagée entre quatre identités conflictuelles -française et algérienne, féminine et masculine -qu'elle cherche à concilier. Bouraoui y expose un cheminement identitaire complexe: alors que le texte s'ouvre sur le désir, très fort, de la jeune Nina de quitter ce qu'elle nomme « le camp » des femmes, il se ferme sur sa réconciliation totale et heureuse avec une féminité apparemment stéréotypée, mais en réalité renouvelée. Cette confusion identitaire est attribuée à la force de pressions sociales et familiales contradictoires à laquelle la narratrice sent devoir se soumettre. Garçon manqué montre comment, de sa prise de conscience du caractère construit de ces diktats, la narratrice en vient à une prise de parole littéraire salvatrice. Notre mémoire s'intéresse à l'évolution de la perception de son genre par la narratrice. D'abord éprouvé comme une structure aliénante et figée, il est finalement considéré comme malléable et potentiellement libérateur. Nous croyons que ce cheminement identitaire se déploie selon trois mouvements principaux, soit la construction, la déconstruction et enfin la reconstruction identitaires. Alors qu'on lit généralement Bouraoui sous l'angle post-colonialiste, l'originalité de notre projet se trouve dans le parti pris que nous adoptons, soit celui de considérer Garçon manqué comme un texte fondateur de son oeuvre en raison avant tout du questionnement sur l'identité sexuelle et sur le désir qu'il renferme. Notre approche intègre les théories féministes matérialistes, les gender studies, les queer studies, et les théories de l'agentivité (« agency »). En premier lieu, nous convoquons principalement des féministes travaillant à étudier les mécanismes d'oppression des femmes selon un point de vue constructiviste et matérialiste. Puis, nous faisons appel à une discipline émergente, les queer studies, qui permettent de lire le rapport de la narratrice à son genre et à ses désirs à l'intérieur d'un espace de réflexion qui fait éclater les frontières de la pensée binaire. Ensuite, nous nous inspirons des théories de l'agentivité (« agency ») et du pouvoir des mots afin de montrer comment le texte littéraire permet à Nina Bouraoui de reprendre possession de sa propre histoire. Enfin, la « théorie du placard » développée par Eve Kosofsky Sedgwick guide notre lecture de l'affirmation du lesbianisme par l'auteure de Garçon manqué, pensée comme un acte de langage risqué, mais stimulant et nécessaire.
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Les mouflettes d'Atropos et Le cri du sablier de Chloé Delaume, sur lesquels porte le présent mémoire, donnent lieu à la fois au récit de la violence qui a été subie par l'écrivaine et au déploiement d'une violence dont elle-même est l'auteure. Dans cette étude, nous cherchons à démontrer que la violence racontée, qui est perpétrée par les hommes et par les institutions patriarcales, est responsable de la désubjectivation de Chloé Delaume (qui est à la fois l'auteure, la narratrice et le personnage principal des deux textes analysés), et que la violence dont celle-ci fait preuve est le moteur de la reconstruction de son identité et de sa subjectivité. Plus largement, à l'aide de théories féministes sur la violence, sur le langage et sur les rapports entre les sexes, nous explorons quelques facettes de la domination masculine qui est encore bien présente aujourd'hui et certains des mécanismes développés par les femmes afin de répondre à l'état de soumission dans lequel les place le patriarcat. Ce mémoire est divisé en trois chapitres. Le premier se veut surtout une présentation théorique de la violence patriarcale et de quatre des institutions qui la perpétuent et qui préoccupent Delaume, soit la famille, la religion, la psychanalyse et le langage. Le second chapitre s'articule autour de la désubjectivation de l'auteure-narratrice, et le dernier, autour de la violence employée par Delaume afin d'attaquer les responsables de sa désubjectivation et de se reconstruire une identité qui s'éloigne des modèles imposés par la société patriarcale. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Chloé Delaume, Les mouflettes d'Atropos, Le cri du sablier, violence, sujet, subjectivité, identité, langage, langue, féminisme