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Cette thèse s'intéresse à l'inscription de la perspective maternelle dans les textes de femmes auteures de l'extrême contemporain français. Longtemps réduites à leur capacité de reproduction et ainsi considérées comme inaptes à la création, les femmes ont dû choisir entre la maternité et l'écriture. Si la mère était souvent l'objet du discours de ses enfants, elle-même n'avait généralement pas voix au chapitre. Notre travail analyse l'œuvre d'écrivaines qui explorent l'expérience de la maternité d'un point de vue maternel, avec ses dimensions personnelles, éthiques et sociales, permettant ainsi de montrer que les mères ne sont pas que mères, mais qu'elles peuvent être aussi des créatrices ainsi que des sujets désirés et désirants à part entière. À partir de l'étude des récits de soi suivants : Journal de la création (1990) de Nancy Huston, Léonore, toujours (1994) de Christine Angot, Philippe (1995) de Camille Laurens, À ce soir (2001) de Laure Adler, Le bébé (2002) de Marie Darrieussecq et L'inattendue (2003) de Karine Reysset, nous verrons comment les protagonistes considèrent la maternité non plus seulement comme un obstacle à la création, mais aussi et surtout comme une source d'inspiration. Leurs textes novateurs, qui favorisent l'écriture du quotidien et l'inscription de l'ambivalence maternelle, permettent de sortir la maternité de l'espace privé tout en rendant mieux compte que jamais de son caractère subjectif et intime. Grâce aux études féministes, aux études sur la maternité ainsi qu'aux théories de l'énonciation et de la narratologie, nous explorons la subjectivité des personnages maternels, la voix privilégiée par les narratrices et la manière dont chacune d'elles négocie son rapport à l'opposition création-procréation. Après avoir problématisé le concept de maternité d'un point de vue historique, social et littéraire, mis en relief l'apport des mères littéraires (A. Leclerc, C. Chawaf et A. Ernaux) des auteures du corpus et exploré les caractéristiques d'une éventuelle poétique de la « maternalité » (Hyvrard, 2011), nous abordons le rôle de l'écriture dans le deuil maternel, la manière dont la maternité peut contribuer à la « guérison » d'un trauma et la possibilité de concilier maternité et écriture de façon harmonieuse sans nier l'ambivalence maternelle. Nous proposons ainsi une lecture d'ensemble d'un important phénomène littéraire contemporain : les textes qui présentent la création et la maternité sous un angle nouveau et qui font émerger de nouvelles formes textuelles. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Maternité; identité; écriture; féminisme; narratologie; psychanalyse; extrême contemporain; littérature des femmes; littérature française.
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Huston, Nancy. (1990). Journal de la création. Seuil. https://uqam-bib.on.worldcat.org/oclc/25092282
Pendant des millénaires, tout paraissait simple : aux hommes la création, aux femmes la procréation ; aux hommes l'esprit et aux femmes le corps. L'émancipation féminine a bousculé cette distribution des rôles et mis à mal des métaphores séculaires : la muse féminine, l'œuvre d'art comme amante ou comme " enfant " de l'artiste. Mais trouver un nouveau modus vivendi n'est pas facile pour autant. Mettant à profit une certaine et curieuse forme de clairvoyance liée, dans son esprit, aux métamorphoses de son corps de femme enceinte, Nancy Huston s'est penchée sur les histoires souvent douloureuses de Sand et Musset, Virginia et Leonard Woolf, Scott et Zelda Fitzgerald, Sartre et Beauvoir. Le récit de ses recherches sur les couples d'écrivains et le journal de sa propre grossesse se croisent, se répondent et se complètent pour évoquer les mystères de l'amour, de l'inspiration, du couple et de la création.